Les erreurs de l'Abbé Pagès concernant la théologie de l'Eglise sur les relations avec les non …
I) Réponse à l'Abbé Pagès sur les Protestants évangéliques
Vidéo diffusée ici
Début du texte de la vidéo :
« Les chrétiens évangéliques, héritiers de la Réforme protestante (Ac 20.29), sont souvent caractérisés par leur grand zèle à annoncer Jésus comme le seul Sauveur, mais c'est Jésus qui dresse leur vrai portraitlorsqu'Il annonce que beaucoup de ceux qui proclament son Nom viendront au Dernier Jour si sûrs de leurs bons droits à recevoir la récompense éternelle, qu'ils Lui diront : « Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton Nom que nous avons prophétisé ? en ton Nom que nous avons chassé les démons ? en ton Nom que nous avons fait bien des miracles ? », toutes œuvres-là sur lesquelles effectivement les évangéliques s'appuient pour assurer qu'ils sont, eux, de vrais chrétiens, parce qu'accomplissant les mêmes œuvres que les Apôtres. Or, Jésus leur dira « en face : Jamais Je ne vous ai connus, éloignez-vous de Moi, vous tous qui faites le mal. » (Mt 7.21-23)... Il y a donc actuellement beaucoup de gens, « beaucoup » nous dit Jésus, qui croient agir au nom de Jésus, et qui se damnent... »
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Monsieur l'abbé Pagès,
Il me semble que vos erreurs sur la question du judaïsme puissent être comparées plus largement avec d'autres erreurs que vous commettez à mon sens sur la question théologique de la relation de l'Eglise catholique avec les non-catholiques, laquelle se doit de dialoguer avec respect sans trahir la mission évangélisatrice et salvatrice que lui a confiée le Seigneur Jésus.
Vous semblez ainsi avoir une immense difficulté à percevoir la droiture des hommes de bonne volonté non catholiques, focalisé si ce n'est obnubilé que vous semblez être sur les graves erreurs contenues effectivement dans leurs traditions religieuses respectives.
Sur les protestants évangéliques, vous sous-entendez, par un raccourci regrettable, qu'ils appartiendraient en bloc à la catégorie de ceux qui se présenteraient devant le Seigneur en Lui disant : « Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? », et qui s'entendraient aussitôt répondre par Lui : "Je ne vous ai jamais connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité" ! (Mat 7, 22-23)
Or, le CEC n° 846 à 848 affime ceci :
« Comment faut-il entendre cette affirmation souvent répétée par les Pères de l'Église (hors de l'Eglise catholique point de salut) ? Formulée de façon positive, elle signifie que tout salut vient du Christ-Tête par l'Église qui est son Corps :
… C'est pourquoi ceux qui refuseraient soit d'entrer dans l'Église catholique, soit d'y persévérer, alors qu'ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés. »
Et Jean-Paul II dans son Encyclique Ut unum sint sur l'engagement œcuménique, datée de 1995, affirmait ceci :
"Par la grâce de Dieu, ce qui appartient à la structure de l'Eglise du Christ n'a pourtant pas été détruit, ni la communion qui demeure avec les autres Eglises et Communautés ecclésiales.
En effet, les éléments de sanctification et de vérité présents dans les autres Communautés chrétiennes, à des degrés différents dans les unes et les autres, constituent la base objective de la communion qui existe, même imparfaitement, entre elles et l'Eglise catholique.Dans la mesure où ces éléments se trouvent dans les autres Communautés chrétiennes, il y a une présence active de l'unique Eglise du Christ en elles. C'est pourquoi le Concile Vatican II parle d'une communion réelle, même si elle est imparfaite. La constitutionLumen gentium souligne que l'Eglise catholique « se sait unie pour plusieurs raisons » avec ces Communautés, par une certaine et réelle union, dans l'Esprit Saint."
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Il s'ensuit ici Père Pagès que :
1- Vos jugements sur la destinée éternelle des âmes protestantes évangéliques sont plus qu'hasardeux. Rien en effet ne vous permet de savoir avec certitude si leur rejet de l'Eglise catholique n'est pas de très bonne foi (compte tenu des blessures de l'Histoire et des préjugés qu'elles ont occasionnés chez les Protestants) parce que ni leur conscience, ni leur théologie, n'arrivent sincèrement à voir en l'Eglise catholique l'Eglise fondée de Dieu par Jésus-Christ. Et par conséquent il vous est impossible de sonder leurs coeurs pour savoir si leur attachement au Christ Jésus est authentique ou pas !
2- L'Esprit Saint travaille et sanctifie parfois les âmes de ces communautés ecclésiales, qui peuvent in fine être sauvées sans appartenir explicitement à l'Eglise catholique...
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II) Réponse à l'Abbé Pagès sur les Juifs et les Musulmans soi-disant "fils du diable" !
(à partir d'un ancien commentaire adressé à M. l'Abbé Pagès)
Vidéo accessible ici et apparemment retirée telle quelle depuis sur gloria.tv. L'expression "fils du diable" est donc employée dans le titre même, et en conclusion de la vidéo.
Je répondrai à partir de la présentation de la vidéo sur youtube et du commentaire d'une des "disciples" du Père Pagès,"Islam&vérité"...
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Présentation de la vidéo sur Youtube :
« Le Diable n'est ni le Dieu du mal, ni n'a été créé mauvais par Dieu. Il s'est lui-même rendu mauvais, de bon qu'il était, pour avoir refusé de rester en relation avec Dieu et se recevoir de Dieu. De même, parmi les hommes, celui qui refuse d'accueillir Jésus comme étant Dieu, la Parole de Dieu (Coran 3.45 ; 4.171 ; 19.34) et Dieu ne faisant nécessairement qu'un, devient lui-même « fils du diable », dans l'imitation de celui-ci, le refus de Dieu et de Sa parole. »
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Islam&vérité a écrit :
Lorsque je vous dis que vous attribuez à l'abbé les paroles de Jésus ? C'est pourtant la vérité. Ce n'est pas l'abbé qui traite les juifs qui ne crurent pas en lui de "fils du diable" (Jean, chapitre 8):
« 8.39 Ils lui répondirent: Notre père, c'est Abraham. Jésus leur dit: Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham.
8.40 Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a point fait.
8.41 Vous faites les oeuvres de votre père. Ils lui dirent: Nous ne sommes pas des enfants illégitimes; nous avons un seul Père, Dieu.
8.42 Jésus leur dit: Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé.
8.43 Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole.
8.44 Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge.
8.45 Et moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
8.46 Qui de vous me convaincra de péché? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? 8.47 Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu; vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu.
8.48 Les Juifs lui répondirent: N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu as un démon?
8.49 Jésus répliqua: Je n'ai point de démon; mais j'honore mon Père, et vous m'outragez. 8.50 Je ne cherche point ma gloire; il en est un qui la cherche et qui juge. 8.51 En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. »
Islam&verite poursuit ainsi :
Parce que les juifs d'aujourd'hui croient en Jésus-Christ, Fils de Dieu ? Parce que les juifs d'aujourd'hui aiment Jésus-Christ ? Parce que les musulmans eux aussi peut être croient en Jésus-Christ, Fils de Dieu, deuxième personne de la sainte trinité ?
Quelle différence y a t-il exactement entre les "juifs d'hier" qui n'ont pas cru en Jésus et les Juifs d'aujourd'hui, qui ne croient toujours pas en Jésus, en dehors qu'ils ne pourront le tuer deux fois et ne le feraient sans doute pas (encore que, comment en être sûrs ?) Dites moi, je ne demande qu'à apprendre !
Jésus leur dit: Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé. 8.43 Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. Les juifs aujourd'hui aiment-ils Jésus ? Comprennent-ils Son langage ? Toutefois, il y a une chose que nous pouvons espérer et en laquelle nous pouvons croire (en laquelle je crois en tout cas) : un jour le peuple juif se convertira et reprendra la première place qui aurait dû être la sienne. Mais dans l'attente, et selon la parole de LA PAROLE, le Verbe Lui-Même, ils sont comme tous ceux qui ne L'AIMENT PAS, "Fils du diable".
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Voici ma réponse :
La question pourtant devrait se poser en ces termes :
Est-ce que ne pas croire explicitement en Jésus comme Dieu et Sauveur signifie pour autant le haïr concrètement et être par conséquent un "fils du diable" ?
Cette question a été tranchée par le saint Magistère. Voici un extrait de cette excellente page christus-web.com/hors-eglise-point-de-salutqui rend compte de la position du saint Magistère sur cette question :
« Mais si le concile de Trente insiste sur la médiation obligatoire de l’Église pour tout homme cherchant la vérité il introduit une notion intéressante : le baptême de désir. En effet, des personnes peuvent ne pas avoir un accès direct à la révélation chrétienne, soit parce qu’elles se trouvent dans un lieu encore inaccessible à l’évangélisation, soit parce qu’elles ont une image négative du christianisme issue d’un jugement faussé qui ne leur est pas imputable (contres-témoignages de chrétiens, mais aussi calomnie des médias), cette ignorance de la médiation de l’Église n’est donc pas une faute de leur part. Pour ces personnes il reste la « loi naturelle » : leur cœur, leur conscience va les aider à discerner au cour de leur vie le bien du mal, et c’est sur cela qu’elle seront « jugées ». La limite est moins située entre baptisés et non-baptisés que dans le cœur de chacun :
"Quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ; ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur coeur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d’éloge qu’ils portent les uns sur les autres… au jour où Dieu jugera les pensées secrètes des hommes, selon mon Evangile, par le Christ Jésus (Romains 2, 14-16).
Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal (Gaudium et Spes, 22.5).
L’Église sait que la question morale rejoint en profondeur tout homme, implique tous les hommes, même ceux qui ne connaissent le Christ et son Évangile, ni même Dieu. Elle sait que précisément sur le chemin de la vie morale la voie du salut est ouverte à tous, comme l’a clairement rappelé le Concile Vatican II : « Ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère, et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel. » Et il ajoute : « À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie (Lumen Gentium n. 16) (Jean Paul II,Veritatis Splendor, n. 3). ... »
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Voilà pour ce très édifiant extrait.
Il s'ensuit que le rejet provisoire du Christ Jésus comme Dieu et Sauveur de la part de beaucoup de Juifs et de Musulmans peut être dû à leur ignorance et à leurs préjugés, que la théologie catholique qualifie d'« invincibles ».
Leur bonne foi, leur conscience droite, pourra probablement leur donner l'occasion un jour, et pour beaucoup seulement lors du Jugement individuel (cf. Spe Salvi), de consentir à l'Evangile du Salut, et d'être sauvés, étant donné les bonnes dispositions de leur âme.
Ces hommes de bonne volonté sont donc dans un état intermédiaire, consistant à vivre selon leur conscience et selon les lois de leurs traditions religieuses respectives, aussi gravement imparfaites et erronées soient-elles, à rejeter le mal autant que possible, et hélas en même temps à ne pas avoir la chance de vivre dans une connaissance consciente d'amitié et de charité avec le Christ Jésus. Mais au titre de leur bonne volonté, de leur conscience droite (en plus du fait que cette accusation d'être des "fils du diable"manque on ne peut plus de tact dans le cadre de l'évangélisation des musulmans et des juifs !), on ne peut donc les qualifier de "fils du diable", car cette expression implique une volonté et une intelligence en soi perverses...
Le Père Pagès et vous-même avez donc tort de rapprocher leurs cas de celui des juifs perfides (rapporté en Jean 8) qui eux rejetaient consciemment le Seigneur Jésus, étaient ipso facto très proches du péché contre l'Esprit-Saint, et pouvaient à ce titre être appelés « fils du diable ».
Il vous faudrait donc choisir votre « camp » théologique entre celui du saint Magistère vivant, seul capable d'interpréter la Tradition sainte, et celui de la théologie de "catholiques" schismatiques dont vous vous inspirez sur le fond, sans peut-être en avoir conscience, et dont voici ici un bon résumé sur ce sujet ?...
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CONCLUSION
En conclusion, j'oserai vous poser la question suivante : ne pensez-vous pas que vous avez tendance à parfois prendre votre magistère personnel pour le Magistère de l'Eglise ? Sachez que je ne veux en aucun cas vous blesser ni vous manquer de respect en exprimant ma pensée avec autant de franchise.
Que le Bon Dieu vous garde, vous inspire et vous bénisse Monsieur l'Abbé !