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La corruption une arme de destruction massive

La corruption une arme de destruction massive
– Écoutons ici des aveux plus effrayants encore: "Nous sommes trop en progrès pour nous contenter du meurtre. A quoi sert un homme tué? N’individualisons pas le crime; afin de le grandir jusqu’aux proportions du patriotisme et de la haine contre l’Église, nous devons le généraliser. Le catholicisme n’a pas plus peur d’un stylet bien acéré que les monarchies; mais ces deux bases de l’ordre social peuvent crouler sous la corruption: ne nous lassons donc jamais de corrompre. Il est décidé dans nos conseils que nous ne voulons plus de chrétiens; donc, popularisons le vice dans les multitudes. Qu’elles le respirent par les cinq sens, qu’elles le boivent, qu’elles s’en saturent. Faites des cœurs vicieux et vous n’aurez plus de catholiques."
Quel éloge pour l’Église! "Épargnons les corps, mais tuons l’esprit. C’est le moral qu’il nous importe d’atteindre; c’est donc le cœur que nous devons blesser. C’est par principe d’humanité politique que je crois devoir proposer ce moyen."

A l’occasion de la mort publiquement impénitente de deux de ses agents, exécutés à Rome, le chef de la Haute Vente ajoute: "Leur mort de réprouvés a produit un magique effet sur les masses. C’est une première proclamation des Sociétés secrètes, et une prise de possession des âmes. Mourir sur la place du Peuple, à Rome, dans la cité mère du catholicisme, mourir franc-maçon et impénitent, c’est admirable! – Infiltrez le venin dans les cœurs choisis, écrit un autre de ces démons incarnés, infiltrez-le à petites doses et comme par hasard; vous serez étonnés vous-mêmes de votre succès. L’essentiel est d’isoler l’homme de sa famille, de lui en faire perdre les mœurs. Il est assez disposé, par la pente de son caractère, à fuir les soins du ménage, à courir après de faciles plaisirs et des joies défendues. Il aime les longues causeries du café, l’oisiveté des spectacles. Entraînez-le, soutirez-le; donnez-lui une importance quelconque; apprenez-lui discrètement à s’ennuyer de ses travaux journaliers. Par ce manège, après l’avoir séparé de sa femme et de ses enfants, après lui avoir montré combien sont pénibles tous les devoirs, vous lui inculquerez le désir d’une autre existence. L’homme est né rebelle; attisez ce désir de rébellion jusqu’à l’incendie; mais que l’incendie n’éclate pas. C’est une préparation à la grande œuvre que vous devez commencer."
"Pour une grande œuvre, il faut une conscience large que n’effarouchent pas à l’occasion une alliance adultère, la foi publiquement violée, les lois de l’humanité foulées aux pieds."

La Haute Vente résume elle-même cet infernal complot: "C’est la corruption en grand que nous avons entreprise, la corruption du peuple par le clergé et du clergé par nous, la corruption qui doit nous conduire à mettre un jour l’Église au tombeau. Pour abattre le catholicisme, nous dit-on, il faudrait d’abord supprimer la femme. Soit; mais, ne pouvant supprimer la femme, corrompons-la avec l’Église. Corruptio optimi pessima. Le but est assez beau pour tenter des hommes tels que nous. Le meilleur poignard pour frapper l’Église au cœur, c’est la corruption. A l’œuvre donc, jusqu’à la fin!"

La corruption de la jeunesse et du clergé
Les "cœurs choisis" que la révolution recherche de préférence, ce sont les jeunes gens et les prêtres; elle ose même aspirer jusqu’à former un pape.
"C’est à la jeunesse qu’il faut aller; c’est elle qu’il faut séduire, elle que nous devons entraîner, sans qu’elle s’en doute, sous nos drapeaux. Que tout le monde ignore votre dessein! Laissez de côté la vieillesse et l’âge mûr; allez à la jeunesse, et, s’il est possible, jusqu’à l’enfance. N’ayez jamais pour elle un mot d’impiété ou d’impureté; gardez-vous en bien dans l’intérêt de la cause. Conservez toutes les apparences de l’homme grave et moral. Une fois votre réputation établie dans les collèges, les lycées et les universités, dans les séminaires, une fois que vous aurez capté la confiance des professeurs et des étudiants, attachez-vous principalement à ceux qui s’engagent dans la milice cléricale.
Excitez, échauffez ces natures si pleines d’incandescence et de patriotique orgueil. Offrez leur d’abord, mais toujours en secret, des livres inoffensifs; puis, vous amenez peu vos disciples au degré de cuisson voulu. Quand, sur tous les points à la fois, ce travail de tous les jours aura répandu nos idées comme la lumière, vous pourrez apprécier la sagesse de cette discrétion."
"Faites vous une réputation de bon catholique et de patriote pur. Cette réputation donnera facilement accès à nos doctrines parmi le jeune clergé comme au fond des couvents. Dans quelques années, ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions; il gouvernera, il administrera, il jugera, il formera le conseil du souverain: il sera appelé à choisir le Pontife qui devra régner, et ce Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera nécessairement plus ou moins imbu des principes italiens et humanitaires que nous allons mettre en circulation. Pour atteindre ce but, nous mettons au vent toutes nos voiles." – "Nous devons faire l’éducation immorale de l’Église, et arriver par de petits moyens bien gradués, quoique assez mal définis, au triomphe de l’idée révolutionnaire par un Pape. Ce projet m’a toujours paru d’un calcul surhumain." Surhumain en effet; car il vient en droite ligne de Satan. Le personnage qui se cache sous le nom de Nubius décrit ensuite ce Pape révolutionnaire qu’il ose espérer: un Pape faible et crédule, sans pénétration, honnête et respecté, imbu des principes démocratiques. C’est à peu près dans ces conditions qu’il nous en faudrait un, si c’est encore possible. Avec cela nous marcherons plus sûrement à l’assaut de l’Église, qu’avec les pamphlets de nos frères de France et l’or même de l’Angleterre. Pour briser le rocher sur lequel Dieu a bâti son Église, nous aurions le petit doigt du successeur de Pierre engagé dans le complot, et ce petit doigt vaudrait pour cette croisade tous les Urbain II et tous les saint Bernard de la chrétienté".

"Vous voulez révolutionner l’Italie," ajoutent enfin ces séides de l’enfer, "cherchez le Pape dont nous venons de faire le portrait. Que le clergé marche sous votre étendard en croyant toujours marcher sous la bannière des Clefs apostoliques. Vous voulez faire disparaître le dernier siège des tyrans et des oppresseurs, tendez vos filets, tendez-les au fond des sacristies, des séminaires et des couvents; et si vous ne précipitez rien, nous vous promettons une pêche miraculeuse; vous prêcherez une révolution en tiare et en chape, marchant avec la croix et la bannière; une révolution qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillonnée pour mettre le feu au quatre coins du monde." Comme ils sentent eux-mêmes que tout repose sur le Pape !

Il est consolant de les voir constater avec dépit qu’ils n’ont pu entamer ni le Sacré-Collège, ni la Compagnie de Jésus. "Les Cardinaux ont tous échappé à nos filets. Les flatteries les mieux combi-nées n’ont servi à rien ; pas un membre du Sacré-Collège n’a donné dans le piège."
"Nous avons aussi complètement échoué sur les Jésuites. Depuis que nous conspirons, il a été impossible de mettre la main sur un Ignacien, et il faudrait savoir pourquoi cette obstination si unanime ; pourquoi n’avons-nous donc jamais, près d’un seul, pu saisir le défaut de la cuirasse ?" On ajoute pieusement : "Nous n’avons pas de Jésuites avec nous; mais nous pouvons toujours dire et faire dire qu’il y en a, et cela reviendra absolument au même."
La Révolution expliquée aux jeunes gens (Mgr de Ségur)