À Béhuard près d’Angers, les habitants sonnent la révolte contre le carillon du sanctuaire Dans un courrier signé par 65 % de la population de la presqu’île, ils demandent au maire de la commune de mettre le holà à l’envahissement de l’espace public par le recteur du sanctuaire. Béhuard, septembre 2023. Recteur du sanctuaire depuis 2019, le père Bertrand Chevalier a œuvré avec l’équipe de laïcs qui l’entoure pour la rénovation de la maison diocésaine. Il a aussi fait remettre en route le carillon perché dans le clocheton qui était en panne depuis une petite dizaine d’années.
Quand le « Chant de la vierge » s’est remis à sonner après des années de silence, la colère a débordé. Elle a dévalé les ruelles pavées, inondé les arrière-cours et submergé la place du village. Pourtant rompu aux conséquences des crues hivernales, Bruno Richou a pris la vague de plein fouet. Le maire, élu depuis 1995, n’avait jamais vu ça . Ça faisait pourtant un moment que l’exaspération montait parmi les 125 habitants de la petite cité de caractère, habituée aux pèlerinages qui drainent des milliers de fidèles cinq fois l’an. Cet envahissement rituel, les Béhuardais s’en accommodaient jusque-là sans ciller. Mais les choses se sont sérieusement gâtées avec l’arrivée du nouveau recteur du sanctuaire, le père Bertrand Chevalier, en 2019. Soutane et béret noirs, barbe fournie et caractère bien trempé, il a débarqué sur l’île en fûtreau, bien décidé à remettre l’église au centre de Béhuard. Sans craindre de bousculer la tranquillité des résidents.
Ces derniers ont vite compris. Faisant flèche de tout bois, Bébert (comme l’appellent familièrement certains de ses détracteurs) a remis du peps dans les offices. Et du son. Avec la multiplication du nombre de messes et la volonté qu’elles soient le plus visibles et audibles, on les entend au-delà de la place du village », se désole un riverain, obligé de subir la messe jusque dans son jardin.
Le même (qui tient à l’anonymat) n’apprécie guère que les fidèles n’hésitent plus à prier à voix haute dans les rues de l’île. Il s’est ouvert de ces désagréments au prêtre qui lui aurait rétorqué, passablement agacé : L’île est un sanctuaire depuis 1 500 ans et si ça ne vous convient pas, vous pouvez déménager. Une version que nous n’avons pu confronter avec l’intéressé qui, tendu par ce climat délétère, a préféré faire vœu de silence. D’autres habitants évoquent les enfants baptisés sur la place centrale, au pied de la vierge posée sur son rocher mais face à la terrasse du bistrot où certains clients en avalent de travers. Sur l’île, où on a voté Mélenchon à 52 % à la dernière présidentielle, on jette en effet un œil sourcilleux sur le clergé et...
