Concile Vatican II et infaillibilité passive de l'Église. Abbé Clermont.

Un des points de la doctrine catholique que les lefebvristes et les sédévacantistes négligent ou ignorent est la note d’unité (de foi) de l’Église ou d’infaillibilité passive de l’Église. "De L'infaillibilité active du magistère ecclésiastique resulte l'infaillibilité passive de l'ensemble de l'Église, tous les fidèles étant subjectivement sûrs, dans la Foi qu'ils ont reçue de l'Église, qu'ils possèdent la vérité complète et que, dans cette conviction, ils ne peuvent se tromper( inerrance).
(Precis de théologie dogmatique Bartmann)"


Comme Calvin en son temps qui appelait les conciles les " oracles de Satan ", Ils n'hesitent pas a proclamer sans pertinence que la totalité morale des fidèles en est venue à croire à des doctrines qui contredisent les dogmes définis dans le passé. Ce qui est non seulement une incompréhension du concile et un rejet de l'autorité du magistère de l'Eglise qui en donne le sens, mais plus encore un déni de l’infaillibilité de l’Église universelle, de son indéfectibilité et de son unité de foi.

Mgr Lefebvre ne disait-il pas:

« Maintenant, cette unité de foi dans le monde entier n’existe plus, il n’y a plus de catholicité. Il y a autant d’églises catholiques qu’il y a d’évêques et de diocèses. Chacun a sa propre façon de voir, de penser, de prêcher, de passer le catéchisme. Il n’y a plus catholicité . » (Mgr Marcel Lefebvre, La visibilité de l’Église et la situation actuelle, Le Sel de la Terre, 2002)

En plus d'être très exagéré, c'est la négation d'un dogme de Foi essentiel voir de plusieurs.

Unité de foi de l’Église

La doctrine catholique enseigne que l’Église du Christ doit être une en ce qui concerne le gouvernement, le culte et la foi. C'est la triple unité qui caractérise la véritable unité catholique. L’unité de foi consiste en une unité formelle et matérielle.

- L’unité formelle signifie que tous les catholiques sont prêts à accepter les vérités définies par le Magistère ecclésiastique.

-L'unité matérielle de la foi signifie que tous les catholiques du monde entier croient et professent (extérieurement) les mêmes dogmes, du moins implicitement. Le théologien Mannens explique :

«L’unité de foi consiste dans le fait que les fidèles disséminés dans le monde croient et professent au moins implicitement toutes et les mêmes vérités que l’Église se propose de croire. Cette unité comprend : le consensus de tous dans les mêmes vérités, ce qu’on appelle l’unité matérielle; et l’adhésion de tous au même principe qui détermine le consensus, qui est le magistère ecclésiastique, et cette adhésion est appelée unité formelle. Par conséquent, l’unité de foi n’implique pas seulement le fait du consensus mais aussi le droit ou le principe par lequel ce fait est perpétuellement produit et préservé ». (P. Mannens, Theologiae Dogmaticas Institutiones, Tomus I, 1920, p. 356).

C’est précisément ce dernier aspect que les lefebristes et les sédévacantistes ignorent lorsqu’ils disent que la majorité des fidèles croient en des erreurs ou des hérésies issues du Concile Vatican II et des données doctrinales qui en dérivent, notamment le cathechisme, la liturgie, le droit Canon et jusque dans les canonisations. Autrement dit tout ce que l'Église est actuellement dans ses éléments essentiels.

Un obscurcissement général suite à Vatican 2 ?

Lors du Synode de Pistoie (en 1786 et condamné) le principal théologien, Pietro Tamburinia, a défendu la thèse selon laquelle un obscurcissement généralisé des vérités concernant la religion, qui sont à la base de la foi et des enseignements moraux de Jésus-Christ, s’était répandu:

"Ces points de doctrine ne sont parfois pas reconnus comme révélés sinon par un certain nombre de fidèles adeptes de la tradition, en comparaison considérés comme faux ou douteux pour un plus grand nombre de catholiques . Il est évident que le nombre de ceux qui suivent la vérité et la doctrine de l’Église peut dans certains domaines et à certains moments être le plus petit. Où Dieu a-t-il promis que la vérité serait toujours enseignée par le plus grand nombre ? Avant, il a souvent prédit l’obscurité et l’agitation avec lesquelles l’Église doit gémir. Est-ce peut-être le plus grand nombre qui, dans les jours les plus proches de nous, a suivi la doctrine de l’Écriture et de la Tradition sur les justes jugements de la hiérarchie ? Était-ce le plus grand nombre qui suivait les saintes règles de la morale évangélique contre les licencieuses des probabilistes ? Est-ce le plus grand nombre que vous ayez défendu pour les droits sacrés de la grâce de Jésus-Christ ? Est-ce que c’est le plus grand nombre qui s’est opposé à la relaxation des attirants ? (Analyse du livre des Prescriptions de Tertullien … Analyse du livre des Prescriptions de Tertullien … p.50)."

Cette thèse, qui ressemble a s'y méprendre à celle des lefebvristes et des sédévacantistes, a cependant été condamnée comme hérétique par Auctorem fidei de Pie VI:

"Au cours des derniers siècles, une obscurcissement généralisé des vérités les plus importantes concernant la religion, qui sont la base de la foi et enseignements moraux de Jésus-Christ . Proposition hérétique. "

Cependant un certain obscurcissement peut avoir lieu ,l’évêque Vicent Ferrer Gasser au Concile Vatican I le 11 juillet 1870 dans sa Relatio dit :

« Un obscurcissement momentané et partiel concernant une vérité non encore définie peut avoir lieu dans une plus ou moins grande partie de l’Église. Ainsi au temps de l’arianisme un grand nombre d’évêques ont été infectés par l’hérésie ». (L’Infaillibilité du Pape et le consentement de l’Eglise au Vatican I, Angelicum, Vol.47, No.3 (Iul. – Sept. 1970), pp. 267-307).

Ce dernier type d'obscurcissement s'est produit donc pendant la crise arienne alors que le dogme n'avait pas encore était defini. Par contre il est parfaitement évident que dans le cas de Vatican II , aucun "dérapage " doctrinal n'était possible. L'Église universelle, en partant des papes jusqu'aux fidèles , l'a reçu comme enseignement authentique de l’Église. Le cathechisme ( JP2 , 1992) qui a été promulgué officiellement comme norme de la Foi incorpore les doctrines de Vatican II, le droit canon a été affiné en incorporant les doctrines de Vatican II, la liturgie a été reformée en tenant compte des doctrines de Vatican II, les canonisations actuelles ont, pour certaines, des saints ayant promu Vatican II, etc....En vertu de l'infaillibilité passive de l'Église, il ne peut y avoir d'erreurs. Le croire, s'est croire que l'Eglise a disparu à Vatican II, ce qui est impossible, Dieu l'ayant promis.

Le nombre

Il est à noter que lorsque les théologiens parlent de «tous les catholiques», «de toute l’Église», «du corps des fidèles», «de tous les fidèles», etc., ce n’est pas une totalité physique, mais une totalité morale qui est considérée, comme cela ressort clairement du contexte.

Pourtant si l'on tient quand-même à regarder les chiffres :

-Le nombre de laïcs qui fréquentent les messes de la FSSPX est estimé entre 150 000 (Henri Tincq)[30] à 600 000 (FSSPX)[31], le cardinal Hoyos l'estimant en 2017 à « environ un demi-million de personnes »( sédévacantistes et " resistants certainement compris). En réalité, ce chiffre est flou par nature, puisque certains fidèles viennent chaque dimanche quand d'autres viennent plus rarement, et que d'autres encore fréquentent à la fois des églises de la Fraternité et des églises où est célébré le rite sous la forme ordinaire. Une étude de 2013 indique que 49 % (15 % « la plupart du temps » et 34 % « de temps à autre ») des fidèles de la FSSPX en France seraient prêts à retourner dans leur paroisse territoriale s'ils y trouvaient la liturgie traditionnelle[33].

-Le nombre de catholiques authentiques incorporés à l'Église était au 31 décembre 2021 de 1.375.852.000

En vertu de l'indéfectibilité passive, soit donc l'Église est celle , sans hiérarchie, des lefebvristes et des sédévacantistes ( 600000 au mieux) , soit celle de l'Église visible avec son pape ses évêques, ses prêtres et ses fidèles (1.375.852.000)

Cela se passe de commentaire.

Conclusion

Il convient de rappeler que cette thèse n’est pas une opinion théologique, mais une opinion de foi, puisque l’unité de l’Église n’est pas sujette à contestation. De plus, elle trouve une confirmation dans la bulle infaillible de Pie VI, Acutorem fidei, qui condamne la thèse de l’obscurité générale dans l’Église comme hérétique. Lumen gentium( Concile Vatican II) a enseigné ce point en se référant à Msgr. Gasser plus loin dans une note: « Ces définitions ne peuvent jamais manquer de l’assentiment de l’Église, grâce à l’action de l’Esprit Saint, qui préserve et fait progresser dans l’unité de la foi tout le troupeau du Christ ».

Les progressistes comme les faux traditionalistes, qui représentent une minorité peuvent donc obscurcirent pour les uns ou croire que des points de doctrine sont obscurcis pour les autres, cela ne prouve qu'une chose, qu'ils se sont detachés de leur mère, la Sainte Église Catholique. Mais à Dieu, rien est impossible.
Paix en Jésus-Christ et dans l'Église . Abbé Clermont.