Une fausse bonne nouvelle
La Lumière qu’est le Christ illumine, elle fait voir ou revoir la vie passée, faisant regretter les fautes et errements antérieurs. Le nouveau baptisé veut vivre désormais dans la lumière, la lumière d’un Dieu qui nous aime. Une sorte de jugement s’est donc réalisée par rapport à la vie qu’il menait anciennement. La plupart des autres hommes, eux, n’auront pas eu l’occasion de découvrir cette Lumière cours de leur vie ‒ le but de tous les post-christianismes est précisément d’empêcher cette découverte. Une rencontre personnelle plénière doit donc exister par-delà cette vie, une rencontre avec le Christ « descendu aux enfers », selon l’expression consacrée en français, avec le mot enfers au pluriel qui désigne ce que Jésus lui-même appelé le Shéol. Le magistère de Benoît XVI nous est ici d’un précieux secours, même si, à l’époque du Catéchisme de l’Église Catholique (paru en 1992 en français), il n’était pas encore Pape ; dans le chapitre consacré précisément à la Descente du Christ aux enfers, on lit : Chaque mot compte dans la longue phrase de ce numéro 634 : c’est vraiment dans la rencontre du Christ aux enfers que se réalise la rencontre entre l’âme de Jésus et chaque homme décédé avant, en même temps que ou après lui. C’est en vertu de sa divinité qu’il y est présent ainsi, en quelque sorte en y précédant chaque défunt. Au fond, le but des spiritualismes (désignés comme « gnose » par les Pères de l’Église), était et est toujours de parvenir à la lumière sans confrontation avec le Christ, en considérant celui-ci au mieux comme une sorte de guide ou « d’éveillé » (ce qui se dit bouddha en sanscrit). La tromperie porte sur le fait de vouloir entrer dans une communion spirituelle cosmique faisant émerger « Dieu » en nous, Jésus étant mis de côté. Beaucoup de nos contemporains sont tombés dans ce piège des New-Age et autres « pleines consciences » ; mais ont-ils trouvé sur leur chemin des chrétiens capables de leur parler de la véritable action de l’Esprit Saint en eux, et du Shéol où Jésus nous a précédés ?....." Édouard Marie Gallez
« Le Christ est descendu dans la profondeur de la mort afin que “les morts entendent la voix du Fils de l'Homme et que ceux qui l'auront entendue vivent" (Jn 5,25). » À l’heure de la mort, les défunts, y compris les non-chrétiens, ne voient pas une lumière indéfinie. Ils rencontrent « le Fils de l’homme », celui qui a vécu sur notre terre et qui est mort sous Ponce Pilate. Il leur parle. Oublier cela (depuis saint Augustin ?) induit des erreurs logiques de plus en plus lourdes. À n’envisager le salut des non-chrétiens que dans le temps terrestre, on finissait par relativiser l’enfer ou l’Incarnation, le Christ unique rédempteur et Fils de Dieu. Bref, on frôlait l’apostasie.
En 1992, le catéchisme de l’Église catholique a rappelé cette vérité simple : « La descente aux enfers est l'accomplissement, jusqu'à la plénitude, de l'annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus » (CEC 634). Et en l’an 2000, le magistère a pu rappeler que le Christ est l’unique médiateur et sauveur, sans dire pour autant que l’enfer soit rempli par les non-baptisés. Le dialogue inter-religieux peut désormais sereinement s’appuyer sur la présence universelle de l’Esprit Saint qui inspire à tout homme le bien et conduit vers le Christ, sans pour autant verser dans le relativisme.
Françoise Breynaert a fait une maîtrise en patristique à Strasbourg et un doctorat de théologie à Rome. Elle a enseigné en séminaire et travaille au projet Marie de Nazareth. Elle a publié L’arbre de vie (Parole et Silence 2006), Si tu savais le don de Dieu, divorcés-remariés en Église (Mame 2011), et 33 jours pour se consacrer à Jésus-Christ par Marie (EDB 2012, Edibesa Madrid 2013).
Préface de Mgr Roland Minnerath, évêque de Dijon.