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L'église persécutée

« Apprécier les consolations cachées du catholicisme traditionnel alors que la crise perdure »

Robert Morrison 16 octobre 2025 The Remnant

Si l'on considère tous ceux qui se disent catholiques, il est clair que les catholiques traditionalistes sont les seuls persécutés par Rome pour avoir tenté de pratiquer sérieusement la religion catholique. Grâce à Dieu, nous sommes persécutés aujourd'hui pour avoir gardé la foi ! Si les modernistes et les libéraux qui tentent de détruire l'Église nous considéraient comme leurs alliés, nous serions assurément en enfer.

L’une des situations les plus étonnantes dans le monde d’aujourd’hui est la réalité selon laquelle le Vatican accepte et encourage essentiellement tous les ensembles de croyances « religieuses » répandus dans le monde, autres que le catholicisme traditionnel, lequel n’est rien d’autre que les croyances de tous les bons catholiques avant Vatican II. Considérez, par exemple, le récent « Message du Dicastère pour le dialogue interreligieux aux Hindous à l'occasion de la fête de Deepavali » :
"Le Dicastère pour le Dialogue Interreligieux a le plaisir de vous adresser ses salutations les plus chaleureuses et ses meilleurs vœux à l’occasion de votre célébration de Deepavali, le 20 octobre de cette année. Puisse cette fête des lumières illuminer vos vies et apporter bonheur, unité et paix à vos familles et à vos communautés !

Le huitième jour après Deepavali marquera cette année le soixantième anniversaire de la Déclaration Nostra Ætate (28 octobre 1965), le document historique de l’Église catholique qui a encouragé les catholiques du monde entier à s’engager dans le dialogue et la collaboration avec les personnes appartenant à d’autres traditions religieuses. Il exhortait les chrétiens à ce qu’ils « reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles » présentes chez les autres (Ibid, 2), dans une perspective de promotion de la paix."
Le Vatican encourage « les catholiques du monde entier à dialoguer et à collaborer avec les personnes d'autres traditions religieuses.» Et parce que le Vatican prend cela au sérieux, on imagine aisément Léon XIV faire l'éloge des musulmans, des bouddhistes, des juifs et de tous les protestants pour la manière dont ces groupes croient et pratiquent leurs fausses religions. Cependant, si Léon XIV louait et encourageait de la même manière les catholiques traditionalistes, cela créerait une onde de choc dans l'Église et dans le monde.
Au moins superficiellement, cette réalité stupéfiante pourrait être une source de désolation pour les catholiques traditionalistes. Mais si l'on regarde au-delà des apparences, il devrait être clair que Dieu a donné aux catholiques traditionalistes d'abondantes consolations et confirmations que nous avons bien raison de vouloir suivre la religion telle que les catholiques la connaissaient avant Vatican II.

Nous acceptons les avertissements des papes
Avec le recul, il est évident que les avertissements des papes d'avant Vatican II dénoncent bon nombre des maux qui ont affligé l'Église depuis Vatican II. Voici quelques-uns des avertissements les plus importants :
Mirari Vos, encyclique du pape Grégoire XVI de 1832 sur le libéralisme et l’indifférentisme religieux.
Qui Pluribus, encyclique du bienheureux Pie IX de 1846 sur la foi et la religion.
Quanta Cura, encyclique du bienheureux Pie IX de 1864 condamnant les erreurs modernes (accompagnée du Syllabus des erreurs).
Libertas Præstantissimum, encyclique du pape Léon XIII de 1888 sur la liberté humaine.
Pascendi Dominici Gregis, encyclique de saint Pie X de 1907 sur le modernisme.
Notre Charge Apostolique, encyclique de saint Pie X de 1910 sur le Sillon.
Serment anti-moderniste, serment de saint Pie X de 1910 prêté par le clergé.
Mortalium Animos, encyclique du pape Pie XI de 1928 Encyclique sur l'unité religieuse.
Humani Generis, encyclique de 1950 du pape Pie XII sur les fausses opinions menaçant de saper les fondements de la doctrine catholique.

Les catholiques traditionalistes continuent de croire, pour l'essentiel, à tous ces écrits, dans le sens clairement voulu par les papes. Ils ont averti non seulement les catholiques de leur époque, mais aussi tous ceux qui s'efforceront de sauver leur âme jusqu'à la fin du monde, que les erreurs qu'ils condamnaient étaient un poison pour la foi catholique. « Si vous acceptez ces erreurs », nous ont-ils dit, « un préjudice incalculable en résultera pour les catholiques, l'Église et le monde. »
Puisque les catholiques traditionalistes continuent de croire ce que les papes d'avant Vatican II souhaitaient que tous les catholiques croient toujours, nous comprenons aisément pourquoi l'Église est confrontée à la crise que nous observons aujourd'hui : Jean XXIII et ses successeurs ont mis de côté les avertissements papaux, et ainsi les catholiques, l'Église et le monde ont subi les préjudices que les papes d'avant Vatican II avaient prévus. Ainsi, les catholiques traditionalistes ont la consolation de comprendre comment et pourquoi l'Église traverse la crise actuelle.

De plus, il y a une consolation plus profonde à considérer que ces avertissements papaux sont naturellement devenus plus crédibles et essentiels maintenant que nous avons constaté leur clairvoyance. Dieu, après avoir inspiré les papes à délivrer leurs avertissements, ne S'est pas contenté de rester en retrait pour observer si les hommes les suivraient. Au contraire, la divine Providence a permis que les événements de la période postconciliaire nous enseignent des vérités sur la foi bien plus importantes (et la nécessité de les défendre) que nous n'aurions pu comprendre en l'absence de la crise. L'apprentissage de ces leçons a permis aux catholiques traditionalistes de fortifier et de purifier leur foi et de se rapprocher de Dieu. Ainsi, Dieu peut tirer de cette crise un grand bien en renforçant la foi des catholiques qui adhèrent aux enseignements de l'Église.

Notre Seigneur et les saints nous ont préparés à cette époque
Cependant, certains catholiques soutiennent que la vision catholique traditionnelle de la crise actuelle est inexacte, car elle signifierait une défection de l'Église. De nombreux défenseurs conservateurs de Vatican II, en particulier, estiment que les paroles suivantes de Jésus excluent une situation où l'Église semble enseigner l'erreur :
« Et moi, je te dis que tu es Pierre ; et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. »(Mt 16,18)
Au fil des siècles, les théologiens ont naturellement cherché à expliquer la signification de cette promesse en ce que serait la victoire des portes de l'enfer sur l'Église. Si, dans une certaine mesure, de telles explications sont peut-être utiles, il est dangereux de considérer les paroles de Notre Seigneur comme un test décisif permettant de définir l'Église plutôt que comme une promesse réconfortante qu'il la protégera toujours d'une défaite totale. C'est à lui de déterminer la nature de cette protection, et à nous d'y croire.
Outre la promesse de Notre Seigneur de toujours protéger l'Église, nous devons également peser ses paroles qui suggèrent l'ampleur des dégâts que les assauts de l'enfer pourraient causer :

« Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes, et ils feront de grands miracles et des prodiges juqu’à induire en erreur, s’il se pouvait, les élus mêmes. » (Mt 24,24)
« Je vous le dis, il leur fera justice promptement. Seulement, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18,8)
Si la crise atteignait un point où même les élus seraient trompés au cas Dieu n'interviendrait pas, alors beaucoup croiraient que les portes de l'enfer auraient prévalu. C'est dans ces moments-là que la promesse de Notre Seigneur serait la plus précieuse et la plus réconfortante. En ce sens, nous voyons que Dieu nous a préparés pour des temps comme ceux que nous traversons actuellement.

Nous avons également les avertissements de Notre-Dame de Fatima, et en particulier celui du Troisième Secret de Fatima. Bien que le contenu exact de ce message soit sujet à de nombreux désaccords, plusieurs clercs qui en ont eu connaissance ont indiqué qu'il se rapportait à l'apostasie au plus haut niveau de l'Église catholique :
• « Le Troisième Secret prédit, entre autres, que la grande apostasie dans l'Église commence au sommet.» (Cardinal Luigi Ciappi, cité dans Le Secret encore caché de Christopher Ferrara, p. 43) »
• « Les messages de la Sainte Vierge à la petite Lucie de Fatima m'inquiètent. Cette insistance de Marie sur les dangers qui menacent l'Église est un avertissement divin contre le suicide que constitue l'altération de la foi, de sa liturgie, de sa théologie et de son âme… J'entends partout autour de moi des novateurs qui souhaitent démanteler la Sainte Chapelle, détruire la flamme universelle de l'Église, rejeter ses ornements et lui infliger des remords pour son passé historique. » (Cardinal Eugenio Pacelli, futur Pie XII, cf. Le Secret encore caché, p. 31)
• « [Le Troisième Secret] n'a rien à voir avec Gorbatchev. La Sainte Vierge nous mettait en garde contre l'apostasie dans l'Église. » (Cardinal Silvio Oddi, cf. Le Secret encore caché, p. 42)
• « Si “au Portugal le dogme de la foi sera toujours préservé”… on peut en déduire clairement que dans d'autres parties de l'Église, ces dogmes vont s'obscurcir, voire disparaître complètement. Il est donc fort possible que, dans cette période intermédiaire en question (après 1960 et avant le triomphe du Cœur Immaculé de Marie), le texte fasse des références concrètes à la crise de la foi de l'Église et à la négligence des pasteurs eux-mêmes… » (Père Joaquín Alonso, cf. Le Secret encore caché, p. 35)

À proprement parler, les catholiques ne sont pas tenus d'accepter la validité des apparitions de Notre-Dame de Fatima, et encore moins les interprétations du Troisième Secret. Néanmoins, comme nous l'avons vu dans un article précédent, ces interprétations expliquent non seulement la grave crise que traverse l'Église depuis le refus de Jean XXIII de le révéler avant le Concile, mais aussi pourquoi le Vatican a proposé une interprétation manifestement déficiente du Troisième Secret en 2000. Le Ciel nous préparait à ce que nous endurons aujourd'hui, et seuls ceux qui sont persécutés par Rome pour avoir tenté d'adhérer aux enseignements de l'Église sont véritablement sensibles aux avertissements de Notre-Dame de Fatima.

Nous sommes fidèles à ce que l'Église a toujours enseigné
Certains catholiques prétendent néanmoins que la résistance catholique traditionnelle à la révolution Vatican II équivaut à un rejet schismatique du Magistère vivant. La véritable fidélité, affirment-ils, exige que nous interprétions les apparentes nouveautés de Vatican II et des papes postconciliaires à la lumière de ce que l'Église a toujours enseigné. On n'a pas suffisamment souligné que cette manière de vivre l'«herméneutique de la continuité» exige nécessairement une interprétation personnelle si nuancée d'un enseignement hétérodoxe et ambigu qu'elle réduit de fait le concept de fidélité au Magistère à une superstition blasphématoire. Si, en d'autres termes, nous devons dépasser le sens simple de ce qui a été communiqué ces soixante dernières années pour formuler une version conforme à ce que l'Église a toujours enseigné, autant admettre que nous sommes devenus protestants en union avec un « évêque de Rome ». C'est d'ailleurs précisément le but de l'Église synodale.

Les catholiques traditionalistes adoptent une approche différente, conforme aux mots que saint Pie X a inclus dans son Serment anti-moderniste pour protéger l'Église des maux qui règnent aujourd'hui à Rome :
« Je reçois sincèrement la doctrine de la foi transmise des apôtres jusqu’à nous toujours dans le même sens et dans la même interprétation par les pères orthodoxes ; pour cette raison, je rejette absolument l’invention hérétique de l’évolution des dogmes, qui passeraient d’un sens à l’autre, différent de celui que l’Église a d’abord professé. »
Seuls les catholiques traditionalistes pouvaient sincèrement prêter le Serment anti-moderniste, dans le sens manifestement voulu par saint Pie X. Les catholiques qui prônent une forme d'herméneutique de la continuité contredisent ces mots du Serment anti-moderniste, car ils croient que nous pouvons accepter les mutations du dogme catholique promues par Vatican II et la hiérarchie postconciliaire.

Nous sommes persécutés pour notre foi
En janvier 1907, saint Pie X parlait de la persécution comme d'une marque de l'Église :

« L'Église est dite une, sainte, catholique, apostolique, romaine et, j'ajouterais, persécutée. Jésus-Christ ne l'a-t-il pas dit ? C'est une des caractéristiques de l'Église d'être toujours persécutée. La persécution est le signe que nous sommes véritablement les enfants de l'Église de Jésus-Christ.»

Si l'on considère tous ceux qui se disent catholiques, il est clair que les catholiques traditionalistes sont les seuls persécutés par Rome pour avoir tenté de pratiquer sérieusement la religion catholique. Cela est d'autant plus significatif que nous adhérons à une religion véritablement une, sainte, catholique et apostolique, alors que ceux qui nous persécutent aujourd'hui adhèrent à la religion synodale, qui est l'inversion complète de l'Église.

Nous sommes persécutés non seulement par les modernistes et les libéraux de Rome, mais aussi par une multitude de catholiques qui nous dénoncent avec suffisance pour notre résistance aux tentatives de destruction de l'Église. Si le gnosticisme se caractérise par la croyance que ses adeptes possèdent une « connaissance secrète » qui fait d'eux de véritables croyants, il semble que certains catholiques qui défendent la révolution Vatican II promeuvent essentiellement un « gnosticisme inversé ». Dans ce gnosticisme inversé des catholiques pro Vatican II – qui insistent sur la cohérence du faux œcuménisme, des bénédictions pour les unions homosexuelles et de l'Église synodale avec la Tradition – les vrais croyants sont sauvés non par la possession d'une connaissance secrète, mais par un profond rejet du savoir commun. Et ils nous persécutent naturellement à mesure que nous insistons sur le fait que la vérité catholique ne peut être rejetée, même si le pape le souhaite.

Dieu merci, nous sommes persécutés aujourd'hui pour avoir gardé la foi ! Si les modernistes et les libéraux qui tentent de détruire l'Église nous considéraient comme leurs alliés, nous serions assurément sur le chemin de l'enfer. Il est bien préférable de se consoler en pouvant comprendre ces mots de la Lettre ouverte aux catholiques perplexes, ouvrage classique de Mgr Marcel Lefebvre paru en 1985 :
Ce qu’ont réalisé clercs et laïcs malgré la persécution du clergé libéral - car, disait Louis Veuillot, « il n’y a pas plus sectaire qu’un libéral » - est quasi miraculeux. Ne vous laissez pas abuser, chers lecteurs, par le terme de « traditionaliste » que l’on essaie de faire prendre en mauvaise part. C’est d’une certaine façon un pléonasme, car je ne vois pas ce que peut être un catholique qui ne serait pas traditionaliste. Je crois l’avoir amplement démontré dans ce livre, l’Église est une tradition. Nous sommes une tradition. On parle aussi « d’intégrisme » ; si l’on entend par là le respect de l’intégralité du dogme, du catéchisme, de la morale chrétienne, du Saint Sacrifice de la messe, alors oui nous sommes des intégristes. Mais je ne vois pas non plus ce que peut être un catholique qui ne serait pas intégriste dans ce sens-là.
On écrit aussi qu’après moi mon œuvre disparaîtra, parce qu’il n’y aura pas d’évêque pour me remplacer. Je suis certain du contraire, je n’ai aucune inquiétude. Je peux mourir demain, le Bon Dieu a toutes les solutions. Il se trouvera de par le monde, je le sais, suffisamment d’évêques pour ordonner nos séminaristes. Même s’il se tait aujourd’hui, l’un ou l’autre de ces évêques recevrait du Saint-Esprit le courage de se dresser à son tour. Si mon œuvre est de Dieu, Il saura la garder et la faire servir au bien de l’Église. Notre-Seigneur nous l’a promis : les Portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle.
C’est pourquoi je m’entête, et si vous voulez connaître la raison profonde de cet entêtement, la voici. Je veux qu’à l’heure de ma mort, lorsque Notre-Seigneur me demandera : « Qu’as-tu fait de ton épiscopat, qu’as-tu fait de ta grâce épiscopale et sacerdotale ? » je n’entende pas de Sa bouche ces mots terribles : « Tu as contribué à détruire l’Église avec les autres. »

Il y a probablement plus de vérité catholique actuelle dans chaque chapitre du livre de Mgr Lefebvre que dans l'ensemble des œuvres de tous ceux qui l'ont condamné ces dernières décennies. Que Dieu nous accorde la grâce de nous tenir à ses côtés pour résister à la destruction de l'Église, et aux côtés de Notre-Dame au pied de la Croix, alors que les ennemis de Jésus continuent de nous persécuter pour avoir tenté de préserver ce qu'Il nous a laissé.

Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous !
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