Lettre ouverte aux prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X par Mgr Williamson …

Lettre ouverte aux prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X
par Mgr Williamson

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Commentaires pratiques sur l'action à suivre
par Avec l'Immaculée


Photo : Mgr Williamson au monastère de Santa Cruz, jeudi saint 2013

Chers révérends Pères,

La récente publication de la Déclaration doctrinale, adressée par le Conseil général de la Fraternité Saint-Pie X aux autorités de l'Eglise de Rome le 15 avril de l'année dernière, confirme nos pires craintes.Nous avons attendu presque un an pour savoir ce qu'elle contient.Cela prouve une fois pour toutes que les Supérieurs actuels de la Fraternité Saint-Pie X veulent conduire celle-ci loin de l'orientation définie pour elle par Mgr Lefebvre, et vers les idées et les idéaux du Concile Vatican II.

Si occupés que vous soyez par votre ministère quotidien, cela doit vous préoccuper parce que cela signifie que les âmes confiées à vos soins, sont amenées, par votre intermédiaire, sous l'autorité de supérieurs désirant les conduire, ainsi que vous-mêmes, vers et même au coeur de l'apostasie des temps modernes. Nous rappelons que ce sont les supérieurs qui font les sujets et que cela ne fonctionne pas dans le sens contraire. N'avons-nous pas observé de bons prêtres de la fraternité, l'un après l'autre abandonner la combat de la foi comme nous savons que Mgr Lefebvre l'a mené et se mettre à suivre au contraire le courant, le courant très fort et très différent qui vient depuis maintenant quelques années de la tête de la Fraternité Saint Pie X ?

Une analyse détaillée confirme le danger de chacun des dix paragraphes de la Déclaration, comme il est indiqué brièvement ci-dessous :

I. La fidélité promise à « l'Église catholique » et au « Pontife romain » peut facilement être mal orientée aujourd'hui vers l'Église conciliaire en tant que telle, et envers les pontifes conciliaires. Des distinctions sont nécessaires pour éviter toute confusion.

II. L'acceptation des enseignements du Magistère, conformément à Lumen Gentium n ° 25 peut être facilement comprise, particulièrement lorsqu'elle est en relation avec la Profession de foi de Rome de 1989 mentionnée en note de la Déclaration, comme exigeant l'acceptation des doctrines de Vatican II.

III. L'acceptation de l'enseignement du Concile Vatican II sur le Collège des Évêques tel qu'il figure dans Lumen Gentium, chapitre III, est, en dépit de la "Praevia Nota", une étape importante vers l'acceptation de la collégialité conciliaire et la démocratisation de l'Eglise.

III, 2. La reconnaissance du Magistère comme seul interprète authentique de la Révélation fait courir à la Tradition un risque grave de la soumettre au Concile, surtout quand toute interprétation de rupture entre les deux est automatiquement rejetée (cf. III, 5).

III, 3 La définition de la Tradition comme "transmission vivante de la Révélation" est hautement ambiguë, et son ambiguïté ne fait qu'être confirmée par des mots vagues sur l'Église, et par la citation tout aussi ambiguë de Dei Verbum n°8, qui suit.

III, 4 La proposition affirmant que Vatican II "éclaire" la tradition en "l'approfondissant" et en la rendant plus "explicite", est tout à fait hégélienne (depuis quand les contraires s'expliquent-ils et ne s'excluent-ils pas l'un l'autre ?), et elle risque de falsifier la Tradition en la déformant pour qu'elle s'adapte aux multiples erreurs du Concile.

III, 5 L'affirmation selon laquelle les nouveautés de Vatican II doivent être interprétées à la lumière de la Tradition, mais qu'aucune interprétation impliquant une rupture entre les deux n'est acceptable, est de la folie ([cela revient à dire:] Toutes les chemises doivent être bleues, mais toute chemise qui n'est pas une chemise bleue doit être tenue pour bleue !). Cette folie n'est autre que "l'herméneutique de la continuité" de Benoît XVI.

III, 6 Donner crédit aux nouveautés de Vatican II en les présentant comme étant un sujet légitime de débat théologique est gravement sous-estimer leur nocivité. Elles ne sont bonnes qu'à être condamnées.

III, 7 Le jugement selon lequel les rites sacramentels nouveaux ont été promulgués légitimement est gravement trompeur. Le Novus Ordo Missae, particulièrement, est bien trop dangereux pour le bien commun de l'Église pour qu'il soit une vraie loi.

III, 8 La "promesse de respecter" comme loi de l'Église le Nouveau Code de Droit Canonique est la promesse de respecter un certain nombre de supposées lois directement contraires à la doctrine de l'Église.

Révérends Pères, celui qui étudie ces dix paragraphes dans le texte original ne peut que conclure que leur auteur ou les auteurs ont renoncé à la lutte de Mgr Lefebvre pour la Tradition, et qu'ils se sont ralliés, en esprit, à Vatican II. Voulez-vous vous-même et votre troupeau être façonnés par ces Supérieurs?

Qu'il ne soit pas dit non plus que les deux premiers et les trois derniers des dix paragraphes sont largement tirés du propre protocole de Mgr Lefebvre du 5 mai 1988, de sorte que la Déclaration lui est fidèle. Il est bien connu que le 6 mai, il a rejeté ce protocole parce qu'il a reconnu lui-même qu'il faisait trop de concessions pour que la Fraternité soit en mesure de continuer à défendre la Tradition.

Une autre erreur est de dire que le danger est passé parce que la Déclaration a été "retirée" par le Supérieur général. La Déclaration est le fruit empoisonné de ce qui est devenu un état d'esprit libéral au sommet de la Fraternité, et cet état d'esprit n'a pas été reconnu, et encore moins rétracté.

Une troisième idée fausse est de dire que, puisque aucun accord n'a été signé avec les apostats de Rome, alors il n'y a plus de problème. Le problème est moins l'accord que le désir de tout accord qui accorde une reconnaissance officielle à la Fraternité, et ce désir est toujours bien là. A la suite du monde moderne et de l'Eglise conciliaire, les supérieurs de la Fraternité semblent avoir perdu leur attachement à la primauté de la vérité, particulièrement la vérité catholique.

Révérends Pères, "ce qui ne peut être guéri doit être enduré." Les dirigeants aveugles sont un châtiment de Dieu. Cependant, le moins que vous puissiez faire vis-à-vis de cette déclaration désastreuse est de l'étudier par vous-mêmes avec tout ce qui l'a précédé, sinon vous perdrez votre Fraternité sans vous en rendre compte, tout comme la masse des catholiques ont perdu leur Eglise avec Vatican II, et ne l'ont pas compris. Puis, après avoir clairement vu la catastrophe dans votre esprit, vous devez dire la vérité à votre troupeau de la Fraternité, à savoir le danger dans lequel vos supérieurs mettent leur foi et par là leur salut éternel.

A nous tous, membres de cette Fraternité que Mgr Lefebvre a faite forteresse mondiale de la foi, le Seigneur est en train de poser la question de Jean, VI, 67: "Voulez-vous aussi me quitter ?"

A tous et à chacun j'envoie volontiers ma bénédiction épiscopale. Votre serviteur dans le Christ,

+ Richard Williamson, Nova Friburgo, Jeudi Saint, 2013

Commentaire d'Avec l'Immaculée :

Avec l’Immaculée remercie chaleureusement Mgr Williamson de dire aux prêtres de parler contre cette mauvaise déclaration.

Les deux derniers paragraphes de la lettre de Mgr Williamson nous amènent à faire quelques considérations pratiques, au niveau de l’action.

Imaginons ce qui risque de se passer à présent :

En effet, si les prêtres anti-accordistes de la FSSPX doivent être prêts à supporter les mauvais chefs de Menzingen, du moment qu’on ne les empêche pas de parler et de prêcher entièrement la vérité autant qu’il le faut, les mauvais Supérieurs, eux, ne sont pas prêts à supporter des prêtres qui les critiquent sans cesse ouvertement. Que va-t-il donc se passer après le sermon que les bons prêtres auront fait pour dénoncer cette déclaration doctrinale inacceptable ? La même chose qu’avec les abbés Pinaud et Salenave. Ils vont se faire muter par Menzingen, parfois à l’étranger. On va les couper d’internet (qui est souvent pour eux un fort soutien moral) et l’on va surveiller les communications qu’ils ont avec l’extérieur. On va également leur retirer leur apostolat. On va donc réduire ou arrêter complètement leur apostolat et leur influence.

On va ensuite mettre le plus longtemps possible pour instruire le dossier de leur procès canonique et pendant ce temps on espérera qu'ainsi isolés, ils changent d’avis et « reconnaissent leurs torts ». On leur enverra des confrères accordistes pour les endoctriner, ils seront mis sous pression. Pendant ce temps, les fidèles seront sans bons prêtres car ceux-ci auront tous été réduits au silence… Et ces bons prêtres seront soumis à une très rude épreuve.

Attention donc à ne pas tomber dans le piège du légalisme qui serait de vouloir aller au procès et obéir aux sanctions des supérieurs.

Oui, il faut parler, mais quand Menzingen fera pleuvoir les sanctions, il faudra les refuser, car si ces prêtres acceptent de les suivre :

1) Ils se mettront en danger d’être retournés par l’influence accordiste continuelle sous laquelle ils seront placés. Il faut se défier de soi-même. Si Dieu donne les grâces pour résister aux mauvaises influences auxquelles on est soumis malgré soi et par contrainte, il est à craindre qu’Il ne donne pas ses grâces quand c’est la personne elle-même qui se place sous une mauvaise influence qu’elle pourrait éviter en en prenant les moyens… Il est à craindre qu’il se passe pour certains prêtres ce qui s’est passé pour Saint Pierre, lequel s’est imprudemment avancé jusque dans la cour du Sanhédrin et a renié Jésus alors qu’il était si fervent et si fougueux, quelques heures auparavant. Saint Pierre a trop présumé de ses forces. Il s’est mis en milieu hostile et il n’a pas tenu…

2) En obéissant aux sanctions, les prêtres se mettront de nouveau en situation de ne pas pouvoir accomplir leur devoir de prêtre en étant de nouveau réduits au silence. Or Notre Seigneur ne demande pas de prêcher la vérité seulement une fois, mais à temps et à contretemps. La foi s’entretient chez soi et chez les fidèles par des soins continuels, surtout au moment où elle est le plus attaquée. Or, les sanctions de Menzingen et le procès ne viseront qu’à une seule chose : réduire ces prêtre au silence de gré ou de force (en essayant de les retourner ou en les sanctionnant et en leur retirant leur apostolat).

3) Notons qu'une autre possibilité n'est pas à exclure : que Menzingen décide de ne pas réagir aux sermons contre la Déclaration du 15 avril. Dans ce cas, il ne faudra pas être décontenancé, il faudra continuer à prêcher ouvertement et publier sur gloria tv et ailleurs. Nous attendons toutes les études qui seront faites de cette déclaration. Il y a au moins matière à 10 sermons pour démonter toutes les erreurs et pour commenter de façon exhaustive tous les tenants et aboutissants de ce texte. Donc si Menzingen ne réagit pas, il faut en profiter et partir pour une série de sermons, jusqu'à ce que toutes les erreurs soient expliquées en détail une à une.

Revenons à l'hypothèse la plus probable : Menzingen décide de réagir. On pourrait faire quelques objections :

Si je ne me soumets pas au droit de l’Eglise en refusant d’aller au procès, ne me mets-je pas en tort vis-à-vis de Dieu ?

Non, car Mgr Lefebvre nous a enseigné que la loi suprême de l’Eglise est le salut des âmes : salus animarum, suprema lex. Si le prêtre met en danger son âme et celle des fidèles en se soumettant aux sanctions, il doit refuser de s’y soumettre. Or, il met bien en danger son âme en s’exposant à être «retourné» et il met en danger l’âme des fidèles en se faisant réduire au silence pour une durée indéterminée qui sera assez longue. De plus, s'il se soumet à la sentence du procès, il met encore davantage en danger l’âme des fidèles en décidant de se taire pour toujours sur le danger le plus prochain et donc, le plus dangereux pour eux : Mgr Fellay et la nouvelle tendance du Chapitre général.

Jésus n’a-t-il pas accepté de se faire juger par des juges iniques : Ponce-Pilate, Caïphe ? Pourquoi n’imiterai-je pas mon Maître ?
Parce que votre heure n'est pas encore venue.

Pourquoi notre heure n’est-elle pas venue à nous aussi, prêtres, d’aller nous immoler et de souffrir pour les âmes ? Notre obéissance n’aura-t-elle pas une valeur rédemptrice ? Non, c’est une tentation sous apparence de bien. Pour s’en convaincre, nous devons regarder ce qu’ont fait deux personnes qui étaient très proches de Jésus : Saint Pierre et Saint Paul. Saint Pierre s’est enfui de la prison où Hérode le retenait prisonnier grâce au secours d’un ange. Et Saint Paul s’est laissé transporter dans un panier le long des murailles de Damas pour fuir la persécution de cette ville. Jésus lui-même, alors que son heure n’était pas encore venue, s’est échappé plusieurs fois des mains des juifs et des pharisiens. Pourquoi ? Parce que la règle est qu’il faut faire son devoir d’état avant tout, c’est là qu’est la volonté de Dieu. Or le devoir d’état du prêtre, de l’apôtre, outre dire la messe, est de sauver le plus d’âmes possible par sa prédication. Si donc l’obéissance à des sanctions empêche le prêtre de faire son devoir d’état, il faut refuser ces sanctions, car : salus animarum, suprema lex.

C’est pour cela que St Athanase s’est fait excommunier et a refusé d’obéir. Il n’a pas prêché uniquement une fois et puis s’est tu, se disant : ça y est, j’ai accompli mon devoir, maintenant les gens savent ce que je pense… Non, il a continué de prêcher sans se lasser et a construit la Résistance catholique contre l'hérésie. Mgr Lefebvre de même. Il n’a pas prêché qu’une seule fois et il ne s’est pas soumis aux jugements du pape. Mgr Lefebvre n’a jamais accepté de se laisser réduire au silence pour une période indéterminée. Pourquoi ? Parce que Dieu n’attend pas, le devoir n’attend pas et les âmes non plus n’attendent pas…

Donc oui, chers prêtres, parlez ! Mais que ce ne soit pas pour vous faire encore davantage réduire au silence par la suite. Pensez aux âmes… Et donc après avoir parlé, il faudra prévoir de sortir de la Fraternité et refuser d’aller au procès intenté par Mgr Fellay.

Comment vous soumettriez vous à la sentence d’un homme lui-même très gravement coupable devant Dieu et dans l’illégalité, puisqu’il a tenté de court-circuiter la décision du Chapitre de 2006 en allant signer à Rome, le 13 juin 2012, alors qu’il avait promis qu’il consulterait auparavant le Chapitre ? Or on sait que le Chapitre a plus de pouvoir que le Supérieur. L’un de vos confrères a fait une recherche bien documentée à ce sujet. Mgr Fellay s’est mis dans l’illégalité la plus totale, sans compter tous les mensonges qu’il a proférés depuis un an. Mgr Fellay n’est pas convertissable, sauf par un miracle. Il lit depuis un an nos sites de résistance sans changer d’avis.

Par contre, il a donné des preuves répétées d’un talent incontestable d’acteur, d’habileté dans la manipulation et la dissimulation. Il saura vous regarder profondément, d’un regard intense et doux et il vous dira, les yeux dans les yeux, avec un sourire un peu souffrant : « Voyons, Monsieur l’abbé, comment avez-vous pu croire tous les mensonges que l’on a proféré sur moi ? J’aime la Fraternité, je donnerais mon sang pour elle ! Comment pouvez-vous croire que je sois prêt à la brader ou même à la mettre en danger ? Bien sûr que Vatican II est une catastrophe ! Je suis entièrement d’accord avec vous ! Mais avez-vous pensé à la détresse des âmes qui nous appellent dans l’Eglise conciliaire ? etc. »

Avec l’Immaculée
voit la scène d’ici et craint beaucoup que des bons prêtres ne se retrouvent troublés…

Voyez les paroles inacceptables que le Supérieur général a écrites dans la Déclaration doctrinale du 15 avril 2012. Mgr Fellay a-t-il encore l’esprit de la Fraternité ? Non. Ces paroles ne sont pas défendables doctrinalement. Ce texte est une véritable trahison et nous découvre un Supérieur qui ne possède plus la vraie doctrine.Quel droit aurait à vous juger et à vous commander un homme qui ne possède plus la vraie doctrine de Notre Seigneur ? Aucun. Absolument aucun droit. Seule la vérité a des droits et seuls ceux qui défendent la vérité peuvent prétendre à être obéis, quand cette obéissance n’empêche pas d’accomplir la volonté de Dieu. Il y a également d’autres arguments pour désobéir aux sentences de Mgr Fellay, vous les trouverez dans notre article du 27 mars 2013.

Voici cependant deux autres arguments nouveaux et intéressants, pour mieux comprendre qu’on ne peut plus se soumettre aux sanctions de Menzingen :

Le premier est donné par l’extrait d’un courrier d’un prêtre de la résistance. Nous avons reçu ce courrier suite à notre article du 27 mars disant de refuser les sanctions. Voici ce qu’écrit ce prêtre :

« (…) On raconte, dans les livres des Maccabées qu'il y avait deux attitudes de la part des Israélites résistants à l'ennemi : un groupe (le groupe des Maccabées), qui s’est battu quand il a été attaqué le samedi. Un autre groupe, très respectueux de la loi du sabbat, qui ne s’est pas défendu. Ceux du second groupe ont été totalement anéantis avec leurs familles. Ceux qui ont combattu le samedi ont sauvé Israël. (1 Mac 2, 31-41 )

Très important, vers. 40 : "Et ils se dirent les uns aux autres : si nous faisons tous comme ont fait nos frères, et si nous ne combattons pas contre les nations pour notre vie et pour nos lois, ils nous extermineront bientôt du pays."

L'Ecriture ne critique pas ou ne loue pas l'attitude des « légalistes » (…), mais l’Ecriture loue grandement les Maccabées.

L'Ecriture Sainte vous donne raison.
[ndlr : mis en gras par le prêtre](…) »

Le deuxième argument, capital à notre avis, est que dans un nombre non négligeable de chapelles de la Fraternité, les prêtres sont tous accordistes ou totalement silencieux. Les fidèles qui assistent à la messe dans ces chapelles n’ont parfois pas de solution de rechange (tout le monde n’habite pas en région parisienne ou près d’Avrillé). Ces fidèles ont à présent des problèmes de conscience. En effet, Mgr Lefebvre disait qu’il ne fallait plus aller aux messes de la Fraternité Saint Pierre, même s’ils célébraient la bonne messe, pour ne pas se faire contaminer par un esprit libéral et pour garder l’esprit de combat contre l’erreur. Actuellement, dans notre Fraternité, tous les prêtres qui suivent Mgr Fellay sans rien dire approuvent, tacitement au moins, cette Déclaration pire que celle de la Fraternité saint Pierre. D’ailleurs deux prieurs sont allés voir le supérieur d’un District en disant qu’ils étaient prêts à célébrer le Novus Ordo Missae, aux dires de La Sapinière.

La question qui se pose à présent est la suivante :

Les fidèles peuvent-ils en âme et conscience continuer d’aller à la messe de tels prêtres sans mettre en danger leur foi et celle de leurs enfants ?

S’ils décident de ne plus aller à la Messe de ces prêtres ralliés dans l’âme et peu sûrs doctrinalement, où vont-ils aller ? Et s’ils décident de continuer à aller à ces messes car ils ne veulent pas être privés pour une durée indéterminée de sacrements, ne mettent-ils pas leur foi en danger ? Mgr Lefebvre aurait répondu que oui... De plus en plus de personnes se retrouvent donc acculées à choisir entre deux maux : vivre sans sacrements et lire la Messe à la maison en famille ou bien désobéir à l’esprit des consignes données par Mgr Lefebvre vis-à-vis de la Fraternité St Pierre et aller mettre leur âme sous l’influence de prêtres libéraux.

Il semble à Avec l’Immaculée que les couvents, les 41 prêtres de la sapinière et tous les prêtres non-accordistes du monde entier doivent réfléchir très sérieusement à ce problème qui devient pressant.

Il est clair qu’il y a à présent un nouvel état de nécessité, au sein même de la Fraternité. L’abbé Pfeiffer, comme vous le savez probablement, a dit qu’il ne fallait plus aller aux messes de la Fraternité depuis la publication de ce préambule doctrinal. A-t-il eu raison de le dire, étant donné que cela accule les fidèles du monde entier à être privés de sacrements ? Nous ne le savons pas. Ce que nous savons par contre, c’est que l’abbé Pfeiffer est logique avec lui-même, conforme à l’esprit de Mgr Lefebvre et qu’il se contente de répéter les paroles du fondateur de la Fraternité Saint Pie X, lorsqu’il critiquait la Fraternité Saint Pierre, paroles qui s'appliquent très bien à notre cas, puisque Mgr Williamson montre que l'argument selon lequel Mgr Fellay n'a rien signé est fallacieux…

La solution, l’unique solution à ce dilemme est que les prêtres parlent ouvertement, sortent de la Fraternité et fondent en France et dans le monde la Résistance catholique, pour reprendre l'expression de notre cher abbé Girouard. Le nombre de 50 prêtres résistants s'élèvera vite à 100 prêtres, quand les 50 prêtres parleront, à condition que tous leurs sermons et articles soient publiés et accessibles facilement. (Nous comptons sur les bons fidèles de chaque prieuré pour enregistrer les sermons. Prenez avec vous ce qu’il faut avant de partir à la messe, à partir de ce dimanche de Pâques : camera etc.) Il serait également indispensable qu'un prêtre de la Résistance fasse un bulletin papier envoyé par voie postale, pour pouvoir atteindre les personnes qui n'ont pas internet.

A 100 prêtres, on peut couvrir les besoins de sacrements du monde entier. Par contre, rester silencieux ou se soumettre aux sanctions de Menzingen signifie laisser les âmes des fidèles dans une détresse réelle. Il n’y a plus à hésiter, le texte de cette déclaration est là, sous nos yeux…

Pour reprendre les mots de Mgr Williamson, chers prêtres, Jésus vous demande si vous allez le quitter Lui aussi. Pour ne pas quitter Jésus ni le soin du salut des âmes dont vous avez la charge, vous allez probablement devoir quitter extérieurement la structure de la Fraternité. Mais c'est en la quittant (extérieurement seulement et pas en réalité) que vous retrouverez son âme véritable. Exactement comme Mgr Lefebvre a quitté en apparence l'Eglise alors qu'en réalité, c'est en s'en faisant chasser extérieurement qu'il y a été uni, plus que jamais.

Que Notre Seigneur, en ce Vendredi Saint, nous donne à tous sa grâce…

Note :
Voici l'original de la lettre de Mgr Williamson en anglais :

Reverend and dear Fathers,

The recent publication of the Doctrinal Declaration, addressed by the General Council of the Society of St Pius X to the Church authorities in Rome on April 15 last year, confirms our worst fears. We waited for nearly a year to know what it contains. It proves once and for all that the present leadership of the Society of St Pius X means to lead it away from the direction set for it by Archbishop Lefebvre, and towards the ideas and ideals of the Second Vatican Council.

However busy you may be with the daily ministry, this is bound to concern you because it means that the souls under your care are, through you, coming under Superiors meaning to lead them and yourselves towards, even into, the great apostasy of modern times. We recall that it is Superiors who mould their subjects and not the other way around – have we not observed a number of good Society priests, one after another, giving up the fight for the Faith as we know Archbishop Lefebvre led it, and instead going with the flow, with the strong and very different current flowing for some years now from the top of the Society downwards ?

Detailed analysis will confirm the danger of each of the Declaration’s ten paragraphs, as outlined only briefly below:--

I Fidelity promised to the “Catholic Church” and to the “Roman Pontiff” can easily be misdirected today towards the Conciliar Church as such, and to the Conciliar Pontiffs. Distinctions are needed to avoid confusion.

II Acceptance of teachings of the Magisterium in accordance with Lumen Gentium # 25 can easily be understood, especially in conjunction with Rome’s 1989 Profession of Faith which is mentioned in a footnote of the Declaration, as requiring acceptance of Vatican II doctrines.

III,1 Acceptance of Vatican II teaching on the College of Bishops as contained in Lumen Gentium, chapter III, is, despite the “Nota Praevia”, a significant step towards accepting Conciliar collegiality and the democratisation of the Church.

III,2 Recognition of the Magisterium as sole authentic interpreter of Revelation runs a grave risk of submitting Tradition to the Council, especially when the interpretation of any break between them is automatically to be rejected (cf. III,5 below).

III,3 The definition of Tradition as “the living transmission of Revelation” is highly ambiguous, and its ambiguity is only confirmed by the vague words about the Church, and by the quotation from the equally ambiguous Dei Verbum #8, which follow.

III,4 The proposition that Vatican II should “throw light” on Tradition by “deepening” it and “making it more explicit”, is thoroughly Hegelian (since when did contradictories explain and not exclude one another ?), and it risks falsifying Tradition by twisting it to fit the multiple falsehoods of the Council.

III,5 The statement that the novelties of Vatican II must be interpreted in the light of Tradition, but that no interpretation implying any break between the two is acceptable, is madness (All shirts are to be blue, but any non-blue shirt must be taken to be blue !). This madness is none other than that of Benedict XVI’s “Hermeneutic of continuity”.

III,6 Giving credit to the novelties of Vatican II as being legitimate matter of theological debate is gravely to underestimate their harmfulness. They are fit only to be condemned.

III,7 The judgment that the new sacramental Rites were legitimately promulgated is gravely misleading. The New Order of Mass especially is much too harmful to the common good of the Church to be a true law.

III,8 The “promise to respect” as Church law the New Code of Canon Law is to respect a number of supposed laws directly contrary to Church doctrine.

Reverend Fathers, whoever studies these ten paragraphs in the original text can only conclude that their author or authors have given up the Archbishop’s fight for Tradition, and have gone over in their minds to Vatican II. Do you wish yourself and your flock to be moulded by such Superiors ?

Nor let it be said that the first two and last three of the ten paragraphs are broadly taken from the Archbishop’s own Protocol of May 5, 1988, so that the Declaration is faithful to him. It is well known that on May 6 he repudiated that Protocol because he himself recognized that it made too many concessions for the Society to be able to continue defending Tradition.

Another error is to say that the danger is over because the Declaration has been “withdrawn” by the Superior General. The Declaration is the poisoned fruit of what has become a liberal mind-set at the top of the Society, and that mind-set has not been recognized, let alone retracted.

A third misconception is to say that since no agreement has been signed with the apostates of Rome, then there is no further problem. The problem is less the agreement than the desire of any agreement that will grant to the Society official recognition, and that desire is still very much there. Following the whole modern world and the Conciliar Church, the Society’s leadership seems to have lost its grip on the primacy of truth, especially Catholic Truth.

Reverend Fathers, “What cannot be cured must be endured.” Blind leaders are a punishment from God. However, the least that you can do about this disastrous Declaration is to study it for yourselves with everything that led up to it, otherwise you will lose your Society without realizing it, just as the mass of Catholics lost their Church with Vatican II, and did not realize it. Then having made the disaster clear in your own mind, you must tell the truth to your Society flock, namely the danger in which your Superiors are placing their faith and therewith their eternal salvation.To all of us in that Society which Archbishop Lefebvre made into a worldwide fortress of the Faith, Our Lord is now putting the question of John, VI, 67 : “Will you also leave me ?”

To any and all of you I gladly impart the episcopal blessing of your servant in Christ,

+Richard Williamson, Nova Friburgo, Maundy Thursday, 2013.