L’abbé Pagès et le salut par la peur et en tremblant (2ème partie)
( Réponse à votre vidéo « Le père Zanotti-Sorkine et le salut pour tous » )
Après la 1ère partie ICI de ma réponse, je continue de développer mes objections si vous le voulez bien cher abbé Guy Pagès.
II ) L’Enseignement de l’Église laisse-t-il entendre que les non-catholiques iront généralement en Enfer ?
Laissons parler le Magistère des papes.
Audience générale du pape St Jean-Paul II expliquant aux fidèles comment la voie du salut passe par le Christ et par l’Église :
« « Hors du Christ et de l’Église, point de salut » - Cet axiome signifie que, pour ceux qui n’ignorent pas que l’Église a été fondée par Dieu en Jésus-Christ comme nécessaire, il est obligatoire d’y entrer et d’y persévérer afin d’obtenir le salut (cf. LG 14). Pour ceux qui, au contraire, n’ont pas reçu l’annonce de l’Évangile, comme je l’ai écrit dans l’encyclique Redemptoris Missio, le salut est accessible par des voies mystérieuses, dans la mesure où la grâce divine leur est donnée en vertu du sacrifice rédempteur du Christ, sans adhésion extérieure à l’Église, mais toujours, pourtant, en relation avec elle (cf. RM 10). Il s’agit d’une “relation mystérieuse” : mystérieuse pour ceux qui la reçoivent, dans la mesure où ils ne connaissent pas l’Église et, même parfois, la rejettent extérieurement ; mystérieuse aussi en elle-même, dans la mesure où elle est liée au mystère salvifique de la grâce, qui comporte une référence essentielle à l’Église fondée par le Sauveur. Pour agir, la grâce salvifique requiert une adhésion, une coopération, un oui au don divin : cette adhésion est, au moins implicitement, orientée vers le Christ et l’Église. On peut donc dire aussi : “sine Ecclesia nulla salus” – “sans l’Église, point de salut” – : l’adhésion à l’Église-Corps mystique du Christ, quoique implicite et justement mystérieuse, constitue une condition essentielle pour le salut. Les religions peuvent exercer une influence positive sur la destinée de ceux qui en font partie et en suivent les directives avec sincérité de cœur. Mais si l’action décisive pour le salut est l’œuvre de l’Esprit Saint, nous devons reconnaître que l’homme reçoit son salut uniquement du Christ, par l’Esprit Saint. […] D’où l’importance du rôle indispensable de l’Église. […] ceux qui ignorent le Christ sans faute de leur part, se trouvent dans une condition d’obscurité et de pénurie spirituelles, ayant souvent aussi des répercussions négatives sur le plan culturel et moral. L’action missionnaire de l’Église peut leur donner les conditions d’un plein développement de la grâce salvifique du Christ, leur proposant l’adhésion pleine et consciente du message de la foi et la participation active à la vie ecclésiale par les sacrements. Telle est la ligne théologique tirée de la tradition chrétienne. Le magistère de l’Église l’a suivie dans la doctrine et dans la pratique comme la voie tracée par le Christ lui-même pour les apôtres et pour les missionnaires de tous les temps » (DI, n° 832)161.
Encyclique Singulari quidem, Bx pape Pie IX :
« Il faut tenir de foi que personne ne peut être sauvé hors de l'Eglise catholique apostolique et romaine, que celle-ci est la seule arche de salut; celui qui n'y sera pas entré, périra dans le déluge. CEPENDANT il faut tenir également pour "certain" que ceux qui souffrent de l'ignorance de la vraie religion, si cette ignorance est invincible, ne sont pas rendus coupables de ce fait aux yeux de Dieu. Qui pourrait maintenant se targuer de pouvoir délimiter les limites d'une telle ignorance selon le genre et la variété des peuples, des régions, des esprits ET DE TANT D'AUTRES NOMBREUSES CONDITIONS ? Lorsque, dégagés de nos liens corporels, nous verrons Dieu tel qu'il est, nous comprendrons bien par quel lien étroit et magnifique se tiennent unies LA MISÉRICORDE et la justice divine; mais tant que nous demeurons sur la terre, appesantis par cette matière morte qui aveugle l'âme, tenons fermement ce qu'enseigne la doctrine catholique : " qu'il n'y a qu'un dieu, qu'une foi, qu'un baptême "(eph. iv, v. 5). Il n'est pas permis a notre recherche de s'avancer plus loin. " »
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Ces paroles précitées du Saint Magistère, que vous n’avez pas citées dans votre vidéo, nuancent fortement votre propos et surtout ce qu'il insinue malgré lui.
Quant à celles que vous avez citées du pape saint Pie X (in Encyclique Acerbo Nimis ) vous semblez avoir commis un contresens sur elles en ne tenant pas compte une fois de plus d’un contexte, car elles ne parlent pas des non-catholiques mais des baptisés catholiques qui se rendent coupables d’une ignorance grave et volontaire des vérités essentielles de la Foi catholique quant au salut. Citation :
« Et en effet, qu’il y ait actuellement dans le peuple chrétien bon nombre d’hommes absolument ignorants des choses qu’on doit connaître pour son salut éternel, c’est une plainte générale et malheureusement trop fondée. Et quand Nous parlons du peuple chrétien, Nous n’entendons pas seulement le petit peuple ou les gens de la classe inférieure, qui souvent trouvent encore une sorte d’excuse à leur ignorance, parce qu’ils dépendent de maîtres durs et ne sont guère libres de songer à eux-mêmes et à leurs intérêts. Il s’agit aussi et surtout de ceux qui, ne manquant ni de talent ni de culture, possèdent abondamment la science profane, mais qui, pour ce qui regarde la Religion, vivent absolument à l’aventure et sans réflexion. On peut à peine dire de quelles épaisses ténèbres ils sont enveloppés, et, chose plus affligeante, ils y demeurent tranquillement plongés ! Dieu, le souverain Auteur et Maître de toutes choses, la Sagesse de la Foi chrétienne, ils n’y pensent presque jamais. L’Incarnation du Verbe de Dieu, la Rédemption du genre humain accomplie par Lui, ils n’en savent rien ; rien non plus de la Grâce, qui est le grand moyen d’acquérir les biens éternels; rien de l’auguste Sacrifice ni des Sacrements, par lesquels nous obtenons et gardons en nous cette Grâce. Quant au péché, on ne tient nul compte de ce qu’il renferme de malice ou de honte; par suite, nul souci de l’éviter ou de s’en débarrasser; et ainsi l’on arrive au dernier jour. Alors, quand il ne reste à l’agonisant que quelques instants qui devraient être consacrés à des Actes d’amour pour Dieu, le Prêtre, afin de ne pas laisser perdre tout espoir de salut, est contraint de les employer à un enseignement sommaire de la Religion: trop heureux encore si le moribond n’est pas tellement dominé par une coupable ignorance, comme il arrive trop souvent, qu’il juge inutile toute intervention du prêtre et croie pouvoir, le cœur léger, sans avoir rien fait pour apaiser Dieu, entrer dans le redoutable chemin de l’Eternité. Aussi Notre prédécesseur Benoît XIV a eu raison d’écrire : Nous affirmons qu’une grande partie de ceux qui sont condamnés aux supplices éternels doivent cet irréparable malheur à l’ignorance des Mystères de la Foi, qu’on doit nécessairement savoir et croire pour être admis au nombre des élus. (Instit., XXVI, 18) »
Conclusion : La Foi catholique n’exclut du salut, pour défaut d’unité en matière de religion, que ceux qui sont formellement c’est-à-dire volontairement infidèles, ou formellement hérétiques ou formellement schismatiques ; en un mot ceux qui, PAR ORGUEIL, s’élèvent contre la science de Dieu en repoussant l’Évangile ou en méprisant l’enseignement de l’Église de Jésus-Christ.
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En ANNEXE, cher abbé, qui êtes il me semble un lecteur inconditionnel des écrits de Maria Valtorta (ce qui n'est pas mon cas bien que je les croie édifiants et inspirés globalement), je vous laisse méditer ces passages de son œuvre qui concernent notre problématique :
1 ) Lire « Le jugement des âmes devant le Seigneur pour les non baptisés » : vincentdetarle.free.fr/catho/jugement_des_no…
2 ) Premier extrait ( Leçons sur l'Epître de St Paul aux Romains, extraits des leçons 8 et 9 ) :
« Récompense à celui qui suit la justice, châtiment à celui qui fait le mal. Car chaque homme est doté d'une âme et de raison. Il a donc en lui ce qui suffit pour être guide et loi. Dans sa justice Dieu donnera récompense ou châtiment en proportion de ce que l'homme a su. Il sera plus sévère envers l'esprit et la raison des êtres humains civilisés, c'est-à-dire de ceux qui auront été en contact des prêtres ou des ministres chrétiens, ou des religions révélées, et tiendra compte de leur foi. Que si un être humain croit fermement que sa foi est la bonne, sa foi le justifie, même s'il est dans une église séparée ou schismatique. S'il opère le bien pour gagner Dieu, Bien Suprême, un jour il aura la récompense de sa foi et de sa droiture, et elle lui sera accordée avec une bénignité divine plus grande que celle réservée aux catholiques. Dieu tiendra compte de combien d'efforts supplémentaires auront dû faire les membres séparés du Corps Mystique, les musulmans, les bouddhistes, les hindouistes, les païens, pour demeurer justes, eux qui n'ont ni la Grâce, ni la Vie, et qui par conséquent ne possèdent pas mes dons, ni les vertus qui découlent de ces dons.
Dieu ne fait pas acception des personnes. Il jugera chacun selon les actions accomplies, et non d'après les origines des hommes. Il y en aura plusieurs qui, se croyant choisis parce que très catholiques, se verront précédés par beaucoup d'autres qui auront servi le vrai Dieu, sans le connaître, en pratiquant la justice. [...]
Ceux qui auront connu la Loi et ne l'auront pas pratiquée seront condamnés par cette même Loi qui sauve. Quant aux Gentils qui sont privés de la Loi, mais qui font naturellement et par raison ce que prescrit la loi qu'ils ignorent, ils servent Dieu à leur insu. S'ils se laissent guider par la seule lumière de la raison et par la droiture de leur coeur, ils obéissent à la voix de l'Esprit, inconnu mais présent comme seul maître dans leur âme de bonne volonté, ils servent Dieu à leur insu. Quand par amour ils pratiquent la vertu et obéissent aux bonnes inspirations, ils servent Dieu à leur insu. Ces Gentils démontrent par leurs actions que la Loi est inscrite dans leur coeur vertueux. Au jour du Jugement, ils seront justifiés.[...]
[…] Tous ceux-là (les Gentils, ie ceux qui ne sont pas chrétiens catholiques) seront sauvés grâce aux mérites infinis du Christ, qui a accepté d'être immolé en versant sang et sérum jusqu'aux dernières gouttes, c'est grâce à lui que tous ceux-là seront sauvés.
La vertu de ces Gentils, leur obéissance spontanée à la loi de la vertu, les aura baptisés sans autre baptême ; elle les aura consacrés sans autre chrême que les mérites infinis du Sauveur. Les limbes ne seront plus la demeure de ces justes en attente. De même qu'au soir du Vendredi Saint les justes ont quitté les limbes, car le Sang versé par Jésus-Rédempteur les avait purifiés de leur tâche originelle, de même, au soir du Temps, quand les mérites du Christ auront triomphé de tous ses ennemis, les justes, qui par ferme conviction d'être dans la juste religion auront appartenu à un troupeau non catholique, seront par lui absous et justifiés. Ils recevront la récompense des vertus pratiquées sur terre.
S'il n'en était pas ainsi, Dieu aurait trompé ces justes qui se sont donné une loi de justice, et ont défendu la justice et la vertu. Or Dieu ne trompe jamais. Sa récompense, même si parfois elle se fait attendre, est toujours certaine. »
Deuxième extrait ( Jésus à l'esclave Syntica, qui s'inquiète de ce que sa mère et ses soeurs ne connaissent pas la vraie religion, L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, tome 4 ) :
« Le péché originel est commun à tous, israélites ou non. Ce n'est pas une particularité des païens. Le culte païen sera coupable à partir du moment où la Loi du Christ sera diffusée dans le monde. La vertu sera toujours vertu aux yeux de Dieu. Et par mon union avec le Père je dis - et je dis en son Nom, en traduisant par des paroles sa pensée très sainte -, que les voies du pouvoir miséricordieux de Dieu sont nombreuses et tendent toutes à réjouir les vertueux. J'ajoute que les barrières d'une âme à une autre âme seront levées et que la paix existera pour ceux qui méritent la paix. Mais non seulement cela : je dis qu'à l'avenir ceux qui, convaincus d'être dans la vérité, suivront la religion de leurs pères avec justice et sainteté, ne seront pas mal vus par Dieu ni punis par lui. C'est la malice, la mauvaise volonté, le refus délibéré de la vérité connue, et surtout la volonté d'attaquer la vérité révélée et de la combattre, c'est la vie vicieuse, qui sépareront réellement les âmes des justes de celles des pécheurs, pour toujours. Relève ton esprit abattu, Syntica. Cette mélancolie est un assaut infernal, qui vient de la colère que Satan éprouve contre toi, qui es une proie pour toujours perdue pour lui. L'Hadès n'existe pas. Il y a mon Paradis. Il n'est pas cause de douleur, mais de joie. Rien de ce qui vient de la vérité ne doit être une cause d'abattement ou de doute, mais au contraire une force pour croire toujours davantage avec une joyeuse sécurité. [...] »
Fin de citations.
Je propose aussi à votre lecture cet article que j'ai publié sur ce site : "
Réponse aux paroles de St Louis-Marie de Montfort quant au tout petit nombre de sauvés"
Merci Monsieur l’abbé pour votre apostolat. Selon les mots de l’Apôtre Paul : « que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. ». Amen !
En union de prières
Emmanuel
Après la 1ère partie ICI de ma réponse, je continue de développer mes objections si vous le voulez bien cher abbé Guy Pagès.
II ) L’Enseignement de l’Église laisse-t-il entendre que les non-catholiques iront généralement en Enfer ?
Laissons parler le Magistère des papes.
Audience générale du pape St Jean-Paul II expliquant aux fidèles comment la voie du salut passe par le Christ et par l’Église :
« « Hors du Christ et de l’Église, point de salut » - Cet axiome signifie que, pour ceux qui n’ignorent pas que l’Église a été fondée par Dieu en Jésus-Christ comme nécessaire, il est obligatoire d’y entrer et d’y persévérer afin d’obtenir le salut (cf. LG 14). Pour ceux qui, au contraire, n’ont pas reçu l’annonce de l’Évangile, comme je l’ai écrit dans l’encyclique Redemptoris Missio, le salut est accessible par des voies mystérieuses, dans la mesure où la grâce divine leur est donnée en vertu du sacrifice rédempteur du Christ, sans adhésion extérieure à l’Église, mais toujours, pourtant, en relation avec elle (cf. RM 10). Il s’agit d’une “relation mystérieuse” : mystérieuse pour ceux qui la reçoivent, dans la mesure où ils ne connaissent pas l’Église et, même parfois, la rejettent extérieurement ; mystérieuse aussi en elle-même, dans la mesure où elle est liée au mystère salvifique de la grâce, qui comporte une référence essentielle à l’Église fondée par le Sauveur. Pour agir, la grâce salvifique requiert une adhésion, une coopération, un oui au don divin : cette adhésion est, au moins implicitement, orientée vers le Christ et l’Église. On peut donc dire aussi : “sine Ecclesia nulla salus” – “sans l’Église, point de salut” – : l’adhésion à l’Église-Corps mystique du Christ, quoique implicite et justement mystérieuse, constitue une condition essentielle pour le salut. Les religions peuvent exercer une influence positive sur la destinée de ceux qui en font partie et en suivent les directives avec sincérité de cœur. Mais si l’action décisive pour le salut est l’œuvre de l’Esprit Saint, nous devons reconnaître que l’homme reçoit son salut uniquement du Christ, par l’Esprit Saint. […] D’où l’importance du rôle indispensable de l’Église. […] ceux qui ignorent le Christ sans faute de leur part, se trouvent dans une condition d’obscurité et de pénurie spirituelles, ayant souvent aussi des répercussions négatives sur le plan culturel et moral. L’action missionnaire de l’Église peut leur donner les conditions d’un plein développement de la grâce salvifique du Christ, leur proposant l’adhésion pleine et consciente du message de la foi et la participation active à la vie ecclésiale par les sacrements. Telle est la ligne théologique tirée de la tradition chrétienne. Le magistère de l’Église l’a suivie dans la doctrine et dans la pratique comme la voie tracée par le Christ lui-même pour les apôtres et pour les missionnaires de tous les temps » (DI, n° 832)161.
Encyclique Singulari quidem, Bx pape Pie IX :
« Il faut tenir de foi que personne ne peut être sauvé hors de l'Eglise catholique apostolique et romaine, que celle-ci est la seule arche de salut; celui qui n'y sera pas entré, périra dans le déluge. CEPENDANT il faut tenir également pour "certain" que ceux qui souffrent de l'ignorance de la vraie religion, si cette ignorance est invincible, ne sont pas rendus coupables de ce fait aux yeux de Dieu. Qui pourrait maintenant se targuer de pouvoir délimiter les limites d'une telle ignorance selon le genre et la variété des peuples, des régions, des esprits ET DE TANT D'AUTRES NOMBREUSES CONDITIONS ? Lorsque, dégagés de nos liens corporels, nous verrons Dieu tel qu'il est, nous comprendrons bien par quel lien étroit et magnifique se tiennent unies LA MISÉRICORDE et la justice divine; mais tant que nous demeurons sur la terre, appesantis par cette matière morte qui aveugle l'âme, tenons fermement ce qu'enseigne la doctrine catholique : " qu'il n'y a qu'un dieu, qu'une foi, qu'un baptême "(eph. iv, v. 5). Il n'est pas permis a notre recherche de s'avancer plus loin. " »
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Ces paroles précitées du Saint Magistère, que vous n’avez pas citées dans votre vidéo, nuancent fortement votre propos et surtout ce qu'il insinue malgré lui.
Quant à celles que vous avez citées du pape saint Pie X (in Encyclique Acerbo Nimis ) vous semblez avoir commis un contresens sur elles en ne tenant pas compte une fois de plus d’un contexte, car elles ne parlent pas des non-catholiques mais des baptisés catholiques qui se rendent coupables d’une ignorance grave et volontaire des vérités essentielles de la Foi catholique quant au salut. Citation :
« Et en effet, qu’il y ait actuellement dans le peuple chrétien bon nombre d’hommes absolument ignorants des choses qu’on doit connaître pour son salut éternel, c’est une plainte générale et malheureusement trop fondée. Et quand Nous parlons du peuple chrétien, Nous n’entendons pas seulement le petit peuple ou les gens de la classe inférieure, qui souvent trouvent encore une sorte d’excuse à leur ignorance, parce qu’ils dépendent de maîtres durs et ne sont guère libres de songer à eux-mêmes et à leurs intérêts. Il s’agit aussi et surtout de ceux qui, ne manquant ni de talent ni de culture, possèdent abondamment la science profane, mais qui, pour ce qui regarde la Religion, vivent absolument à l’aventure et sans réflexion. On peut à peine dire de quelles épaisses ténèbres ils sont enveloppés, et, chose plus affligeante, ils y demeurent tranquillement plongés ! Dieu, le souverain Auteur et Maître de toutes choses, la Sagesse de la Foi chrétienne, ils n’y pensent presque jamais. L’Incarnation du Verbe de Dieu, la Rédemption du genre humain accomplie par Lui, ils n’en savent rien ; rien non plus de la Grâce, qui est le grand moyen d’acquérir les biens éternels; rien de l’auguste Sacrifice ni des Sacrements, par lesquels nous obtenons et gardons en nous cette Grâce. Quant au péché, on ne tient nul compte de ce qu’il renferme de malice ou de honte; par suite, nul souci de l’éviter ou de s’en débarrasser; et ainsi l’on arrive au dernier jour. Alors, quand il ne reste à l’agonisant que quelques instants qui devraient être consacrés à des Actes d’amour pour Dieu, le Prêtre, afin de ne pas laisser perdre tout espoir de salut, est contraint de les employer à un enseignement sommaire de la Religion: trop heureux encore si le moribond n’est pas tellement dominé par une coupable ignorance, comme il arrive trop souvent, qu’il juge inutile toute intervention du prêtre et croie pouvoir, le cœur léger, sans avoir rien fait pour apaiser Dieu, entrer dans le redoutable chemin de l’Eternité. Aussi Notre prédécesseur Benoît XIV a eu raison d’écrire : Nous affirmons qu’une grande partie de ceux qui sont condamnés aux supplices éternels doivent cet irréparable malheur à l’ignorance des Mystères de la Foi, qu’on doit nécessairement savoir et croire pour être admis au nombre des élus. (Instit., XXVI, 18) »
Conclusion : La Foi catholique n’exclut du salut, pour défaut d’unité en matière de religion, que ceux qui sont formellement c’est-à-dire volontairement infidèles, ou formellement hérétiques ou formellement schismatiques ; en un mot ceux qui, PAR ORGUEIL, s’élèvent contre la science de Dieu en repoussant l’Évangile ou en méprisant l’enseignement de l’Église de Jésus-Christ.
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En ANNEXE, cher abbé, qui êtes il me semble un lecteur inconditionnel des écrits de Maria Valtorta (ce qui n'est pas mon cas bien que je les croie édifiants et inspirés globalement), je vous laisse méditer ces passages de son œuvre qui concernent notre problématique :
1 ) Lire « Le jugement des âmes devant le Seigneur pour les non baptisés » : vincentdetarle.free.fr/catho/jugement_des_no…
2 ) Premier extrait ( Leçons sur l'Epître de St Paul aux Romains, extraits des leçons 8 et 9 ) :
« Récompense à celui qui suit la justice, châtiment à celui qui fait le mal. Car chaque homme est doté d'une âme et de raison. Il a donc en lui ce qui suffit pour être guide et loi. Dans sa justice Dieu donnera récompense ou châtiment en proportion de ce que l'homme a su. Il sera plus sévère envers l'esprit et la raison des êtres humains civilisés, c'est-à-dire de ceux qui auront été en contact des prêtres ou des ministres chrétiens, ou des religions révélées, et tiendra compte de leur foi. Que si un être humain croit fermement que sa foi est la bonne, sa foi le justifie, même s'il est dans une église séparée ou schismatique. S'il opère le bien pour gagner Dieu, Bien Suprême, un jour il aura la récompense de sa foi et de sa droiture, et elle lui sera accordée avec une bénignité divine plus grande que celle réservée aux catholiques. Dieu tiendra compte de combien d'efforts supplémentaires auront dû faire les membres séparés du Corps Mystique, les musulmans, les bouddhistes, les hindouistes, les païens, pour demeurer justes, eux qui n'ont ni la Grâce, ni la Vie, et qui par conséquent ne possèdent pas mes dons, ni les vertus qui découlent de ces dons.
Dieu ne fait pas acception des personnes. Il jugera chacun selon les actions accomplies, et non d'après les origines des hommes. Il y en aura plusieurs qui, se croyant choisis parce que très catholiques, se verront précédés par beaucoup d'autres qui auront servi le vrai Dieu, sans le connaître, en pratiquant la justice. [...]
Ceux qui auront connu la Loi et ne l'auront pas pratiquée seront condamnés par cette même Loi qui sauve. Quant aux Gentils qui sont privés de la Loi, mais qui font naturellement et par raison ce que prescrit la loi qu'ils ignorent, ils servent Dieu à leur insu. S'ils se laissent guider par la seule lumière de la raison et par la droiture de leur coeur, ils obéissent à la voix de l'Esprit, inconnu mais présent comme seul maître dans leur âme de bonne volonté, ils servent Dieu à leur insu. Quand par amour ils pratiquent la vertu et obéissent aux bonnes inspirations, ils servent Dieu à leur insu. Ces Gentils démontrent par leurs actions que la Loi est inscrite dans leur coeur vertueux. Au jour du Jugement, ils seront justifiés.[...]
[…] Tous ceux-là (les Gentils, ie ceux qui ne sont pas chrétiens catholiques) seront sauvés grâce aux mérites infinis du Christ, qui a accepté d'être immolé en versant sang et sérum jusqu'aux dernières gouttes, c'est grâce à lui que tous ceux-là seront sauvés.
La vertu de ces Gentils, leur obéissance spontanée à la loi de la vertu, les aura baptisés sans autre baptême ; elle les aura consacrés sans autre chrême que les mérites infinis du Sauveur. Les limbes ne seront plus la demeure de ces justes en attente. De même qu'au soir du Vendredi Saint les justes ont quitté les limbes, car le Sang versé par Jésus-Rédempteur les avait purifiés de leur tâche originelle, de même, au soir du Temps, quand les mérites du Christ auront triomphé de tous ses ennemis, les justes, qui par ferme conviction d'être dans la juste religion auront appartenu à un troupeau non catholique, seront par lui absous et justifiés. Ils recevront la récompense des vertus pratiquées sur terre.
S'il n'en était pas ainsi, Dieu aurait trompé ces justes qui se sont donné une loi de justice, et ont défendu la justice et la vertu. Or Dieu ne trompe jamais. Sa récompense, même si parfois elle se fait attendre, est toujours certaine. »
Deuxième extrait ( Jésus à l'esclave Syntica, qui s'inquiète de ce que sa mère et ses soeurs ne connaissent pas la vraie religion, L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, tome 4 ) :
« Le péché originel est commun à tous, israélites ou non. Ce n'est pas une particularité des païens. Le culte païen sera coupable à partir du moment où la Loi du Christ sera diffusée dans le monde. La vertu sera toujours vertu aux yeux de Dieu. Et par mon union avec le Père je dis - et je dis en son Nom, en traduisant par des paroles sa pensée très sainte -, que les voies du pouvoir miséricordieux de Dieu sont nombreuses et tendent toutes à réjouir les vertueux. J'ajoute que les barrières d'une âme à une autre âme seront levées et que la paix existera pour ceux qui méritent la paix. Mais non seulement cela : je dis qu'à l'avenir ceux qui, convaincus d'être dans la vérité, suivront la religion de leurs pères avec justice et sainteté, ne seront pas mal vus par Dieu ni punis par lui. C'est la malice, la mauvaise volonté, le refus délibéré de la vérité connue, et surtout la volonté d'attaquer la vérité révélée et de la combattre, c'est la vie vicieuse, qui sépareront réellement les âmes des justes de celles des pécheurs, pour toujours. Relève ton esprit abattu, Syntica. Cette mélancolie est un assaut infernal, qui vient de la colère que Satan éprouve contre toi, qui es une proie pour toujours perdue pour lui. L'Hadès n'existe pas. Il y a mon Paradis. Il n'est pas cause de douleur, mais de joie. Rien de ce qui vient de la vérité ne doit être une cause d'abattement ou de doute, mais au contraire une force pour croire toujours davantage avec une joyeuse sécurité. [...] »
Fin de citations.
Je propose aussi à votre lecture cet article que j'ai publié sur ce site : "
Réponse aux paroles de St Louis-Marie de Montfort quant au tout petit nombre de sauvés"
Merci Monsieur l’abbé pour votre apostolat. Selon les mots de l’Apôtre Paul : « que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. ». Amen !
En union de prières
Emmanuel