14 calomnies sur Jean-Paul II. Archidiacre.

Cet article, mis à jour régulièrement, recueille des calomnies faites à l’encontre du pape saint Jean-Paul II. Elle n’est bien sûr pas exhaustive (ses ennemis en créent chaque jour de façon obsessive), mais elle montre à quel point les méthodes se répètent : ses phrases et actions sont examinées hors contexte, avec un a priori biaisé, et lui donnent toujours un sens hérétique et scandaleux alors qu’un minimum de discernement et de charité l’écarterait facilement. Les plus ridicules donnent aussi faussement à ses méditations, ses homélies, ses entretiens ou ses conférences un poids magistériel, en vérité, tout catholique peut être en désaccord privé et respectueux avec ces opinions. Nous réfutons d’ailleurs l’argument qui consiste à dire qu’autant d’accusations « prouve » que la catholicité du Pape soit douteuse : mentir et juger témérairement, même 1000 fois, ne rend pas la victime coupable. C’est avant tout aux catholiques de faire preuve de charité et de s’abstenir de porter un jugement dans l’incompréhension.
SOMMAIRE :

1 – Il aurait reçu la bénédiction d’un shaman amérindien
2 – Il aurait concélébré la Messe avec les anglicans
3 – Il aurait attaqué le dogme de l’Immaculée Conception
4 – Il aurait fait du syncrétisme religieux lors des rassemblements d’Assise
5 – Il aurait prétendu que le bouddhisme pouvait sauver
6 – Il aurait prétendu que l’Esprit-Saint maintiendrait les fidèles des autres religions dans leur fausses croyances
7 – Il aurait enseigné que l’état de mariage est égal à l’état de célibat
8 – Il aurait désiré que Dieu protège les erreurs de l’Islam
9 – Il contredirait Pie XI sur la fonction de femme au foyer
10 – Il aurait été marqué au front par une prêtresse de Shiva lors d’un rite Hindou
11 – Sa thèse de doctorat en théologie aurait été rejetée car hérétique
12 – Il aurait déclaré « Le Christ est mort pour tous les hommes et donc tout homme est sauvé qu’il le sache ou non, qu’il l’accepte ou non par la foi »
13 – Il aurait reçu une bénédiction païenne par une shaman
14 – Il aurait blasphémé en promulguant les mystères lumineux

1. Il aurait reçu la bénédiction d’un shaman amérindien
Le 14 septembre 1987, le pape se rendit en Arizona, dans l’Ouest Américain. Parmi ses arrêts les plus mémorables, on peut citer sa participation à la conférence Tekakwitha à l’Arizona State Fair Grounds Coliseum. Il s’agit d’un rassemblement national de catholiques amérindiens. Durant la Messe ayant rassemblé environ 75000 personnes, le pape a été béni et a reçu une plume d’aigle. Pour les natifs amérindiens, c’est le symbole de la paix, de l’amour et du respect. « Je vous présente cette plume au nom de tous les Amérindiens du continent nord-américain », a déclaré Emmett White, de la tribu Pima, qui a remis une plume d’aigle au Pape.

Or, la tribu Pima est en partie catholique, et Emmett White fait partie de cette religion. Our Sunday Visitor du 17 Avril 2005 décrit l’image ci-dessous en nommant « le médecin Pima Catholique ». En effet, sur cette photographie, on voit clairement Emmett White porter une croix autour du cou :

La plume d’aigle n’est donc ici qu’un symbole culturel, dépourvu de paganisme en ce contexte, mais bien ancrée dans une signification chrétienne.

2. Il aurait concélébré la Messe avec les anglicans
Les détracteurs du pape pensent qu’il aurait concélébré une Messe avec l’archevêque anglican, lors de sa visite pastorale en Grande-Bretagne le 29 mai 1982. Or, il ne s’agissait pas d’une Messe, mais d’une célébration œcuménique. En effet, le Pape y a prononcé une homélie dans laquelle il y déclare qu’il a prononcé avec l’archevêque anglican de Canterbury des prières communes et lu des passages de la Sainte-Ecriture à propos de l’unité. Il s’agit donc non pas de communio in sacris mais de communio in spiritualibus. Il n’est nulle part fait mention de Messe ou de concélébration, et on ne voit aucun objet liturgique sur les photographies.
De plus, dans l’encyclique Ut Unum Sint, saint Jean-Paul II fera référence à cet événement en précisant qu’il s’agissait d’une « prière commune » :

« Je me rappelle avec une émotion toute particulière la prière commune avec le Primat de la Communion anglicane dans la cathédrale de Cantorbéry le 29 mai 1982, lorsque, dans cet admirable édifice, je reconnaissais un « témoignage éloquent à la fois de nos longues années d’héritage commun et des tristes années de division qui ont suivi » »

– PAPE SAINT JEAN-PAUL II, UT UNUM SINT

Le Pape Pie XII, via le Saint-Office, avait déclaré en 1947 que des prières approuvées par l’Eglise peuvent être récités par des chrétiens de différentes confessions :

« V- Bien que, dans toutes ces réunions et conférences, il faille éviter toute communication, quelle qu’elle soit, dans le domaine du culte, la récitation en commun du Notre Père ou de quelque prière approuvée par l’Eglise catholique n’est pas interdite pour l’ouverture ou la clôture desdites réunions. »

– SAINT OFFICE, ON THE ECUMENICAL MOVEMENT

Par ailleurs, le pape a enseigné en 2003 qu’il n’était pas possible de concélébrer la même liturgie eucharistique entre chrétiens de différentes Églises ; car l’Eucharistie comporte l’exigence, à laquelle on ne saurait déroger, de la communion totale ; d’après les normes posées par le Concile Vatican II, et par plusieurs canons, dont le canon 908 du Code de Droit Canonique de 1983 :

« Précisément parce que l’unité de l’Église, que l’Eucharistie réalise par le sacrifice du Christ, et par la communion au corps et au sang du Seigneur, comporte l’exigence, à laquelle on ne saurait déroger, de la communion totale dans les liens de la profession de foi, des sacrements et du gouvernement ecclésiastique, il n’est pas possible de concélébrer la même liturgie eucharistique jusqu’à ce que soit rétablie l’intégrité de ces liens. Une telle concélébration ne saurait être un moyen valable et pourrait même constituer un obstacle pour parvenir à la pleine communion, minimisant la valeur de la distance qui nous sépare du but et introduisant ou avalisant des ambiguïtés sur telle ou telle vérité de foi. Le chemin vers la pleine unité ne peut se faire que dans la vérité. En cette matière, les interdictions de la loi de l’Église ne laissent pas de place aux incertitudes,(92) conformément à la norme morale proclamée par le Concile Vatican II. (93) »

– Pape saint Jean-Paul II, Encyclique Ecclesia de Eucharistia.

3. Il aurait attaqué le dogme de l’Immaculée Conception

Le 29 mai 1996, dans une audience générale, saint Jean-Paul II commentait ce verset :

« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »

GENÈSE 3 : 15

Les critiques du Pape citent ce passage de l’audience pour en conclure de son hérésie :

« Parallèlement au récit de Luc de l’Annonciation, la Tradition et le Magistère ont indiqué le Proto-évangile (Gn 3, 15) comme source écrite de la vérité sur l’Immaculée Conception de Marie. Ce texte a inspiré, à partir de l’ancienne version latine: «Elle t’écrasera la tête », de nombreuses représentations de l’Immaculée qui écrase le serpent sous ses pieds.

Nous avons déjà eu l’occasion de rappeler précédemment que cette version ne correspond pas au texte hébreu, dans lequel ce n’est pas la femme, mais sa lignée, son descendant, qui écrase la tête du serpent, le texte n’attribue donc pas à Marie, mais à son Fils, la victoire sur Satan. »

– Pape saint Jean-Paul II, Audience du 29 mai 1996.

Ils l’opposent au pape Pie IX, dans lequel il promulguait en 1854 le dogme de l’Immaculée Conception :

« Tout cela est plus clair que le jour ; cependant, comme si ce n’était point assez, les Pères ont, en propres termes et d’une manière expresse, déclaré que, lorsqu’il s’agit de péché, il ne doit pas en aucune façon être question de la Sainte Vierge Marie parce qu’elle a reçu plus de grâce, afin qu’en elle le péché fût absolument vaincu et de toutes parts. Ils ont encore professé que la Très glorieuse Vierge avait été la réparatrice de ses ancêtres et qu’elle avait vivifié sa postérité ; que le Très-Haut l’avait choisie et se l’était réservée dès le commencement des siècles ; que Dieu l’avait prédite et annoncée quand il dit au serpent : « Il mettrai l’inimitié entre toi et la femme » (Gn III, 15), et que, sans aucun doute, elle a écrasé la tête venimeuse de ce même serpent ; et pour cette raison, ils ont affirmé que la même Vierge Bienheureuse avait été, par la grâce, exempte de toute tache du péché, libre de toute contagion et du corps, et de l’âme, et de l’intelligence ; qu’elle avait toujours conversé avec Dieu ; qu’unie avec Lui par une alliance éternelle, elle n’avait jamais été dans les ténèbres, mais toujours dans la lumière, et par conséquent qu’elle avait été une demeure tout à fait digne du Christ, non à cause de la beauté de son corps, mais à cause de sa grâce originelle. »

– Pape Pie IX, Constitution Ineffabilis Deus.

Or, la citation du pape Jean-Paul II a été totalement tirée de son contexte. Bien loin d’affirmer que la sainte Vierge n’aurait pas écrasé le serpent, il a fait remarquer que c’est la descendance de la femme qui atteint le serpent, et que, en conséquence, l’Immaculée est victorieuse non pas par elle-même, mais en vertu de son Fils ; puisque c’est en vertu du Christ, c’est par une grâce spéciale de Dieu accordée à la sainte Vierge qu’elle a été préservée du péché originel. Ainsi, la représentation de la sainte Vierge écrasant le serpent n’est pas contradictoire avec le sens originel :

« Toutefois, comme la conception biblique instaure une solidarité profonde entre un parent et sa descendance, la représentation de l’Immaculée qui écrase le serpent, non par sa propre vertu, mais par la grâce du Fils, est cohérente avec le sens original du passage. »

– Pape saint Jean-Paul II, Audience du 29 mai 1996.

Durant la même audience, il rappellera le dogme de l’Immaculée Conception :

« Pour être l’ennemie inconciliable du serpent et de sa descendance, Marie devait être exempte de toute domination du péché. Et cela, dès le premier moment de son existence.
[…]
L’hostilité absolue établie par Dieu entre l’homme et le démon présuppose donc en Marie l’Immaculée conception, c’est-à-dire une absence totale de péché, dès le début de sa vie. le Fils de Marie a remporté la victoire définitive sur Satan et il en a fait bénéficier sa mère de façon anticipée, en la préservant du péché.
En conséquence, son Fils lui a accordé le pouvoir de résister au démon, en accomplissant ainsi dans le mystère de l’Immaculée Conception l’effet le plus important de son œuvre rédemptrice. »

– Pape saint Jean-Paul II, Audience du 29 mai 1996.

4. Il aurait fait du syncrétisme religieux lors des rassemblements d’Assise

Nous démontrons dans la vidéo suivante les bons fondements et principes orthodoxes du dialogue interreligieux dans la vidéo suivante. Nous discutons aussi les mauvaises interprétations des rencontres d’Assise bel et bien rejetées par l’Eglise. Nous parlons aussi du maladroit baiser du Coran et de l’abus commis par les bouddhistes présents sur place.

Voir aussi les articles suivant en complément:

Réunion multi-religieuse d’Assise : l’objectif de saint Jean-Paul II
Défense des rassemblements interreligieux à Assise
Défense du second rassemblement interreligieux à Assise

En 1986 et en 2002, le pape saint Jean-Paul II a organisé deux rassemblements interreligieux à Assise. Les détracteurs du pape affirment que le pape s’était rendu coupable de syncrétisme. Mais au lieu de se fier à des photographies liées à des explications faussées, il est important de comprendre son intention réelle exprimée publiquement.

Le 22 octobre 1986, dans une Audience générale, le Souverain Pontife explique aux fidèles en quoi va consister la réunion interreligieuse. Il dit que les autres religions ont en elles des semences de vérités, tel que l’enseigne le Concile Vatican II (et même le pape Pie XII), se fondant sur les Pères de l’Eglise. Parmi ces rayons de vérité, on peut y noter la religiosité des autres religions. Bien que l’Eglise respecte cette religiosité, qui, prise en elle-même, est une vertu, elle n’entend évidemment pas prier Dieu à la manière comme dans les fausses religions, d’où l’expression « être ensemble pour prier » :

« Précisément parce que le Christ est le centre de tout dans l’histoire et dans le cosmos, et comme “nul ne va au Père que par Lui” (cf. Jn 14,6), nous pouvons nous tourner vers les autres religions dans une attitude où s’entrecroisent simultanément un sincère respect et un fervent témoignage du Christ auquel nous croyons. En effet, il y a souvent en elles les semina Verbi “semences du Verbe” [5] et “un rayon de l’unique vérité” dont parlaient déjà les premiers Pères de l’Église, vivant et opérant au milieu du paganisme, et auxquels se réfère le Concile Vatican II […]. Tout en étant conscients de ce que nous tenons pour les limites de ces religions, ceci n’empêche d’aucune manière qu’il faut reconnaître chez elles des valeurs et des qualités religieuses souvent insignes (cf. NA 2). Voilà, précisément, les “traces” ou “semences” du Verbe et les “rayons de sa vérité”. Parmi ces “semences” et ces “rayons”, on relève notamment la prière qu’accompagne souvent le jeûne ainsi que d’autres formes de pénitence et le pèlerinage aux lieux sacrés, entourés d’une grande vénération. Nous respectons cette prière même si nous n’entendons pas faire nôtres des formules qui expriment d’autres visions de la foi. Tout comme, du reste, les autres ne voudraient pas prendre à charge nos propres prières. C’est pour cette raison que, pour la rencontre d’Assise, a été choisie la formule : “Être ensemble pour prier”. Certes, il n’est pas possible de “prier ensemble”, c’est-à-dire de faire une prière commune, mais on peut être présent quand les autres prient ; de cette manière, nous manifestons notre respect pour la prière d’autrui et pour l’attitude d’autrui devant la Divinité ; en même temps nous offrons aux autres l’humble et sincère témoignage de notre foi en Jésus-Christ, Seigneur de l’Univers. […] »

– Pape saint Jean-Paul II, Audience du 22 octobre 1986.

Quelques jours plus tard, Jean-Paul II réunit de nombreuses religions, afin que leurs membres, chacun à leur manière et suivant leur conscience, puissent prier pour la paix, dans un contexte de fin de guerre froide. Le fait que plusieurs religions prient pour un objectif commun (à savoir la paix), chacun selon leur conscience, n’est pas du syncrétisme. Le fait d’attribuer la même valeur aux prières des différentes religions, et prétendre qu’elles seraient égales aux prières catholiques, ou encore prier à la manière des fausses religions, serait du syncrétisme, ce qui n’a pas été fait.

L’article du Père Alfredo M. Morselli à propos des rassemblements d’Assise démontre avec la Somme théologique et ses subtilités que Jean-Paul II n’a pas commis de péché en convoquant ces rassemblements. Dave Armstrong rappelle dans son article à propos des rassemblements de 2002 que Jean-Paul II n’a pas péché.

En effet, nous ne pouvons pas prétendre que Jean-Paul II aurait péché en invitant les membres des autres religions à la prière, car toute religiosité, et tout prière en dehors du catholicisme n’est pas forcément un péché, car Saint Pie V a condamné la proposition « L’infidélité purement négative, chez ceux à qui le Christ n’a pas été prêché, est péché. » (Denz. 1968). Et le théologien thomiste De Victoria précise qu’une simple présentation de la foi ne suffirait pas à rendre positive l’infidélité, mais cette présentation doit aussi inclure les motifs de crédibilité, car comme l’enseigne Saint Thomas d’Aquin, « il ne croirait pas, en effet, s’il ne voyait que ces choses doivent être crues » ST IIa-IIae, q. 1, art. 4 point 2). Et le Père Morselli de conclure son paragraphe : « Seul Dieu connaît le degré d’innocence ou de culpabilité dans le cœur des infidèles ».

Le Père Morselli explique même pourquoi un simple infidèle a le devoir de prier :

« Nous pouvons donc poser une question plus précise : un infidèle (un infidèle dans le sens de pure négation) doit-il prier ? Je pense que la réponse est « oui », car, selon l’enseignement de Saint Thomas, nous savons que la religion fait partie de la justice et que la justice est une obligation de droit naturel. Tout homme doit être religieux, car chaque homme doit être droit (iustus). La prière est un acte de religion (pas un acte de foi), donc chaque homme doit prier. Nous devons donc dire à un infidèle : suivez la loi naturelle; vous devez être prudent, tempéré, fort, droit. »

On peut donc en déduire que nous n’avons pas le droit de juger le pape à la vue d’images sans contexte, ou avec un contexte tronqué ; car il existe des subtilités théologiques, qui ne sont pas accessibles à tous, prouvant que Jean-Paul II n’a pas commis de péché.

5. Il aurait prétendu que le bouddhisme pouvait sauver

Selon certains sédévacantistes, Jean-Paul II aurait dit que le bouddhisme pouvait sauver lorsqu’il affirma que « le bouddhisme est une religion de Salut » dans son livre « Entrez dans l’Espérance ».

Voici ce qui est écrit dans la version anglaise :
Sur la page droite, une personne interroge Jean-Paul II sur la question du bouddhisme. Sur la page gauche, Jean-Paul II répond aux questions qui lui sont posées.

Le second paragraphe pourrait se qui pourrait se traduire par :

« Oui, vous avez raison et je vous remercie pour cette question [demandant si le bouddhisme possède une « doctrine du salut »]. Parmi les religion mentionnées dans le document conciliaire Nostra Aetate, il est nécessaire de prêter une attention spéciale au Bouddhisme, qui d’un certain point de vue, comme le Christianisme, est une religion de salut. »

Mais la malhonnêteté des sédévacantistes se manifeste de manière évidente lorsque le Pape insiste sur le fait qu’:

« il doit être dit immédiatement que les doctrines de salut dans le Bouddhiste et le Christianisme sont opposées. »

Cela signifie simplement que les deux religions ont une doctrine sur une forme de félicité éternelle : en bref, le bouddhisme croit en la Réincarnation, qui permet le perfectionnement de l’âme qui lui permettrait, à terme, d’atteindre une sorte de joie éternelle ; tandis que le Catholicisme professe la Vision Béatifique aux âmes mortes en état de grâce, et l’Enfer éternel aux âmes mortes en état de péché mortel. Ces deux doctrines sont opposées, c’est un fait que Jean-Paul II estime important de souligner.

6. Il aurait prétendu que l’Esprit-Saint maintiendrait les fidèles des autres religions dans leur fausses croyances

Les sédévacantistes prétendent que le passage suivant de l’encyclique Redemptor Hominis serait hérétique :

« Même si c’est d’une autre manière et avec les différences qui s’imposent, il faut appliquer les réflexions précédentes à l’activité qui tend au rapprochement avec les représentants des religions non chrétiennes et qui s’exprime par le dialogue, les contacts, la prière en commun, la recherche des trésors de la spiritualité humaine, car ceux-ci, nous le savons bien, ne font pas défaut aux membres de ces religions. N’arrive-t-il pas parfois que la fermeté de la croyance des membres des religions non chrétiennes (effet elle aussi de l’Esprit de vérité opérant au-delà des frontières visibles du Corps mystique) devrait faire honte aux chrétiens, si souvent portés à douter des vérités révélées par Dieu et annoncées par l’Eglise, si enclins à laisser se relâcher les principes de la morale et à ouvrir les portes à une morale permissive ? Il est noble d’être disposé à comprendre chaque homme, à analyser chaque système, à donner raison à ce qui est juste; mais cela ne signifie nullement perdre la certitude de sa propre foi ou affaiblir les principes de la morale, dont l’absence se fera vite sentir dans la vie de sociétés entières en y provoquant, entre autres, ses déplorables conséquences. »

– Pape saint Jean-Paul II, Encyclique Redemptor Hominis.

Or, contrairement à ce que les sédévacantistes prétendent, nulle part Jean-Paul II ne dit que l’Esprit-Saint maintiendrait les fidèles d’autres religions dans une fausse croyance. Au contraire, le pape parle justement d’Esprit de vérité, opérant au-delà des frontières visibles du Corps mystique. Le Pape dit simplement que l’Esprit-Saint, l’Esprit de vérité donne la grâce aux croyants de rester fermes dans leur croyance. Mais plus loin, le pape explicite sa pensée : il critique les « catholiques » tièdes et relativistes qui doutent des vérités révélées par Dieu et qui se permettent des écarts en matière de morale. Le pape explique que ces « catholiques » devraient avoir honte de cela, car même les membres d’autres religions gardent une ferme croyance envers certaines vérités révélées et lois morales, que nous catholiques avons en commun avec les musulmans (par exemple, l’existence de Dieu, l’existence des démons et de l’Enfer, l’existence des anges et du Ciel, l’immoralité des actes homosexuels, etc.). Le pape dit bien qu’il est noble d’être disposé à donner raison à ce qui est juste.

Cela est tout à fait en accord avec ce qu’a enseigné l’Eglise sur le fait qu’une personne ignorante mais agissant bien le fait par la grâce de Dieu. En effet, l’Eglise a déjà condamné les propositions suivantes :

« Les païens, les juifs, les hérétiques, et d’autres semblables, ne reçoivent aucune influence de Jésus Christ ; et on peut en conclure justement que la volonté est en eux nue et désarmée, sans aucune grâce suffisante. » (condamné)

DÉCRETS DU SAINT OFFICE, ERREURS DES JANSÉNISTES, DENZINGER 1996, N° 2305

« Tout ce qui ne provient pas de la foi chrétienne surnaturelle qui agit par amour est péché. » (condamné)

DÉCRETS DU SAINT OFFICE, ERREURS DES JANSÉNISTES, DENZINGER 1996, N° 2311

7. Il aurait enseigné que l’état de mariage est égal à l’état de célibat

La plupart des sédévacantistes prétendent que le pape saint Jean-Paul II aurait enseigné une hérésie dans l’une de ses catéchèses, citée par le pape François dans l’Exhortation Amoris Laetitia :

« Les paroles du Christ rapportées dans Matthieu Mt 19,11-12 (et aussi les paroles de Paul dans la première Lettre aux Corinthiens, chapitre 1Co 7) ne fournissent pas d’argument pour soutenir « l’infériorité » du mariage ou la « supériorité » de la virginité ou du célibat par le fait que ceux-ci consistent dans l’abstention de « l’union » conjugale « dans le corps ». »

– Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse du 14 avril 1982

Les sédévacantistes pensent pouvoir l’opposer à l’enseignement du Concile de Trente :

» 1810
10. Si quelqu’un dit que l’état du mariage doit être placé au-dessus de l’état de virginité ou de célibat, et qu’il n’est ni mieux ni plus heureux de rester dans la virginité ou le célibat que de contracter mariage, qu’il soit anathème »

Concile de Trente, 24ème session, Canons sur le sacrement du Mariage, Denz. 1810

Or, saint Jean-Paul II n’a jamais voulu dire que l’état du mariage était égal à l’état de célibat. En fait, il dit que rien ne prouve que l’un soit inférieur à l’autre « par le fait que ceux-ci consistent dans l’abstention de « l’union » conjugale « dans le corps » ».

Immédiatement après, le saint pape précise sa pensée :

» Sur ce point, les paroles du Christ sont incontestablement claires. Il propose à ses disciples l’idéal de la continence et l’appel à cette continence n ‘est pas proposé en raison de l’infériorité ou au détriment de l’ « union » conjugale « dans le corps » mais seulement « à cause du royaume des cieux ». «

– Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse du 14 avril 1982

Cela signifie que ce n’est pas que le célibat en lui-même qui le rend supérieur par rapport au mariage : c’est également l’enseignement du pape François dans Amoris Laetitia au §160.

D’abord, il commence par expliquer l’expression » à cause du royaume des cieux » :

» Dans cette perspective, un éclaircissement plus approfondi de l’expression « pour le royaume des cieux » est particulièrement utile. C’est ce que nous chercherons à faire par la suite, du moins sommairement. Mais, pour ce qui est de la juste compréhension du rapport entre le mariage et la continence dont parle le Christ, et de la compréhension de ce rapport tel que l’a compris toute la Tradition, cela vaut la peine d’ajouter que cette « supériorité » et cette « infériorité » sont contenues dans les limites de la complémentarité même du mariage et de la continence à cause du royaume de Dieu. «

– Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse du 14 avril 1982

Ensuite, il explique que ces deux états ne sont pas opposés entre eux, mais sont plutôt complémentaires :

» Le mariage et la continence ne s’opposent pas l’un l’autre et ne divisent pas la communauté humaine (et chrétienne) en deux camps (disons : le camp des « parfaits » à cause de la continence et celui des « imparfaits » ou des moins parfaits à cause de la réalité de la vie conjugale). Mais ces deux situations fondamentales ou, comme on avait coutume de dire, ces deux « états », s’expliquent dans un certain sens et se complètent mutuellement pour ce qui est de l’existence et de la vie (chrétienne) de cette communauté qui, dans son ensemble et dans tous ses membres, se réalise dans la dimension du règne de Dieu et a une orientation eschatologique qui est le propre de ce règne. «

– Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse du 14 avril 1982

Puis, il enseigne que l’état de continence a une importance particulière :

» Eh bien ! par rapport à cette dimension et à cette orientation — auxquelles doit participer dans la foi la communauté tout entière, c’est-à-dire tous ceux qui lui appartiennent — la continence « à cause du royaume de Dieu » a une particulière importance et une particulière éloquence pour ceux qui vivent la vie conjugale. On sait d’ailleurs que ces derniers constituent la majorité. «

– Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse du 14 avril 1982

Ainsi, d’après le saint Pape et l’enseignement de l’Eglise, ce n’est pas la seule continence en elle-même qui est l' »état de perfection », mais plutôt l’ensemble de vie, basée sur la pauvreté, la chasteté et l’obéissance :

» Il semble donc qu’une complémentarité ainsi comprise trouve sa base dans les paroles du Christ selon Matthieu Mt 19,11-12 (et aussi dans la première Lettre aux Corinthiens, chapitre 1Co 7). Il n’y a, au contraire, aucune base pour une opposition hypothétique selon laquelle les célibataires, en raison de la seule continence, constitueraient la classe des « parfaits » et, au contraire, les personnes mariées, la classe des « non-parfaits » (ou des « moins parfaits »). Si, en s’en tenant à une certaine tradition théologique, on parle de l’état de perfection (status perfectioniè), on le fait non pas en raison de la continence elle-même, mais par rapport à l’ensemble de la vie basée sur les conseils évangéliques (pauvreté, chasteté, obéissance), car cette vie correspond à l’appel du Christ à la perfection (« Si tu veux être parfait. ») (Mt 19,21). «

– Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse du 14 avril 1982

Le Pape Pie XII enseignait la même chose dans son Encyclique Sacra Virginitas :

» 12. De plus — comme l’ont enseigné très clairement les saints Pères et Docteurs de l’Eglise, — la virginité ne peut être une vertu chrétienne si nous ne l’embrassons pas « pour le règne des cieux » (Mt 19,12); c’est-à-dire si nous ne prenons pas cette condition de vie pour pouvoir plus facilement nous appliquer aux choses divines ; pour arriver plus sûrement un jour à la béatitude éternelle ; pour pouvoir enfin, plus librement, conduire les autres aussi au règne des cieux en nous y appliquant avec soin.

13. Ils ne peuvent donc revendiquer l’honneur de la virginité chrétienne, ces chrétiens ou chrétiennes qui renoncent au mariage par égoïsme démesuré ou pour en fuir les charges, comme l’observe saint Augustin, ou même à la manière des pharisiens, pour faire orgueilleusement parade de leur intégrité corporelle, ce que déjà le Concile de Gangres réprouvait, condamnant ceux qui, vierges ou continents, s’abstenaient du mariage comme d’une abomination et non pour la beauté et la sainteté même de la virginité. »

– Pape Pie XII, Encyclique Sacra Virginitas, 25 mars 1954

Enfin, saint Jean-Paul II, en citant saint Augustin, enseignait également la supériorité de la virginité (bien par excellence) par rapport au mariage, et rappelait bien (en faisant référence à l’encyclique de Pie XII, que l’Eglise enseignait bien cela tout au long de son histoire :

« 16. La virginité et le célibat pour le Royaume de Dieu ne diminuent en rien la dignité du mariage, au contraire ils la présupposent et la confirment. Le mariage et la virginité sont les deux manières d’exprimer et de vivre l’unique mystère de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Là où il n’y a pas d’estime pour le mariage, il ne peut pas y avoir non plus de virginité consacrée; là où l’on ne considère pas la sexualité humaine comme un grand don du Créateur, le fait d’y renoncer pour le Royaume des cieux perd son sens.

Saint Jean Chrysostome dit en effet très justement: «Dénigrer le mariage, c’est amoindrir du même coup la gloire de la virginité; en faire l’éloge, c’est rehausser l’admiration qui est due à la virginité et en accroître l’éclat. Car enfin, ce qui ne paraît un bien que par comparaison avec un mal ne peut être vraiment un bien, mais ce qui est mieux encore que des biens incontestés est le bien par excellence»

(…)

En rendant le cœur de l’homme particulièrement libre «pour qu’il brûle davantage de l’amour de Dieu et de tous les hommes», la virginité atteste que le Royaume de Dieu et sa justice sont cette perle précieuse que l’on doit préférer à toute autre valeur, si grande qu’elle soit, et qu’il faut même rechercher comme l’unique valeur définitive. C’est pour cela, en raison du lien tout à fait singulier de ce charisme avec le Royaume de Dieu, que l’Eglise, tout au long de son histoire, a toujours défendu sa supériorité par rapport à celui du mariage. »

– Pape saint Jean-Paul II, Encyclique Familis Consortio, 22 novembre 1982

Il s’agit donc non pas d’une hérésie mais d’une énième citation tirée honteusement de son contexte.

8 – Il aurait désiré que Dieu protège les erreurs de l’Islam

Dans sa phrase « Que Saint Jean-Baptiste protège l’Islam, tout le peuple de Jordanie »; prononcée dans une homélie durant sa visite à Wadi Al-Kharrar, Jean-Paul II a sans doute voulu parler de la civilisation islamique, car il existe une distinction entre « Islam » et « islam » . L’« islam » renvoie à la religion, l’ « Islam » à la civilisation en tant que tout (politique, économique, juridique, religieuse, culturelle et sociale) selon le dictionnaire. Par conséquent, S. Jean-Paul II avait sans doute la volonté de confier à Saint Jean-Baptiste l’Islam dans ce dernier sens, pour protéger cette société de la guerre, de la corruption, de la tyrannie, de l’erreur, etc. D’ailleurs, le même jour, le Pape a rappelé les catholiques de Jordanie à leurs devoirs respectifs :

« Aux évêques et prêtres, je dis: Soyez de bons pasteurs selon le cœur du Christ! Guidez le troupeau qui vous est confié le long du chemin qui mène aux verts pâturages de son Royaume! Renforcez la vie pastorale de vos communautés à travers une collaboration nouvelle et plus dynamique avec les religieux et les laïcs. Dans les difficultés de votre ministère, placez votre confiance dans le Seigneur. Rapprochez-vous de lui dans la prière, et il sera votre lumière et votre joie. L’Eglise tout entière vous remercie pour votre dévouement et pour la mission de foi que vous accomplissez dans vos diocèses et dans vos paroisses.

Aux religieux et aux religieuses, j’exprime l’immense gratitude de l’Eglise pour leur témoignage de la primauté de Dieu en toutes choses! Continuez de resplendir comme des phares de l’amour évangélique qui surmonte tous les obstacles! Aux laïcs, je dis: N’ayez pas peur d’occuper votre place et d’assumer votre responsabilité dans l’Eglise! Soyez de courageux témoins de l’Évangile dans vos familles et dans la société! »

— Pape Saint Jean-Paul II, Homélie du 21 Mars 2000 au Stade de Amman – Jordanie.

De même que Pie XII confie à la protection de Dieu les non-catholiques de bonne volonté :

« Nous ne voulons pas non plus passer sous silence quel écho de reconnaissance émue ont suscité dans Notre cœur les vœux de ceux qui, bien que n’appartenant pas au corps visible de l’Eglise Catholique, n’ont pas oublié dans la noblesse et la sincérité de leurs sentiments, tout ce qui, ou dans l’amour envers la personne du Christ, ou dans la croyance en Dieu, les unit à Nous. Qu’à tous aille l’expression de Notre gratitude. Nous les confions tous et chacun à la protection et à la conduite du Seigneur, en donnant l’assurance solennelle qu’une seule pensée domine Notre esprit : imiter l’exemple du Bon Pasteur pour conduire tous les hommes au vrai bonheur: afin qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn. X, 10). »

— Pape Pie XII, SUMMI PONTIFICATUS

…de même S. Jean-Paul II confie cette société composée d’hommes qu’est l’Islam aux prières de S. Jean-Baptiste.

Saint Jean-Paul II parle de l’islam (religieux) dans son livre « Entrez dans l’espérance » : voir cet article.

9. Il contredirait Pie XI sur la fonction de femme au foyer

Pie XI, dans Quadragesimo Anno, écrit:

« C’est à la maison avant tout, ou dans les dépendances de la maison, et parmi les occupations domestiques, qu’est le travail des mères de famille. C’est donc par un abus néfaste, et qu’il faut à tout prix faire disparaître, que les mères de famille, à cause de la modicité du salaire paternel, sont contraintes de chercher hors de la maison une occupation rémunératrice, négligeant les devoirs tout particuliers qui leur incombent, – avant tout l’éducation des enfants. »

Tandis que Saint Jean-Paul II, dans sa « Lettre aux femmes » de 1995, écrit:

Merci à toi, femme-au-travail, engagée dans tous les secteurs de la vie sociale, économique, culturelle, artistique, politique, pour ta contribution irremplaçable à l’élaboration d’une culture qui puisse allier la raison et le sentiment, à une conception de la vie toujours ouverte au sens du « mystère », à l’édification de structures économiques et politiques humainement plus riches.

Y-a-t-il contradiction? En fait, Saint Jean-Paul II reconnaît la valeur des femmes de tous les pans de la société dans sa lettre. Pie XI parle des conditions sociales des travailleurs. Mais ce dernier ne vilipende pas les femmes qui travaillent pour autant. Il déplore l’idée qu’elles soient forcées de le faire à cause du bas salaire du mari. Juste avant il dit que tous les membres de ces familles peuvent contribuer selon leurs forces:

« Assurément, les autres membres de la famille, chacun suivant ses forces, doivent contribuer à son entretien, ainsi qu’il en est, non seulement dans les familles d’agriculteurs, mais aussi chez un grand nombre d’artisans ou de petits commerçants. Mais il n’est aucunement permis d’abuser de l’âge des enfants ou de la faiblesse des femmes. «

Il rejette donc le fait de contraindre et de surcharger les femmes.

Saint Jean-Paul II a aussi fait un discours intéressant sur la question en 1981, au Vème Congrès International de la Famille:

« Il faut veiller à ce que la femme ne soit pas, pour des raisons économiques, astreinte obligatoirement à un travail trop lourd et à un horaire trop chargé qui s’ajoutent à toutes ses responsabilités de maîtresse du foyer et d’éducatrice de ses enfants. La société, disions-nous en fin de Synode, devrait faire l’effort de s’organiser autrement.
Mais surtout, et votre Congrès semble l’avoir bien souligné, il faut bien considérer que les engagements de la femme à tous les niveaux de la vie familiale constituent aussi une contribution hors pair à l’avenir de la société et de l’Eglise, et qui ne saurait être négligée sans grand dommage pour celles-ci comme pour la femme elle-même, qu’il s’agisse des conditions entourant la maternité, de l’intimité nécessaire avec les petits, de l’éducation des enfants et des jeunes, du dialogue attentif et prolongé avec eux, du soin à apporter aux multiples nécessités du foyer, pour que celui-ci demeure accueillant, agréable, réconfortant sur le plan affectif, formateur au plan culturel et religieux. Qui oserait nier que, dans bien des cas, la stabilité et la réussite de la famille, son épanouissement humain et spirituel doivent beaucoup à cette présence maternelle au foyer. »

Ceci dit s’il y avait contradiction, il ne serait absolument nécessaire de les réconcilier étant donné que ces jugements reposent sur des contextes culturels et temporels bien différents. Cela ne tient pas de la loi Divine: une mère qui choisit de travailler ne pèche pas. Donc nos deux Papes peuvent très bien différer sur la question.

10 – Il aurait été marqué au front par une prêtresse de Shiva lors d’un rite Hindou
Cette photo est en vérité tirée de son contexte. Elle a été prise lors d’une messe catholique de Saint Jean-Paul II, au cours de son voyage apostolique en Inde en 1986, où il avait été accueilli par des gestes traditionnels des communautés de culture hindoue. Cette femme n’était absolument pas une « prêtresse de Shiva », mais simplement une catholique indienne. Celle-ci faisait un geste culturel de salutation, nommé « Aarati », qui avait en ce contexte autant de signification religieuse qu’une couronne de fleur hawaïenne de bienvenue ou un salut japonais formel. Ce geste n’était pas intrinsèquement lié au paganisme et pouvait être utilisé comme acte de vénération envers une personne digne, dans un contexte purement chrétien. Un acte de vénération dont l’objet n’est donc pas exclusivement un dieu païen. C’est véritablement une coutume christianisée comme l’a été l’usage de l’encens.

En l’occurrence, le fait a été officiellement démenti le 22 Novembre 1994 par le Conseil Pontifical pour les Communications Sociales:

« Les Catholiques Indiens … utilise[nt] l’Aarati quand un enfant revient à la maison après avoir reçu sa première communion et quand un couple nouvellement marié est reçu dans leur familles respectives. Aujourd’hui, l’Aarati est souvent exécuté pour accueillir le célébrant principal d’un évènement liturgique important, et c’était cette occasion qui est montrée dans la photographie. En de telles occasions, l’Aarati est généralement offert par une femme mariée Catholique et certainement pas par une « prêtresse de Shiva » comme on l’a allegué. » […] L’usage de l’Aarati ceremoniel par les Indiens Catholiques n’est pas plus l’adoration d’une divinité païenne qu’une décoration d’un arbre de Noël par des Américains Chrétiens n’est un retour de rituels païens d’Europe du Nord. »

L’inculturation de ces coutumes dans les cérémonies catholiques indiennes a été fait lors d’une messe à l’occasion de sa visite pastorale à New Dehli en Novembre 1999, qui l’utilisait comme un acte de vénération de l’Eucharistie:

« Lors de la Doxologie, quand le Saint Père prend la calice et la patène avec l’hostie, l’Aarati, qui est un signe de vénération, sera réalisé par un groupe de jeunes femmes. Il consistera en les gestes suivants: Pushpa arati, agiter un plateau de fleurs avec la deepak (lumière) au centre et le versement de pétales de fleurs; Dhupa Aarati – l’hommage d’encens; Deepa Aarati – l’hommage de lumière, agitant un feu de camphre et la sonnette d’une cloche. »

Comme confirmé par le père Pravin Fernandes, et le théologien Jon Douglas Anderson, l’Aarati était dans la messe indienne une forme de vénération, ici en direction de l’Eucharistie elle-même, pas d’une « déesse » ou un quelconque démon. Ce dernier théologien précisait que durant ce même rite la marque du tilak peut être donnée au prêtre, qui elle est un signe d’accueil et d’honneur pour le célébrant (ce n’est pas « le signe des adorateurs de Shiva », comme on l’a allégué à la FSSPX, qui lui serait le lignum de Shiva). L’utiliser en signe d’accueil du Pape n’est donc pas un acte païen non plus, puisqu’encore une fois ça n’est pas le contexte.

Peu importe l’opinion qu’on puisse avoir sur ce qui est opportun de garder afin que la chrétienté pénètre mieux la culture indienne. Le fait est qu’affirmer qu’il y ait eu un acte d’idolâtrie, de superstition ou d’adoration de dieux païens, est une calomnie grave. Ce n’est pas ce que les indiens catholiques font par ces gestes. Avancer l’usage qu’en font les païens hindous, qui eux l’utilisent pour vénérer leurs propres dieux, ne prouve pas que l’acte est intrinsèquement païen, puisque c’est un acte de vénération dont l’objet n’est précisément pas ces dieux là pour les catholiques indiens. Ce serait comme dire que parce que les païens utilisaient l’encens pour adorer leurs dieux, alors user de l’encens revient forcément à adorer ces dieux-là: un sophisme. On peut utiliser l’aarati ou l’encens pour vénérer le Vrai Dieu. C’était la distinction que le Pape St Grégoire faisait à propos des païens egyptiens qui conservaient leurs pratiques tout en les redirigeant vers le vrai Dieu:

Ainsi, pendant que leurs cœurs changeaient, ils perdaient une chose dans le sacrifice tout en en conservant une autre: ils continueraient d’offrir, certes, des bêtes en sacrifice, mais, comme ils les abattraient pour les offrir au vrai Dieu et non pas aux idoles, ces rites n’auraient plus rien à voir avec les anciens sacrifices. (Lettre à l’abbé Mellitus, 601)

Voir aussi: Syncrétisme païen conciliaire ! Les réactions hystériques au catholicisme indigène

11 – Sa thèse de doctorat en théologie aurait été rejetée car hérétique

On dit parfois que le théologien et Père Garrigou-Lagrange aurait rejeté la thèse de doctorat que Karol Wojtyla (futur pape Jean-Paul II) a rédigé sous sa direction, à cause de propositions modernistes. Ceci est une rumeur infondée propagée dans les milieux dissidents dont lefebvristes. Notons d’une part qu’on ne parle pas de désaccord sur des opinions de théologie ici, car le P. Garrigou-Lagrange pouvait très bien être en désaccord sur certains points sur des questions ouvertes au débat. Les dissidents ont trop souvent du mal à faire la différence entre une opinion en désaccord avec leur examen personnel et une hérésie. Une hérésie est au contraire une faute très grave qui n’aurait pas simplement valu un échec de validation du doctorat ou une demande de révision banale pour une thèse, mais une notification officielle et vérifiable par l’Institut. Les jeux de bouche-à-oreille et les paroles invérifiables qui sont rapportés chez ses ennemis idéologiques ne sont tout simplement pas des preuves acceptables. A moins d’avoir un document écrit de sa part, ces gens peuvent faire dire tout ce qu’ils veulent au P. Garrigou-Lagrange.

Evidemment, les biographes du pape ne rapportent pas cela, et semblent unanimes pour dire que sa thèse fut acceptée, mais on nous rétorquera que c’est un complot organisé pour omettre ce scandale. Ce que l’on sait de source sûre, c’est que le p. Garrigou-Lagrange y a seulement laissé des annotations et corrections, puisque la thèse était rédigée sous sa supervision, aucune n’étant accusatoire ou condamnatoire jusqu’à preuve du contraire. Giuseppe Marco Salvati & Alberto Lo Presti rapportent que ces pages d’annotations (présentes dans l’édition italienne de Raimondo Sorgia) contiennent « un jugement très flatteur pour le travail accompli du doctorant » . Le site officiel de l’Université Jagellon en Cracovie, où Wojtyla a étudié, confirme qu’il a été fait docteur en théologie par la validation de sa thèse sur St Jean de la Croix à l’Institut Pontifical Angelicum à Rome. En fait, nous avons même un accès direct au certificat officiel de réussite de la soutenance de sa thèse (Defensio disstertationis), déposée à l’Institut Angelicum, avec le sceau de l’Université.
Zaświadczenie o zdaniu egzaminu doktorskiego przez Karola Wojtyłę na Papieskim Uniwersytecie Świętego Tomasza z Akwinu (Angelicum) – Dokumentacja Karola Wojtyły

Quant à sa thèse, « Doctrina de fide apud S. Joannem a Cruce », on lui attribue de fausses hérésies telles qu’une approche existentialiste de la foi (du même courant de pensée que Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix), qui n’a en réalité jamais été condamnée sous la forme qu’il présente et demeure une opinion théologique ouverte à la discussion. Le fait d’emprunter des éléments et des notions à d’autres philosophes pour élaborer une question de théologie n’a de même rien de scandaleux, et les « traditionalistes » qui le pensent sont prompts à minimiser voire tout bêtement nier le même genre d’emprunts fait par les théologiens aux non-chrétiens comme St Justin Martyr aux païens ou St Thomas d’Aquin, qui fit des emprunts aux auteurs juifs et musulmans dans le développement de sa théologie (DTC, article « Dieu (sa nature selon les scolastiques) »).

12. Il aurait déclaré « Le Christ est mort pour tous les hommes et donc tout homme est sauvé qu’il le sache ou non, qu’il l’accepte ou non par la foi »

Calomnie mensongère attribuée à son livre « Le signe de la contradiction » écrit sous son cardinalat. On pourrait penser, par devoir de charité catholique, qu’il entendait par là que le Christ a sauvé toute l’humanité de manière suffisante et non pas de manière efficace, distinction qu’on peut trouver au Catéchisme de Trente. Puisque comme Léon XIII l’explique dans Annum Sacrum, le Christ« s’est livré lui-même pour la Rédemption de tous » (I Tim., II,6). Non seulement les catholiques et ceux qui ont reçu régulièrement le baptême chrétien, mais tous les hommes et chacun d’eux sont devenus pour Lui « un peuple conquis » (1 Pet., II, 9). » Benoît XV le formule ainsi dans Ad Beatissimi Apostolorum Principis : « Tous tant qu’ils sont [l’universalité des hommes], en effet, ils ont été rachetés de la servitude du péché par Jésus-Christ, qui a offert pour eux le prix de son sang, et il n’en est aucun qui soit exclu des bienfaits de cette rédemption. » (…) « les âmes de tous les hommes, rachetées par le sang précieux de son divin Fils ». Pie XII également (Auspicia quædam): « Jésus-Christ, enfin, suspendu à l’arbre de la Croix a apporté le salut à tout le genre humain et les bras étendus, comme pour inviter tous les peuples à une étreinte fraternelle, a consacré par l’effusion de son sang le grand précepte de la charité. » Donc une telle formulation ne prouve pas que dans l’esprit du pape, tous seront ultimement sauvés.

Cependant ça n’est pas nécessaire puisque cette citation n’existe tout simplement pas dans le livre en question. Ceux qui ont reproduit sans vérifier cette calomnie sont coupables d’un péché mortel. L’édition de 1979 du livre (The Seabury Press, en anglais) rapporte même:

« L’homme – bien évidemment – ne pouvait pas sauver le monde, tout comme il ne pouvait pas le créer. Ces deux grandes oeuvres – magnalia Dei – sont d’égale importance. Dieu a voulu cependant que l’humanité joue un rôle dans la rédemption et le salut du monde: ‘Celui qui t’a créé sans ton aide ne te sauvera pas sans ta coopération‘ [citant St Augustin] » (p.72)

L’Église croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous les hommes, donne toujours à l’homme, par son Esprit, la lumière et la force pour répondre à sa vocation suprême ; les hommes n’ont pas reçu d’autre nom sur terre pour être sauvés. (p.91)

[sur le sujet du jugement dernier et du fait que Dieu condamnera] L’amour qui a fait toutes choses en Christ, « amor Dei usque ad contemptum sui », n’a pas privé la créature de la liberté, de la possibilité de choisir, du droit à l’autodétermination. Le discours eschatologique du Christ montre clairement qu’à l’achèvement de l’histoire de l’homme et du monde, l’ « amor sui usque ad contemptum Dei » sera toujours présent ; et ce type d’amour récoltera sa propre moisson de condamnation définitive. (p.181)

Une réfutation directe de cette calomnie. Quoiqu’il en soit des fausses citations ou interprétations gravement erronées de ses paroles en tant que cardinal, l’accusation d’universalisme a été publiquement et sans aucune ambiguité réfutée par son enseignement officiellement promulgué en tant que Pape:

§161 Croire en Jésus-Christ et en Celui qui l’a envoyé pour notre salut est nécessaire pour obtenir ce salut (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 36 ; 6, 40 e.a.). » Parce que ‘sans la foi (…) il est impossible de plaire à Dieu’ (He 11, 6) et d’arriver à partager la condition de ses fils, personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne à moins qu’il n’ait ‘persévéré en elle jusqu’à la fin’ (Mt 10, 22 ; 24, 13), n’obtiendra la vie éternelle » (Cc. Vatican I : DS 3012 ; cf. Cc. Trente : DS 1532).

§846 C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Église catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés (LG 14)

§1033 Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot » enfer « .
§1034 Jésus parle souvent de la » géhenne » du » feu qui ne s’éteint pas » (cf. Mt 5, 22. 29 ; 13,50 ; Mc 9, 43-48), réservé à ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et de se convertir , et où peuvent être perdus à la fois l’âme et le corps (cf. Mt 10, 28). Jésus annonce en termes graves qu’il » enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquité (…), et les jetteront dans la fournaise ardente » (Mt 13, 41-42), et qu’il prononcera la condamnation : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ! » (Mt 25, 41).

§1846 Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.

13 – Il aurait reçu une bénédiction païenne par une shaman

Cette calomnie est basée sur la photographie suivante ou similaire, sans jamais qu’on lui donne son contexte:
Cette photographie a été prise à l’occasion de la messe de béatification de deux indigènes du Mexique morts en martyr pour avoir dénoncé l’idolâtrie, le 1er août 2002. Il y rappelait l’importance du rejet de l’idolâtrie, de l’évangélisation des culture et de la valorisation de ce qui peut y être renouvellé à la lumière du Christ:

C’est avec cette conviction que Juan Bautista et Jacinto de los Angeles affrontèrent le martyre, en restant fidèles au culte du Dieu vivant et véritable, et en refusant les idoles. […] Ils sont un exemple lumineux du fait que l’on ne doit rien placer avant la promesse baptismale, pas même sa propre vie, à l’instar des premiers chrétiens qui, régénérés par le baptême, abandonnèrent toute forme d’idôlatrie (cf. Tertullien, De baptismo, 12, 15).

[…] Votre terre constitue un riche mélange de cultures. L’Evangile arriva en ce lieu en 1529, avec les Pères dominicains, qui utilisèrent les langues locales et les us et coutumes des communautés locales. On commença ainsi à connaître Dieu dans les langues locales. Parmi les fruits de ces semailles chrétiennes se détachent deux grands martyrs.

Avec cette béatification, l’Eglise souligne sa mission d’annoncer l’Evangile à toutes les nations. Les nouveaux bienheureux, fruit de la sainteté de la première évangélisation parmi les indiens zapotèques, encouragent les autochtones d’aujourd’hui à apprécier leur culture et leur langue et, surtout, leur dignité de fils de Dieu que les autres doivent respecter dans le contexte de la nation mexicaine, dont les origines de sa population sont diverses et qui est disposée à édifier une famille commune dans la solidarité et la justice.

Les deux bienheureux constituent un exemple de la façon dont, sans mythifier les propres coutumes ancestrales, on peut parvenir à Dieu sans renoncer à sa propre culture, en se laissant cependant illuminer par la lumière du Christ, qui renouvelle l’esprit religieux des meilleures traditions des peuples.

La personne que l’on voit au moment de la messe était une fidèle indigène d’Oaxaca, pas une « shaman ». L’organisateur de l’évènement, Mgr Piero Marini, expliquait que la messe incluait « un groupe d’indigène de tout le pays, en particulier l’Archevêque et les prêtres, diacres et fidèles de l’archidiocèse de Antequera-Oaxaca » (Oficina para las celebraciones liturgicas del sumo pontifice, viaje apostolico del santo padre a guatemala y mexico). L’usage d’encens et du copal par plusieurs femmes avait eu lieu au cours de l’acte pénitentiel, pour accompagner la « procession et vénération des reliques », en tant qu’ « éléments typiques de la culture indigène ». Un « rite de purification » non pas magique mais symbolique, pour signifier que l’assemblée « se réjouit et se renouvelle en Dieu son créateur ». Intégrer ce type de signe culturel et leur attribuer un sens chrétien, non pas comme objets magiques mais semblables aux sacramentaux, était clairement l’objectif: à aucun moment n’était mentionné de dieu païen, de magie ou de mythologie païenne. Au contraire, on célébrait l’honneur de deux martyrs glorifiés pour le rejet du paganisme!

On peut certes critiquer l’opportunité de ce choix liturgique, bien que la cérémonie était spécifiquement adressée aux communautés chrétiennes indigènes (les fidèles étaient salués en différentes langues locales). Ceux-ci comprennent ces signes et n’étaient donc pas choqués. Les mauvaises interprétations médiatiques auraient cependant été plus facilement évitées par des gestes plus sobres. Dans tous les cas, c’est une accusation tout autre et gravement malhonnête de prétendre qu’il y avait un acte idolâtre ou païen (au sens doctrinal): nous avons affaire là à une incompréhension déjà traitée pour la calomnie 10. Les gestes traditionnels ne sont pas intrinsèquement du paganisme du fait que les païens les utilisent dans leurs propres cultes. Les indigènes convertis peuvent les employer pour servir non plus les idoles, explicitement rejetées ici, mais pour servir le vrai Dieu.

Voir aussi: Syncrétisme païen conciliaire ! Les réactions hystériques au catholicisme indigène

14 – Il aurait blasphémé en promulguant les mystères lumineux

Dans dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, visant à encourager l’usage du rosaire par les catholiques, St Jean Paul II proposa également une dévotion additionnelle, dont les méditations se focalisent sur le Christ et ses miracles. Il l’expliquait ainsi :

Afin de donner une consistance nettement plus christologique au Rosaire, il me semble toutefois qu’un ajout serait opportun; tout en le laissant à la libre appréciation des personnes et des communautés, cela pourrait permettre de prendre en compte également les mystères de la vie publique du Christ entre le Baptême et la Passion. Car c’est dans l’espace de ces mystères que nous contemplons des aspects importants de la personne du Christ en tant que révélateur définitif de Dieu. […] Cet ajout de nouveaux mystères, sans léser aucun aspect essentiel de l’assise traditionnelle de cette prière, a pour but de la placer dans la spiritualité chrétienne, avec une attention renouvelée, comme une authentique introduction aux profondeurs du Cœur du Christ, abîme de joie et de lumière, de douleur et de gloire. […] Cette indication n’entend pas toutefois limiter une certaine liberté dans la méditation personnelle et communautaire, en fonction des exigences spirituelles et pastorales, et surtout des fêtes liturgiques qui peuvent susciter d’heureuses adaptations.

Notons d’abord qu’il n’est en rien question de remplacer le cycle classique : ces méditations sont optionnelles et les catholiques sont libres ou non d’en faire usage. L’objection qu’on y fait est que les mystères seraient « restreints » à ceux recommandés par la Sainte Vierge à Fatima (cf. Les mémoires de Soeur Lucie), ce qui ne tient pas la route puisqu’elle le demandait pour une durée de cinq mois. Saint Pie V n’a pas non plus fixé une forme définitive dans sa bulle « Consueverunt Romani Pontifices» encourageant à prier le rosaire, car il ne fait que décrire la forme classique telle qu’elle était connue de son temps. Les éloges qu’en font les papes comme Léon XIII ne disent jamais non plus que sa forme doit être fixée pour toujours, sans addition possible, ni qu’elle soit éternellement « parfaite », sauf extrapolation mensongère. En vérité le rosaire s’est développé historiquement et il a traditionnellement toujours existé des dévotions supplémentaires ajoutées au rosaire chez les communautés catholiques diverses. Il n’y a aucune loi divine qui s’y oppose, ni aucun pape, ni la sainte vierge n’a jamais interdit une telle chose. L’Eglise approuve traditionnellement le fait d’y ajouter des dévotions.

Il n’est pas lieu ici de réfuter les millefeuilles d’âneries qui ont pu être dites contre la lettre (qui sont toutes des « déductions » hérétiques injustifiées et téméraires de phrases orthodoxes). Leur but est tout simplement de salir coûte-que-coûte une dévotion louable, en inventant des « idéologies » sous-jacentes jamais mentionnées, par mépris pour le pape. Nous rappellerons seulement le fait objectif qu’à aucun moment il ne s’agit de remplacer Marie par le Christ, ou de réduire la dignité de Marie, ce qui serait une conjecture malhonnête de la lettre qui en vérité proclame tout l’inverse, et fait un éloge amplement suffisant de ses grâces. Ce n’est pas non plus une « transformation » œcuménique, puisque c’est un ajout à ce qui est déjà maintenu dans le Rosaire au sujet de la vierge, et les chrétiens séparés de bonne foi, donc non « hérétiques » par définition formelle, peuvent très bien y adhérer. Les accusations de négation par omission de détails ne sont ni plus ni moins que du sophisme d’appel au silence, en particulier quand le sujet de la lettre ne porte pas sur les désaccords avec le protestantisme, le naturalisme etc.

Le Rosaire est à la fois méditation et supplication. L’imploration insistante de la Mère de Dieu s’appuie sur la certitude confiante que son intercession maternelle est toute puissante sur le cœur de son Fils. Elle est « toute puissante par grâce », comme disait, dans une formule dont il faut bien comprendre l’audace, le bienheureux Bartolo Longo dans la Supplique à la Vierge.

Ce n’est pas la première fois qu’un Pape contribue à une dévotion mariale, même issue d’une révélation privée. Mgr Rifan expliquait dans « Le Magistère Vivant de l’Eglise » (un texte à lire pour tous les catholiques que les ennemis de l’église font douter) :

« Saint Pie X, même s’il ne s’agit pas d’un usage de l’infaillibilité, autorisa l’usage de la médaille comme substitut du scapulaire carmélitain de laine. Cela ne serait pas du bon esprit catholique de citer contre lui saint Simon Stock ou le pape Jean XXII, qui reçurent les apparitions de Notre-Dame en parlant seulement du scapulaire de laine »

Ces mystères lumineux sont également très similaires aux « mystères de lumière » proposés par St Georges Preca, fondateur de la Société de la Doctrine Chrétienne, en 1957, et sont en partie décrites dans les 50 clausules proposées par Dominique de Prusse au XVe siècle, qui elles aussi étaient « christocentrées » et validées par une révélation à Adolphe d’Essen.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort recommandait d’ajouter « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit » à la fin de chaque dizaine. Comme d’autres exemples de dévotions ajoutées au rosaire, on peut citer le chapelet de Sainte Monique et les dévotions de la Confrérie de la Milice Angélique. Il n’y a rien dans la tradition catholique qui s’oppose à une dévotion inspirée par un fidèle, tout spécialement un saint pape. C’est tout simplement un énième cas pathologique de tentative obstinée de trouver un scandale dans les faits et gestes du pape, par a priori idéologique évident.

Archidiacre.