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Mgr Aguer et le droit à l'avortement en France et aux Etats Unis

L'avortement et la politique

La question de l'avortement continue d'être un sujet de discussion privilégié dans de nombreux pays. La vague mondiale d'approbation du "crime abominable", comme l'a appelé le Concile Vatican II, est portée par les mouvements féministes, les secteurs progressistes et la gauche dans les États ; et les groupes "catholiques", qui se soumettent à la conception néo-païenne de la vie, appuyée sur des prétendus "droits" anti-humains et contraires à la loi de Dieu.

Récemment, en France, le Sénat a voté en faveur de l'amendement qui "garantit la liberté d'accès à l'avortement" dans la Constitution. Le mercredi 28 février, 267 sénateurs sur un total de 317 ont voté pour le projet de réforme constitutionnelle, dans les mêmes termes déjà exprimés à l'Assemblée nationale. Seuls 50 sénateurs se sont opposés au texte, qui a été adopté le lundi 4 mars lors d'un congrès convoqué à Versailles. Ce texte propose d'ajouter le paragraphe 17 à l'article 34 de la Constitution, promulguée le 4 octobre 1958, qui dispose : La loi détermine les conditions dans lesquelles la liberté garantie à la femme d'avoir recours à l'interruption volontaire de la grossesse est exercée . Notez l'euphémisme employé pour désigner l'élimination de l'enfant à naître et la conception perverse de la liberté, condamnée par la doctrine de l'Église, comme l'a enseigné avec éloquence saint Jean-Paul II. Quelles que soient les difficultés auxquelles une femme enceinte peut être confrontée, l'avortement, qui reste une attaque contre la vie à ses origines, ne peut pas être vu du point de vue des "droits humains des femmes", comme le préconise le féminisme. La situation en France est contradictoire : de nombreuses formes de violence contre les femmes et les enfants sont mises en évidence; la Constitution devrait assumer la protection de certaines d'entre elles et d'autres. À l'autre extrême, il favorise le "suicide assisté" des malades en phase terminale. Le gouvernement du franc-maçon Emmanuel Macron prend le côté sinistre de la culture française, qui ne reconnaît pas la valeur de la vie humaine et le vrai sens de la liberté.

Très différente est la situation des États-Unis, un pays sérieusement fédéral. Bien que le président Joe Biden soit un " catholique " pro-avortement, plusieurs États ont adopté une législation respectueuse de la vie de l'enfant à naître. Dans certains cas, d'anciennes lois anti-avortement sont remises à flot. C'est le cas, par exemple, de l'Arizona : la Cour suprême de cette juridiction a récemment statué que l'État peut appliquer sa loi de 1864, qui pénalise tous les types d'avortement, à la seule exception de la vie de la mère en danger. La position politique joue un rôle fondamental ; les démocrates sont généralement pro-avortement, tandis que les républicains sont en faveur de la protection de la vie de l'enfant à naître. Dans le cas de l'Arizona, la procureure générale la démocrate Kris Mayes, a protesté, en désaccord ouvert avec son prédécesseur, le républicain Mark Brnovich, qui dès que la Cour suprême fédérale a annulé, en 2022, la décision Roe contre Wade , qui garantissait le droit constitutionnel à l'avortement, a persuadé un magistrat de l'État de Tucson, de réhabiliter l'ancienne loi, qui entrerait en vigueur dans quatorze jours, et a été qualifiée de cruelle par le président Biden. La plupart des États, dirigés par les républicains, ont commencé à appliquer de nouvelles interdictions, ou restrictions (dans 14 États, l'avortement est interdit à tous les stades de la grossesse, à quelques exceptions près), tandis que dans beaucoup de ceux dirigés par leurs adversaires politiques, on a essayé de protéger l'accès à l'avortement. Le président Biden a reproché la décision en Arizona, la qualifiant de " prohibition extrême et dangereuse ". Les partisans du "droit" à l'avortement font souvent appel à des cas tragiques de viol ou d'inceste.

Un sujet de discussion aux États-Unis est la pénalisation des femmes qui avortent. Les dirigeants catholiques riches disent qu'ils ne doivent pas être punis. Plus de 70 dirigeants pro vie ? (provida), dont l'archevêque William Lori, qui dirige le Comité provida (pro vie ?) des évêques américains, exigent que les législateurs des États refusent de criminaliser les femmes qui avortent: "Nous déclarons sans équivoque que toute mesure qui cherche à criminaliser ou punir les femmes n'est pas provida (pro vie ?) et nous nous opposons fermement à de tels efforts". L'initiative se trouve dans une lettre du 12 mai 2021, adressée aux législateurs des États, et intervient alors que des États comme la Louisiane envisageaient une législation qui pourrait soumettre les femmes qui avortent à des poursuites pénales et à l'emprisonnement. La Charte s'efforce de dire que dans chaque avortement il y a deux victimes : la mère et l'enfant à naître; "transformer en criminels les femmes qui avortent n'est pas la voie à suivre". Cette position devrait être discutée ; la gravité de la législation anti-avortement est en jeu. Si l'avortement est considéré comme un crime, on ne voit pas pourquoi les femmes qui s'y livrent ne devraient pas être pénalisées. Il est vrai que de nombreuses situations sont difficiles et douloureuses ; elles doivent être prises en compte pour évaluer la responsabilité. Plusieurs organisations, dont beaucoup sont dirigées par des catholiques, offrent guérison et espoir aux femmes blessées par l'avortement qu'elles ont commis. Tout comme l'Église catholique condamne l'avortement, elle insiste aussi sur l'importance du pardon et de la miséricorde pour les femmes qui ont avorté. Les prêtres qui ont l'expérience du confessionnal connaissent très bien la douleur de beaucoup de femmes, qui est difficile à consoler. Il est dommage que tant de jeunes se rangent aux arguments pro-avortement, dans une position superficielle face à ce que signifie un véritable drame : le dommage irréparable causé à l'innocent, qui est condamné à mort, ainsi qu'aux parents et à l'ensemble de la société. C'est le lieu d'exalter la liberté de choix des parents qui décident, même dans des situations difficiles, de rester avec leur enfant.

Pour en revenir à la situation en France, il est nécessaire de souligner le cas de plusieurs évêques qui se sont prononcés publiquement sur le résultat du vote sur l'avortement, l'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay, a souligné la difficulté de s'exprimer sur ce sujet, sans courir le risque de devenir la cible des médias. Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, a déploré dans le quotidien "La Croix" que "la mort semble plus protégée que la vie n'est encouragée". Les évêques de France avaient déjà exprimé leur opposition au texte de l'amendement constitutionnel, lors de leur assemblée de novembre 2023, dans une déclaration intitulée "Toute vie est un don".

Où en est l'Argentine? Le régime kirchneriste a cédé à l'avant-garde du féminisme ultra, et a promulgué la loi N° 27.610, du 30 décembre 2020, qui stipule que l'avortement induit est légal et gratuit, dans les cas autorisés depuis 1921 (avortement thérapeutique, et en cas de viol), ou dans tous les autres cas lorsque la gestation ne dépasse pas la semaine 14, incluse. Combien d'enfants à naître auraient été éliminés depuis lors, avec le consentement politique? Les partisans de l'avortement exagèrent toujours les chiffres pour faire croire qu'il s'agit d'une chose normale et nécessaire, mais, de toute façon, l'autorisation légale est une incitation et un moyen de pression sur la culture et la mentalité commune de la société.

Le gouvernement actuel devrait être encouragé à étendre son caractère libéral et libertaire à l'avortement et à abroger la sinistre loi 27.610. L'épiscopat argentin, si préoccupé par le problème de la pauvreté, devrait le solliciter, et étendre son inquiétude aux plus pauvres parmi les pauvres, les enfants à naître.

+ Héctor Aguer
Archevêque émérite de La Plata.

Buenos Aires, le mercredi 17 avril 2024.

Source en espagnol : Mons. Aguer y el aborto en Francia y en los Estados Unidos
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