22 février, Isabelle de France, bienheureuse, sœur de Saint-Louis Isabelle de France 1225-1270 💛 👑 🌹

Heureuse et sainte fête à mon amie Isabelle de la Perrière et à toutes celles qui portent ce beau prénom. Prions pour la France.

Bienheureuse Isabelle, membre de la famille royale,
la piété vous habitait dès votre enfance.
Princesse sainte, Dieu vous a accordé la noblesse de l'âme.
Votre vœu de chasteté est irrévocable.
Vous êtes un exemple de charité pour les pauvres, de pénitence, d'humilité et de mœurs.
Vous ne vous accordiez que peu de repos.
La beauté de votre corps reflète celle de votre âme.
Tout dans votre comportement témoigne de votre sainteté.
Enfant, vous vous différenciez des autres, par vos préoccupations
déjà tournées vers le Ciel.
Bienheureuse Isabelle, accordez-nous le goût de la prière,
du silence et l'amour du pauvre.
Marie Bee
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Isabelle de France, unique sœur de Louis IX, est née en mars 1225. Elle fait vœu de chasteté et refuse tous les mariages qu'on lui propose. Elle fonde le monastère des Clarisses de Longchamp en 1255 et s'y retire. Elle meurt le 23 février 1270.
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Isabelle, la vierge savante : une sainte dans la famille royale, d'Agnès d'Harcourt. 🌹

Agnès d'Harcourt démontre d'abord que sa vocation est précoce et aussitôt reconnue comme telle de façon unanime. Des signes physiques se manifestent en premier lieu : sa beauté corporelle est le reflet de sa beauté morale. Par la suite, c'est l'ensemble du comportement de l'adolescente qui signale sa sainteté : elle ne partage pas les jeux des autres jeunes filles et préfère réaliser divers travaux de couture pour l'Église. Elle refuse le luxe de la cour ou les vêtements offerts par sa mère. La prière est sa principale activité. Il est fréquent que l'enfance du saint soit ainsi marquée par le rejet de la famille terrestre. Mais ce rejet est particulièrement marquant dans le cas d'Isabelle, qui évolue dans le cadre de la cour royale.

L'intervention du surnaturel est un autre critère nécessaire à toute sainteté. Certains indices liés au trépas d'Isabelle sont des lieux communs utilisés depuis le haut Moyen Âge, comme le chant des anges que l'on peut entendre la nuit de sa mort. Sorti de son cercueil au bout de neuf jours, le corps d'Isabelle n'est nullement corrompu, ses membres sont beaux « comme d'un tendre enfant ». Les dépouilles des saints, incorruptibles, ne peuvent connaître le même sort que celles du commun des mortels. Le corps devient tendre comme une chair d'enfant : c'est le signe de l'élection, notamment dans le récit de la mort de François d'Assise par Thomas de Celano. L'odeur agréable qui se dégage du corps est le parfum des saints. Les sœurs prennent alors la robe de la princesse comme relique, et le public cherche à toucher le corps avec des objets qui deviennent à leur tour des reliques.

Quarante miracles sont relatés dans la Vie d'Isabelle, dont quatre survenus avant son trépas. La présence de miracles in vita est exceptionnelle pour la période : en effet, les papes ont imposé une définition rigoureuse de la perfection chrétienne dans la première moitié du xiiie siècle, notamment Innocent III (1198-1216) et Grégoire IX (1227-1241). Les miracles demeurent indispensables à la procédure de canonisation, mais ils ne doivent servir qu'à manifester après la mort du saint ses mérites éminents et l'excellence de sa vie. La Vie d'Isabelle reproduit ici plutôt le schéma de celle de Claire d'Assise, réalisant de nombreux miracles in vita.

La répartition des miracles de la princesse est assez originale : aucun miracle de résurrection ni aucun lié à l'enfantement ne sont présents, l'absence de ce dernier type étant explicable par la vie monastique. Les miracles intitulés « divers » sont exceptionnellement nombreux : ils sont de nature spécifique, liés à la virginité et aux livres. Les miracles d'Isabelle se produisent le plus souvent à l'abbaye de Longchamp, tout comme ceux de Louis IX se concentrent à Saint-Denis. Vingt-et-une des trente-cinq personnes concernées sont les religieuses de Longchamp. Les hommes miraculés sont soit des religieux liés au couvent, soit des proches de la famille royale, à deux exceptions près. Deux des quatre enfants sont également liés à la famille royale. Le miracle est le plus souvent immédiat. Si le contact de reliques ou de la tombe d'Isabelle est fréquent, dix miracles sont cependant réalisés à distance. Les miracles ne sont pas datés. Seulement trois d'entre eux comprennent une mention temporelle indiquant la proximité du décès d'Isabelle. Les miracles de saint Louis racontés par Guillaume de Saint-Pathus sont bien cadrés dans la société laïque et ecclésiastique du xiiie siècle. Ceux d'Isabelle sont très spécifiquement féminins, et liés au monastère ou à la famille royale.

Certains traits de la Vie d'Isabelle doivent être replacés dans le cadre des modalités générales d'une sainteté féminine au xiiie siècle. Les Franciscains ont joué un grand rôle dans la promotion de cultes féminins, parmi lesquels les saintes laïques sont bien présentes. Le thème de la souffrance corporelle, par laquelle une femme doit passer pour accéder à la sainteté, est fréquent dans les vies de ces saintes. La maladie et le jeûne sont des signes classiques de cette souffrance corporelle. Comme Claire d'Assise, la princesse Isabelle est gravement malade à de nombreuses reprises, parfois même « en péril de mourir ». Elle jeûne trois fois par semaine et refuse les mets raffinés de la cour. Le jeûne est une constante dans le rapport des femmes à la nourriture : cette pratique alimentaire est un moyen de contrôler leur corps et leur destin.

Pour faire pénitence, Isabelle se fait flageller de telle sorte que « sa robbe estoit souvent teinte de sang ». Les saintes mendiantes pratiquent la mortification de leur corps : Marguerite de Hongrie se flagelle souvent, provoquant de véritables plaies. Claire de Montefalco s'inflige également la discipline. Le fait de répandre son sang est la contrepartie du sang menstruel, symbole de l'impureté du corps féminin. Mais les femmes qui accomplissent le rite de la flagellation doivent le faire séparément et en privé. Le cas d'Isabelle est ambigu, puisque cette pratique est accomplie en secret par une de ses dames de compagnie, mais celle-ci en parle ensuite devant toutes les autres. Isabelle conquiert bien sa sainteté en châtiant son corps, mais d'une manière qui est ici aux marges de ce qui est autorisé pour les femmes.

Cette souffrance est associée à la chasteté, en vue d'arriver à l'union mystique avec le Christ. Isabelle refuse le mariage prévu pour elle pour mener une vie chaste : Agnès d'Harcourt dit qu'« elle avoit esleu le perdurable espoux Nostre Seigneur Jesus-Christ, en parfaicte virginité » et plus loin que « tres devotement sa vie fina en parfaite virginité ». L'un des miracles posthumes d'Isabelle consiste à protéger une pucelle qui risquait de perdre sa virginité. La virginité et la chasteté préparent la jeune fille à l'union mystique, et le jeûne et la maladie permettent son accomplissement. Le corps d'Isabelle, resté chaste, achève d'être dépouillé de ses particularités sexuelles par sa « sainte anorexie ». C'est une forme paroxystique de l'Imitatio Christi. Isabelle, par la souffrance volontaire ou involontaire infligée à son corps, et par la préservation de la virginité en vue de l'union avec le Christ, témoigne d'une sainteté empreinte de mysticisme, comme beaucoup de saintes laïques de la fin du Moyen Âge. On retrouve dans la Vie de Claire d'Assise les mêmes caractéristiques.

Isabelle est une princesse de sang royal. Si le type de la sainte reine disparaît au XIIe siècle, quelques cas sont connus au XIIIe siècle, notamment Hedwige de Silésie et Élisabeth de Hongrie. Cette situation est tout de même rare. De plus, la vocation pousse Isabelle à prendre des décisions hors du commun, et surtout à choisir de rester vierge sans entrer pour autant dans les ordres. Isabelle s'oppose ici clairement aux obligations liées à son statut de princesse royale. Elle aurait déjà dû être mariée en 1230 à Hugues de la Marche, mais ce dernier épousa finalement Yolande, fille du comte de Bretagne. L'époux qui lui est destiné ensuite est Conrad de Hohenstaufen, fils de Frédéric II. Elle le refuse à l'été 1243. Ce choix est également affirmé par l'usage fait de sa dot, qu'elle décide de distribuer : « Monseigneur le roy Louys son pere li laissa moult grand deniers quand il mourut, et tout elle donna pour Dieu ». Louis VIII lui a en effet laissé par son testament de juin 1225 un legs de vingt mille livres. Ce refus du mariage s'effectue contre la volonté du roi son frère, de son entourage, et même du pape Innocent IV : celui-ci lui écrit de se marier pour « les proufits qui viennent du mariage de telle dame ». Mais Isabelle reste inflexible, et une autre lettre papale approuve finalement son dessein de vivre en perpétuelle virginité.

Claire d'Assise refuse comme Isabelle deux mariages et doit affronter la vindicte familiale. Mais Claire n'est pas une fille de roi comme Isabelle, pour qui le mariage est plus qu'un destin normal : il s'agit d'une affaire politique, qui permet d'apporter des alliances au royaume. Le refus d'Isabelle est exceptionnel. L'itinéraire de sainte Élisabeth de Hongrie, par exemple, est gouverné dès l'enfance par la politique matrimoniale de sa famille. Elle est obligée de faire un mariage dynastique et ne peut suivre sa vocation. Marguerite de Hongrie refuse trois fois des offres de mariages royaux, mais devient religieuse en 1254, ce que ne fait pas Isabelle. Isabelle donne donc par sa vie un modèle de comportement marqué par une autonomie spécifique d'une princesse de la famille royale. Cette possibilité d'émancipation est peut-être liée à l'évolution des conditions de l'éducation féminine au XIIIe siècle : les jeunes filles de la plus haute noblesse peuvent alors bénéficier aux côtés de leurs frères d'un enseignement particulier en latin et langue vulgaire.

Agnès d'Harcourt insiste justement beaucoup sur le fait qu'Isabelle est lettrée. Le premier élément de sa vie à nous être présenté est son apprentissage des saintes Écritures : « [elle] apprenoit a entendre la divine Escriture [...] et quand elle fust introduicte des lettres suffisamment [...] ». Agnès d'Harcourt précise que la princesse sait lire et écrire le latin, ce qui lui permet d'étudier seule les Écritures, mais aussi de corriger les lettres de ses chapelains : « elle les amendoit quand il y avoit aucun faux mot ». Isabelle semble donc surpasser les clercs de son entourage dans la maîtrise de cette langue savante.

Tout comme Claire d'Assise rédige la règle de son ordre, Isabelle établit elle-même celle des Clarisses de Longchamp en 1255 : Agnès d'Harcourt insiste sur le travail personnel de la princesse : « elle travailla tant et estudia qu'a peine le pourroit-on raconter ». Elle prend conseil auprès des plus grands maîtres franciscains parisiens de l'époque, en particulier Bonaventure : celui-ci incarne une tendance modérée en ce qui concerne la pauvreté, ce qu'il faut lier à la souplesse de la règle d'Isabelle en ce domaine. La règle choisie est en effet une forme adoucie de celle de Claire d'Assise : elle autorise les religieuses à hériter et posséder des biens en commun. Elle est approuvée par Alexandre IV en 1259, puis remaniée par Urbain IV en 1263.

La valorisation de la culture savante dans la sainteté est un fait nouveau de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècles. Certains textes tendent à mettre en valeur les dispositions précoces des saints à l'apprentissage des savoirs : la Vie du bienheureux Ambroise, un Dominicain siennois qui vécut de 1220 à 1286, présente ainsi un intellectuel chrétien avec un goût inné de la lecture qui le prédispose à sa future mission de prêcheur. L'éducation des saints commence vers 1300 à tenir une place essentielle dans leurs Vies. Cependant, si cette mise en valeur de la culture est claire chez les Dominicains, elle est moins nette chez les Franciscains. De plus, Isabelle est une femme. Ce goût du travail intellectuel est un trait exceptionnel, commun à Claire d'Assise et Isabelle de France.

Deux miracles posthumes d'Isabelle sont liés aux livres. Dans le premier de ces deux miracles, Isabelle aide à retrouver un livre perdu qui lui avait appartenu de son vivant. Dans le second, un bréviaire tombé dans l'eau redevient lisible par son intervention : « Il fut restauré en son premier estat, et est beau et lisable comme devant ce qu'il cheut en l'eau ». Par ces miracles, Isabelle apparaît comme une protectrice des livres et de la lecture. Un seul manuscrit lui ayant appartenu est actuellement conservé : il s'agit d'un psautier, réalisé dans le même atelier et au même moment que le psautier de la Bibliothèque nationale de France, lat. 10525, qui appartenait à saint Louis. Du fait de la règle assouplie par Isabelle, les Clarisses de Longchamp ont possédé de nombreux livres, dont la liste se trouve dans les inventaires de l'abbaye conservés aux Archives nationales. Isabelle, sainte lettrée, protectrice des livres, fréquentant les intellectuels de son temps, échappe encore une fois nettement aux cadres d'ordinaire réservés aux femmes de la famille royale.

En définitive, si la sainteté d'Isabelle obéit à certains critères « classiques » de la sainteté féminine au xiiie siècle, son comportement annonce également celui des tertiaires italiennes. Sa vie reproduit les grands traits du parcours de Claire d'Assise, transposés dans le cadre de la famille royale de France. Son choix du célibat, bien qu'étant une princesse royale, et son goût de l'étude sont des éléments plus originaux et qui fondent à travers Isabelle un nouveau modèle de comportement féminin.

Marie Bee Thevenet
CULTE ET RELIQUES de la bienheureuse Isabelle de France 💛
Le corps d’Isabelle, revêtu de l’habit de Sainte-Claire fut inhumé dans le monastère qu’elle avait fondé, comme elle-même l’avait ordonné. Sa mémoire est demeurée en bénédiction dans tous les siècles suivants. Le pape Léon X fit faire information de ses miracles, et on en vérifia soixante trois dans les formes ordinaires ; ils sont …Plus
CULTE ET RELIQUES de la bienheureuse Isabelle de France 💛
Le corps d’Isabelle, revêtu de l’habit de Sainte-Claire fut inhumé dans le monastère qu’elle avait fondé, comme elle-même l’avait ordonné. Sa mémoire est demeurée en bénédiction dans tous les siècles suivants. Le pape Léon X fit faire information de ses miracles, et on en vérifia soixante trois dans les formes ordinaires ; ils sont rapportés par les auteurs de sa vie. Ce pape la déclara Bienheureuse par une Bulle de l’an 1521, et donna permission aux religieuses de Longchamps d’en faire l’office au 31 août, qui est dans l’octave de saint Louis, bien qu’elle soit décédée le 22 février. Depuis ce temps-là, le pape Urbain VIII, à l’instance de Marie-Elisabeth Mortier, abbesse de cette maison royale, a permis, par un Indult apostolique, de lever de terre ses dépouilles sacrées, qui y avaient reposé près de quatre cents ans, et de les mettre dans une châsse. Cette cérémonie fut faite avec grande pompe, le 4 juin de l’année 1637, par Jean-François de Gondy, premier archevêque de Paris, sous le règne de Louis le Juste, petit neveu de cette grande Sainte, comme descendant en droite ligne de saint Louis, son frère.
On conservait autrefois, dans la célèbre maison de Longchamps, dite de L’Humilité de Notre Dame, avec ses ossements, ses cheveux et sa robe, qui était de simple étoffe de laine et de couleur brune, avec ses anneaux d’or, sur l’un desquels étaient gravés ces mots : Ave, gratia plena, marque de sa dévotion envers la sainte Vierge. Il s’est fait encore beaucoup de miracles ‘ son tombeau depuis sa béatification ; plusieurs malades ont été guéris par ses mérites, et plusieurs personnes accablées d’affliction y sont reçu du soulagement et de la consolation dans leurs peines. Sa maison s’est maintenue longtemps dans l’étroite observance de sa Règle. En 1685, elle continuait encore de répandre la bonne odeur de Jésus-Christ, non seulement dans les lieux les plus voisins, mais aussi dans la ville de Paris ; on allait admirer dans ces saintes religieuses l’ancienne innocence et la simplicité de leur premier Institut.
A la Révolution, le monastère de Longchamps a été entièrement détruit, et le lieu qu’il occupait est devenu une ferme. L’église de Saint-Louis-en L’Ile, à Paris, possède une partie des reliques de sainte Isabelle, qu’on expose chaque année, le jour de la fête du saint roi (le 25 août), à la vénération des fidèles.
Sources « Petits Bollandistes »
Sainte Isabelle : On lui demande de veiller à ce que les jeunes enfants ne soient pas étouffés par leurs couvertures.
Pour avoir un bel enterrement, on rend hommage par des prières à sainte Isabelle. Ayant connu à l’avance, par une indiscrétion de son ange gardien, la date de son décès, elle organise elle-même ses funérailles qui furent très réussies.
Marie Bee Thevenet
Bienheureuse Isabelle de France 💛
Toi qui l’aimes comme une Mère, cherche à égaler son humilité, sa pureté, sa pauvreté, son obéissance. Imite-la dans son amour de Dieu et du prochain et dans ses autres vertus.
(Michel de Saint-Augustin – 17ème siècle)