Espérance
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Elisabeth de la Trinité, une spirituelle pour notre temps

Ce dimanche 16 octobre, le pape François canonisera sept bienheureux. Parmi eux, la religieuse carmélite française Elisabeth de la Trinité, qui a laissé un héritage spirituel majeur pour l’Eglise, et pour notre temps. Une Belge de Malmedy, Marie-Paul Stevens, a été guérie miraculeusement par l’intercession de la future sainte.
Elisabeth de la Trinité, née Elisabeth Catez en 1880, ne vécut que cinq années au carmel de Dijon. A l’image de sa presque exacte contemporaine Thérèse de Lisieux, elle aussi carmélite, Elisabeth, tout en étant profondément incarnée, a découvert et vécu, au cours de sa courte existence, une intimité exceptionnelle avec Dieu. Intimité exceptionnelle, mais néanmoins accessible à toutes et tous, et très actuelle.
Connue pour sa prière « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore », soeur Elisabeth de la Trinité, décédée en 1906, à l’âge de vingt-six ans, a été béatifiée par le saint pape Jean-Paul II en 1984. Chantre de la miséricorde de Dieu, Elisabeth n’a cessé de dire et d’écrire combien nous sommes aimés d’un Dieu proche, à la tendresse toute maternelle. La sainte a développé toute sa spiritualité sur ce que l’Eglise appelle l »inhabitation de la Trinité« : la foi et l’expérience selon laquelle Dieu, Trinité, habite au fond de notre être. Une expérience décrite notamment, il y a cinq siècles, par une autre sainte carmélite: Thérèse d’Avila.
Née en 1880, Elisabeth grandit à Dijon avec sa sœur Marguerite. A l’âge de 7 ans, son père meurt subitement dans ses bras. Elisabeth est une enfant tout feu tout flamme, mais montre de réelles dispositions à la prière. De caractère affirmé, elle peut tout aussi bien se montrer colérique, un penchant contre lequel elle décide de lutter résolument à partir de sa première communion. Dès lors, son désir de devenir religieuse ne cesse de se renforcer. Sa première communion marque un tournant dans sa vie, puisque c’est ce jour-là que la supérieure du Carmel, Mère Marie de Jésus, lui offre une image expliquant le sens de son prénom.
En hébreu, « Elisabeth » signifie « Maison de Dieu« . De là va naître toute sa spiritualité. Progressivement, la jeune fille prend conscience que la Trinité habite en elle et en chaque être humain. Parallèlement, elle suit l’itinéraire d’une jeune fille de son âge, coquette et talentueuse au piano, au point d’obtenir le premier prix du conservatoire à 13 ans. Malgré une vie mondaine agréable, Elisabeth se sent attirée par le Carmel et s’engage à vivre toujours plus unie au Christ.
La vocation pour Dieu, le Carmel
Entrer au Carmel est un vrai désir chez Elisabeth, un désir qui a eu le temps de mûrir et de s’affermir du fait de l’opposition de sa mère qui souhaite la marier. Lorsqu’elle a 19 ans, Elisabeth obtient le consentement de sa mère qui l’autorise à entrer au Carmel lorsqu’elle aura 21 ans, âge de la majorité.
Pendant ce temps de préparation à l’entrée au Carmel, elle connait « des moments d’extases sublimes où le Maître a daigné [l]’élever si souvent« . Puis, la foi d’Elisabeth est mise à l’épreuve, car après avoir connu de grands élans mystiques, elle se dit « insensible comme une bûche« . Les signes sensibles diminuant, elle doit poser des actes de foi pure, comme l’ont fait avant elle tous les grands mystiques.
Entrée au noviciat le 2 août 1901, Elisabeth reçoit beaucoup de grâces spirituelles pendant quatre mois, mais après sa prise d’habit en décembre, les doutes l’assaillent, elle semble perdue. Ce sont ses lectures de saint Jean de la Croix, sainte Catherine de Sienne et de la petite Thérèse qui vont alors l’accompagner et modeler progressivement sa spiritualité. Cette nuit de la foi et les doutes très forts qui l’accablent seront dissipés au cours de l’oraison, la veille de sa profession perpétuelle : « En la nuit qui précéda le grand jour, tandis que j’étais au chœur dans l’attente de l’Époux, j’ai compris que mon ciel commençait sur la terre, le ciel dans la foi, avec la souffrance et l’immolation pour Celui que j’aime. »
L’inhabitation de la Trinité
« Même au milieu du monde, on peut L’écouter dans le silence d’un cœur qui ne veut être qu’à Lui. C’est là, tout au fond dans le ciel de mon âme que j’aime Le trouver, puisqu’Il ne me quitte jamais« , écrit Elisabeth
Les lettres et les écrits d’Elisabeth permettent de comprendre sa spiritualité. A sa mère, elle écrit : « Pense que ton âme, c’est le temple de Dieu, à tout instant du jour et de la nuit, les trois personnes demeurent en toi« . Pour elle, c’est « la maison paternelle dont nous ne devons jamais sortir« . A ses amies, elle décrit la vie religieuse : »La vie d’une carmélite, c’est une communion à Dieu du matin au soir et du soir au matin. S’Il ne remplissait pas nos cellules et nos cloîtres, comme ce serait vide ! Mais à travers tout nous Le voyons, car nous Le portons en nous et notre vie est un ciel anticipé. »
Le silence est une dimension fondamentale pour Elisabeth, car c’est la condition pour écouter. « Ce n’est pas une séparation matérielle des choses extérieures, mais une solitude de l’esprit, un dégagement de tout ce qui n’est pas Dieu« , dit-elle. Faire taire le bruit et être « seule avec le Seul« .
Le partage de ses découvertes spirituelles
Elisabeth livre également une série de conseils pratiques et accessibles, témoignant d’une grande confiance en la miséricorde divine. « Rappelle-toi qu’un abîme appelle un autre abîme et que l’abîme de ta misère attire l’abîme de sa miséricorde« , écrit-elle dans sa lettre 198.
Enfin, Elisabeth veille toujours à accompagner chacun avec délicatesse et de manière personnelle. Dans sa lettre 93, elle se veut rassurante : « Ne te trouble pas quand tu es prise comme maintenant et que tu ne peux faire tous tes exercices: on peut prier le bon Dieu en agissant, il suffit de penser à Lui. Alors tout devient doux et facile, puisque l’on n’est pas seul à agir et que Jésus est là. »
L’offrande de sa maladie
Pendant le Carême 1906, Sœur Elisabeth de la Trinité est atteinte de la maladie d’Addison qui progresse rapidement. Tombée en syncope le dimanche des Rameaux, elle connait une rémission à partir du Samedi saint. « Je m’affaiblis de jour en jour et je sens que le Maître ne tardera plus beaucoup à venir me chercher. Je goûte, j’expérimente des joies inconnues : les joies de la douleur… Avant de mourir je rêve d’être transformée en Jésus crucifié« .
Après neuf jours d’agonie, Elisabeth meurt le 9 novembre 1906, dans son carmel de Dijon.

Un miracle en Belgique
A l’âge de 39 ans, Marie-Paul Stevens contracte une grave maladie, le syndrome Gougerot-Sjogren, qui ne lui laisse aucun espoir de guérison. Une paralysie des membres inférieurs va l’empêcher de poursuivre son métier d’enseignante de religion.
Admiratrice d’Elisabeth de la Trinité depuis sa jeunesse, Marie-Paul Stevens veut, avant de mourir, se rendre là où vécut la religieuse. C’est là que sa guérison va se produire, de manière fulgurante. » L’inattendu, bouleversant, d’un coup j’ai senti que toute la douleur, tout ce qui ne fonctionnait plus, s’en est allé, comme un poids de plomb, de mes épaules vers la terre, et j’ai été délivrée. Je me regardais stupéfaite, et je ne comprenais pas« , racontera plus tard Marie-Paul.
Cette guérison a été observée par des témoins et son médecin, le docteur Michel Scheuren, et a ensuite été examinée à Rome par la Congrégation pour la cause des Saints, dans le cadre du procès en canonisation d’Elisabeth de la Trinité. La congrégation a reconnu le caractère miraculeux de cette guérison,et soumis cet avis au pape, qui l’a officiellement reconnu en tant que tel.
S’exprimant sur ce miracle en mars dernier, l’évêque de Liège, Jean-Pierre Delville, a insisté sur deux éléments : » Il fallait prouver deux choses: primo que la guérison était bel et bien inexplicable et continue, médicalement parlant, et que la bénéficiaire avait vraiment une dévotion et une confiance dans cette Elisabeth de la Trinité« .
La reconnaissance officielle de ce miracle, attribué à Elisabeth de la Trinité, par l’Eglise catholique, a contribué à sa canonisation ce dimanche 16 octobre.
Six autres bienheureux seront proclamés saints par le pape: Salomon Leclercq, Frère des écoles chrétiennes exécuté par les forces révolutionnaires françaises en 1792; l’évêque espagnol Manuel González García; les prêtres italiens Lodovico Pavoni et Alfonso Maria Fusco; le jeune mexicain José Sánchez del Río (1913-1928), martyr de la guerre des Cristeros, et enfin, le prêtre argentin Jose Gabriel del Rosario Brochero (1840-1914). En canonisant le « curé Brochero », toujours très populaire en Argentine, le pape François canonisera le premier saint originaire de son pays.
Espérance
tantumergo+
Très bon résumé de sa belle et courte vie. J'apprends grâce à vous Espérance que ce beau miracle dans le cadre de sa canonisation future concerne une femme belge. Sainte Elizabeth de la Trinité, priez pour nous !