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5 ans de patins à roulettes triangulaires = chute assurée de l'Antéchrist

Article précédent : Ça, c’est du catho, pas du toc comme les vieilles bagnoles de Bergole

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François : bilan d'un quinquennat

Dans cet article paru en français dans le numéro de mars de la revue Catholica, le Père Scalese fait la synthèse d'un certain nombre de billets déjà publiés sur son blog: rassemblés, ils constituent un document précieux pour dresser un état des lieux de la situation de l’Église après 5 ans de pontificat Bergoglio

("Benoît-et-moi", le 18/5/2018)

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Le site de la revue Catholica

Le Père Scalese nous offre sur son blog la version originale en italien: l'article a été traduit en français sur la revue Catholica. Faute d'accès à cette traduction, voici la mienne.

Toutes les citations et les évènements sont comme d'habitude soigneusement documentés, et renvoient à des notes que je n'ai pas reproduites ici (voir le texte original).
Les articles qui ont fait l'objet de cette synthèse ont été traduits dans ces pages:

querculanus.blogspot.com/…/la-rivoluzione-…, 28 mars 2018 (ma traduction)
querculanus.blogspot.ro/…/il-cambio-di-pa…, 29 novembre 2016 (ma traduction)
querculanus.blogspot.com/2017/05/quale-programma.html, 29 mai 2017 (ma traduction )
querculanus.blogspot.com/2017/10/fase-b.html , 31 octobre 2017 (ma traduction )

Bilan d'un quinquennat et futures perspectives

Père Giovanni Scalese CRSP
17 mai 2005
querculanus.blogspot.com/…/bilancio-di-un-…
Ma traduction

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Le 13 mars 2018 marque le cinquième anniversaire de l'élection au trône pontifical de Jorge Mario Bergoglio. Le temps est peut-être venu de faire le point sur les cinq dernières années et d'essayer de prévoir d'éventuels scénarios futurs sur la base de la situation actuelle.

I. Bilan du quinquennat écoulé

Le pontificat actuel s'est ouvert dans le signe de la rupture avec le passé: le choix du nom «François» (jusqu'à présent jamais utilisé par les papes, mais largement chéri dans certains secteurs de l'Église), le refus des insignes pontificaux, l'utilisation presque exclusive de titre d'évêque de Rome ... tout laissait présager que ce serait un pontificat différent des précédents. Il semblait que les cardinaux, secoués par la fin inédite du pontificat de Benoît XVI et désireux de relanccer l'image de l’Église gravement compromise par les scandales, aient voulu donner avec le choix de Bergoglio le signal que quelque chose changeait.

La réforme de la Curie
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Dans l'esprit des cardinaux, il y avait certainement l'exigence d'une réforme de la Curie romaine; et un mandat à cet effet a probablement été donné au nouvel élu. Tant et si bien que, un mois après l'élection, le pape François «reprenant une suggestion apparue au cours des Congrégations générales précédant le Conclave, a formé un groupe de cardinaux pour le conseiller dans le gouvernement de l'Église universelle et pour étudier un projet de révision de la Constitution apostolique Bonus pastor sur la Curie romaine».

Le nouveau "Conseil des Cardinaux" (d'abord "C8", plus tard "C9") s'est réuni des dizaines de fois au cours de ces cinq années. Avec quels résultats? Selon le coordinateur du groupe, le cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, la réforme devait être prête en 2015. Nous sommes en 2018, mais très peu de changements ont été constatés. Les organismes économiques se ont multiplié - bien qu'à la fin, tout semble resté comme avant - et quelques méga-ministères (pour la communication; pour les laïcs, la famille et la vie; pour service du développement humain intégral) ont été constitués. Eh bien, pas exactement ce qui était attendu ...

Comment expliquer le flop? Tout d'abord, en prenant en compte la conviction de Bergoglio que les réformes structurelles ne devraient pas être mises à la première place. Dans l'entretien avec le père Antonio Spadaro au début de son pontificat, il déclare: «Les réformes organisationnelles et structurelles sont secondaires ... La première réforme doit être celle des attitudes» . A ce peu de conviction, il faut ajouter un caractère non adapté, reconnue par lui-même. Lors d'une rencontre avec la présidence de la CLAR, le 6 Juin 2013, le pape François aurait sereinement admis: «La réforme de la Curie est quelque chose qui a été demandé par presque tous les cardinaux dans les congrégations avant le conclave. Je l'ai demandé moi aussi. La réforme, ce n'est pas moi qui peux la faire, c'est une question de gestion ... Je suis très désorganisé, je n'ai jamais été bon pour cela. Mais les cardinaux de la commission la feront». Apparemment, le pape comptait avant tout sur ses collaborateurs. Il est légitime, cependant, d'émettre quelque doute sur la compétence de ces derniers, dénués comme ils l'étaient de toute expérience de la Curie, mais on dirait même, du bon sens le plus élémentaire (pensez, par exemple, à la proposition extravagante du cardinal Maradiaga de fusionner les trois tribunaux du Vatican, Pénitencerie, Rote et Signature).

La "réforme" de l'Église
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Compte tenu du manque d'engagement et des résultats décevants de la réforme de la Curie,le soupçon surgit que l'objectif principal du parti qui avait présenté la candidature de Bergoglio était plutôt la mise en œuvre d'un vieil aganda, qui n'avait pas rencontré un plein accueil dans le Concile et dans le post-Concile, notamment sur certains points: décentralisation et pouvoirs accrus aux conférences épiscopales, célibat sacerdotal, diaconat (et sacerdoce?) féminin, contraception, etc. Beaucoup des décisions prises pendant le pontificat actuel vont dans cette direction: constitution apostolique Magnum principium pour la décentralisation dans le domaine liturgique; convocation d'un synode spécial pour l'Amazonie, dans lequel sera soulevée la question de l'ordination sacerdotale des viris probati; constitution d'une commission pour étudier l'octroi éventuel du diaconat aux femmes; groupe d'étude sur l'encyclique Humanae vitae. Particulièrement significatif apparaît, dans ce contexte, le processus anormal et artificiel qui a été suivi pour la révision de la discipline matrimoniale: Consistoire extraordinaire (février 2014), assemblée extraordinaire du Synode des Évêques (octobre 2014), émanation de deux motu proprio sur les causes de nullité matrimoniale (août 2015), Assemblée ordinaire du Synode des évêques (octobre 2015), Exhortation apostolique Amoris Laetitia (mars 2016).

Le "changement de paradigme"
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Les interventions qu'on vient de mentionner ont été en général présentées comme expression de la "conversion pastorale" souhaitée par le pape François dans l'exhortation apostolique programmatique Evangelii gaudium . En soi, une simple "conversion pastorale" ne devrait pas porter atteinte la doctrine (et, en ce sens, les plus larges garanties n'ont pas manqué), mais seulement se préoccuper d'approcher les personnes. Le cardinal Walter Kasper a pourtant parlé à plusieurs reprises d'un véritable "changement de paradigme" : «Un changement de paradigme ne modifie pas la doctrine précédente; il l'insère toutefois dans un contexte plus large. Ainsi Amoris Laetitia ne change pas un iota de la doctrine de l'Église; et pourtant elle change tout. Le changement de paradigme consiste en ceci, qu'Amoris laetitia marque le passage d'une "morale de la loi" à la "morale de la vertu" de Thomas d'Aquin». Le cardinal Kasper semblerait ainsi délimiter la portée du «changement de paradigme»; en réalité, comme je l'ai souligné ailleurs, il s'agit d'une véritable «révolution»: «Alors que jusqu'à présent, pour orienter le comportement des fidèles, l'Église se limitait à présenter une doctrine abstraite (la loi morale), et ensuite chacun devait s'arranger avec sa propre conscience pour appliquer les normes morales générales à la situation concrète dans laquelle il vivait; à présent, l’Église est invitée à ne plus laisser les hommes faire leurs choix seuls, mais à accueillir, accompagner, discerner et intégrer ... alors qu'avant, c'était la doctrine qui guidait une vie morale, à présent cette tâche est confiée au discernement... Il est inutile de déclarer que la doctrine n'est pas modifiée, lorsqu'elle ne sert plus à diriger notre vie. Le changement de paradigme la rend complètement insignifiante».

Le développement doctrinal
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Arrivés à un certain point, cependant, on s'est aperçu qu'il n'est pas possible de continuer à répéter que la doctrine ne change pas, mais que ce sont les attitudes qui doivent changer. Il n'est pas possible de séparer théorie et praxis: dans l'Église, la pastorale a toujours été une expression de la doctrine: entre les deux, il y a une correspondance à double sens; si l'une change, inévitablement l'autre finit aussi par changer. C'est la raison pour laquelle on a commencé à parler ouvertement d'une "relecture" de la doctrine traditionnelle à la lumière des plus récentes acquisitions. A dire vrai, le pape François y avait déjà fait allusion dans son interview avec la Civiltà Cattolica. Partant de la célèbre affirmation de Vincent de Lérins sur le développement du dogme, le Souverain Pontife commentait: «Saint Vincent de Lérins fait la comparaison entre le développement biologique de l’homme et la transmission du depositum fidei d’une époque à l’autre : il croît et se consolide au fur et à mesure du temps qui passe. Ainsi, la compréhension de l’homme change avec le temps et sa conscience s’approfondit aussi. Pensons à l’époque où l’esclavage ou la peine de mort étaient admis sans aucun problème. Les exégètes et les théologiens aident l’Église à faire mûrir son propre jugement. Les autres sciences et leur évolution aident l’Église dans cette croissance en compréhension. Il y a des normes et des préceptes secondaires de l’Église qui ont été efficaces en leur temps, mais qui, aujourd’hui, ont perdu leur valeur ou leur signification. Il est erroné de voir la doctrine de l’Église comme un monolithe qu’il faudrait défendre sans nuance».

Mais c'est surtout à partir du discours prononcé à l'occasion du 25ème anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Église Catholique qu'on a pu noter une plus grande insistance sur la nécessité d'actualiser la doctrine. Nous avons parlé à cette occasion d'un véritable "tournant" du pontificat. Dans son discours le Pape, partant de la constitution apostolique Fidei Depositum avec laquelle le Catéchisme avait été approuvé, affirmait: «Il ne suffit pas ... de trouver un nouveau langage pour dire la foi de tous les temps; il est nécessaire et urgent que, face aux nouveaux défis et perspectives qui s'ouvrent pour l'humanité, l’Église puisse exprimer les nouveautés de l’Évangile du Christ qui, bien que contenues dans la Parole de Dieu, ne sont pas encore venues à la lumière». Ce n'est donc pas seulement une question de langage (comme Jean XXIII l'avait dit en ouvrant le Concile Vatican II), mais d'une formulations explicite des contenus de l’Évangile pas encore pleinement apparus. Dans son discours, le Pape reprenait l'exemple de la peine de mort, déjà utilisé dans l'interview à la Civiltà Cattolica, pour montrer qu'il peut y avoir une évolution de la doctrine, qui doit également être prise en compte dans une possible - et, à ce qu'il semble, espérée - révision du Catéchisme de l'Église catholique. Comme nous le disions dans notre commentaire, la référence à la peine de mort nous semble plutôt un prétexte et pourrait cacher le propos de vouloir mettre à jour le Catéchisme sur d'autres points plus controversées (contraception, homosexualité, etc.).

Réactions aux réformes
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Contrairement au pontificat de Benoît XVI, la papauté du pape François a toujours bénéficié, dès ses débuts, de la faveur des moyens de communication. A part l'attitude des médias, qui, qu'elle soit positive ou négative, est en tout cas relative, nombreux sont ceux qui dans l’Église, en particulier parmi les pasteurs et parmi les fidèles, soutiennent, avec plus ou moins de conviction, les réformes du Pape François. Mais les opposition ne manquent pas.

A la Curie, il semble qu'il y ait beaucoup de mécontentements. Mais, plutôt que par des raisons de caractère doctrinal ou par les progrès de la réforme interne, ceux-ci sembleraient être provoqués par le style de gouvernement du Pontife, plutôt sans scrupule.

La "résistance"
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Plus ouvertes apparaissent les contestations aux actes du Pape dans le reste de l'Église. Ceux-ci, en plus d'être causés par le style de Bergoglio, dérivent surtout des nouveautés doctrinales qui ont été introduites ces dernières années. La dissidence, dans l'Église, a toujours existé: pour se limiter aux temps les plus récents, qu'on pense aux contestations ouvertes, y compris de la part d'épiscopats entiers, contre Paul VI, surtout après la publication d'Humanae Vitae; qu'on pense à l'opposition, plus déguisée (à cause de la popularité de ce pontife), à Jean Paul II; sans parler de la protestation insolente et préconçue de chaque acte de Benoît XVI, une contestation qui a fait penser à une véritable conspiration orchestrée contre lui. Actuellement, la dissidence apparaît plus spontanée, elle s'exprime surtout à travers internet et provient principalement des laïcs. Il est clair que le clergé - en particulier les évêques, pour des raisons évidentes - ne se compromet pas outre mesure. Les contestations les plus éclatantes qui ont eu lieu ces dernières années nous semblent être la Critique théologique de l'Exhortation apostolique Amoris Laetitia, envoyée aux Cardinaux en juillet 2016 par 45 théologiens, et la Correctio filialis de haeresibus propagatis, adressée directement au Pontife en août 2017.

Le pape François est parfaitement conscient de cette résistance à son Magistère. Dans la rencontre qu'il a eue avec ses confrères jésuites à Santiago du Chili, le 16 janvier 2018, il a dit : «Quand je réalise qu'il y a une vraie résistance, bien sûr, cela me déplaît.... Cela me déplaît encore plus quand quelqu'un s'enrôle dans une campagne de résistance... Je ne peux pas nier qu'il y en ait [des résistances]. Je les vois et les connais. Il y a des résistances doctrinales que vous connaissez mieux que moi. Pour ma santé mentale, je ne lis pas les sites web de cette soi-disant "résistance". Je sais qui ils sont, je connais les groupes, mais je ne les lis pas, simplement pour ma santé mentale. S'il y a quelque chose de très sérieux, ils m'informent pour que je sache.... C'est un déplaisir, mais il faut aller de l'avant... Quand je perçois des résistances, j'essaie de dialoguer, quand le dialogue est possible ; mais certaines résistances viennent de personnes qui croient posséder la vraie doctrine et vous accusent d'être hérétique. Quand dans ces personnes, par ce qu'elles disent ou écrivent, je ne trouve pas la bonté spirituelle, je prie simplement pour elles. J'éprouve du déplaisir, mais je ne m'attarde pas sur ce sentiment par hygiène mentale».

Les divisions
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La situation qui s'est créée a provoqué de profondes divisions dans l'Église, entre ceux qui ont pris fait et cause pour les nouveautés actuelles et ceux qui préféreraient une approche plus modérée, sans rompre avec la tradition. Les divisions les plus préoccupantes sont celles au sein de l'épiscopat, qui se sont manifestées à la suite de la publication d'Amoris laetitia : certaines conférences épiscopales, nationales ou régionales, ont donné une interprétation large de l'exhortation apostolique; d'autres, une interprétation plus restrictive. Évidemment, ces divisions créent de la confusion entre le clergé et les fidèles. Certains en viennent à parler de schisme. Le Pape Bergoglio semble pleinement conscient du risque de fracture dans l'Église. En 2016, le correspondant de Spiegel rapporte la confidence faite par le Pape à certains de ses collaborateurs : «Il n'est pas exclu que je passe à l'histoire comme celui qui a divisé l’Église catholique».

II. PERSPECTIVES POUR L'AVENIR

L'irréversibilité des réformes

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Víctor Manuel Fernández en avait parlé dans une interview au Corriere della Sera en 2015: «Le Pape... sait qu'il y en a qui espèrent qu'avec le prochain Pape tout reviendra en arrière.... Il faut savoir qu'il vise des réformes irréversibles... Il n'y a pas de retour en arrière.... La majorité du peuple de Dieu.... n'acceptera pas facilement que nous retournions en arrière dans certaines choses».

Que cela fût la véritable intention du Pape a été confirmé plus tard par Enzo Bianchi lors d'une conférence tenue à Cagliari en mai 2017: «Un jour, on a demandé [au Pape] dans une circonstance confidentielle: "Mais, Sainteté, achèverez-vous toutes ces réformes que vous annoncez?" Sa réponse a été : "Je ne le prétends pas; je veux commencer des processus, et je veux qu'on ne revienne jamais en arrière de tout ce chemin que nous faisons ensemble"».

Plus récemment, Edward Pentin a révélé que les membres de l'épiscopat allemand auraient exercé des pressions sur le Pape pour accélérer les réformes. Et il a ajouté: «On dit qu'ils craignent que les réformes ne soient révoquées par un futur Pape, et c'est pourquoi ils voudraient qu'elles soient, autant que possible, gravées dans la pierre (set in stone), peut-être au moyen d'une Constitution apostolique». Il est surprenant que, de la part de ceux qui ont toujours théorisé la fluidité de la réalité et regardé avec suspicion à la doctrine, parce qu'elle dure comme la pierre, arrive aujourd'hui la requête de "sculpter dans la pierre" les réformes. En réalité, c'est une attitude typique de toute révolution: une fois que les anciennes structures ont été renversées, on n'admet plus d'autres transformations.

Questions
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A ce stade, on peut poser quelques questions concernant le futur: cette tentative de rendre les réformes actuelles irréversibles réussira-t-elle? Les successeurs du Pape François continueront-ils sur la route qu'il a entreprise ou préféreront-ils revenir aux "sentiers du passé" (Jr 6,16) ? S'ils optent pour cette dernière solution, pourront-ils la mettre en œuvre sans problème? Les réformes actuelles ne pourraient-elles pas constituer un obstacle à la réalisation de leur intention? Il n'est pas facile de répondre à ces questions, non seulement parce qu'aucun d'entre nous n'est prophète, mais aussi parce qu'il est difficile de prédire comment les choses vont évoluer.

Avant tout, il faudra voir combien de temps durera le pontificat actuel. Je sais bien qu'il n'est pas de bon goût de toucher cette corde alors qu'un pape est encore en vie; mais, comme Bergoglio lui-même en a parlé plus d'une fois, nous nous sentons autorisés à la mentionner. Il a exprimé le sentiment que son pontificat serait court (trois à quatre ans). Cinq années se sont écoulées et rien ne permet de prédire que le pontificat se terminera bientôt. On se pose la question: réussira-t-il à mener à bon port toutes les réformes en chantier? C'est difficile à dire. C'est un fait que celles déjà apportés constituent des changements qui ne sont pas secondaires.

Qui sera le successeur du Pape François ? Je ne parle pas de la personne, mais de son orientation: sera-t-il un "bergeroglien", qui poursuivra son programme, ou l'un de ses opposants, qui cherchera à abroger ses réformes? Là encore, il n'est pas facile de répondre à cette question. Il est vrai que chaque Pontife, avec les nouvelles nominations cardinalices, cherche à façonner le corps électoral qui choisira son successeur; mais le résultat n'est pas toujours garanti (comme cela s'est produit dans le dernier conclave).

Dans l'hypothèse où un membre de l'opposition devrait être élu lors du prochain conclave, aurait-il la possibilité d'abroger les réformes en cours? En théorie, oui: personne ne pourrait limiter son autorité; mais de fait, il aurait les mains liées et, de toute façon, il paierait cher toute tentative de "contre-réforme", ne serait-ce qu'en termes de popularité. Prenons un exemple: si la décentralisation, espérée dans Evangelii gaudium, en faveur des conférences épiscopales devait arriver à bon port, il serait alors extrêmement difficile de procéder à une recentralisation, démarche qui finirait inévitablement par aliéner les sympathies des épiscopats. En tout cas, selon nous, l'adoption de logiques mondaines, comme le spoil system ou l'alternance de pontificats progressistes et conservateurs, constituerait une grave vulnus pour l'Église. L'Église vit de continuité et non d'oppositions idéologiques; dans l'Église, "réformer" ne signifie pas introduire des nouveautés éphémères et réversibles, mais ramener à la splendeur originelle.

Enfin, il faut considérer l'évolution du monde dans lequel l'Église est insérée. Ce n'est pas seulement l'Église qui est en crise, mais aussi, et peut-être dans une plus large mesure, le monde qui l'entoure. L'époque dans laquelle nous vivons ressemble beaucoup à une "fin de l'empire": un effondrement de la civilisation actuelle ne peut être exclu. Il est clair que, dans cette perspective, une Église complètement alignée sur le monde, comme celle qui se forge durant ces années, serait destinée à succomber avec lui.

C'est pourquoi il est important que se forme un "reste", qu'il demeure fidèle à la tradition de l'Église et conserve intacte la doctrine catholique, et qu'il soit prêt à intervenir au moment de l'éventuel écroulement pour jouer le rôle joué par l'Église à la chute de l'Empire romain: faire passer l'humanité de l'ancien au nouvel ordre. L'Église a été la semence de la civilisation médiévale, mais elle a pu le faire grâce au patrimoine accumulé au cours des premiers siècles de son existence. A cet égard, la figure de saint Augustin nous semble emblématique: il assista à la ruine du monde romain auquel il appartenait; il mourut alors que les Vandales étaient aux portes de la ville. Qu'aura-t-il ressenti en voyant ce monde - son monde - s'effriter? Et pourtant, sa pensée et ses œuvres ont constitué la base pour la renaissance. Je pense que la même chose pourra se produire pour nous: le patrimoine doctrinal que l'Église a accumulé au cours des siècles ne doit pas être perdu: il constituera la base pour la reconstruction. Ce patrimoine constitue la "semence" qu'aujourd'hui, alors que l'inondation est en cours, nous sommes appelés à sauver, afin qu'une fois que le fleuve sera rentré dans son lit, elle puisse être semée et fructifier.

Sources : benoit-et-moi.fr/…/franois-bilan-d…
& benoit-et-moi.fr/…/franois-bilan-d…

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>>> Le CAS d'un PAPE HÉRÉTIQUE : si François l'est, concluez
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GChevalier
Si l'Antéchrist me téléphone
Ou qu'il me rende visite,
Je te le dirai bien vite
Afin que tu t'étonnes,
Car il n'est pas étonnant
Que ce monsieur t'arrive
Puisqu'il débarque chez les gens
Comme ça, sans savoir-vivre.
AJPM
Toute action faite pour plaire à Dieu vaut beaucoup plus que bien des œuvres importantes sans intention ;
Moi, dit Antéchrist, j'aime les grands trucs qui décoiffent et qui font du potin.