La vénérable Maria d'Agreda, un modèle que Maria Valtorta ne suivrait pas ?
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"Si ses visions à elle étaient authentiques, alors forcément, elle aurait du connaître les mêmes mises à l'épreuve que sa prédécesseur Maria d'Agreda. Or elle ne les a pas connues : CQFD, c'est une affabulatrice, son oeuvre est fausse ! "
Pas si vite :
pourrions-nous, avant de faire des conclusions si hâtives, au moins examiner les faits calmement, avec objectivité ? Oui, c'est possible, et même : c'est très profitable comme nous allons le voir.
1 ) Maria d'Agreda a attendu 10 ans avant d'écrire la première version de "La cité mystique", fruit de ses visions.
C'est déjà assez mal parti : on ne voit pas bien en effet au nom de quoi une authentique messagère du ciel devrait systématiquement s'imposer ce délai avant de coucher ses écrits sur le papier, avec le risque évident de perdre beaucoup d'éléments dans l'intervalle.
Dans le cas de Maria Valtorta, cela aurait été totalement impossible, vu l'étendue impressionnante de ce qu'elle rapporte. Comment imaginer que le Bon Dieu puisse imposer à sa créature de mémoriser des milliers et des milliers de pages, et la faire attendre ainsi 10 ans, toute malade et mourante qu'elle était, avant de les écrire enfin ?
On n'imaginerait jamais qu'une telle aventure puisse être arrivée, même à l'un des prophètes du passé.
2 ) La raison de cette attente
Autre critère que Maria Valtorta serait censée remplir comme Md'A : elle aurait du vivre à une époque où l'on pensait que « les femmes ne devaient point écrire dans la sainte Église ». Car c'était bien la seule raison qui poussa Md'A, jeune abesse, à temporiser autant !
Or cette mentalité très fermée du XVIIe siècle était passée, elle n'avait heureusement plus cours dans l'Europe de la fin du XIXe, qui découvrit avec enthousiasme les manuscrits autobiographiques de la future sainte Thérèse de Lisieux.
Est-ce que toutes les visionnaires de tous les temps devraient attendre 10 ans, dans l'angoisse d'être mal vue par la gente masculine, avant d'enfin oser écrire ce que Dieu leur demande de transmettre ? Chacun peut comprendre que ce serait ridicule.
3 ) La destruction des écrits de Md'A par le feu.
Un confesseur occasionnel, très méfiant, introduisit en elle le scrupule, et lui demanda de tout détruire, toujours au nom de la mentalité de l'époque déjà évoquée ci-dessus, ce qu'elle fit.
Est-ce que tous les directeurs et confesseurs de toutes les époques devraient agir de même, en pensant que « les femmes ne devaient point écrire dans la sainte Église » ? Vraiment ? Car ce fut pour cette raison absurde, et non pas "simplement dans le but de l'éprouver", que ce confesseur agit ainsi.
4 ) Md'A réécrit son livre après de longues années.
D'aucun veulent croire que Md'A avait obéi à ce confesseur occasionnel pour être "déchargée de toute responsabilité", mais c'est bien méconnaître ce qui suit :
27 années plus tard, son confesseur ordinaire lui demanda de tout réécrire, ce qu'elle fit péniblement de mémoire, peu de temps avant sa mort, en surmontant des répugnances, conflits et tentations intenses.
Est-ce que toutes les visionnaires de tous les temps devraient être tenues de réécrire de mémoire et avec bien des déperditions, dans les tribulations, leurs écrits pourtant si précieux qui seraient alors fort amoindris, et cela 30 ans après les avoir brûlés ?
Au nom de quoi cela devrait-il être l'unique gage d'authenticité ? C'est pourtant bien ce qu'affirment certains détracteurs de l'oeuvre de Maria Valtorta.
Or ce faisant, ils pèchent pour au moins trois bonnes raisons :
1 ) Ils se substituent aux décisions du père spirituel de Maria Valtorta, en exigeant qu'il ait la même mentalité et les mêmes actes que celui de Maria d'Agreda. C'est une usurpation d'autorité !
Le directeur de Maria Valtorta l'autorisa à écrire, et même l'y encouragea : de ce fait, elle montra la même obéissance que Maria d'Agreda à son confesseur.
2 ) Ils exigent que Maria Valtorta, cette pauvre mourante qui n'en avait normalement plus que pour 3 mois à vivre et fut maintenue miraculeusement en santé précaire par le Christ afin de pouvoir écrire, ait du brûler ses écrits - alors que son père spirituel ne l'exigeait certainement pas ! - , qu'elle attendre encore 30 années de maladie mortelle, puis qu'elle se mettre à tout réécrire de mémoire !?
C'est de la folie pure. Et cela n'aurait pas été une obéissance à Dieu. Chacun a une voie particulière à suivre.
Maria d'Agreda avait la santé pour accomplir cet exercice imposé, et son oeuvre n'était pas du tout aussi abondante que celle de MV, impossible à mémoriser.
De plus, cette réécriture 27 ans plus tard induisit de grandes déperditions dans l'oeuvre de Md'A, et c'est plus que regrettable.
3 ) Ils oublient les nombreuses femmes qui furent autorisées à écrire librement dans l'Eglise, car les mentalités changent, et varient aussi selon les pays : nous avons déjà cité la petite Thérèse Martin, devenue sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus, et qui fut encouragée à écrire par ses supérieures, avec la pleine liberté de s'organiser comme bon lui semblait.
Comme quoi : liberté va souvent de paire avec obéissance, n'en déplaise aux censeurs rigidifiés dans leurs principes matchos et stériles, toujours prêts à imposer aux autres ce qu'ils refuseraient qu'on leur fasse.
Je pense avec un certain amusement aux réflexions outrées, scandalisées, de certains lorsqu'ils sont bloqués pour d'évidentes raisons, alors qu'ils exigeraient de Maria Valtorta quelle ait du vivre rigoureusement ce que Maria d'Agreda endura, avec simplicité, finalement : tout à l'inverse d'eux-mêmes !
Ils sont incapables de s'appliquer ce qu'ils exigent pour les autres...
Conclusion :
Il est stérile de prétendre imposer la vie de Maria d'Agreda comme le seul modèle possible à suivre pour Maria Valtorta, comme "le seul gage d'authenticité". Toutes deux eurent à souffrir intensément par toutes sortes d'épreuves, et cependant de manière différente. Et toutes deux manifesterent leur sainteté et la haute valeur des dons qu'elles avaient reçus du Ciel.
Cependant, si Maria d'Agreda fut contrainte par obéissance à perdre une grande partie de son oeuvre originale, tel ne fut pas le sort réservé à Maria Valtorta, qui put écrire en direct ses révélations.
Les hommes se chargèrent de contrebalancer cet avantage par tellement d'épreuves, qu'on se demande bien ce que Maria d'Agreda aurait pu lui envier.