Une erreur sur la chaire de Pierre ?

François : le pape qui ne veut pas être pape. Une erreur sur la chaire de Pierre ?
Par le père Joachim Heimerl

Les papes ne portent généralement pas de pantalon noir sous leur soutane blanche, ni de chaussures noires. Ils ne vivent pas dans les chambres d'hôtes du Vatican et n'utilisent pas de simples fauteuils roulants. Quel que soit son état de décrépitude, un pape conserve toujours la plus grande dignité. Il se doit moins à lui-même qu'à sa haute fonction ; après tout, être pape signifie toujours remplir un rôle plus grand que soi. Mais cela signifie aussi que l'on devient en partie quelqu'un d'autre.
C'est ce qu'indiquent les nombreux titres des papes, en particulier ceux qui les désignent comme "successeurs du Prince des Apôtres" ou comme "représentants de Jésus-Christ".

En fin de compte, seuls ceux qui sont prêts à renoncer à cette fonction sont aptes à exercer la papauté ; c'est la raison pour laquelle les papes prennent également un nouveau nom.
Avec François, en revanche, nous nous sommes habitués à une forme nouvelle - ou inhabituelle, et extrêmement excentrique - de papauté : François n'est pas quelqu'un qui accepte son rôle comme sa croix, mais qui s'approprie sa fonction de manière autocratique, et fatalement à sa guise. Les papes de la Renaissance ont agi de la sorte dans le passé et ont causé d'énormes dommages à l'Église, et François fait de même. Plus il reste en fonction, plus cela devient tourmentant et embarrassant, et plus les ruptures entre la fonction et la personne deviennent évidentes.

Après tout, François a toujours été Jorge Mario Bergoglio, un jésuite de surcroît. On peut trouver cela quelque peu "authentique" dans d'autres hautes fonctions, mais c'est un poison pour la fonction papale. Un pape doit devenir quelque chose de différent de ce qu'il était auparavant, ne serait-ce que pour être le représentant de ce qui est complètement différent. Ce n'est qu'à cette condition qu'un pape peut être véritablement authentique. Un pape ne s'appartient jamais, et l'on peut s'attendre à juste titre à ce que "François" ne soit jamais que "Jorge Mario Bergoglio".

Après tout, c'est l'humble Joseph Ratzinger qui en a fait la démonstration la plus impressionnante, lui qui n'a ni désiré la papauté, ni recherché la fonction papale, ni essayé de s'y adapter. - Certainement, comme Benoît XVI. Comme tous les papes, il a donné son accent, mais n'est jamais allé au-delà de ce que l'on attend généralement d'un pape. C'est pourquoi il n'a jamais fait preuve de complaisance ni ne s'est ridiculisé.
Avec François, les choses sont différentes. Il dépasse chaque jour le sujet papal et le fait de manière brutale : ce n'est que récemment qu'un monde choqué a appris qu'il avait l'habitude de jurer : aucun pape n'a jamais prononcé le mot "pédé" avant lui, et certainement pas en public.
Il semble donc normal qu'il soit considéré comme rancunier et parfois vindicatif ; son favoritisme scandaleux et ses relations avec les critiques conviennent davantage à un prince de la Renaissance qu'au successeur du Prince des Apôtres.

En résumé : François n'a pas l'humilité et le raffinement d'un pape ; il n'a ni la noble intellectualité de Benoît XVI, ni le charisme mystique de Jean-Paul II, ni la noblesse aristocratique de Pie XII. - Nous sommes enclins à dire qu'il a, au mieux, le contraire de tout cela, et nous montre constamment les caprices extravagants d'un Jorge Mario Bergoglio qui, tout en profitant pleinement du pouvoir de sa fonction, refuse obstinément d'être enfin "papal". Pendant ce temps, François ne peut même pas porter les vêtements obligatoires pendant la Sainte Messe, et les liturgies autrefois "papales" ont atteint leur point le plus bas.

Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que François envisage de changer de papauté. Au contraire, une telle démarche est cohérente pour un pape qui traite les enseignements et les traditions de l'Église de manière aussi autocratique que s'il s'agissait des carrières de Carrare.
À cet égard, la parution récente d'un "document d'étude" du Vatican traitant du ministère papal et du dialogue œcuménique a donné à réfléchir.
Cela semble complexe, mais c'est facile à comprendre : en fin de compte, il s'agit de dévaloriser la fonction papale pour qu'elle convienne à tout le monde, même à ceux qui ne sont pas "église" et qui n'ont pas de fonctions valables, comme les luthériens et les anglicans.

Il est évident qu'un "document d'étude" n'est pas un "document d'enseignement". Mais ce document est en fait un ballon d'essai et, grâce à l'approbation du pape, une indication fiable de la direction que devrait prendre la dernière ligne droite de ce pontificat : les confrontations avec les dogmes papaux du Concile Vatican I (1870), dont François veut réinterpréter la "marge de manœuvre", c'est-à-dire l'éliminer en grande partie, au moyen d'une "relecture".

Le problème est que ces dogmes sont clairs comme de l'eau de roche, qu'ils ne laissent aucune marge de manœuvre et qu'ils sont liés à l'anathème, c'est-à-dire à la malédiction du bannissement.

Une dévalorisation de la papauté n'est donc pas possible, du moins si l'Église veut rester catholique.
Mais est-ce encore le cas, ou un pape qui ne veut pas être pape n'a-t-il pas déjà conduit à l'érosion définitive du catholicisme ?

Malheureusement, on peut déjà répondre à cette question par un "oui" : le pontificat de Bergoglio a été une guerre contre l'Église qui a laissé une traînée de destruction : de la lutte répugnante contre la messe en latin à la "bénédiction" blasphématoire des couples adultères et homosexuels, rien n'a été épargné. La rumeur a longtemps circulé que François avait transformé l'Église catholique en une Église bergoglienne, ce qui est certainement vrai dans une certaine mesure.

À cet égard, il ne reste plus qu'à voir si François va maintenant risquer le crash final. Il pourrait s'agir d'une rupture nette avec les dogmes du Pape ou - comme la rumeur l'a laissé entendre ces derniers jours - d'une interdiction radicale de la messe en latin. Après tout, cela entraînerait également un anathème grâce à Pie V. Mais François ne se laissera pas décourager : le pape qui ne veut pas être papal se considère comme le pape de tous les papes. Il est clair qu'il s'agit là d'une erreur de calcul dramatique, et nous ne savons que trop bien qu'elle est favorisée par tous ceux qui occupent eux-mêmes une fonction pour laquelle ils ne sont pas faits.
AveMaria44
Le syndrome de Jupiter, il se prend pour Dieu et oublie que Dieu lui a confié un enseignement à conserver, à défendre à prêcher.