Réfutation de Mater Populis Fideli
Le raisonnement que tient ici François ne s'oppose en rien à la co-rédemption de Marie, et ce pour plusieurs raisons évidentes :
- En effet, si Marie n'a effectivement jamais voulu "prendre pour elle quelque-chose de son Fils",
et si cela impliquerait qu'elle n'ait pas ce que son Fils possède de droit divin,
alors il faudrait certainement aussi que, privée pour cette raison de son titre de Corédemptrice ( afin de ne pas faire de l'ombre à l'unique Rédempteur ), elle soit pour la même raison privée de la plénitude de l'Esprit-Saint reposant sur elle, sous prétexte que Ce Dernier n'aurait dû reposer que sur son Fils Jésus, faute de quoi elle serait alors apparue comme une sorte de "deuxième Christ" au côté du Christ !?
- L'opposition entre le titre de Corédemptrice que Marie n'aurait pas revendiqué, et celui de disciple du Christ qu'elle aurait fait sien, n'est pas davantage pertinent, car :
- 1 ) Marie n'a pas non plus revendiqué durant sa vie terrestre son titre d'Immaculee Conception ou de Reine des Anges, et elle possède pourtant ces titre depuis sa création : elle n'a nullement besoin de "s'accaparer quoi que ce soit" pour l'être en vérité par pure grâce.
2 ) Si Marie est la parfaite disciple du Christ, alors selon la Parole de son Fils, elle est devenue "comme son Maître", sa "parfaite icône" ( cf MPF ) : et donc, si son Maître est le Rédempteur, quoi de plus logique que Marie, sa parfaite icône, soit devenue à son image et ressemblance la Corédemptrice avec le Christ, par pure grâce ?
Mais il faut aller encore plus loin :
- Quelle usurpation ce serait de la part des chrétiens de se nommer "CO-HÉRITIERS AVEC LE CHRIST" !, se mettant ainsi scandaleusement au même niveau que l'unique Fils de Dieu, le seul Héritier du Père dans les Cieux !
Bien sûr, nous héritons avec Lui, puisqu'Il nous fait part de ses trésors,
MAIS "CO" VOUDRAIT TOUJOURS SIGNIFIER UNE PARFAITE ÉGALITÉ ENTRE LUI ET NOUS ! OR IL N'Y A QU'UN SEUL CHRIST, LE SEUL HÉRITIER DU PÈRE, ET IL EST INADMISSIBLE QUE QUICONQUE PUISSE SE PRÉTENDRE "CO" AVEC LUI, CAR CE SERAIT ALORS "PRENDRE POUR SOIS QUELQUE CHOSE DU FILS" ( selon l'argument de François).
On constate donc bien que c'est une mauvaise compréhension totalement évitable, pour peu que nous soyons chrétien catholique, et non pas protestant attaché à la lettre plus qu'à l'Esprit.
L’œuvre rédemptrice a été parfaite et n’a besoin d’aucun ajout.
---> Elle aurait donc donné suite à un héritage qui ne souffrirait aucun partage ?! Nous ne pourrions pas non plus être cohéritiers avec le Christ ?
- La Rédemption du monde a été faite par la souffrance, car il fallait une souffrance parfaite, et infiniment méritoire, pour racheter la faute infiniment coupable.
- Bien loin d'enlever du mérite au Christ Rédempteur, la Co-rédemption de la sainte Vierge Lui en ajoute encore, en rendant son oeuvre on ne peut plus parfaite !
---> En effet, un Rédempteur qui n'aurait pas pris tous les moyens parfaits et légitimes à sa disposition pour accomplir la Rédemption aurait été sans doute suffisant lui-même, mais beaucoup moins parfait que ne le fut le Christ, qui voulut s'associer sa Mère pour mener son oeuvre à bien.
---> Si donc le Christ choisit d'employer sa Mère Immaculée comme l'instrument le plus parfait, pour participer à ses côtés en tant que Nouvelle Ève au salut de tout le genre humain, hommes et femmes, c'est donc : non pas le signe de son imperfection en tant qu'unique Rédempteur, mais de sa perfection absolue bien au contraire.
La gloire de Marie Corédemptrice met d'autant plus en lumière la gloire de son Fils l'unique Rédempteur, qu'elle n'est elle-même que l'instrument donc Il se sert pour sauver avec Lui le monde entier.
Corédemptrice = instrument du Christ, pleinement consentant à s'associer à Lui dans la Rédemption = instrument d'une gloire incomparable du Christ Rédempteur.
C’est pourquoi « la Vierge n’a voulu obtenir aucun titre de Jésus [...].
... et elle aurait donc aussi refusé qu'on lui donne le titre de "Fille de Dieu", car cela aurait été s'accaparer un titre n'appartenant qu'à son Fils Unique : ben voyons !
Elle n’a pas demandé d’être elle-même une quasi-rédemptrice ou une co-rédemptrice: non. Il n’y a qu’un seul Rédempteur et ce titre ne se dédouble pas »[40].
Comme si être "fils de Dieu" par pure grâce pouvait faire de l'ombre à Celui qui est Fils de Dieu par justice ! Mais c'est évident...
Marie n'a pas plus demandé d'être la Reine des martyrs, la Reine de l'univers, et pourtant elle l'est ! Et son titre royal : fait-il de l'ombre à Celui dont "le règne n'aura pas de fin", ce qui laisse entendre qu'il s'agit d'un règne sans partage ?
Sans donc vouloir l'avouer ici, on ne fait que flagorner les convictions protestantes, et rien d'autre.
Le Christ « est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ »[41].
Et donc, il n'y a pas non plus de Grâce divine qui puisse nous rendre participant au Christ, et faire de nous d'autres Christ !?
Parce que « le sacrifice de la Croix, offert avec un cœur aimant et obéissant, présente une satisfaction surabondante et infinie »[42]. Bien que nous puissions prolonger ses effets dans le monde (cf. Col 1 :24), ni l’Église ni Marie ne peuvent remplacer, ni perfectionner, l’œuvre rédemptrice du Fils de Dieu incarné, qui a été parfaite et n’a pas besoin d’ajouts.
Et donc, il n'est pas non plus possible d'appeler Marie "la Nouvelle Ève", car cela impliquerait qu'elle soit mise de facto sur le même plan que le Nouvel Adam, ainsi appelé parce qu'Il répare en sa Chair innocente et divine tout ce que la chute avait blessé, nous ouvrant de nouveau les portes du Royaume !
22. Compte tenu de la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption, l’utilisation du titre de Co-rédemptrice pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune.
Cela impliquerait de considérer désormais inopportun de se référer à ce qui suit :
Saint Pie X
Décret de la Sacrée Congrégation des Rites (22 juin 1913)
« Marie, la très sainte Vierge, fut associée au Rédempteur dans l’œuvre de la rédemption du genre humain, Corédemptrice du genre humain, et notre très miséricordieuse Médiatrice. »
Benoît XV
Lettre apostolique Inter Sodalicia (22 mars 1918)
« Elle souffrit et faillit mourir avec son Fils souffrant et mourant ; elle abdiqua ses droits maternels sur son Fils pour le salut des hommes, et pour apaiser la justice divine, autant qu’il dépendait d’elle, elle immola son Fils, de sorte qu’on peut dire à juste titre qu’elle a racheté le genre humain avec le Christ. »
Pie XI
Discours à une délégation de pèlerins de Vicenza (30 novembre 1933)
« Le Rédempteur ne pouvait pas, de façon convenable, ne pas associer sa Mère à son œuvre. Pour cette raison, nous l’invoquons sous le titre de Corédemptrice. »
Saint Irénée de Lyon (IIᵉ siècle)
« De même qu’Ève, séduite par la parole de l’ange, se détourna de Dieu et se rendit cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant reçu l’annonce de l’ange, reçut Dieu en elle, et se rendit cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain. »
— Adversus Hæreses, III, 22, 4
Saint Éphrem le Syrien (IVᵉ siècle)
« Par toi, Marie, le genre humain a été racheté ; toi, avec le Christ, tu nous as rachetés. »
— Carmina Nisibena, 27, 8
Saint Bernard de Clairvaux (XIIᵉ siècle)
« Certes, il est juste de dire que Marie a coopéré au salut du monde plus que tous les saints ensemble. » — Sermon sur le dimanche dans l’Octave de l’Assomption, n° 14
Saint Bonaventure (XIIIᵉ siècle)
« La Bienheureuse Vierge a été associée à la Passion de son Fils par compassion et par participation, de sorte qu’avec Lui elle a opéré la rédemption du genre humain. » — Speculum B. Virginis Mariae, cap. VIII
Saint Bernardin de Sienne (XVᵉ siècle)
« De la même manière que le Christ, par sa mort, fut Rédempteur du monde, ainsi la Bienheureuse Vierge fut Corédemptrice ; car, dans le même acte, elle a offert son Fils au Père éternel pour le salut du monde. » — Sermo X de Festis B.V.M.
Saint Laurent de Brindes (Docteur de l’Église, XVIᵉ–XVIIᵉ s.)
« Marie a mérité d’être appelée Corédemptrice du genre humain, car, comme le Christ, elle a coopéré à notre salut par sa charité et sa souffrance. » — Mariale sive de laudibus Virginis Mariae, Part. II, Serm. 1
Saint Alphonse de Liguori (XVIIIᵉ siècle, Docteur de l’Église)
« Comme Marie a coopéré à notre salut en offrant son Fils à la mort pour nous, et en consentant à sa Passion, elle mérite à juste titre le titre de Corédemptrice. » — Les Gloires de Marie, IIᵉ partie, chap. 5, §1
Sainte Thérèse de Lisieux (XIXᵉ siècle)
« Elle est plus Mère que Reine, car elle a souffert avec Jésus au Calvaire pour notre salut. » — Derniers entretiens, 25 mars 1897
"Le zèle des âmes avait commencé à dévorer son cœur, quand, dans son adolescence, l'image de la main sanglante de Jésus crucifié lui avait révélé sa vocation de co-rédemptrice avec le Sauveur" Thérèse de Lisieux, Conseils et souvenirs recueillis par Sœur Geneviève.
---> Donc en réalité, il est toujours aussi opportun de se référer à saint Pie X ou à saint Bonaventure, que de donner à Marie le titre qui lui convient le mieux : c'est à dire Corédemptrice du genre humain.
MPF ne parviendra jamais à l'effacer de la tradition, confirmée d'ailleurs par la foi populaire.
Ce titre risque d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne,
C'est exactement le contraire ( cf saint Louis Marie Grignon de Montfort) : plus Marie est honorée, plus sa gloire est publiée et reconnue comme suréminente, plus elle augmente encore celle de Jésus notre Seigneur, car Marie est son instrument supplémentaire qui ne fait rien d'autre que de révéler sa propre perfection divine.
parce qu’« il n’y a de salut en personne d’autre », car « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12).
"Jésus, Marie, je vous aime ! Sauvez les âmes ! " ( oraison jaculatoire donnée par Jésus notre Seigneur à sœur Consolata Betrone )
Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes, afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à la foi du Peuple de Dieu et devient gènante.
Ainsi donc, MPF devrait de même déclarer gènant le terme "Trinité", car il demande à l'Église des explications constantes si l'on veut éviter que les croyants tombent dans l'hérésie.
C'est tellement vrai, que dans la Messe Traditionnelle, c'est le plus souvent la préface de la Trinité qui est employée.
Il faut aussi connaître le Credo de saint Athanase, véritable et très long catéchisme trinitaire, pour s'en rendre compte.
Dans ce cas, elle n’aide pas à exhalter Marie comme la première et la plus grande collaboratrice dans l’œuvre de la Rédemption et de la grâce, parce que le danger d’obscurcir la place exclusive de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme pour notre salut, le seul capable d’offrir au Père un sacrifice d’une valeur infinie, ne serait pas un véritable honneur pour la Mère.
Tout ce que Jésus nous mérite en justice, Marie nous la mérité en charité.
MPF, en voulant éloigner à tout prix Marie de Jésus, de peur que celle-ci fasse de l'ombre à son Fils, tente en réalité d'éloigner le Nouvel Adam de la Nouvelle Ève, c'est-à-dire d'obscurcir considérablement aux yeux des fidèles le Mystère de notre Rédemption :
Or ce Mystère n'est pas celui de notre création, mais celui de notre salut ! Il n'y a donc aucun risque à confondre Marie avec la Divinité.
Autant il serait faux et dangereux de parler de Marie comme d'une CO-CRÉATRICE, - puisque l'acte de créer n'implique pas une souffrance réparatrice mais UN POUVOIR CREATEUR, QUE MARIE N'A PAS EN TANT QUE CRÉATURE -
autant il n'y a aucune équivoque à indiquer par le titre de Coredemptrice qu'elle a souffert avec le Christ d'une souffrance infinie s'ajoutant à la Sienne, et Lui servant comme par surcroît, grâce à son pouvoir divin, à sauver le monde.
---> La Rédemption est une affaire de souffrance innocente et méritoire, non de création, et si le Christ à Lui seul y suffit, Marie en tant que créature peut l'y aider efficacement par surcroît, sans que cela soit une nécessité, mais plutôt une suréminente perfection.
En effet, en tant que « servante du Seigneur » (Lc 1, 38), elle nous indique le Christ et nous demande : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5).
Bien ! Et alors faisons-le, en donnant à Marie le titre qu'elle a su si admirablement mériter par ses souffrances infinies, associées à celles du Christ : le titre de Corédemptrice du genre humain.