Que fût la Sainte Vierge ?
Une femme du commun, une femme pauvre et vivant de son travail, occupée pendant trente ans à Nazareth du soin d'un petit ménage, confié depuis à saint Jean, qui partagea avec elle les oblations des fidèles. Quel bruit a-t-elle fait dans le monde? Par quelle grande œuvre s'est-elle signalée aux yeux des hommes? Qu'a-t-elle fait à l'extérieur pour la propagation de l'Évangile? Cependant, c'est la Mère de Dieu, c'est la plus sainte des créatures; c'est celle qui a eu le plus de part à la rédemption du genre humain et à l'établissement de la religion chrétienne. Oh ! que les idées de Dieu sont différentes des nôtres ! Oh ! que les voies qu'il prend pour parvenir à ses fins sont éloignées de nos voies ! Que l'obscurité, que la retraite, la solitude, la prière en silence, sont agréables à ses yeux, et mille fois plus grandes que toutes les oeuvres d'éclat! Oh ! que c'est être tout devant Dieu que de n'être rien, de ne prétendre à rien, de n'aspirer qu'à être ignoré, oublié, méprisé, regardé comme ce qu'il y a au monde de plus vil et de plus abject I Si la vie de la sainte Vierge ne nous apprend pas cette grande vérité, si elle ne nous la fait pas aimer, si elle n'étouffe pas en nous tout désir d'être quelque chose, si elle ne nous convainc pas que , pour se retrouver en Dieu, il faut se perdre tout à fait en soi-même, quel exemple plus sensible, quelle leçon plus puissante sera capable de nous persuader ? Jésus et Marie démontrent à tout chrétien que Dieu ne tire de véritable gloire ici-bas que de notre anéantissement. Ils nous démontrent encore que, plus on a été anéanti sur la terre, plus on est grand, heureux, puissant dans le ciel.
Quelle est donc la solide dévotion envers la sainte Vierge? L'imitation de son intérieur, de ses bas sentiments d'elle-même, de son amour pour l'obscurité, le silence, la retraite ; de son attrait pour les petites choses ; de sa fidélité à la grâce; de la simplicité de son recueillement et de son oraison, dont l'unique objet fut Dieu et sa volonté, Jésus-Christ et son amour; du sacrifice continuel d'elle-même, et de ce qu'elle aimait et devait aimer plus qu'elle-même. Demandons-lui tous les jours» qu'elle nous serve de guide et de modèle dans la vie inlérieure. et qu'elle nous obtienne les grâces qui nous sont nécessaires pour répondre aux desseins de Dieu sur nous. Ces desseins sont certainement des desseins de mort et de destruction.
Père Grou. Manuel des âmes intérieures.