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Mgr Vigano : "...d'autres catholiques sans nom, restés fidèles à l'heure de la Passion, mériteront de voir se lever à l'Est le Soleil de Justice"

Resurrexi, et adhuc tecum sum.
Je me suis levé et je suis avec toi
Psaume 138

Hæc dies, quam fecit dominus. Ce sont les jours que le Seigneur a fait.
Ce sont les paroles que la divine Liturgie répète tout au long de la semaine de Pâques, pour célébrer la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, vainqueur de la mort. Permettez-moi cependant de revenir un peu en arrière, au jour du Samedi Saint, c'est-à-dire au moment où les restes du Sauveur reposent dans le tombeau sans vie et où son âme descend dans les enfers pour libérer des Limbes ceux qui sont morts sous l'Ancienne Loi en attendant le Messie promis.

Il y a une semaine, le Seigneur était acclamé Roi d'Israël et entrait triomphalement à Jérusalem. Quelques jours plus tard, alors que la Pâque juive venait d'être célébrée, les gardes du temple l'arrêtèrent et, par un faux procès, persuadèrent les autorités impériales de le mettre à mort pour s'être proclamé Dieu. Nous avons accompagné le Seigneur dans le prétoire ; nous avons assisté à la fuite des disciples, à la fuite des apôtres, au reniement de Pierre; nous l'avons vu flagellé et couronné d'épines ; nous l'avons vu exposé aux insultes et aux crachats de la foule soulevée par le Sanhédrin; nous l'avons suivi sur la route du Calvaire ; nous avons contemplé sa crucifixion, entendu ses paroles sur la Croix, entendu le cri avec lequel il a expiré ; nous avons vu le ciel s'obscurcir, la terre trembler, le voile du Temple se déchirer; nous avons pleuré avec les femmes et saint Jean sa mort et sa déposition sur la Croix ; enfin, nous avons observé la pierre tombale fermer sa sépulture et les gardes du temple veiller pour que personne ne s'approche pour voler son corps et dire qu'il était ressuscité des morts. Tout était déjà écrit, prophétisé, annoncé.

Les paroles des prophètes n'étaient pas suffisantes, bien qu'elles annonçassent avec la très douloureuse Passion du Sauveur aussi sa glorieuse Résurrection. Tout semblait terminé, tout était vain : les espoirs de trois ans de ministère public, de miracles, de guérisons semblaient se dissoudre devant la dure réalité d'une mort terrible et infâme, avec laquelle la vie du fils d'un charpentier de Galilée s'achevait définitivement.

C'est ce que nous avons devant nous à cette étape cruciale de l'histoire de l'humanité : un monde qui, pendant des siècles, a construit une civilisation - ou plutôt : la civilisation - sur les paroles du Christ, en Le reconnaissant Roi comme l'ont fait les gens de Jérusalem, et qui, en l'espace de quelques générations, Le renient, Le torturent, Le tuent avec les supplices les plus infâmes et veulent L'enterrer pour toujours. Et si nous ne sommes pas encore parvenus à la fin de cette passio Ecclesiæ c'est-à-dire à l'accomplissement de la Passion du Christ dans ses membres, le Corps Mystique nous savons que c'est quand même bientôt ce qui arrivera, car le serviteur n'est pas plus grand que son maître. Le monde contemporain a assisté aux manœuvres du Sanhédrin, qui en trois siècles a accompli sur la Sainte Église ce qu'en trois jours il avait fait à son Fondateur ; dans ce Sanhédrin, nous avons pu compter non seulement des rois et des princes, mais aussi des prêtres et des scribes, pour lesquels la Rédemption menaçait une usurpation au détriment d'un peuple trompé par ses propres dirigeants. En effet, Pilate sait bien qu'ils lui ont livré Jésus par jalousie.

Nous observons avec incrédulité que tout cela puisse se produire de nouveau, cette fois impliquant le corps entier de l'Église et non seulement son chef divin. Certains avec la crainte de voir échouer un programme politique de révolte, d'autres stupéfaits et incapables de comprendre comment les paroles du Seigneur peuvent se réaliser, quand tout laisse craindre le pire. Certains se dévoilent en considérant le Seigneur comme une opportunité pour tirer un avantage personnel et donc prêts à Le trahir, d'autres continuent à croire, apparemment contre toute logique.

Nous voyons les grands prêtres s'incliner devant le pouvoir temporel, se prosterner devant les idoles du mondialisme et de la Terre Mère - simulacre infernal du Nouvel Ordre Mondial - par la même terreur de se voir retirer un pouvoir usurpé, d'être découverts dans leurs mensonges, dans leurs tromperies. Les trahisons, les fornications, les perversions, les meurtres, la corruption mettent à nu toute une classe politique et religieuse indigne et traître. Et ce que les scandales révèlent n'est encore rien comparé à ce que nous apprendrons bientôt : l'horreur d'un monde submergé, où ceux qui devraient exercer l'autorité du Christ Roi dans la sphère civile et du Christ Pontife dans la sphère religieuse sont en réalité des adorateurs et des serviteurs de l'Ennemi, ni plus ni moins que ne l'étaient les prêtres montrés par le Seigneur au prophète Ézéchiel (Éz 8), cachés dans les profondeurs du Temple et voués à l'adoration de Baal. Sur eux la colère de Dieu est déchaînée par l'action punitive des ennemis : hier Nabuchodonosor ou Antioche Épiphane, Dioclétien ou Julien l'Apostat ; aujourd'hui les hordes de l'Islam envahissant, les Black Lives Matter, les adeptes de l'idéologie LGBTQ, les tyrans du Nouvel Ordre Mondial et de l'OMS. Et comme les précurseurs de l'Antichrist ont cru pouvoir vaincre le Christ et sont morts, ainsi mourront les serviteurs de l'Antichrist et l'Antichrist lui-même, exterminés par la droite de Dieu.

Quelle effusion de sang ! Combien de vies innocentes ont été détruites, combien d'âmes perdues à jamais, combien de saints arrachés au ciel ! Mais combien de martyrs silencieux, combien de conversions inconnues, combien d'héroïsme dans tant de personnes sans nom. Et parmi ceux-ci, nous ne pouvons pas ne pas mentionner les docteurs de l'Église, c'est-à-dire les évêques qui sont restés fidèles à l'enseignement du Seigneur, et les docteurs du peuple, c'est-à-dire les champions de la vérité catholique contre l'Antéchrist. Oui, mes chers amis et mes frères, car eux aussi seront là : et les docteurs du peuple éclaireront beaucoup de gens, et ils s'enfuiront pour rencontrer l'épée le feu, la captivité et le pillage pendant de nombreux jours.(Dan. XI, 33). Ce titre de docteur, juste récompense de l'ingéniosité jointe au travail, le Saint-Esprit l'attribue également, et avec une justice infinie, à de pauvres gens du peuple que la grandeur de leur foi a transformés en apôtres. Apôtres intrépides des vérités chrétiennes, ils les feront résonner dans les ateliers, dans les magasins, dans les rues, dans les campagnes, sur Internet. L'Antéchrist les haïra lui aussi, les considérant comme l'un des plus grands obstacles à l'instauration de son royaume tyrannique et les persécutera férocement ; car précisément quand il croira avoir sous son contrôle les chaires et les parlements, ce sera aussi grâce à eux que la flamme de la Foi ne s'éteindra pas et que le feu de la Charité allumera de nombreux cœurs jusque-là tièdes. Regardons autour de nous : la fureur montante de tant de crimes odieux et de tant de mensonges réveille de nombreuses âmes, les secouant de leur torpeur pour en faire des âmes héroïques prêtes à combattre pour le Seigneur. Et plus la bataille sera féroce et impitoyable dans les dernières phases, plus le témoignage des inconnus et des humbles sera déterminé et courageux.

Dans ce grand Parasceve de l'humanité, qui touche à sa fin et prélève à la victoire de la Résurrection, les cris obscènes et les viles cruautés de la foule nous terrifient et nous font penser que tout est perdu, surtout en contemplant combien d'Hosanna se sont transformés en crucifie Le. Mais il n'en est pas ainsi, mes frères. Au contraire, si nous sommes arrivés au vendredi de la Passion, nous savons que le silence du sabbat est imminent, qu'il sera bientôt déchiré non plus par le son des cloches de fête, mais par les trompettes du jugement, par le retour triomphal du Seigneur glorieux.

À qui le Sauveur ressuscité se montre-t-il en premier ? Il ne se montre ni à Hérode, ni à Caïphe, ni à Pilate, auxquels il aurait aussi pu donner une bonne leçon en apparaissant éclatant dans son vêtement blanc comme neige. Il ne se montre pas aux apôtres, qui ont fui et sont encore cachés dans le Cénacle. Il ne se montre pas à Pierre, qui pleure encore amèrement son reniement. Il se montre plutôt à la Madeleine, qui croit initialement qu'il s'agit d'un maraicher (ortholano) : à celle que la mentalité du monde de l'époque aurait considérée comme insignifiante, mais qui avait été avec la Très Sainte Marie et les Saintes Femmes pour accompagner le Seigneur au Calvaire, et qui s'occupait maintenant de laver et d'embaumer Son corps. Que cette délicatesse du Rédempteur envers la Madeleine soit donc une promesse pour le jour glorieux de son retour, quand d'autres catholiques sans nom, restés fidèles à l'heure de la Passion, mériteront de voir se lever à l'Est le Soleil de Justice qui ne connaîtra pas de coucher. Ainsi soit il !

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

Le 31 mars 2024
Dominica Paschatis, dans Résurrection du Seigneur
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