Le concile Vatican II. Par l'abbé Clermont.

Un concile " pastoral " qui n'oblige pas?

Certains, pour désobéir aux enseignements et aux directives du Pape et des évêques unis à Lui, ont pretexté que le concile Vatican II avait été simplement "pastoral" dans le sens qu'il n'obligerait uniquement que ceux qui le désirent. Outre le fait que cela ressemble peu à l'esprit du catholicisme, il est a remarquer que cette définition n'est pas celle, habituelle, de L'Église.

Tous les conciles ont été pastoraux puisque tous ont été un acte officiel des Pasteurs à l'attention des fidèles. Ils ont été pastoraux soit en définissant des dogmes, soit en défendant telle doctrine, soit en luttant contre des desordres, soit en proposant la doctrine de façon plus précise ou plus adaptée à telle époque. Vatican II a insisté sur ce dernier point comme Saint Jean XXIII, l'exprimait lors du discours d’ouverture du Concile Gaudet mater Ecclesia :

"Ces choses étant dites, vénérables frères, il est possible de voir avec suffisamment de clarté la tâche qui attend le Concile sur le plan doctrinal. Le XXIe Concile œcuménique […] veut transmettre dans son intégrité sans l’affaiblir ni l’altérer, la Doctrine Catholique.

Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est l’adhésion de tous, dans un amour renouvelé, dans la paix et la sérénité, à toute la doctrine chrétienne dans sa plénitude, transmise avec cette précision de termes et de concepts qui a fait la gloire particulièrement du Concile de Trente et du Ier Concile du Vatican. Il faut que […] cette doctrine soit plus largement et hautement connue […]. Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque."


Cette citation est suffisante pour montrer le poids doctrinal du concile Vatican II. Nous pourrions cependant ajouter que tous les documents du concile Vatican II se terminent avec l’acte solennel de promulgation formulé comme suit :

« Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette (Constitution dogmatique ou pastorale, ce décret ou cette déclaration) ont plu aux Pères du concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. Rome, … Moi, PAUL, évêque de l’Église catholique [suivent les signatures des Pères] ».

Plus tard Saint Paul VI, reprenant et précisant des indications données pendant le concile ecrira:

"Étant donné le caractère pastoral du concile, il a évité de prononcer d’une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais il a muni ses enseignements de l’autorité du Magistère ordinaire suprême : ce magistère ordinaire et manifestement authentique doit être accueilli docilement et sincèrement par tous les fidèles, selon l’esprit du concile concernant la nature et les buts de chaque document."

Il est donc certain que le concile Vatican II n’a absolument pas renoncé à être formellement doctrinal.

Nous sommes donc tout à fait étonné que des prêtres (puisque les fidèles ont rarement les connaissances doctrinales suffisantes ou la compréhension juste) puissent rejeter un concile et tout l'enseignement subsequent des papes sous prétexte d'une interprétation incorrect du terme : " pastoral".

D'autre part le concile, dans son enseignement, est l’œuvre du Magistère suprême possédé et exercé par le Magistère universel (ensemble des évêques avec le pape). Quand on dit que l’acceptation du concile Vatican II est absolument requise pour la pleine communion avec l’Église, c’est cette reconnaissance de principe que l’on demande.

Selon l'Abbe Lucien un autre tour de passe-passe est utilisé: " L’autre argument concède que le concile Vatican II a été en quelque manière doctrinal ou dogmatique. Mais, nous dit-on : matériellement dogmatique et non formellement. On concède que certains documents parlent de dogmes. Mais on ajoute qu’ils le font sans autorité magistérielle propre, et surtout sans autorité magistérielle infaillible. Cette argumentation cloche doublement. D’abord, elle minimise le magistère simplement authentique. Même s’il n’y avait aucun exercice de l’infaillibilité à Vatican II, il faudrait en de nombreux cas reconnaître l’exercice du magistère simplement authentique au sens strict. Et ainsi on voit déjà que le concile Vatican II a été formellement doctrinal en de nombreux textes.
Mais l’erreur s’accroît par la confusion entre exercice infaillible du magistère et jugement solennel (définition dogmatique). Alors l’argument nie l’infaillibilité parce que son exercice extraordinaire n’a pas eu lieu. C’est banalement la négation de l’existence de l’infaillibilité selon le mode ordinaire. Nous avons vu que cette thèse était contraire à la foi catholique.
Laissant de côté ces erreurs, on peut aborder sereinement la discussion autour du concile Vatican II, en appliquant les normes classiques sur les degrés d’autorité du magistère.

(Source : Bernard Lucien, “Les degrés d’autorité du magistère”.)

Il a été rétorqué par ignorance que le "magistère simplement authentique " serait une invention conciliaire. Cela est évidemment faux, nous le trouvons ordinairement sous la plume des papes et des théologiens, exemple de Léon XIII dans Satis Cognitum (Encyclique)

« […] Jésus-Christ a institué dans l’Église un magistère vivant, authentique et, de plus, perpétuel, qu’Il a investi de Sa propre autorité, revêtu de l’esprit de vérité, confirmé par des miracles, et Il a voulu et très sévèrement ordonné que les enseignements doctrinaux de ce magistère fussent reçus comme les Siens propres. Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes. »

Des manoeuvres humaines peuvent-elle corrompre un Concile Œcuménique ?

Certains s’imaginent que l'unanimité morale des évêques qui ont ratifié les décrets du Concile Vatican II aurait pu être corrompue par le modernisme ou trompée par l’influence de quelques théologiens, en citant notamment les actes du Concile. C’est une chose tout à fait fausse car même en dépit d’un processus biaisé et semé d’embûches, les décrets finaux des Conciles Oecuméniques jouissent de la protection du Saint Esprit.
Relativement aux conciles, Bossuet (et, avec lui, la théologie catholique), distingue entre l’histoire d’un concile et son autorité doctrinale. Son histoire est souvent pleine de discussions et de problèmes. Mais, une fois ses décisions promulguées et approuvées par le pape, il revêt l’autorité du magistère, et le côté humain de son histoire s’efface devant la valeur de ses décrets.

Voici ce qu'en dit le docteur de L'Église Saint François de Sales:

"Vous avez ouï dire, Théotime, qu’ès conciles généraux il se fait des grandes disputes et recherches de la vérité, par discours, raisons et arguments de théologie, mais la chose étant débattue, les Pères, c’est-à-dire, les évêques et spécialement le Pape qui est le chef des évêques, concluent, résolvent et déterminent, et la détermination étant prononcée., chacun s’y arrête et acquiesce pleinement, non point en considération des raisons alléguées en la dispute et recherche précédente, mais en vertu de l’autorité du Saint-Esprit, qui, présidant invisiblement ès conciles, a jugé, déterminé et conclu par la bouche de ses serviteurs qu’il a établis pasteurs du christianisme. L’enquête donc et la dispute se fait au parvis des prêtres, entre les docteurs ; mais la résolution et l’acquiescement se fait au sanctuaire, où le Saint-Esprit qui anime le corps de l’Église, parle par les bouches des chefs d’icelle, selon que notre Seigneur l’a promis. Ainsi l’autruche produit ses oeufs sur le sablon de Libye, mais le soleil seul en fait éclore le poussin; et les docteurs, par leurs recherches et discours, proposent la vérité, mais les seuls rayons du soleil de justice en donnent la certitude et acquiescement."
(Traité de l’amour de Dieu, livre II, chapitre XIV)


Pie IX confirme bien ce point doctrinal:

Outre le mal qu’ils font en jetant ainsi le trouble parmi les fidèles et en livrant aux discussions de la rue les plus graves questions, ils Nous réduisent à déplorer dans leur conduite une déraison égale à leur audace. S’ils croyaient fermement, avec les autres catholiques, que le Concile œcuménique est gouverné par le Saint-Esprit, que c’est uniquement par le souffle de cet Esprit divin qu’il définit et propose ce qui doit être cru, il ne leur serait jamais venu en pensée que des choses non révélées ou nuisibles à l’Église pourraient y être définies, et ils ne s’imagineraient pas que des manœuvres humaines pourront arrêter la puissance du Saint-Esprit et empêcher la définition de choses révélées et utiles à l’Église.
(Bref Dolendum profecto de Pie IX à Prosper Guéranger (12 mars 1870))


Conclusion
Ce que nous venons de rappeler ruine de fond en comble les deux dérives que sont le" lefebvrisme "et le "sédévacantisme ".
Le lefebvrisme trouve sa justification dans un concile qui serait pastoral selon leur propre compréhension hétérodoxe.
Cela leur permet de désobéir et de faire leur propre magistère sans toucher au dogme de l'indéfectibilité de l'Église, ce qui les mettrait au banc de celle-ci.
Le sédévacantisme accepte la doctrine sur l'autorité des conciles mais considère Vatican II comme hérétique alors que précisément il ne peut-être que protegé de l'erreur dans ses promulgations. Il en conclut par un raisonnement circulaire et inversé que le concile étant hérétique ( selon eux) les papes ne sont pas papes. Le raisonnement catholique est inverse, le concile à été promulgué par un pape légitime ( ptecisons que seul le magistère suprême peut déclarer un anti-pape, ce qu’il n'a pas fait depuis 60 ans et plusieurs papes) avec l’acquiescement unanimes des évêques (prouvé par les signatures) ,donc il ne peut être hérétique. Le sédévacantisme détruit l'indéfectibilité et la visibilité perpétuelle de L'Église, dogmes de Foi.
Tout cela est pourtant simple pour un catholique : le concile Vatican II est un Concile de L'Église catholique avec son autorité propre, il est couvert par la protection de l'Esprit-Saint car Dieu a promis que les porte de l'enfer ne prevaudrons pas, ce dernier est donc incompris par les dissidents qui refusent d'ecouter les explications orthodoxes du magistère et des organes de L'Église. En d'autres termes ils semblent n'avoir plus la Foi dans L"Eglise, ni dans l'acte de Foi qu'ils recitent matin et soir. Mais à Jésus rien n'est impossible. "Jésus, j'ai confiance en vous."

Abbé Clermont.