31 janvier, saint Jean Bosco
Hommage Ă Cristina Tagliano.
La neuvaine à Don Bosco s'est achevée le 30.
Éducateur du peuple, défenseur de l'Église, témoin de la Vierge Marie.
J'ai une dévotion particulière pour Don Bosco. Il appartient au nombre de saints que j'ai eu la chance de visiter souvent.
J'ai choisi cette année le récit d'une vision authentique du Ciel dans laquelle Don Bosco s'entretient avec Dominique Savio.
Le Ciel![🙏](/emoji/f09f998f)
vision authentique
La soirée du 22 décembre 1876 demeurera mémorable à l'Oratoire par le récit d'un songe merveilleux que saint Jean Bosco avait fait à Lanzo.
Il lui semblait se trouver sur un promontoire devant une plaine sans fin, bleutée comme une étendue de mer, semblable à un cristal limpide. A ses côtés se dessinait comme un littoral sur les bords de l'océan et la plaine était divisée par de longues allées, en de vastes jardins d'une beauté indescriptible, partagés en bosquets, en massifs et en parterres riches de fleurs, aux formes et aux couleurs diverses. Les herbes, les corolles, les arbres et les fruits étaient extrêmement gracieux; les feuilles étaient d'or, les troncs de diamant et les branches d'argent. Dans ces jardins enchanteurs s'élevaient partout des édifices d'une élégance et d'une magnificence bien plus extraordinaires que tous les palais de la terre.
Tandis que Don Bosco admirait en songe toutes ces beautés, il entendait une très douce musique, une harmonie d'instruments multiples, associée à une mélodie suave de voix souples, homogènes et cristallines. C'était une multitude de jeunes qui chantaient ainsi en se divertissant dans ces jardins. L'un jouait d'un instrument, l'autre chantait, et l'on entendait tous les degrés de la gamme musicale dans un accord parfait.
Le Saint remarqua que ces musiques étaient aussi ravissantes et agréables à chanter qu'à écouter. On chantait en latin:
"Salut, honneur et gloire à Dieu le Père tout puissant,
créateur de l'univers, qui était, qui est et qui sera le juge
des vivants et des morts dans tous les siècles !"
Tandis que Don Bosco écoutait avec extase cette hymne délicieuse et céleste, il vit également s'avancer vers lui une gracieuse multitude de jeunes dont il connaissait la plus grande part, mais pas tous, guidés par saint Dominique Savio et accompagnés de nombreux prêtres et religieux. Tous ces jeunes s'arrêtèrent à quelques pas de lui. Alors, la mélodie se tut et, dans un profond silence, on vit briller une lampe éblouissante de lumière. Tous le regardaient avec des yeux radieux de félicité et le sourire aux lèvres, mais aucun ne parlait.
Après avoir avancé encore de quelques pas, Dominique Savio s'arrêta tout près de Don Bosco. Lui aussi fixait son cher père et maître en souriant, mais en silence.
Comme Dominique était beau ! Une tunique parfaitement blanche, brillante de diamants et enrichie d'or lui descendait jusqu'aux pieds, tandis qu'une ample écharpe de pourpre ornée de pierres précieuses ceignait son côté. De son cou pendait une gracieuse guirlande de fleurs dont les pétales semblaient des diamants s'épanouissant sur des tiges d'or. Ces fleurs resplendissaient d'une lumière céleste et plus vive que le soleil, avec autant de splendeur qu'une admirable matinée printanière. Elles reflétaient leurs rayons sur leurs rayons sur le visage rouge de Dominique Savio dont le front était ceint de roses. Ses cheveux descendaient en ondulant sur les épaules et lui donnaient l'aspect attrayant d'un ange.
Tous les autres aussi rayonnaient de leur personne avec la même grâce. Ils étaient vêtus de façons variées mais toutes autant attrayantes, et une belle écharpe rouge leur ceignait également le côté.
- Pourquoi ne dites-vous rien? demanda Dominique Ă Don Bosco.
- Dominique ?! Comment te trouves-tu ici?
- Je suis venu vous parler... Combien de fois nous parlions ensemble sur la terre! J'avais une telle confiance et une telle intimité avec vous! Interrogez-moi donc!
- Alors, où suis-je ? dit Don Bosco
- Dans un lieu de félicité où l'on jouit de toutes les joies...
- C'est donc cela, la récompense des justes ?
- Non! Ici on ne jouit pas des biens éternels mais simplement de bien temporels embellis par la puissance de Dieu parce qu'aucun œil mortel ne supporterait la vision des beautés éternelles. Ce n'est donc pas le Paradis!
- Mais cette mélodie et cette lumière ne sont-elles pas célestes?
- Non, elles sont naturelles, mais perfectionnées par la Toute Puissance divine.
- On ne pourrait donc voir un peu de la lumière surnaturelle du ciel ? insista Don Bosco.
- Non, parce que même le plus petit rayon de cette lumière aveuglerait l'œil humain avant qu'il ait pu voir Dieu tel qu'Il est. Mais si vous voyiez un seul rayon de lumière naturelle d'un degré plus élevé que celle que nous voyons actuellement, vous en resteriez extasié. Attention, observez cette étendue de cristal !
Regardant en haut, Don Bosco découvrit sur le ciel un halo de lumière tellement resplendissant et éblouissant que ses yeux ne pouvaient y résister. Cette lumière était beaucoup plus radieuse que le soleil, et son éclat aurait pu illuminer l'univers.
- Et pourtant, ce n'est pas la lumière surnaturelle... déclara d'une voix harmonieuse le saint adolescent.
- De quelles joies jouissez-vous donc au paradis ?
- Il est impossible de vous l'exprimer. On y jouit de Dieu : c'est tout !
- Et toi, pourquoi as-tu un vêtement aussi blanc et éblouissant ?
A la place de Dominique, c'est un chœur qui répondit en accompagnant de délicieux instruments de musique ce chant latin :
" Voici ceux qui ceignent leurs reins et qui ont blanchi leur robe dans le sang de l'Agneau ".
De même lorsque Don Bosco demanda à Dominique Savio l'explication de son visage rouge, c'est une autre voix qui lui répondit en chantant :
" Ils sont vierges,
c'est pourquoi ils suivent l'Agneau partout oĂą il va ..."
Ce rouge signifiait les grands sacrifices et les violents efforts soufferts comme un long martyre pour conserver la pureté, ainsi que les pénitences qui avaient purifié l'âme de ses fautes. La blancheur et le rayonnement des vêtements signifiaient l'innocence baptismale héroïquement conservée.
- Mais, Dominique, qui sont tous ceux-ci autour de toi, si gracieux et resplendissants ?
Une hymne juvénile répondit encore :
" Ce sont comme des anges dans le ciel ".
Cependant, Don Bosco remarqua que saint Dominique avait une certaine prééminence sur cette multitude de jeunes qui se tenaient autour de lui à distance respectueuse et avec grande déférence. C'est pourquoi il lui demanda s'il était le premier de ceux qui le suivaient et étaient morts à l'Oratoire.
- Je suis le plus ancien de l'Oratoire, répondit Dominique, car j'ai le premier laissé la terre d'exil pour monter au ciel. Pour l'heure, je suis en outre ambassadeur ; c'est pourquoi je suis venu.
- Parle-moi donc du passé, du présent et de l'avenir de notre Oratoire, de mes chers "fils" et de ma bien aimée Congrégation !
- Quant au passé, votre Congrégation a déjà fait beaucoup de bien. Voyez-vous là -bas ce nombre sans fin de jeunes ? Qu'est-il écrit à l'entrée de leur jardin?
- J'y lis : "Jardin salésien ! "
- Exact ! Tous ces jeunes furent salésiens, ou éduqués par vous, ou sauvés par vos "fils", mais ils seraient beaucoup plus nombreux si vous aviez eu une plus grande foi et une plus grande confiance dans le Seigneur.
- Et le présent ? demanda ensuite saint Jean Bosco, frappé de ce reproche même voilé.
Alors Dominique lui montra le magnifique bouquet de fleurs qu'il tenait en main. Il était composé de roses, de violettes, de gentianes, de lys, de tournesols, d'immortelles et d'épis de blé. Après le lui avoir fait admirer, notre petit saint recommanda à Don Bosco de présenter ce bouquet à ses "fils" afin qu'ils pussent l'offrir au Seigneur quand il le faudrait, car c'est ainsi qu'ils obtiendraient le bonheur.
- Ces fleurs, dit l'adolescent, symbolisent les vertus qui plaisent le plus au Très Haut : la rose est le symbole de la charité, la violette de l'humilité, la gentiane de la pénitence et de la mortification. Les épis symbolisent la communion fréquente et le lys la vertu dont il est écrit : " ils seront comme des anges dans le ciel ", c'est la chasteté. Les immortelles signifient que toutes ces vertus doivent durer toujours, elles symbolisent donc la persévérance.
- Toi qui as pratiqué toutes ces vertus durant ta vie, dis-moi maintenant de laquelle tu as reçu le plus de réconfort au moment de la mort ! Peut-être de la pureté, de la tranquillité de conscience, de l'espérance du paradis, de la pensée d'avoir accumulé tant de mérites ?
- Oui, mais pas seulement de tout cela... Ce qui m'a le plus conforté durant mon agonie, ce fut l'assistance maternelle de Notre Dame. Recommandez donc à vos "fils" de ne jamais oublier de prier la Sainte Vierge tant qu'ils seront sur la terre d'exil.
- Tu peux être sûr que je le recommanderai ! Mais, pour le futur, quelles prévisions me fais-tu ?
- En 1877 vous éprouverez une grande douleur car huit parmi ceux qui vous sont le plus chers seront appelés par Dieu à l'éternité. Mais consolez-vous, car ils seront transplantés comme des fleurs, de la steppe du monde dans les jardins célestes. Ils seront couronnés de gloire et le Bon Dieu vous les remplacera par d'autres "fils" aussi bons. Quant à la Congrégation, le Seigneur vous prépare de grands événements. Grâce à elle se lèvera l'an prochain une aurore de gloire rayonnante qui illuminera les quatre coins du monde, de l'orient à l'occident et du midi au septentrion. Mais, veillez à ce que le char triomphal sur lequel se tiendra le Seigneur, ne soit pas traîné en dehors de la voie.
Dominique Savio faisait allusion à la pieuse Union des coopérateurs salésiens et à la fondation du Bulletin, initiatives bien adaptées à étendre à travers le monde l'influence de l'œuvre de Don Bosco.
Puis Dominique Savio ajouta :
- Si vos prêtres sont dignes de leur haute mission, l'avenir sera splendide et apportera le salut à de très nombreuses âmes. Mais il est indispensable que vos "fils" soient dévoués à la Sainte Vierge et qu'ils conservent la vertu de chasteté qui plaît tant à Dieu...
- Peux-tu me donner quelques nouvelles de l'Église en général, ou au moins de Pie IX ? demanda Don Bosco.
- Je ne puis vous révéler de l'Eglise les destinées établies par les infinis décrets de Dieu, cependant je puis vous dire que l'actuel souverain Pasteur de l'Eglise ne devra plus combattre longtemps sur la terre, car elles sont désormais finies les batailles où il devait vaincre. Dans peu de temps le Seigneur lui donnera la récompense méritée. (Pie IX mourut quatorze mois plus tard, le 7 février 1878) Le reste, vous le connaissez : l'Eglise ne périt pas !
- Et en ce qui me concerne ?
- Oh, si vous saviez combien de batailles vous devez encore supporter ! Mais, courage !
- Ce que je vois est-il ton corps ? Vois-je vraiment en toi la personne de Dominique Savio ?
- Lorsque, comme dans mon cas, l'âme est séparée du corps et, par disposition divine, se manifeste à quelque mortel, elle conserve son aspect extérieur avec les apparences qu'elle avait sur la terre, embellie toutefois.
- Et mes jeunes se trouvent-ils tous sur la voie droite pour se sauver ? Dis-le-moi, mon cher, afin que je puisse les diriger le mieux possible !
- Les "fils" que la Providence vous a confiés peuvent se diviser en trois classes... répondit Dominique Savio en tendant à Don Bosco une note portant la mention "Indemnes". Ceux qui sont inscrits sur cette liste n'ont encore jamais taché leur innocence.
A la vive satisfaction de Don Bosco, ceux-ci étaient nombreux à n'être jamais tombés dans le péché mortel. Ils avançaient tout droit sur l'étroit sentier du bien quoique harcelés des flèches qu'on tirait sur eux de toutes parts, mais, protégés par le bouclier de la foi et le manteau de la Madone à qui ils étaient filialement dévoués, ils ne subissaient aucune blessure.
Ensuite Dominique lui remit une seconde note intitulée :
" Blessés " et sur laquelle on trouvait ceux qui, un temps en disgrâce de Dieu, en étaient actuellement ressortis et avaient cicatrisé leurs blessures par le repentir et la confession. Ils étaient en plus grand nombre que les premiers. Parce qu'ils avaient subi de graves blessures durant les différentes épreuves de la vie, quelques-uns avançaient accablés et anxieux.
Mais Dominique avait en main une troisième note intitulée : "Amollis sur la voie de l'iniquité". Y étaient énumérés ceux qui se trouvaient en disgrâce de Dieu par le péché mortel. Impatient de connaître ce secret, Don Bosco tendit la main pour prendre cette feuille à Dominique qui, cependant, n'accepta pas et lui dit :
- Non ! Écoutez. Si l'on ouvrait cette feuille, il en sortirait une odeur que ni vous, ni moi, ni les anges ne pourraient supporter. Le Saint-Esprit lui-même est dégoûté par le péché...
- Mais comment peut-il se faire que Dieu et les anges sentent la puanteur de la matière puisqu'ils sont impassibles ? objecta Don Bosco avec peine.
- Cela vient de ce que plus les créatures sont bonnes et innocentes plus elles s'approchent des esprits célestes, tandis que plus quelqu'un est mauvais et crasseux, d'autant plus il s'éloigne du Seigneur et des anges, qui se retirent de lui devenu pour eux un objet d'horreur.
Plus tard cependant, Dominique remit cette note à Don Bosco afin qu'il s'en servît pour le bien de ses jeunes. Avant de le quitter il lui rappela encore le petit bouquet de fleurs avec la recommandation de dire aux jeunes de bien le conserver.
Quand Don Bosco ouvrit la feuille, il en sortit une telle odeur qu'il faillit s'en évanouir. Alors l'air s'obscurcit, puis la vision disparut au jaillissement d'un éclair et à un grondement de tonnerre qui réveillèrent en sursaut Don Bosco de son songe.
![](https://seedus3932.gloriatv.net/storage1/y8s6fm4c8w5ic70q45n2z5mupdf50u2mfshk8dy.webp?crop=526.325.0.67&scale=on&secure=FD0OpgD9h5IPFSI8uFVLdw&expires=1719822813)
Éducateur du peuple, défenseur de l'Église, témoin de la Vierge Marie.
J'ai une dévotion particulière pour Don Bosco. Il appartient au nombre de saints que j'ai eu la chance de visiter souvent.
J'ai choisi cette année le récit d'une vision authentique du Ciel dans laquelle Don Bosco s'entretient avec Dominique Savio.
Le Ciel
vision authentique
La soirée du 22 décembre 1876 demeurera mémorable à l'Oratoire par le récit d'un songe merveilleux que saint Jean Bosco avait fait à Lanzo.
Il lui semblait se trouver sur un promontoire devant une plaine sans fin, bleutée comme une étendue de mer, semblable à un cristal limpide. A ses côtés se dessinait comme un littoral sur les bords de l'océan et la plaine était divisée par de longues allées, en de vastes jardins d'une beauté indescriptible, partagés en bosquets, en massifs et en parterres riches de fleurs, aux formes et aux couleurs diverses. Les herbes, les corolles, les arbres et les fruits étaient extrêmement gracieux; les feuilles étaient d'or, les troncs de diamant et les branches d'argent. Dans ces jardins enchanteurs s'élevaient partout des édifices d'une élégance et d'une magnificence bien plus extraordinaires que tous les palais de la terre.
Tandis que Don Bosco admirait en songe toutes ces beautés, il entendait une très douce musique, une harmonie d'instruments multiples, associée à une mélodie suave de voix souples, homogènes et cristallines. C'était une multitude de jeunes qui chantaient ainsi en se divertissant dans ces jardins. L'un jouait d'un instrument, l'autre chantait, et l'on entendait tous les degrés de la gamme musicale dans un accord parfait.
Le Saint remarqua que ces musiques étaient aussi ravissantes et agréables à chanter qu'à écouter. On chantait en latin:
"Salut, honneur et gloire à Dieu le Père tout puissant,
créateur de l'univers, qui était, qui est et qui sera le juge
des vivants et des morts dans tous les siècles !"
Tandis que Don Bosco écoutait avec extase cette hymne délicieuse et céleste, il vit également s'avancer vers lui une gracieuse multitude de jeunes dont il connaissait la plus grande part, mais pas tous, guidés par saint Dominique Savio et accompagnés de nombreux prêtres et religieux. Tous ces jeunes s'arrêtèrent à quelques pas de lui. Alors, la mélodie se tut et, dans un profond silence, on vit briller une lampe éblouissante de lumière. Tous le regardaient avec des yeux radieux de félicité et le sourire aux lèvres, mais aucun ne parlait.
Après avoir avancé encore de quelques pas, Dominique Savio s'arrêta tout près de Don Bosco. Lui aussi fixait son cher père et maître en souriant, mais en silence.
Comme Dominique était beau ! Une tunique parfaitement blanche, brillante de diamants et enrichie d'or lui descendait jusqu'aux pieds, tandis qu'une ample écharpe de pourpre ornée de pierres précieuses ceignait son côté. De son cou pendait une gracieuse guirlande de fleurs dont les pétales semblaient des diamants s'épanouissant sur des tiges d'or. Ces fleurs resplendissaient d'une lumière céleste et plus vive que le soleil, avec autant de splendeur qu'une admirable matinée printanière. Elles reflétaient leurs rayons sur leurs rayons sur le visage rouge de Dominique Savio dont le front était ceint de roses. Ses cheveux descendaient en ondulant sur les épaules et lui donnaient l'aspect attrayant d'un ange.
Tous les autres aussi rayonnaient de leur personne avec la même grâce. Ils étaient vêtus de façons variées mais toutes autant attrayantes, et une belle écharpe rouge leur ceignait également le côté.
- Pourquoi ne dites-vous rien? demanda Dominique Ă Don Bosco.
- Dominique ?! Comment te trouves-tu ici?
- Je suis venu vous parler... Combien de fois nous parlions ensemble sur la terre! J'avais une telle confiance et une telle intimité avec vous! Interrogez-moi donc!
- Alors, où suis-je ? dit Don Bosco
- Dans un lieu de félicité où l'on jouit de toutes les joies...
- C'est donc cela, la récompense des justes ?
- Non! Ici on ne jouit pas des biens éternels mais simplement de bien temporels embellis par la puissance de Dieu parce qu'aucun œil mortel ne supporterait la vision des beautés éternelles. Ce n'est donc pas le Paradis!
- Mais cette mélodie et cette lumière ne sont-elles pas célestes?
- Non, elles sont naturelles, mais perfectionnées par la Toute Puissance divine.
- On ne pourrait donc voir un peu de la lumière surnaturelle du ciel ? insista Don Bosco.
- Non, parce que même le plus petit rayon de cette lumière aveuglerait l'œil humain avant qu'il ait pu voir Dieu tel qu'Il est. Mais si vous voyiez un seul rayon de lumière naturelle d'un degré plus élevé que celle que nous voyons actuellement, vous en resteriez extasié. Attention, observez cette étendue de cristal !
Regardant en haut, Don Bosco découvrit sur le ciel un halo de lumière tellement resplendissant et éblouissant que ses yeux ne pouvaient y résister. Cette lumière était beaucoup plus radieuse que le soleil, et son éclat aurait pu illuminer l'univers.
- Et pourtant, ce n'est pas la lumière surnaturelle... déclara d'une voix harmonieuse le saint adolescent.
- De quelles joies jouissez-vous donc au paradis ?
- Il est impossible de vous l'exprimer. On y jouit de Dieu : c'est tout !
- Et toi, pourquoi as-tu un vêtement aussi blanc et éblouissant ?
A la place de Dominique, c'est un chœur qui répondit en accompagnant de délicieux instruments de musique ce chant latin :
" Voici ceux qui ceignent leurs reins et qui ont blanchi leur robe dans le sang de l'Agneau ".
De même lorsque Don Bosco demanda à Dominique Savio l'explication de son visage rouge, c'est une autre voix qui lui répondit en chantant :
" Ils sont vierges,
c'est pourquoi ils suivent l'Agneau partout oĂą il va ..."
Ce rouge signifiait les grands sacrifices et les violents efforts soufferts comme un long martyre pour conserver la pureté, ainsi que les pénitences qui avaient purifié l'âme de ses fautes. La blancheur et le rayonnement des vêtements signifiaient l'innocence baptismale héroïquement conservée.
- Mais, Dominique, qui sont tous ceux-ci autour de toi, si gracieux et resplendissants ?
Une hymne juvénile répondit encore :
" Ce sont comme des anges dans le ciel ".
Cependant, Don Bosco remarqua que saint Dominique avait une certaine prééminence sur cette multitude de jeunes qui se tenaient autour de lui à distance respectueuse et avec grande déférence. C'est pourquoi il lui demanda s'il était le premier de ceux qui le suivaient et étaient morts à l'Oratoire.
- Je suis le plus ancien de l'Oratoire, répondit Dominique, car j'ai le premier laissé la terre d'exil pour monter au ciel. Pour l'heure, je suis en outre ambassadeur ; c'est pourquoi je suis venu.
- Parle-moi donc du passé, du présent et de l'avenir de notre Oratoire, de mes chers "fils" et de ma bien aimée Congrégation !
- Quant au passé, votre Congrégation a déjà fait beaucoup de bien. Voyez-vous là -bas ce nombre sans fin de jeunes ? Qu'est-il écrit à l'entrée de leur jardin?
- J'y lis : "Jardin salésien ! "
- Exact ! Tous ces jeunes furent salésiens, ou éduqués par vous, ou sauvés par vos "fils", mais ils seraient beaucoup plus nombreux si vous aviez eu une plus grande foi et une plus grande confiance dans le Seigneur.
- Et le présent ? demanda ensuite saint Jean Bosco, frappé de ce reproche même voilé.
Alors Dominique lui montra le magnifique bouquet de fleurs qu'il tenait en main. Il était composé de roses, de violettes, de gentianes, de lys, de tournesols, d'immortelles et d'épis de blé. Après le lui avoir fait admirer, notre petit saint recommanda à Don Bosco de présenter ce bouquet à ses "fils" afin qu'ils pussent l'offrir au Seigneur quand il le faudrait, car c'est ainsi qu'ils obtiendraient le bonheur.
- Ces fleurs, dit l'adolescent, symbolisent les vertus qui plaisent le plus au Très Haut : la rose est le symbole de la charité, la violette de l'humilité, la gentiane de la pénitence et de la mortification. Les épis symbolisent la communion fréquente et le lys la vertu dont il est écrit : " ils seront comme des anges dans le ciel ", c'est la chasteté. Les immortelles signifient que toutes ces vertus doivent durer toujours, elles symbolisent donc la persévérance.
- Toi qui as pratiqué toutes ces vertus durant ta vie, dis-moi maintenant de laquelle tu as reçu le plus de réconfort au moment de la mort ! Peut-être de la pureté, de la tranquillité de conscience, de l'espérance du paradis, de la pensée d'avoir accumulé tant de mérites ?
- Oui, mais pas seulement de tout cela... Ce qui m'a le plus conforté durant mon agonie, ce fut l'assistance maternelle de Notre Dame. Recommandez donc à vos "fils" de ne jamais oublier de prier la Sainte Vierge tant qu'ils seront sur la terre d'exil.
- Tu peux être sûr que je le recommanderai ! Mais, pour le futur, quelles prévisions me fais-tu ?
- En 1877 vous éprouverez une grande douleur car huit parmi ceux qui vous sont le plus chers seront appelés par Dieu à l'éternité. Mais consolez-vous, car ils seront transplantés comme des fleurs, de la steppe du monde dans les jardins célestes. Ils seront couronnés de gloire et le Bon Dieu vous les remplacera par d'autres "fils" aussi bons. Quant à la Congrégation, le Seigneur vous prépare de grands événements. Grâce à elle se lèvera l'an prochain une aurore de gloire rayonnante qui illuminera les quatre coins du monde, de l'orient à l'occident et du midi au septentrion. Mais, veillez à ce que le char triomphal sur lequel se tiendra le Seigneur, ne soit pas traîné en dehors de la voie.
Dominique Savio faisait allusion à la pieuse Union des coopérateurs salésiens et à la fondation du Bulletin, initiatives bien adaptées à étendre à travers le monde l'influence de l'œuvre de Don Bosco.
Puis Dominique Savio ajouta :
- Si vos prêtres sont dignes de leur haute mission, l'avenir sera splendide et apportera le salut à de très nombreuses âmes. Mais il est indispensable que vos "fils" soient dévoués à la Sainte Vierge et qu'ils conservent la vertu de chasteté qui plaît tant à Dieu...
- Peux-tu me donner quelques nouvelles de l'Église en général, ou au moins de Pie IX ? demanda Don Bosco.
- Je ne puis vous révéler de l'Eglise les destinées établies par les infinis décrets de Dieu, cependant je puis vous dire que l'actuel souverain Pasteur de l'Eglise ne devra plus combattre longtemps sur la terre, car elles sont désormais finies les batailles où il devait vaincre. Dans peu de temps le Seigneur lui donnera la récompense méritée. (Pie IX mourut quatorze mois plus tard, le 7 février 1878) Le reste, vous le connaissez : l'Eglise ne périt pas !
- Et en ce qui me concerne ?
- Oh, si vous saviez combien de batailles vous devez encore supporter ! Mais, courage !
- Ce que je vois est-il ton corps ? Vois-je vraiment en toi la personne de Dominique Savio ?
- Lorsque, comme dans mon cas, l'âme est séparée du corps et, par disposition divine, se manifeste à quelque mortel, elle conserve son aspect extérieur avec les apparences qu'elle avait sur la terre, embellie toutefois.
- Et mes jeunes se trouvent-ils tous sur la voie droite pour se sauver ? Dis-le-moi, mon cher, afin que je puisse les diriger le mieux possible !
- Les "fils" que la Providence vous a confiés peuvent se diviser en trois classes... répondit Dominique Savio en tendant à Don Bosco une note portant la mention "Indemnes". Ceux qui sont inscrits sur cette liste n'ont encore jamais taché leur innocence.
A la vive satisfaction de Don Bosco, ceux-ci étaient nombreux à n'être jamais tombés dans le péché mortel. Ils avançaient tout droit sur l'étroit sentier du bien quoique harcelés des flèches qu'on tirait sur eux de toutes parts, mais, protégés par le bouclier de la foi et le manteau de la Madone à qui ils étaient filialement dévoués, ils ne subissaient aucune blessure.
Ensuite Dominique lui remit une seconde note intitulée :
" Blessés " et sur laquelle on trouvait ceux qui, un temps en disgrâce de Dieu, en étaient actuellement ressortis et avaient cicatrisé leurs blessures par le repentir et la confession. Ils étaient en plus grand nombre que les premiers. Parce qu'ils avaient subi de graves blessures durant les différentes épreuves de la vie, quelques-uns avançaient accablés et anxieux.
Mais Dominique avait en main une troisième note intitulée : "Amollis sur la voie de l'iniquité". Y étaient énumérés ceux qui se trouvaient en disgrâce de Dieu par le péché mortel. Impatient de connaître ce secret, Don Bosco tendit la main pour prendre cette feuille à Dominique qui, cependant, n'accepta pas et lui dit :
- Non ! Écoutez. Si l'on ouvrait cette feuille, il en sortirait une odeur que ni vous, ni moi, ni les anges ne pourraient supporter. Le Saint-Esprit lui-même est dégoûté par le péché...
- Mais comment peut-il se faire que Dieu et les anges sentent la puanteur de la matière puisqu'ils sont impassibles ? objecta Don Bosco avec peine.
- Cela vient de ce que plus les créatures sont bonnes et innocentes plus elles s'approchent des esprits célestes, tandis que plus quelqu'un est mauvais et crasseux, d'autant plus il s'éloigne du Seigneur et des anges, qui se retirent de lui devenu pour eux un objet d'horreur.
Plus tard cependant, Dominique remit cette note à Don Bosco afin qu'il s'en servît pour le bien de ses jeunes. Avant de le quitter il lui rappela encore le petit bouquet de fleurs avec la recommandation de dire aux jeunes de bien le conserver.
Quand Don Bosco ouvrit la feuille, il en sortit une telle odeur qu'il faillit s'en évanouir. Alors l'air s'obscurcit, puis la vision disparut au jaillissement d'un éclair et à un grondement de tonnerre qui réveillèrent en sursaut Don Bosco de son songe.
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