Histoire oubliée

Le drapeau français flotte une dernière fois sur la Nouvelle-Orléans, après la vente de la Louisiane aux États-Unis en 1803. Gouache anonyme, château de Blérancourt • AURIMAGE

Aux XVIIe-XVIIIe siècles, une grande partie de l’Amérique était française. L’histoire coloniale française en Amérique du Nord commence en 1603, date à laquelle Samuel de Champlain séjourne à la confluence du Saguenay et du Saint-Laurent et noue une alliance franco-amérindienne, ce qui rend possible une installation durable des Français dans cette région. Cinq ans plus tard, avec le soutien d’Henri IV, l’explorateur fonde la ville de Québec.
Très vite, les établissements permanents se multiplient dans la région : Trois-Rivières (1634), Montréal (1642)… À partir du Saint-Laurent, les Français pénètrent dans les terres de l’Ouest, vers les Grands Lacs, puis au sud, dans la vallée du Mississippi. En 1699, ils s’installent sur les côtes du golfe du Mexique. La Nouvelle-Orléans, future capitale de la Louisiane, y est fondée en 1718. Vers 1700, les Français ont rattrapé leur retard vis-à-vis de la colonisation espagnole et portugaise, et bénéficient d’une indéniable avance sur les colonies anglaises, que leur propre empire encercle, allant occuper jusqu’à la moitié du continent nord-américain. Cet empire s’organise alors autour de quatre principales colonies : Terre-Neuve, l’Acadie, le Canada et la Louisiane. L’Amérique du Nord est en passe de devenir française.

Mais, contre toute attente, le XVIIIe siècle consacre le déclin de l’empire français en Amérique. Le traité d’Utrecht de 1713, conclu en pleine guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), ratifie l’ascendant britannique : les Français doivent céder l’Acadie, Terre-Neuve et la baie d’Hudson à la Grande-Bretagne. Louis XIV préfère alors sacrifier les colonies au profit de la préservation de l’hégémonie française en Europe. Toutefois, la France conserve un vaste territoire s’étendant du Saint-Laurent à la Louisiane. Il faut attendre la fin de la guerre de Sept Ans et la signature du traité de Paris en 1763 pour voir l’empire français en Amérique complètement démantelé : le Canada et l’est de la Louisiane sont cédés aux Britanniques, l’Espagne ayant acquis La Nouvelle-Orléans et la rive droite du Mississippi. La France est alors exclue du continent : sa présence en Amérique du Nord se réduit au petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. Triomphante, la Grande-Bretagne jouit désormais d’une véritable suprématie outre-Atlantique. Du moins jusqu’aux émeutes de 1773.