Voici la source :Paroles de Saints: la soumission de l’intelligence au PapeLa 1ère partie n'a aucun intérêt.En revanche,
la 2ème partie est très intéressante et il aurait été préférable de
la citer seule et dans tout son contexte propre.
Plan :
1/ paragraphe dans lequel se situe la citation.
2/ références incluses dans ce paragraphe.
3/ autre encyclique moins connue sur ce sujet précis
4/ résumé et réponses aux objections
1/ Effectivement,
Casti Connubii de Pie XI (31 décembre 1930) est une encyclique sur le mariage. Mais le passage cité est tiré du
§Docilité aux enseignements de l’Eglise et obéissance à ses prescriptionsLe voici en entier :
Casti Connubii (31 décembre 1930) | PIE XI"Cette conformité de l'union conjugale et des mœurs aux lois divines, sans laquelle aucune restauration efficace du mariage n'est possible, suppose que
tous peuvent discerner, avec facilité, avec une pleine certitude, et sans aucun mélange d'erreur, quelles sont ces lois. Or, tout le monde voit à combien d'illusions on donnerait accès, et combien d’erreurs se mêleraient à la vérité,
si on abandonnait à chacun le soin de découvrir ces lois à la seule lumière de la raison,
ou s'il les fallait trouver moyennant l'interprétation privée de la vérité révélée. Cette considération vaut sans doute pour nombre d'autres vérités de l'ordre moral, mais son importance est extrême quand il s'agit de l'union conjugale où l'attrait de
la volupté peut facilement s'emparer de la fragile nature humaine, la tromper et la séduire. Et cela d'autant plus que l'observation de la loi divine exige des conjoints des sacrifices parfois difficiles et prolongés, auxquels, l'expérience en témoigne, un homme faible oppose autant d'arguments qu'il lui en faut pour s'excuser de ne point observer la loi divine.
Aussi, pour que ce ne soit pas une fiction ou une déformation de la loi divine, mais une vraie et authentique connaissance de cette loi qui éclaire les esprits et dirige les mœurs des hommes,
il est nécessaire qu'à la dévotion envers Dieu et au désir de le servir s'ajoute une filiale et humble obéissance envers l'Eglise. C'est, en effet, Notre-Seigneur lui-même qui a établi
l'Église maîtresse de vérité,
même en ce qui regarde la conduite et l'ordre des mœurs,
bien qu'en cette matière beaucoup de choses ne soient pas, par elles-mêmes, inaccessibles à la raison humaine. Car si, pour les vérités naturelles de la religion et des mœurs,
Dieu a joint la révélation à la lumière de la raison, afin que « même dans la condition présente du genre humain
tous puissent connaître aisément, avec une certitude ferme et sans mélange d'erreur » (Conc. Vat. sess III, ch. II)
ce qui est juste et vrai, il a pareillement établi dans le même but,
l'Eglise comme gardienne et maîtresse de toute la vérité, tant de la religion que des mœurs.
Que les fidèles lui obéissent donc,
pour prémunir leur intelligence contre l'erreur et leurs mœurs contre la corruption, et
qu'ils lui soumettent leur esprit et leur âme.
Si, d'ailleurs, ils ne veulent pas se priver eux-mêmes d’un secours accordé par Dieu avec une si grande bonté, ils doivent pratiquer
cette obéissance non seulement à l'égard des définitions plus solennelles de l'Eglise, mais aussi, proportion gardée, à l'égard des autres constitutions et décrets qui proscrivent ou condamnent certaines opinions comme dangereuses ou mauvaises (Conc. Vat. sess XIII, ch. IV ;
Cod., iur. can., C. 1324). En conséquence, dans les questions qui sont soulevées aujourd'hui par rapport au mariage, que les fidèles ne se fient pas trop à leur propre jugement, et qu'ils ne se laissent pas séduire par
cette fausse liberté de la raison humaine que l'on appelle autonomie. Rien ne convient moins en effet à un chrétien digne de ce nom que de pousser l'orgueilleuse confiance en sa propre intelligence, jusqu'à refuser son assentiment aux vérités dont il n'aurait pu acquérir personnellement une connaissance directe ;
jusqu'à regarder l'Eglise, envoyée par Dieu cependant pour enseigner et régir toutes les nations, comme médiocrement informée des choses présentes et de leurs aspects actuels,
ou même jusqu'à n'accorder son assentiment et son obéissance qu'aux définitions plus solennelles dont Nous avons parlé,
comme si l'on pouvait prudemment penser que les autres décisions de l'Eglise sont entachées d'erreur ou qu'elles n'ont pas un fondement suffisant de vérité et d'honnêteté. C'est au contraire,
le propre des vrais chrétiens, savants ou non, de
se laisser gouverner et conduire, en tout ce qui concerne la foi et les mœurs, par la sainte Eglise de Dieu, par son suprême Pasteur, le Pontife romain, qui est lui-même dirigé par Notre-Seigneur Jésus-Christ."
2/ Voici maintenant les références contenues dans ce texte :
CONSTITUTION DOGMATIQUE SUR LA FOI CATHOLIQUE DÉCRÉTÉE DANS LA IIIe SESSION DU CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU VATICAN ICHAPITRE II. De la RévélationTextes du magistère"La même sainte Mère Église tient et enseigne que
Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées (Rom. 1, 20) ; " car les choses invisibles de Dieu sont aperçues au moyen de la création du monde et comprises à l'aide des choses créées. "
Cependant il a plu à la sagesse et à la bonté de Dieu de se révéler lui-même à nous et de nous révéler les décrets éternels de sa volonté par une autre voie surnaturelle, selon ce que dit l'Apôtre : " Dieu, qui a parlé à nos pères par les Prophètes plusieurs fois et de plusieurs manières, nous a parlé en ces derniers temps et de nos jours par son Fils. (Hébr. I, 1,2). "
"C'est bien à cette
révélation divine que l'on doit que
tous les hommes puissent
promptement connaître, même dans l'état présent du genre humain, d'une certitude incontestable et sans aucun mélange d'erreur, celles des choses divines qui ne sont pas de soi inaccessibles à la raison humaine. Cependant, ce n'est pas à cause de cela, que l'on doit dire la
révélation absolument nécessaire, mais c'est parce que Dieu, dans sa bonté infinie, a élevé l'homme à une fin surnaturelle, c'est-à-dire pour le mettre en état de participer aux biens divins qui surpassent tout à fait l'intelligence de l'homme, " car l'oeil de l'homme n'a point vu, son oreille n'a point entendu, son coeur n'a pu s'élever à comprendre ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (I. Cor., II, 9). "
"Or, cette révélation surnaturelle, selon la foi de l'Église universelle qui a été déclarée par le saint Concile de Trente, est contenue
dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui, reçues
de la bouche de Jésus-Christ même par les Apôtres, ou transmises comme
par les mains des Apôtres, sous l'inspiration du Saint-Esprit, sont venues jusqu'à nous (Conc. de Trent. Sess. IV, Décr. de Can. Script.) Et ces livres de l'Ancien et du Nouveau Testament doivent être reconnus pour saints et canoniques en entier, dans toutes leurs parties, tels qu'ils sont énumérés dans le décret du Concile de Trente et comme on les lit dans l'antique édition latine de la Vulgate. Ces livres,
l'Église les tient pour saints et canoniques, non point parce que, composés par la seule habileté humaine, ils ont été ensuite approuvés par l'autorité de l'Église ; et non pas seulement parce qu'ils contiennent la révélation sans erreur, mais
parce que, écrits sous l'inspiration de l'Esprit saint, ils ont Dieu pour auteur et qu'ils ont été livrés comme tels à l'Église elle-même.
"Mais parce que quelques hommes comprennent mal ce que le saint Concile de Trente a décrété salutairement touchant l'interprétation de la divine Écriture, afin de maîtriser les esprits téméraires, Nous, renouvelant le même décret, Nous déclarons que l'esprit de ce décret est que,
dans les choses de la foi et des moeurs qui concernent l'édifice de la doctrine chrétienne, il faut tenir pour le vrai sens de la sainte Écriture celui qu'a toujours tenu et que tient
Notre sainte Mère l'Église, à qui il appartient de
juger du vrai sens et de l'interprétation des saintes Écritures ; en sorte qu'il n'est permis à personne d'interpréter l'Écriture contrairement à ce sens, ou même contrairement au sentiment unanime des Pères."
CIC1917 C.1324Code du Droit Canon"Ce n'est pas assez d'éviter la perversité hérétique, il faut aussi fuir avec diligence les erreurs qui s'en rapprochent plus ou moins ; c'est pourquoi tous doivent aussi observer les Constitutions et les décrets par lesquels les mauvaises opinions de ce genre sont proscrites et interdites par le Saint-Siège."
3/ Voici enfin, une autre encyclique qui aurait pu être citée en la matière :
Lettre encyclique "Etsi multa luctuosa" - Sur l'obligation de croire à l'Eglise, de Pie XI (21 novembre 1873)Encyclique Etsi multa luctuosa • 21 novembre 1873 • Pie IX • LPL"La foi nous apprend pourtant et la raison nous démontre qu’il existe deux ordres de lois et qu’il faut en même temps distinguer deux puissances ici-bas : l’une naturelle et chargée de veiller à la tranquillité de la société humaine et aux intérêts du siècle ; l’autre dont l’origine est supérieure à la nature, qui préside à la cité de Dieu, c’est-à-dire à l’Église du Christ divinement instituée pour la paix des âmes et leur salut éternel. Or
les devoirs de ces deux puissances ont été très sagement ordonnés pour rendre à Dieu ce qui est à Dieu et, à cause de Dieu, à César ce qui est à César qui n’est grand que parce qu’il est soumis au ciel, car il est lui-même à Celui à qui appartiennent et le ciel et toute créature"
(A propos des persécutions du pouvoir civil contre la religion) :
"est-il possible que Nous nous persuadions, comme on Nous l’affirme, que
la religion de Jésus-Christ et la vérité ne sont pas en cause ?"
(A propos du soutien de l'Etat aux Vieux-Catholiques, hérétiques) :
Car tout en reniant et en
renversant la véritable autorité de juridiction dans la personne du Pontife romain, et des évêques successeurs de saint Pierre et des Apôtres, et en la transférant au peuple, ou pour user de leur langage, à la communauté, ils rejettent avec opiniâtreté et
attaquent le magistère infaillible et du Pontife romain et de toute l’Eglise enseignante, et, donnant un
démenti au Saint-Esprit dont le Christ avait promis à l’Eglise l’assistance éternelle, par une audace incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans l’unité de foi et de communion, sont tombés dans l’hérésie en acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et en les professant. C’est pourquoi
ils nient aussi l’indéfectibilité de l’Eglise, disant avec blasphème qu’elle a péri dans l’univers entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont fait défection.
Ces infortunés... ne rougissent pas de se dire catholiques et même vieux catholiques, alors que par leur doctrine, leur nouveauté et leur petit nombre ils
renoncent à cette note d’antiquité et de catholicité plus qu’à tout autre.
(Conclusion de l'encyclique) :
"
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle". Si vous ne croyez pas aux paroles, croyez aux faits. Combien de tyrans ont tenté d’écraser l’Église ! Que de grils, que de fournaises, que de dents de bêtes féroces, que de glaives aigus ! Ils n’ont pu réussir. Où sont-ils, ces ennemis ? Ils appartiennent au silence et à l’oubli. Où est l’Église ? Elle resplendit plus que le soleil. Ce qui touchait à ces hommes a disparu. Ce qui regarde l’Église est immortel."
4/ Résumé et réponses aux objections :
L'Eglise est Maîtresse infaillible de vérité. Lui obéir, c'est régner, c'est l'emporter sur les forces de l'enfer, sur les hérésies.
L'Eglise est indéfectible. Elle ne peut se renier elle-même en professant aujourd'hui les hérésies qu'elle condamnait hier.
Galates 1,8 :
"
Mais si quelqu’un, fût-ce nous-même ou un Ange du Ciel, vous annonçait un autre évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème !"
L'hérétique, fût-il un Ange du Ciel, est anathème, excommunié, exclu de l'Eglise. Il ne peut en aucun cas être sa tête, ni sa bouche.
La grâce ne supprime pas la nature, notamment la foi ne supprime pas la raison et son
principe fondamental de non-contradiction : "on ne peut à la fois et sous le même rapport affirmer et nier une chose".
Le dépôt de la foi est la même hier, aujourd'hui et demain. Ce qui a été révélé par Dieu et enseigné par l'Eglise était vrai hier, l'est aujourd'hui et le sera demain.
Celui qui prétend changer la foi de l'Eglise n'est pas un Ange de Dieu, un envoyé de Dieu et on ne lui doit aucune obéissance.
Le fidéisme a été condamné par l'Eglise (Voir les citations en fin d'article). La foi dépasse la nature mais ne la supprime pas.
Notre Seigneur Jésus-Christ a donné des
preuves extrinsèques (prophéties, miracles, vie sainte), accessibles à la raison, de son témoignage, pour qu'il soit raisonnable de croire,
sans preuve intrinsèque, aux vérités qu'il nous a révélées et qui dépassent la raison.
De même, la non-contradition entre ce qui a été enseigné par l'Eglise hier et ce qu'elle enseigne aujourd'hui est une
preuve extrinsèque permettant de discerner la légitimité d'une autorité. Une fois cette légitimité reconnue, on peut en toute sécurité et on doit,
sans preuve intrinsèque, croire aux vérités que l'Eglise enseigne : vérités surnaturelles qui dépassent notre raison ; ou vérités naturelles qui, sans la dépasser, nous seraient difficile à atteindre en raison du conditionnement de notre intelligence (manque de temps, paresse, passions).
Mais si,
télescopant la preuve extrinsèque, on
adhère aveuglément à une autorité qui usurpe un pouvoir,
on pèche car on agit contre la raison.
Encore une fois, il n'y a aucune contradiction à dire :
- le pape (à supposer qu'il soit pape, d'après des preuves extrinsèques) est infaillible et il faut lui obéir (sans preuve intrinsèque de la vérité qu'il enseigne et qui dépasse notre raison)
- un hérétique exclu de l'Eglise ne peut pas être pape (car il contredit le dépôt de la foi, preuve extrinsèque qu'il n'a pas d'autorité légitime) et aucune obéissance ne lui est due.
Concile Vatican I - Contre le fidéisme
30331996 Denzinger 30073. Si quelqu'un dit que la Révélation divine ne peut être rendue croyable par des
signes extérieurs et que, dès lors, les hommes doivent être poussés à la foi uniquement par leur expérience intérieure personnelle ou par une inspiration privée, qu'il soit anathème
3009 .
30091996 Denzinger 3007Néanmoins,
pour que l'hommage de notre foi soit conforme à la raison Rm 12,1 Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés de
preuves extérieures de sa Révélation, à savoir des faits divins et surtout les miracles et les prophéties qui, en montrant de manière impressionnante la toute-puissance de Dieu et sa science sans borne, sont des signes très certains de la Révélation divine, adaptés à l'intelligence de tous 3023-3024...