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shazam
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François Cheng – La Conversion, la Joie, la Souffrance Agé de 90 ans, il s'exprime sur son rapport à la joie et à la souffrance : " A cause de mon âge je porte en moi la souffrance de beaucoup d'autres …More
François Cheng – La Conversion, la Joie, la Souffrance
Agé de 90 ans, il s'exprime sur son rapport à la joie et à la souffrance : " A cause de mon âge je porte en moi la souffrance de beaucoup d'autres destins ",
en tant qu'écrivain, il estime qu'il doit " porter dans la mesure du possible toute la douleur du monde et essayer de la transfigurer en une sorte de lumière qui nous aide à vivre ".
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Titre originel de cette vidéo : François Cheng et son rapport à la joie - Extrait. 16 avril 2020
Turenne
La joie parfaite selon saint François d'Assise . 😇
Maranatha Maranatha shares this
1862
« L'humilité ne signifie nullement je ne sais quel abaissement ou servitude.
Reliée à l'humus, donc aux racines vitales, elle est la force même. François cultive cette vertu en connaissance de cause. »
« Par-dessus mon épaule, sa voix résonna à mon oreille : « Ne sois pas accablé par la tristesse.
Songe que cette lumière née de la nuit est dispensée partout et à tous. Elle ne cloisonne pas, …More
« L'humilité ne signifie nullement je ne sais quel abaissement ou servitude.
Reliée à l'humus, donc aux racines vitales, elle est la force même. François cultive cette vertu en connaissance de cause. »

« Par-dessus mon épaule, sa voix résonna à mon oreille : « Ne sois pas accablé par la tristesse.
Songe que cette lumière née de la nuit est dispensée partout et à tous. Elle ne cloisonne pas, elle élève ; elle ne sépare pas, elle réunit ».
Et de m’inviter à voir plus loin que le ciel étoilé, à déceler la Présence des présences qui nous donne à boire un lait autre que celui versé par la Voie-lactée, le lait de compassion et de tendresse. »
Maranatha Maranatha
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1968
« ... Dès lors, on comprend que la joie de François ne provient pas d'une disposition naïve, telle celle d'un joyeux drille.
Elle est le résultat, là aussi, d'une conquête intérieure, après être passé par toutes les épreuves.
La joie de François est vraie, parce que, répétons-le, elle a pris en charge les souffrances personnelles et les douleurs du monde. »
« L'humilité ne signifie nullement …
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« ... Dès lors, on comprend que la joie de François ne provient pas d'une disposition naïve, telle celle d'un joyeux drille.
Elle est le résultat, là aussi, d'une conquête intérieure, après être passé par toutes les épreuves.
La joie de François est vraie, parce que, répétons-le, elle a pris en charge les souffrances personnelles et les douleurs du monde. »

« L'humilité ne signifie nullement je ne sais quel abaissement ou servitude. Reliée à l'humus, donc aux racines vitales, elle est la force même. François cultive cette vertu en connaissance de cause. »


( François Cheng : Assise, Une rencontre inattendue )
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« … Je voudrais dire à ce propos mon émerveillement, parce qu'il y a en France un réservoir impressionnant d'intelligence, de sensibilité et de spiritualité, un peuple éveillé qui s'épanouira dès que l'occasion sera donnée.
Je ressens un immense besoin de célébration.

Le recueil de poèmes que je prépare s'intitulera d'ailleurs La vraie gloire est ici. » (Note : paru en 2015)
shazam
Catholique et Français
"...Je voudrais dire à ce propos mon émerveillement, parce qu'il y a en France un réservoir impressionnant d'intelligence, de sensibilité et de spiritualité, un peuple éveillé qui s'épanouira dès que l'occasion sera donnée..." : Français, réveillez-vous ! C'est un chinois qui vous le demande ! À l'exact opposé du célèbre "Quand la Chine s'éveillera" du prophète de pacotille, le gaulliste …More
"...Je voudrais dire à ce propos mon émerveillement, parce qu'il y a en France un réservoir impressionnant d'intelligence, de sensibilité et de spiritualité, un peuple éveillé qui s'épanouira dès que l'occasion sera donnée..." : Français, réveillez-vous ! C'est un chinois qui vous le demande ! À l'exact opposé du célèbre "Quand la Chine s'éveillera" du prophète de pacotille, le gaulliste Alain Peyrefitte, il faut répéter avec espérance, comme les meilleurs des chinois : "Quand la France s'éveillera... !"
Catholique et Français
"...François a épousé la pauvreté et cette pauvreté fut sa force. La pauvreté, chez lui, consiste à se dépouiller, pas seulement de ses biens, mais aussi de toute peur, de tout préjugé, de toute répugnance, de tout souci de soi. Devenu un « rien bienveillant », totalement libre, il rayonne d'une lumière qui ne vient pas de lui. C'est avec cette force désarmée et désarmante qu'il va embrasser …More
"...François a épousé la pauvreté et cette pauvreté fut sa force. La pauvreté, chez lui, consiste à se dépouiller, pas seulement de ses biens, mais aussi de toute peur, de tout préjugé, de toute répugnance, de tout souci de soi. Devenu un « rien bienveillant », totalement libre, il rayonne d'une lumière qui ne vient pas de lui. C'est avec cette force désarmée et désarmante qu'il va embrasser le lépreux, neutraliser les brigands, pacifier le loup de Gubbio." ... et se jeter les mains nues, armé de sa seule Foi, au milieu des mahométans !
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Catholique et Français
"...j'avais pris conscience que les vérités de vie s'incarnent moins dans les idées que chez les êtres. Les idées sont importantes, mais elles se dessèchent si elles ne sont pas effectivement vécues par les êtres..."
shazam
Photo, et extraits du livre : Assise – Une rencontre inattendue
« … François connaît le fond de la nature humaine : sa propension à l'égoïsme, à l'orgueil, à l'envie, à la domination dévastatrice, sa capacité à la méchanceté, à la trahison, à la perversion, à la cruauté sans limites. Lui-même a dû lutter sans relâche pour se surmonter. Combien savait-il que celui qui a opté pour la bonté …More
Photo, et extraits du livre : Assise – Une rencontre inattendue

« … François connaît le fond de la nature humaine : sa propension à l'égoïsme, à l'orgueil, à l'envie, à la domination dévastatrice, sa capacité à la méchanceté, à la trahison, à la perversion, à la cruauté sans limites. Lui-même a dû lutter sans relâche pour se surmonter. Combien savait-il que celui qui a opté pour la bonté se devait d'affronter le mal.

Dès lors, on comprend que la joie de François ne provient pas d'une disposition naïve, telle celle d'un joyeux drille. Elle est le résultat, là aussi, d'une conquête intérieure, après être passé par toutes les épreuves. La joie de François est vraie, parce que, répétons-le, elle a pris en charge les souffrances personnelles et les douleurs du monde. »

« L'humilité ne signifie nullement je ne sais quel abaissement ou servitude. Reliée à l'humus, donc aux racines vitales, elle est la force même. François cultive cette vertu en connaissance de cause. »

« Par-dessus mon épaule, sa voix résonna à mon oreille : « Ne sois pas accablé par la tristesse. Songe que cette lumière née de la nuit est dispensée partout et à tous. Elle ne cloisonne pas, elle élève ; elle ne sépare pas, elle réunit ». Et de m’inviter à voir plus loin que le ciel étoilé, à déceler la Présence des présences qui nous donne à boire un lait autre que celui versé par la Voie-lactée, le lait de compassion et de tendresse. »

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(lefigaro.fr/livres) du 27 novembre 2014 :

François Cheng : «François d'Assise a changé ma vie »

L'écrivain d'origine chinoise raconte sa rencontre avec le Poverello, en 1961.

LE FIGARO LITTÉRAIRE. - Lors de votre premier séjour à Assise, vous aviez trente-deux ans et viviez en France depuis douze ans. Dans quel état d'esprit étiez-vous?

FRANÇOIS CHENG. -
J'étais un jeune homme passablement perdu et tourmenté. Je me suis laissé entraîner par des amis pour aller à Assise, sans doute attiré par le soleil d'Italie, peut-être aussi par le vague souhait de connaître un saint. Depuis quelque temps, j'avais pris conscience que les vérités de vie s'incarnent moins dans les idées que chez les êtres. Les idées sont importantes, mais elles se dessèchent si elles ne sont pas effectivement vécues par les êtres.

Vous voilà donc à Assise…

Ce fut un choc et d'abord une rencontre avec ce lieu dont un Chinois pétri de la tradition géomancienne chinoise voit immédiatement que c'est un lieu faste. Je savais à l'époque que je ne pourrais pas retourner en Chine et me considérais comme un exilé. Mais là, en sortant de la gare, lorsque Assise m'est apparue à mi-hauteur de la montagne, ouvrant ses bras dans un geste d'accueil, j'ai senti qu'il me serait possible d'habiter cette terre d'Europe. J'ai arpenté tous les endroits où François a vécu, avec mes amis d'abord et seul ensuite. Auprès de François, j'ai compris que les saints sont là pour nous montrer de quoi l'homme est capable dans le bien, alors que tant de criminels nous montrent de quoi l'homme est capable dans le mal. La vraie sainteté, loin d'être une forme de moralisme morose, est indispensable pour nous faire prendre la pleine mesure de notre destin au sein de l'univers.

Pourquoi appelez-vous François « le Grand Vivant » ?

Parce qu'il a embrassé la vie dans sa totalité, sa part lumineuse, exaltante comme sa part sombre, tragique. Comme le Christ son maître, il sait que la voie de la vraie vie passe par la prise en charge des malheurs qui accablent le monde. Il ne doute pas que l'immense aventure de la Vie, toujours en devenir, a besoin de chacun de nous, qui sommes habités par la faim et la soif infinies, pour accéder à un autre ordre de la vie.

Pourquoi pensez-vous que François est le saint le plus extraordinaire?

Ce « frère universel », par son être et ses actes, par son superbe Cantique des créatures- « messire frère soleil », « notre sœur et mère terre », etc. -, a changé la couleur du monde occidental qui s'est révélé soudain plus chaleureux, fraternel, inspirant. Songeons à ce sombre XIIIe siècle, ravagé par les guerres et les épidémies, où l'on se méfiait de la nature, considérée comme le lieu de la chute, donc de la corruption. François opère un renversement de perspective qui annonce la Renaissance. Son Cantique des créatures a inauguré une grande lignée de poètes lyriques, à commencer par Dante, qui écrit à propos de François qu'un « soleil nous est né ». Inspirée par François, La Divine Comédie s'achève par l'évocation de la « force d'amour qui meut le soleil et les autres étoiles ».

François, écrivez-vous, n'était pas l'homme candide que présente l'imagerie populaire. Il n'a pas écrit son Cantique en se promenant dans les champs au printemps mais à la fin de sa vie. Comment a-t-il pu avoir cette vision cosmique lumineuse alors qu'il était aveugle et souffrait le martyre ?

François a épousé la pauvreté et cette pauvreté fut sa force. La pauvreté, chez lui, consiste à se dépouiller, pas seulement de ses biens, mais aussi de toute peur, de tout préjugé, de toute répugnance, de tout souci de soi. Devenu un « rien bienveillant », totalement libre, il rayonne d'une lumière qui ne vient pas de lui. C'est avec cette force désarmée et désarmante qu'il va embrasser le lépreux, neutraliser les brigands, pacifier le loup de Gubbio. Les animaux farouches, les lièvres, les agneaux viennent d'instinct vers lui, attirés par cette force. Les humains aussi, qui trouvent en lui réconfort et confiance, sachant que la lumière qui émane de lui vient d'une transcendance qui ne trahit pas, ne corrompt pas. Lui-même, au bout de toutes les meurtrissures, parle de la joie parfaite. Joie de la donation totale, presque identique à celle du Créateur qui, à partir du Rien, a fait advenir le Tout.

Qu'est-ce que François a changé dans votre existence?

Cette rencontre a été initiatique et a changé ma vie. Dix ans après mon premier voyage à Assise, lors de ma naturalisation, j'ai choisi François comme prénom français. François d'Assise ne laisse personne indifférent. Tous ceux qui sont passés par Assise - Goethe, Chateaubriand, Julien Green, Simone Weil - sont conquis par lui. Au milieu de nous, il a tracé un chemin de Vraie Vie possible. On peut même aller jusqu'à dire qu'il a rendu « praticable » la voie christique. Depuis lors, j'ai l'impression d'avoir constamment à côté de moi un frère, un ami qui m'empêche de verser dans la complaisance, le faux-semblant, qui me maintient dans la passion du vrai et du beau. Je préfère ne pas me définir comme chrétien (note : entrevue de 2014), parce que je suis toujours en quête et habité par l'idée de l'Ouvert. Et je ne me demande pas, comme le fait Emmanuel Carrère, si j'ai la foi ou pas. Mais à travers François j'ai mieux connu le Christ et épousé sa Voie. Je suis porté par la conception du Tao, mais il me semble que la Voie du Christ m'a mené plus loin, dans mon rapport aux êtres et dans l'expérience mystique qu'est pour moi la poésie. La pauvreté intérieure, qui dénude et rend accueillant, permet d'être poète. Cette pauvreté se cultive par la méditation. On peut prier presque tout le temps, dans les salles d'attente, partout. Prier est une façon de s'ouvrir aux êtres et à l'Être, de déchiffrer et de relier.

Avez-vous entrevu ce que François a vu?

Malgré les épreuves, mes années de vieillesse ne sont pas marquées par l'amertume mais par la gratitude, notamment envers les êtres que mes écrits mettent sur ma route.

Je voudrais dire à ce propos mon émerveillement, parce qu'il y a en France un réservoir impressionnant d'intelligence, de sensibilité et de spiritualité, un peuple éveillé qui s'épanouira dès que l'occasion sera donnée. Je ressens un immense besoin de célébration. Le recueil de poèmes que je prépare s'intitulera d'ailleurs La vraie gloire est ici (note : paru en 2015)