L’abbé Pagès et le salut par la peur et en tremblant (1ère partie)
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M. l’abbé Guy Pagès, que Dieu vous bénisse ainsi que votre apostolat !
Je me permets filialement, en tant que fidèle de l’Église catholique, d’émettre à mon tour des corrections sur votre vidéo car je l’estime aussi très critiquable sur certains points, dans le but d’éclairer si possible mon prochain en m'appuyant sur la Foi catholique et la Sainte Ecriture.
A la lumière de la Tradition et de la Foi catholique, je commencerai par reconnaître, malgré des « mais » inévitables, que la vidéo « Jésus a dit : ‘’Nul ne vient au Père que par moi’’ » de votre confrère en sacerdoce le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, méritait quelques corrections et précisions en raison de certains défauts pouvant induire gravement en erreur : ambiguïtés, approximations et légèretés jusqu’à l’insouciance.
Cela dit, cher père, une forme plus cordiale de correction fraternelle n’aurait-elle pas été possible vis-à-vis de ce prêtre bien connu et apprécié ? J'ai lu certains commentaires sur Gloria.tv et sur Youtube par rapport à votre vidéo, qui contiennent des jugements ad personam extrêmement durs et téméraires envers le père Michel-Marie. Ne pensez-vous pas que le contenu et la forme de votre correction fraternelle puissent inciter des âmes peu vertueuses à céder à de tels travers ?
A notre époque où une large partie des membres du clergé catholique n’osent presque plus prêcher sur les « fins dernières » (c’est-à-dire sur la destinée dans l’au-delà des âmes après la mort), vous avez le grand mérite d’aller à contre-courant. Soyez-en remercié et béni par Dieu. Cela étant, ne pensez-vous pas aussi que le fait d'user trop systématiquement de la menace de l’Enfer puisse avoir un effet épouvantail sur une partie des gens, d’autant qu’à mon sens vous avez tendance à le faire d'un air sombre et sur un ton lourd qui laissent peu transparaître la charité joyeuse dans l'Esprit de Dieu.
Par parenthèse, je pense que certaines de vos remarques sur cette vidéo procèdent de l’esprit de chicane qui pense à mal et qui ne cherche pas à interpréter à bien quand cela reste possible. Un propos innocent peut lui-même devenir matière à critique.
Par exemple, il me semble évident qu’il faille comprendre, quant à son histoire humoristique finale, que ces bouddhistes qui arrivent au paradis sont des personnes ayant vécu dans un état d’ignorance non coupable de la Foi catholique, et qui malgré les déterminismes défavorables de leur existence terrestre, ont fini par appartenir à l’âme de l’Église sans appartenir à son corps visible, par un désir au moins implicite du baptême (cf le Catéchisme catholique). Croyez-vous vraiment que le père Michel-Marie puisse ignorer que les élus du Ciel serons tous catholiques ? Pas moi.
Ma critique se concentrera sur deux points : I ) Est-il bon de préparer son âme à la mort et au jugement de Dieu dans la peur comme vous le suggérez ? II ) L’Enseignement de l’Église laisse-t-il craindre que les non-catholiques risquent généralement d’aller en Enfer, ainsi que votre discours et votre sélection de citations l’insinuent ?
I ) Est-il bon et saint de préparer son âme à la mort et au jugement de Dieu dans la peur ?
Vous insistez pour dire que les Apôtres ont prêché un salut qui doit se préparer « avec crainte et tremblement », en laissant entendre qu’il faudrait comprendre ces termes quasi littéralement. Voyons ce qu’il en est.
Soit dit en passant, cette expression, à ma connaissance, ne se rencontre que dans les lettres de saint Paul. Citations :
« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent. » (Philippiens 2.12)
Mais l’Apôtre Paul utilise cette même expression en deux autres occasions :
« (Tite) éprouve pour vous un redoublement d'affection, au souvenir de votre obéissance à tous, et de l'accueil que vous lui avez fait avec crainte et tremblement. Je me réjouis de pouvoir en toutes choses me confier en vous. » (2 Corinthiens 7)
« Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre coeur, comme au Christ, non pas seulement sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais comme des serviteurs du Christ, qui font de bon coeur la volonté de Dieu. Servez-les avec empressement, comme servant le Seigneur et non des hommes, sachant que chacun, soit esclave, soit libre, recevra du Seigneur selon ce qu'il aura fait de bien. » (Éphésiens 6.5)
Fin de citation.
Ainsi, il apparaît clairement que cette expression, visiblement banalisée et édulcorée dans le contexte d'alors, est employée par St Paul relativement à la notion d’obéissance à un supérieur. Elle semble signifier plutôt : « avec un grand respect qui s’efforce de bien agir et d’éviter d’offenser », et non être synonyme de : avec frayeur, anxiété, angoisse, épouvante, etc.
Nous voyons cher père qu’il est possible de déformer la signification de paroles de la Sainte Ecriture en les tirant hors de leur contexte et en en sélectionnant certaines tout en en omettant d’autres importantes.
Florilège de citations de l’Ecriture sur ce sujet :
« Il n’y a pas de crainte dans l’amour, l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte implique un châtiment, et celui qui reste dans la crainte n’a pas atteint la perfection de l’amour. » ( I Jean 4.18 )
« Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
c’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, DANS LA PAIX. » (2 Pierre 3)
De la part de l’Apôtre St Paul lui-même qui aimait donc à employer l’expression contextualisable « avec crainte et tremblement » :
« Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. »
« Avançons-nous donc AVEC ASSURANCE vers le trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. »
« Soyez TOUJOURS dans la joie du Seigneur ; JE LE REDIS : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. NE SOYEZ INQUIETS DE RIEN, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le en compte. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous. »
« Nous vous en prions, frères : avertissez ceux qui vivent de façon désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu, soutenez les faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours ce qui est bien, entre vous et avec tous. Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. (...) Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera. »
« Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix, EN TOUT TEMPS ET DE TOUTE MANIÈRE. Que le Seigneur soit avec vous tous. »
« À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. »
« Que le Dieu de la paix soit avec vous tous. Amen. »
« Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. »
« Enfin, frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. »
« Ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. »
« Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. »
« Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. »
De notre Seigneur Jésus le Christ lui-même :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. »
« Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. »
« Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse; mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. »
Et ce Psaume 130 :
« Seigneur (…) je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais. »
Citons aussi cet extrait du poème bien connu de Ste Thérèse d’Avila :
« Que RIEN ne te trouble, que rien ne t'effraie, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d'un grand coeur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'effraie. »
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Cher abbé, vous citez d’autre part cette pensée ou ce sentiment (personnel) de Ste Thérèse de Lisieux : « Les âmes vont en Enfer comme les flocons de neige en hiver ». Pourquoi pas.
Mais pour quelle raison n’évoquez-vous pas du tout dans le même temps d’autres nombreuses autres paroles de la Sainte qui permettent de comprendre ce qui à ses yeux conduit les âmes en Enfer ?
C’est d’ailleurs je le pense le principal défaut de votre argumentaire général que de vous focaliser sur un versant de la vérité au point d’occulter l’autre versant de la vérité, de manquer d’équilibre et d’objectivité, d’induire vous-même en erreur sur certains points vos auditeurs dans un sens opposé à l’optique du père Zanotti-Sorkine.
A ce propos, il est très intéressant de se reporter aux paroles que reçut de Dieu Ste Catherine de Sienne quant à la damnation de Judas Iscariote et quant à l’importance pour le grand pécheur de pécher plutôt par présomption, dans une certaine mesure, que par désespérance. Lire cette publication : "En dernière analyse, pourquoi Judas l’Iscariote s’est-il damné ?"
J’ai sélectionné dans cet article un florilège de paroles de sainte Thérèse de Lisieux sur ce sujet, paroles qui détonnent avec l’état d’esprit de votre discours.
Suite dans la 2ème partie...