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Est-ce la même Église ?

"Il n'y a qu'une seule Église universelle de fidèles, en dehors de laquelle personne ne peut être sauvé". (Innocent III et le quatrième concile œcuménique du Latran, 1215).
Dans son livre de 1968 sur l'après-Vatican II, Est-ce la même Église ? (Is it the Same Church ?), Frank Sheed décrit la manière dont les opinions catholiques sur la contraception ont changé dans les années 1960 :
"Jusqu'en 1960, par exemple, tout le monde, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église, partait du principe que l'Église enseignait de manière définitive et immuable que la contraception artificielle était un péché grave. Les catholiques qui l'utilisaient savaient qu'aux yeux de l'Église, ils péchaient et qu'ils ne devaient pas recevoir la Sainte Eucharistie tant qu'ils ne s'étaient pas repentis de leur utilisation et qu'ils ne l'avaient pas abandonnée. Aujourd'hui, des voix s'élèvent autour de nous pour remettre en question non seulement la justesse de l'interdiction, mais aussi le fait que l'Église puisse être considérée comme l'ayant enseignée". (p. 51)

1960 est l'année où la Food and Drug Administrationn (FDA) a approuvé la pilule contraceptive. C'est aussi l'année où le troisième secret de Fatima aurait dû être publié car, comme Notre-Dame de Fatima l'a dit à sœur Lucie, le sens en aurait été plus clair à ce moment-là. Le monde changeait, certes, mais la vision catholique de la contraception n'aurait pas dû changer.

Lorsque Sheed a écrit son livre en 1968, Vatican II s'était achevé, mais le monde attendait toujours Humanae Vitae de Paul VI. Quelques commentaires de Sheed sur la contraception nous donnent une idée de la manière dont le Concile a façonné les opinions catholiques sur le sujet :
"La loi contre la contraception artificielle apparaît comme un obstacle à l'œcuménisme plus important que n'importe quelle différence doctrinale ou liturgique. Un évêque catholique m'a raconté une conversation qu'il venait d'avoir avec un évêque épiscopalien, au cours de laquelle la contraception était la seule question sur laquelle il n'y avait aucun espoir d'accord - à moins que l'Église ne modifie son enseignement". (p. 61)

"Ceux qui ne sont pas convaincus par la déclaration du Pape [sur la contraception] peuvent estimer que leur décision personnelle relève de leur propre conscience. Et tandis que le Concile Vatican II parle très lucidement des droits des hommes en dehors de l'Église de suivre leur conscience, je n'ai pas trouvé qu'il discute de la relation de la conscience catholique avec ses propres enseignements ou commentaires si elle les ressent comme contraires à elle." (p. 64)

On peut se demander pourquoi l'œcuménisme et les propos du Concile sur les non-catholiques ont influencé la façon dont les catholiques ont réfléchi à la question de savoir s'ils étaient prêts à accepter des enseignements de l'Église qu'ils n'approuvaient pas, tels que l'interdiction de la contraception. Après tout, comme l'écrit Sheed, les catholiques savaient avant 1960 que "l'Église enseignait de manière définitive et immuable que la contraception artificielle était un péché grave". Les catholiques acceptent de nombreux enseignements qu'ils n'intégreraient pas dans une religion chrétienne de leur choix (c'est-à-dire le protestantisme), alors qu'est-ce qui a changé avec le Concile ?
À titre de référence, comment les catholiques voyaient-ils l'Église avant le Concile ? Dans son encyclique Mystici Corporis de 1943, Pie XII avait souligné que l'Église était le Corps mystique du Christ et que seuls les catholiques en faisaient partie :
"Pourtant, au sens plein de l'expression, seuls font partie des membres de l’Église ceux qui ont reçu le baptême de régénération et professent la vraie foi, qui, d'autre part, ne se sont pas pour leur malheur séparés de l'ensemble du Corps, ou n'en ont pas été retranchés pour des fautes très graves par l'autorité légitime)". (Mystici Corporis al. 27)

Cela était tout à fait conforme à ce que l'Église avait toujours enseigné. Les catholiques savaient également qu'il n'y avait pas de salut en dehors de l'Église catholique (sauf circonstances extraordinaires, impliquant généralement une ignorance invincible) et qu'ils ne pouvaient rejeter sciemment aucun des enseignements de l'Église. De plus, on leur avait dit que même les protestants les plus sincères et les plus pieux allaient probablement en enfer parce qu'ils suivaient une fausse religion.

Et puis les catholiques ont vu que le Concile semblait dire quelque chose de tout à fait différent. Chacune des déclarations ci-dessous, tirées du décret sur l'œcuménisme (Unitatis Redintegratio) et de la constitution dogmatique sur l'Église (Lumen Gentium), remet en question la croyance selon laquelle une personne doit appartenir à l'Église catholique et suivre ses enseignements pour plaire à Dieu et sauver son âme :
Les protestants sont en communion avec l'Église catholique. "Ceux qui naissent aujourd’hui dans de telles communautés et qui vivent de la foi au Christ, ne peuvent être accusés de péché de division, et l’Église catholique les entoure de respect fraternel et de charité. En effet, ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Église catholique." (Unitatis Redintegratio §3)

Les protestants appartiennent au corps du Christ. "Des divergences variées entre eux [les frères séparés] et l'Église catholique sur des questions doctrinales, parfois disciplinaires, ou sur la structure de l’Église, constituent nombre d’obstacles, parfois fort graves, à la pleine communion ecclésiale. Le mouvement œcuménique tend à les surmonter. Néanmoins, justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au Christ, ils portent à juste titre le nom de chrétiens, et les fils de l’Église catholique les reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur." (Unitatis Redintegratio §3)

Les religions protestantes sont des moyens de salut. "Chez nos frères séparés s’accomplissent beaucoup d’actions sacrées de la religion chrétienne qui, de manières différentes selon la situation diverse de chaque Église ou communauté, peuvent certainement produire effectivement la vie de grâce, et l’on doit reconnaître qu’elles donnent accès à la communion du salut. En conséquence, ces Églises et communautés séparées, bien que nous croyions qu’elles souffrent de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut, dont la vertu dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l’Église catholique. " (Unitatis Redintegratio §3)

"Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité de la communion sous le Successeur de Pierre, l’Église se sait unie pour de multiples raisons. Il en est beaucoup, en effet, qui tiennent la Sainte Écriture pour leur règle de foi et de vie, manifestent un zèle religieux sincère, croient de tout leur cœur au Dieu Père tout-puissant et au Christ Fils de Dieu et Sauveur, sont marqués par le baptême qui les unit au Christ, et même reconnaissent et reçoivent d’autres sacrements dans leurs propres Églises ou dans leurs communautés ecclésiales. Plusieurs d’entre eux jouissent même de l’épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et entourent de leur piété la Vierge Mère de Dieu. À cela s’ajoute la communion dans la prière et dans les autres bienfaits spirituels, bien mieux, une véritable union dans l’Esprit Saint, qui, par ses dons et ses grâces, opère en eux aussi son action sanctifiante (...)." (Lumen Gentium §15)

Lorsque les "experts" qui veulent défendre Vatican II lisent ces déclarations, ils commencent immédiatement à chercher des justifications obscures pour expliquer pourquoi les passages œcuméniques de Vatican II sont conformes à ce que l'Église a toujours enseigné. Cependant, lorsque les catholiques ordinaires lisent ces déclarations, ils ont une réaction différente. Les catholiques ordinaires reconnaissent que le Concile aurait pu se contenter de réaffirmer ce que l'Église a toujours enseigné, mais qu'il a préféré dire des choses qui diminuent l'importance d'être catholique et réduisent le danger d'être protestant. Ces catholiques réguliers doivent alors décider : le Concile est-il incorrect ou tout ce qui l'a précédé était-il incorrect ?

Pour en revenir au commentaire de Sheed, ces nouveautés de Vatican II nous aident à mieux comprendre pourquoi tant de catholiques étaient prêts à désobéir à la réaffirmation par Paul VI de l'interdiction d'utiliser la contraception. C'était une chose d'accepter les enseignements rigoureux de l'Église lorsque les catholiques pensaient que les protestants allaient en enfer parce qu'ils suivaient une fausse religion, mais maintenant que le Concile fait l'éloge des religions protestantes et dit qu'elles conduisent les âmes au paradis, pourquoi se donnerait-on la peine de suivre des enseignements rigoureux que les protestants ont rejetés ? Et, plus important encore, si Pie XII et ses prédécesseurs ont menti sur la nécessité d'être catholique, pourquoi quelqu'un ferait-il encore confiance à l'Église ?

Les experts qui défendent Vatican II refusent de voir cela, mais des centaines de millions de catholiques l'ont vu. Beaucoup ont quitté l'Église. D'autres sont devenus comme ceux que le juge Robert Bork a décrits dans son ouvrage Slouching Towards Gomorrah ["S’avachir vers Gomorre"], (écrit avant qu'il ne devienne catholique) :
"Les pratiques et les croyances des laïcs catholiques constituent un bon test car les enseignements de l'Église catholique sur la contraception, l'avortement, le divorce et le remariage, ainsi que l'infaillibilité du pape sur les questions de foi et de morale, sont exceptionnellement clairs. Cependant, il est également évident que de nombreux laïcs présentent le syndrome de Tocqueville et "gardent leur esprit flottant au hasard entre la liberté et l'obéissance". Un sondage New York Times/CBS News de 1985 montre que 68 % des catholiques sont favorables à l'utilisation du contrôle artificiel des naissances, que 73 % pensent que les catholiques devraient être autorisés à divorcer et à se remarier, et que 79 % pensent que l'on peut ne pas être d'accord avec le pape sur ces questions tout en restant un bon catholique. Les catholiques ont même des taux d'avortement plus élevés que les protestants et les juifs. Je n'ai pas de chiffres sur les taux de divorce comparatifs, mais toute personne ayant un grand nombre de connaissances catholiques a vu un grand nombre de divorces. L'Église s'est accommodée de cette réalité, le Zeitgeist [L’esprit du temps], en accordant des annulations, même pour des mariages de longue date qui ont donné naissance à des enfants. En bref, l'obéissance des catholiques à leurs doctrines semble se situer au même niveau que celle des protestants à la leurs".

Les catholiques ont cessé d'être catholiques, mais ont conservé le titre ; et la grande majorité des faux pasteurs de l'Église n'ont rien fait pour contrecarrer cette évolution - en fait, ils ont généralement ouvert la voie. Tout cela s'est produit bien avant que le monde ne connaisse Jorge Bergoglio, et nous ne devons donc pas croire ceux qui suggèrent que les problèmes de l'Église ont commencé pour de bon lorsque Benoît XVI s'est retiré.

Est-ce une simple coïncidence si ces changements dans les croyances catholiques - en particulier sur la contraception et l'avortement - s'alignent sur l'agenda des mondialistes d'aujourd'hui ? Bien que les catholiques traditionnels aient des opinions mitigées sur le défunt Père Malachi Martin, son ouvrage Les Jésuites : la Compagnie de Jésus et la trahison de l'Église catholique romaine [The Jesuits : The Society of Jesus and the Betrayal of the Roman Catholic Church] contient une idée avec laquelle la plupart d'entre nous peuvent être d'accord :
L'esprit moderniste prévoit toutes sortes de "bonnes choses" pour l'humanité, et un développement assez spectaculaire, si seulement les gens acceptent de changer. Le seul obstacle à ce développement durable et spectaculaire que promet le modernisme est une certaine résistance obstinée au changement, une certaine fixité des croyances religieuses, l'attachement de beaucoup aux anciens dogmes. Bien sûr, toute religion organisée présente un tel obstacle. Mais pour la nouvelle race des incroyants et des modernistes, les Églises chrétiennes et en particulier l'Église catholique romaine étaient les premiers créateurs de l'obstacle.... Il y avait [dans le catholicisme] toute une gamme d'enseignements traditionnels qui traitaient de tous les aspects de la vie humaine, depuis le ventre de la mère jusqu'à l'éternité de Dieu. De telles traditions ne pouvaient être modifiées sans altérer complètement le catholicisme". (pp. 265-266)

Les différents ennemis de l'Église - modernistes, francs-maçons, mondialistes, Satan - ont des allégeances et des objectifs qui se recoupent, de sorte que cette déclaration sur les modernistes s'applique à ceux qui cherchent à nous asservir tous aujourd'hui. Ils avaient besoin d'écarter les catholiques de leur chemin, et le meilleur moyen d'y parvenir était de convaincre les catholiques qu'ils pouvaient devenir protestants tout en continuant à se dire catholiques. C'est précisément pour cela qu'ils ont eu besoin de Vatican II.
Que l'on croie ou non aux messages de Fatima, nous savons avec certitude que Jean XXIII a lu le message en 1960 et a décidé de ne pas le publier, contrairement aux souhaits exprimés par sœur Lucie au nom de la Sainte Vierge Marie. Étant donné que beaucoup de ceux qui ont apparemment lu le secret complet indiquent qu'il s'agit de la grande apostasie de l'Église, à commencer par la papauté, il est facile de comprendre pourquoi ceux qui ont cherché à saper ce que l'Église a toujours enseigné ont refusé de publier un message qui alerterait le monde sur les dangers de leurs nouvelles orientations.

Toutes les personnes rationnelles savent qu'un ennemi mondialiste cherche à nous réduire en esclavage. Ce même ennemi devait d'abord saper les défenses de l'Église catholique, ce qu'il a fait principalement par le biais de Vatican II. Comme tout ennemi puissant le ferait, nos ennemis ont déployé leurs troupes d'experts pour défendre le Concile (le Faucis de la théologie), faisant tout ce qu'ils peuvent pour manipuler et intimider ceux qui ont des yeux pour voir et une colonne vertébrale pour dire la vérité. Ces vipères qui soutiennent François, son Synode et le Concile, tout en condamnant les catholiques traditionnels parce qu'ils croient ce que l'Église a toujours enseigné, sont les idiots les plus prisés de Satan. Mais Dieu est avec nous, alors proclamons Sa vérité sur les toits, surtout quand les suppôts de Satan font tout ce qu'ils peuvent pour nous en empêcher. Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous !
Robert Morrison The Remnant