Lux Æterna

Vivre le Dimanche avec un cœur chrétien

La richesse spirituelle et pastorale du dimanche, telle que la tradition nous l'a transmise, est vraiment grande. Prise dans toute sa signification et avec toutes ses implications, elle est en quelque sorte une synthèse de la vie chrétienne et une condition pour bien la vivre. On comprend donc pourquoi l'observance du jour du Seigneur tient particulièrement à cœur à l'Église, et pourquoi elle reste précisément une véritable obligation dans le cadre de la discipline ecclésiale. Cette observance, avant même d'être un précepte, doit cependant être ressentie comme un besoin inscrit au plus profond de l'existence chrétienne. Il est vraiment d'une importance capitale que tout fidèle soit convaincu qu'il ne peut vivre sa foi dans la pleine participation à la vie de la communauté chrétienne sans prendre part régulièrement à l'assemblée eucharistique dominicale. Si dans l'Eucharistie se réalise la plénitude du culte que les hommes doivent à Dieu, et qui n'a d'équivalent dans aucune autre expérience religieuse, cela s'exprime avec une efficacité particulière dans l'assemblée dominicale de toute la communauté, obéissant à la voix du Ressuscité qui la convoque pour lui donner la lumière de sa Parole et la nourriture de son Corps comme source sacramentelle permanente de rédemption. La grâce qui jaillit de cette source renouvelle les hommes, la vie, l'histoire.

C'est avec cette forte conviction de foi, accompagnée aussi de la conscience du patrimoine de valeurs humaines présentes dans la pratique dominicale, que les chrétiens d'aujourd'hui doivent se situer par rapport aux sollicitations d'une culture qui a, et c'est heureux, compris la nécessité du repos et du temps libre, mais qui la vit souvent de manière superficielle et qui se laisse parfois séduire par des formes de divertissement qui sont moralement discutables. Certes, le chrétien se sent solidaire des autres hommes pour jouir du jour de repos hebdomadaire; mais en même temps il est vivement conscient de la nouveauté et de l'originalité du dimanche, jour où il est appelé à célébrer son salut et celui de l'humanité entière. Si c'est un jour de joie et de repos, cela vient précisément du fait qu'il est le « jour du Seigneur », le jour du Seigneur ressuscité.

(...)Destiné à soutenir la vie chrétienne, le dimanche acquiert naturellement aussi une valeur de témoignage et d'annonce. Jour de prière, de communion, de joie, il se reflète sur la société, irradiant des énergies de vie et des motifs d'espérance. Il est l'annonce que le temps, habité par Celui qui est ressuscité et qui est le Seigneur de l'histoire, n'est pas le tombeau de nos illusions mais le berceau d'un avenir toujours nouveau, la possibilité qui nous est donnée de transformer les instants fugitifs de cette vie en semences d'éternité. Le dimanche est une invitation à regarder en avant, il est le jour où la communauté chrétienne lance au Seigneur son cri « Marána tha: viens, Seigneur! » (1 Co 16,22). Dans ce cri d'espérance et d'attente, elle accompagne et soutient l'espérance des hommes. Et de dimanche en dimanche, éclairée par le Christ, elle avance vers le dimanche sans fin de la Jérusalem céleste, quand sera achevée en tous ses éléments la Cité mystique de Dieu, qui « peut se passer de l'éclat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l'a illuminée, et l'Agneau lui tient lieu de flambeau » (Ap 21,23).

Dans cet effort tendu vers le terme, l'Église est soutenue et animée par l'Esprit. Il réveille sa mémoire et actualise pour toutes les générations de croyants l'événement de la résurrection. Il est le don intérieur qui nous unit au Ressuscité et à nos frères dans l'intimité d'un seul corps, ravivant notre foi, répandant en nos cœurs la charité et ranimant notre espérance. L'Esprit est présent sans interruption en chaque jour de l'Église, répandant de manière imprévisible et généreuse la richesse de ses dons; mais dans la rencontre dominicale pour la célébration hebdomadaire de Pâques, l'Église se met spécialement à son écoute et est tendue avec lui vers le Christ, dans le désir ardent de son retour glorieux: « L'Esprit et l'Épouse disent: “Viens!” » (Ap 22,17).(...)

C'est vers la Vierge Marie que regardent les fidèles qui écoutent la Parole proclamée dans l'assemblée dominicale, apprenant d'elle à la garder et à la méditer dans leur cœur (cf. Lc 2,19). Avec Marie, ils apprennent à se tenir au pied de la croix pour offrir au Père le sacrifice du Christ et y unir l'offrande de leur vie. Avec Marie, ils vivent la joie de la résurrection, faisant leurs les paroles du Magnificat qui chantent le don inépuisable de la miséricorde divine dans le déroulement inexorable du temps: « Sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,50). D'un dimanche à l'autre, le peuple pèlerin suit les traces de Marie, dont l'intercession maternelle rend particulièrement intense et efficace la prière que l'Église élève à la Très Sainte Trinité.

(...)Puissent les hommes et les femmes du troisième millénaire rencontrer le Christ ressuscité lui-même en voyant l'Église qui, chaque dimanche, célèbre dans la joie le mystère où elle puise toute sa vie! Et puissent ses disciples, en se renouvelant constamment dans le mémorial hebdomadaire de la Pâque, être des annonciateurs toujours plus crédibles de l'Évangile qui sauve, et des bâtisseurs dynamiques de la civilisation de l'amour!

Extrait de "Dies Domini", Jean Paul II.
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Je suis témoin que beaucoup de catholiques dits "pratiquants" autour de moi ne vont plus à la Messe le dimanche; ils remplacent la Messe du dimanche par celle, la Messe "anticipée", du samedi soir; les arguments le plus souvent invoqués sont des arguments de convenance personnelle : "C'est plus simple pour moi !", "La Messe le dimanche me coupe ma journée en deux !", "Je préfère le samedi car le dimanche à midi je reçois mes enfants", "Vous comprenez, je suis chasseur et pendant l'ouverture de la chasse le dimanche y est réservé !" etc... etc... Près de chez moi, il y a même une église où il y a rarement des Messes le dimanche mais toujours le samedi soir (et pourtant le curé aurait très bien pu y remédier !).

Lux Æterna

Oui, car il y a probablement une méconnaissance de la valeur du dimanche et de sa signification et un manque d'Amour à l'endroit de Notre-Seigneur. On retrouve aussi cela chez les traditionalistes, où parfois, la peur du péché mortel, les habitudes, le qu'en dira-t-on, la sociologie, prennent le pas sur l'amour de Jésus-Christ et de sa religion quant à la participation à la messe du dimanche. Il est frappant de voir la ferveur et la Charité des premières communautés chrétiennes qui préféraient mourir que de ne pas aller à la messe le dimanche ou de voir leur désir ardent d'être ensemble pour se tourner vers le Christ Notre-Seigneur. C'est une condamnation sans appel de ma propre tiédeur.

Une personne de ma famille qui a des ancêtres vietnamiens m’a raconté que dans la région où ils vivent les catholiques se lèvent au milieu de la nuit du samedi au dimanche et font une longue marche à pied pour assister à la Messe du dimanche. Pas autrefois mais de nos jours !

Condamnation sans appel des catholiques occidentaux que nous sommes.

Grosminet

@Catholique et Français Pour ces gens, le dimanche n'est plus le jour du Seigneur, le dies dominica. Si le dimanche n'est plus sanctifié, le précepte domininal n'est plus réellement observé. Ces fidèles ont le sentiment d'avoir honoré leur obligation comme on paie ses impôts. Je constate ce phénomène dans des paroisses Novus Ordo où la messe est célébrée tous les jours sauf celle du samedi qui passe à l'as, remplacée par celle, anticipée, du dimanche. Ce sont souvent ces mêmes pratiquants qui profitent de leur dimanche ainsi libéré pour courir les magasins ! Un bon catholique ne devrait jamais travailler (hormis les policiers, pompiers, médecins des urgences, ambulanciers, etc.) ou faire marcher le commerce le dimanche. Considérons également que le dimanche est souvent la seule journée de la semaine où les familles peuvent se rassembler.

Comme vous le dites si bien, pour beaucoup de nos contemporains la Messe du samedi a remplacé et les dispense, du moins s'imaginent-ils, de la Messe dominicale; de cette façon et au train où vont les choses, on ne parlera donc plus à l'avenir dans l'Église, de "Messe dominicale" mais de "Messe du Week-End". À vous, chers amis canadiens qui détestez le "fran-glais", de trouver une expression adaptée ! Plus sérieusement, je crois me rappeler que c'est "saint" Paul VI qui avait autorisé la Messe du samedi soir en remplacement de la Messe dominicale, mais pour des motifs sérieux et légitimes (impossibilité professionnelle, urgence imprévue etc...). Autant en emporte le vent, comme pour tant et tant d'autres choses...

Grosminet

@Catholique et Français Vous m'avez bien deviné, nous, Québécois de culture française catholique classique, nous détestons effectivement le franglais ! La notion même de week-end est anglaise, quand j'étais jeune on parlait d'ailleurs de la semaine anglaise : repos le samedi et le dimanche. Le malheur veut que les jeunes générations n'en ont rien à cirer, vu qu'on les a privées de toute référence à notre héritage franco-catholique. Je vous donne un exemple qui en dit long ; on a déjà voulu, dans les universités du Québec, éliminer les épreuves du samedi. Les juifs s'y opposaient, pour eux c'est le sabbat. Les mahométans n'ont plus voulu du vendredi, pour eux c'est le jour d'allah (avec une minuscule, oui). Résultat : on a instauré des jours d'examen le dimanche, et aucun catholique n'eut le courage de s'y opposer. Nos évêques modernistes, comme attendu, se sont tus. Ici, il est de bon ton d'affirmer que toutes les religions sont bonnes... sauf la nôtre ! Au passage, j'aime votre pseudonyme et suis fier de chanter, à l'église, « Catholique et Francais toujours ! ». Notre drapeau est constitué de la Croix blanche, ornée de quatre lys. Je continue, bien qu'à mi-temps, d'enseigner le français dans les classes, en tentant bien maladroitement d'inculquer à mes jeunes élèves la fierté de notre héritage, en attendant qu'on me foute à la porte pour non-respect de la laïcité et du multiculturalisme. La Messe du dimanche anticipée est un peu ce qu'est la communion debout dans la main, la concession est devenue l'usage, l'exception qui fait la règle. La communion dans la main et la messe dominicale anticipée viennent toutes deux de saint Paul VI.

« Le dimanche, c’est le bien du Bon Dieu, disait-il. De quel droit touchez-vous à ce qui ne vous appartient pas ? Le dimanche, le Bon Dieu ouvre ses trésors, à nous d’y puiser à pleines mains. » Saint curé d'Ars.