Une Église sans papauté. Abbé Clermont.

La Fraternité saint Pie X et ses satellites continuent à enseigner, à propos de la Papauté, une nouvelle doctrine qui s’éloigne de la doctrine catholique et qui, inévitablement, nourrit une mentalité de “petite église”: c’est-à-dire que le Pape (le Vicaire du Christ sur la terre, celui qui a reçu les clefs du Christ pour lier et délier) peut se tromper en matière de foi, peut enseigner des erreurs doctrinales, et cela en communion avec tous les évêques réunis en concile ou dans leurs enseignements Ordinaire Universel( MOU). Pourtant cette erreur a été condamnée par Pie IX au sujet de la secte des vieux-catholiques, très similaire aux mouvements lefebvristes en ce qu’ils enseignent (ou du moins impliquent) tous les deux que tous les évêques avec le Pape à leur tête pourraient tomber dans l’erreur durant un Concile Œcuménique :

« Tout en reniant et en renversant la véritable autorité de juridiction dans la personne du Pontife romain, et des évêques successeurs de saint Pierre et des Apôtres, et en la transférant au peuple, ou pour user de leur langage, à la communauté, ils rejettent avec opiniâtreté et attaquent le magistère infaillible et du Pontife romain et de toute l’Eglise enseignante, et, donnant un démenti au Saint-Esprit dont le Christ avait promis à l’Eglise l’assistance éternelle, par une audace incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans l’unité de foi et de communion, sont tombés dans l’hérésie en acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et en les professant. C’est pourquoi ils nient aussi l’indéfectibilité de l’Eglise, disant avec blasphème qu’elle a péri dans l’univers entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont fait défection. »

(Pape Pie IX, Etsi Multa Luctuosa, 21 Novembre 1873)

La doctrine lefebvriste induit que le Pape détruit l’Eglise, qu’un Pape peut promulguer une Messe et des Sacrements mauvais voire invalides.
Donc, selon cet enseignement, le fidèle peut désobéir habituellement à ce Pape, qui n’est plus la règle prochaine de la foi, mais un élément presque secondaire de l’Eglise; pourtant la saine doctrine enseigne qu’un catholique ne peut faire abstraction de l’enseignement et du gouvernement du Pape.

Le Concile Vatican I exige l’obéissance des fidèles, des prêtres et même des évêques non seulement en ce qui concerne la foi, mais aussi la discipline de l’Eglise :

« Les pasteurs de tout rang et de tout rite et les fidèles, chacun séparément ou tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent la foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l’Église répandue dans le monde entier. Ainsi, en gardant l’unité de communion et de profession de foi avec le Pontife romain, l’Église est un seul troupeau sous un seul pasteur. Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s’écarter sans danger pour sa foi et son salut. »
( Concile Vatican I, Pastor Æternus)


Etant précisé que le pape est la plus haute autorité de l’Église et seul titulaire de pouvoir de juridiction.

« Que le Christ et son Vicaire ne forment ensemble qu’une seule Tête, Notre immortel Prédécesseur, Boniface VIII, l’a officiellement enseigné dans sa Lettre apostolique Unam sanctam et ses successeurs n’ont jamais cessé de le répéter après lui.
Ceux-là se trompent donc dangereusement qui croient pouvoir s’attacher au Christ Tête de l’Église sans adhérer fidèlement à son Vicaire sur la terre. Car en supprimant ce Chef visible et en brisant les liens lumineux de l’unité, ils obscurcissent et déforment le Corps mystique du Rédempteur au point qu’il ne puisse plus être reconnu ni trouvé par les hommes en quête du port du salut éternel »

(Mystici Corporis Christi, 29 juin 1943, lettre encyclique de Pie XII)


Cette nouvelle doctrine répandue par les lefebvristes déforme gravement la vraie doctrine sur l’Eglise et de la Papauté. Faute de sortir d'une vision erronée du Concile Vatican II et de refuser les explications orthodoxes du magistère de l'Église sur celui-ci, les "traditionalistes" en arrivent à un renversement complet de la constitution monarchique de l'Église. Le Pape et les évêques doivent être corrigés par une infime partie de l'église enseignée( la fsspx et assimilés sont essentiellements constitués de prêtres et de fidèles ) qui usurpe une autorité magistérielle et canonique, ce qui est contraire à la Foi catholique. Pour éviter cette situation gravissime, les lefebvristes devraient enfin poser un acte d'humilité et de Foi en la Papauté et en l'indéfectibilité de l'Église, étudier sérieusement les réponses à leurs incompréhensions et les accepter dans la Foi. En continuant à enseigner qu’il faut désobéir habituellement au Pape et à l'Église "on crée, en somme, une Eglise sans Papauté, même une Eglise contre le Pape: mais cette position n’est pas compatible avec la Foi catholique"
Il est compréhensible que pour des prêtres qui ont enseigné pendant plusieurs décennies à leurs fidèles que l'Eglise est remplie d'erreurs, et donc sous l'influence du diable, il soit difficile de reconnaître s'être trompés ou avoir été trompés. Cependant il semble nécessaire de comprendre apres 60 ans de vie autarcique que ce n'est pas l'Eglise catholique qui doit se convertir au lefebvrisme mais bien le lefebvrisme qui doit enfin retourner dans le bercail de la seule Église du Christ. La véritable paix est a cette condition. Nombreux sont ceux qui l'ont déjà retrouvé.

Abbé Clermont.