Article 28 : le Nouvel Ordo de la Messe Paul VI est catholique. Démonstration.
Les mutilations que la Presse française, à la suite de l’A.F.P. "
"On a supprimé (dans les médias) l’institution du sacrifice de la Nouvelle Alliance, le sacerdoce du Christ conféré aux Apôtres, la représentation du Sacrifice propitiatoire du Christ, le renouvellement de ce sacrifice dans son identité.
On a supprimé tout ce qui rappelle, dans cette allocution, l’essence originelle et traditionnelle de notre Messe (Paul VI).
Abbé Luc J. LEFEVRE, directeur de La Pensée Catholique.
Préambule
"Cette Note doctrinale a été publiée par les soins de « Défense du Foyer ». Cet article suffira à faire constater à tout esprit de bonne foi l’orthodoxie du nouvel Ordo, son caractère traditionnel et l’obligation pour tout catholique d’obéir au Pape qui l’a légitimement promulgué.
NOTE DOCTRINALE SUR LE NOUVEL ORDO MISSAE
Le nouvel Ordo Missae promulgué par Sa Sainteté Paul VI a soulevé des inquiétudes et provoqué des oppositions parfois catégoriques parmi les fidèles les plus attachés à la tradition catholique romaine.
L’Ordre des chevaliers de Notre-Dame, qui fait profession « d’aimer et de défendre l’Église, sa foi, sa hiérarchie, ses institutions » se doit de prendre position avec netteté sur un problème aussi important, en excluant toute considération de prudence humaine, et en ayant le seul souci de la vérité et du bien commun de l’Église et des âmes.
PROFESSION DE FOI ET DECLARATION D’INTENTION.
Les chevaliers de Notre-Dame sont catholiques et romains, et n’acceptent aucun adjectif ajouté à ces deux noms augustes et inséparables, qui se suffisent absolument à eux-mêmes. Ils reçoivent la foi catholique dans toute son étendue et toute sa rigueur, telle qu’elle a toujours et partout été enseignée par les Pontifes romains et les évêques en communion avec le Saint-Siège apostolique, qu’ils soient ou non réunis en concile.
lls reçoivent tous les enseignements du II° Concile du Vatican comme éléments authentiques de la Tradition catholique, qui ne sauraient en aucun cas être interprétés en dehors de cette tradition, ou en contradiction avec elle.
En ce qui concerne la nature de la sainte Messe, les chevaliers de Notre-Dame, comme tous les catholiques, tiennent pour définitif et irréformable renseignement du Concile de Trente sur la Messe comme vrai sacrifice, identique à l’unique sacrifice du Christ ; sur la nature du sacerdoce et le rôle unique du prêtre ; sur la présence réelle du Christ sous les espèces sacramentelles par transsubstantiation.
Les chevaliers de Notre-Dame, comme tous les catholiques, professent que ces vérités fondamentales sont absolument nécessaires au salut, qu’elles doivent être clairement exprimées et manifestées dans la sainte Liturgie, et qu’aucun souci œcuménique ne doit conduire à les nier, à les masquer, à les passer sous silence, ou à les exprimer d’une manière ambiguë.
C’est dans cet esprit que nous avons étudié le nouvel Ordo Missae et les objections qui lui sont opposées, et que nous avons décidé de rendre publiques nos conclusions.
EXAMEN DES PRINCIPAUX POINTS QUI FONT DIFFICULTE.
La définition du chapitre II de l’Institutio generalis et L’Offertoire.
Partie 1) La définition du chapitre II de l’Institutio generalis.
« La Cène du Seigneur ou Messe est une synaxe sacrée ou réunion du peuple de Dieu en un seul lieu, sous la présidence (mais le mot latin dit plus, et n’a pas la saveur démocratique qui s’est attachée au mot président dans nos langues modernes) d’un prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur ».
Isolée de son contexte, cette définition parait équivoque. On l’a qualifiée de protestante, et de fait, n’était le mot « sacerdos » qui devrait alors signifier seulement quelque chose comme « représentant du peuple sacerdotal », un calviniste pourrait l’accepter.
Qu’en est-il exactement ? Quel sens a été réellement voulu par ses auteurs ? Catholique ? Protestant ?
Autrement dit, la Messe est-elle ramenée à la « Cène » protestante, et le « Mémorial du Seigneur » n’est-il qu’un geste de souvenir, un « symbole » du sacrifice de la Croix et de la « présence spirituelle » du Christ au milieu des siens ? Ou bien, au contraire, la « Cena dominica » doit-elle être comprise comme identique à la Messe catholique au sens traditionnel ?
Pour répondre en toute certitude à cette question essentielle, il suffit de se reporter à trois textes qui éclairent la définition litigieuse :
a) Au chapitre 1 de l’Institutio generalis, on peut lire ceci :
« Il importe au plus haut point que la célébration de la Messe ou Cène du Seigneur soit ordonnée de telle manière que ministres et fidèles participant à celle-ci selon sa condition, en reçoivent plus pleinement les fruits en vue desquels le Christ Seigneur institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang, et le confia à l’Eglise son Epouse bien-aimée, comme mémorial de sa Passion et de sa Résurrection ».
La Messe est définie ensuite comme la dernière Cène rendue présente lorsque le Prêtre, représentant le Christ Seigneur, accomplit ce que fit le Seigneur lui-même.
Passage très clair, où manque cependant une référence au sacrifice de la Croix.
Mais cette référence, on la trouve plus loin :
« L’Autel, sur lequel le sacrifice de la Croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la Table du Seigneur, à la participation de laquelle, à la Messe, le peuple de Dieu est convoqué ; il est en outre le centre de l’action de grâce qui s’accomplit par l’Eucharistie. »
La Présence réelle est clairement signifiée :
« Dans la « Prière eucharistique »… les oblats deviennent le Corps et le Sang du Christ ».
Ces passages, parfaitement catholiques, suffiraient à eux seuls à ôter toute équivoque et à donner à la définition du ch. II sa seule interprétation possible, puisque le « Mémorial » y est défini comme étant le sacrifice eucharistique du Corps et du Sang du Christ, institué par le Christ et confié à l’Eglise.
Rien de protestant là-dedans.
Il est regrettable que les théologiens qui ont critiqué la définition du chapitre II, aient omis de signaler ces importants correctifs. Mais ce n’est pas tout :
b) La définition du chapitre II comporte deux références aux enseignements du Concile Vatican II :
Le décret « Presbyterorum Ordinis » n°5. Ce passage est tout-à-fait explicite quant à la signification du sacerdoce des prêtres catholiques et de leur office propre qui est « d’offrir sacramentellement le sacrifice du Christ »…
« Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Eglise, c’est-à-dire le Christ Lui-même, Lui dont la chair, vivifiée par l’Esprit-Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes…
Ainsi, c’est l’assemblée eucharistique (sacra synaxis) qui est le centre de la communauté des fidèles à laquelle le prêtre préside » (cui Presbyter « praeest » — praeesse : être à la tête de, présider, avoir la direction de).
Il est donc parfaitement clair que pour ce Décret conciliaire auquel on nous renvoie explicitement :
— le prêtre offre le sacrifice eucharistique ;
— l’Eucharistie contient le Christ Lui-même ;
— « Présider » l’Assemblée eucharistique (sacra synaxis) signifie offrir le sacrifice du Christ réellement présent.
La deuxième référence vise la Constitution sur la Liturgie, n°33, où il est dit que le Prêtre « préside » l’Assemblée « in persona Christi », c’est-à-dire comme tenant la place du Christ souverain et unique Prêtre, (et non comme délégué du peuple de Dieu).
Ainsi, par ces deux références et par les n°2, 48 et 259, nous avons la signification précise des termes qui, hors contexte, étaient équivoques et ouvraient la porte à l’interprétation protestante.
Nous savons maintenant que les expressions "mémorial du Seigneur", "synaxe sacrée", "préséance ou présidence du prêtre", ont un sens catholique.
Enfin, comme si ce qui précède ne suffisait pas, le Pape a tenu à mettre les choses au point dans son allocution du 19 novembre 1969 :
« … La Messe est et reste le mémorial de la dernière Cène du Christ au cours de laquelle le Seigneur, changeant le pain et le vin en Son Corps et en Son Sang, institua le sacrifice du Nouveau Testament, et voulut que par la vertu de Son sacerdoce conféré aux Apôtres, il fut renouvelé dans son identité, mais offert sous un mode différent, à savoir d’une manière non-sanglante et sacramentelle, en perpétuelle mémoire de Lui jusqu’à son dernier avènement. »
« … Les conséquences prévues, ou mieux, désirées (de cette innovation), sont une participation des fidèles plus intelligente plus pratique, plus ressentie, plus sanctifiante, au mystère liturgique, c’est-à-dire à l’écoute de la Parole de Dieu qui vit et retentit dans les siècles et dans l’histoire de chacune de nos âmes et à la réalité mystique du sacrifice sacramentel et propitiatoire du Christ… ».
Monsieur l’abbé Luc J. LEFEVRE, l’éminent directeur de « La Pensée Catholique » (Ed. du Cèdre, 13 rue Mazarine), a dénoncé publiquement les mutilations que la Presse française, à la suite de l’A.F.P. (elle-même trompée par qui ?) a fait subir aux paroles du Saint-Père :
- "on a supprimé l’institution du sacrifice de la Nouvelle Alliance, le sacerdoce du Christ conféré aux Apôtres, la représentation du Sacrifice propitiatoire du Christ, le renouvellement de ce sacrifice dans son identité."
Bref, commente l’Abbé Lefèvre : "on a supprimé tout ce qui rappelle, dans cette allocution, l’essence originelle et traditionnelle de notre Messe (Paul VI). Pourquoi ? ".
Ces paroles du Pape ont bel et bien été prononcées, on les trouve dans le tract de l’Abbé Lefèvre (extrait du n° 123 de la Pensée Catholique), dans la Croix et dans la Documentation Catholique. Elles sont en pleine harmonie avec la doctrine du Concile de Trente, de « Mysterium fidei » (1965) et de la Profession de foi de 1968. Pouvait-il en être autrement ?
Voici notre conclusion ferme et certaine quant à cette première partie de notre Note : La définition du chapitre II, dont on a dit qu’elle commandait toute l’interprétation de la Messe selon le nouvel Ordo, n’est pas hérétique, mais catholique.
Néanmoins, étant donné que, prise hors de son contexte, elle est équivoque, et que par ailleurs, elle ne rend pas compte de la Messe privée, nous demanderons au Saint Père de bien vouloir la compléter, et d’insérer dans la Constitution apostolique qui précède l’Instruction générale un rappel de la doctrine traditionnelle aussi clair que la Profession de foi ou la susdite allocution du 19 novembre.