Mgr Bugnini a-t-il dit : "Nous allons enlever de la messe tout ce qui peut paraître être l’ombre d’un achoppement pour nos frères séparés" ?
Source : fidecatholica.wordpress.com/…/citations-nulli…
Cette citation est-elle exacte ?
- D'abord, il y a une erreur de référence, qui rend l'article difficile à trouver. Il s'agit de l'Osservatore Romano du 19 mars 1965.
- Ensuite, les propos sont complètement modifiés ! Il n'est pas un instant question de messe dans cet article, puisque qu'il a pour objet la liturgie du vendredi saint... jour dans l'année dans lequel il n'y a pas de messe. Il s'agit de la réforme des oraisons solennelles du vendredi saint.
Dans les faits :
- la messe dite de Paul VI est sacrificielle (cela est dit explicitement dans le canon, et dis plus de 30 fois dans la Présentation générale du missel Romain) ;
- que la messe promeut le culte des saints (cf le calendrier liturgique) ;
- que la même messe honore la Vierge Marie, mère de Dieu ;
- que cette messe prend ses lectures dans le canon catholique, y compris donc les livres deutérocanoniques (et donc ne suit pas le canon protestant).
Ceux qui liront l'article plus bas se rendront compte de cette falsification de milieux sédévacantistes, qui n'hésitent pas à trafiquer images et propos pour promouvoir leurs théories.
Sylvanus
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Texte original italien ci-dessus.
Traduction française de l'italien, La Documentation catholique du 4 avril 1965, colonnes-603-604 :
Modifications aux oraisons solennelles du Vendredi saint
Dans l'Osservatore Romano du 19 mars 1965, le R. P. Bugnini, secrétaire du Conseil pour l'application de la Constitution sur la liturgie et sous-secrétaire de la congrégation des Rites pour la liturgie, présente ainsi les modifications qui ont été apportées à certaines des oraisons solennelles du Vendredi saint.
Dans le climat œcuménique du deuxième Concile du Vatican, on fait remarquer de divers côtés que certaines expressions des Orationes solemnes du Vendredi saint sonnent assez mal aux oreilles d'aujourd'hui. C'est pourquoi on a demandé avec insistance s'il n'était pas possible au moins d'atténuer certaines phrases.
Il est toujours dur de devoir toucher à des textes vénérables qui pendant des siècles ont alimenté la piété chrétienne avec tant d'efficacité, et ont encore aujourd'hui le parfum spirituel des temps héroïques de l'Église primitive. Et surtout, il n'est pas facile de retoucher des chefs-d’œuvre littéraires dont la forme et l'expression peuvent difficilement être surpassées. On a malgré tout considéré qu'il était nécessaire d'affronter ce travail, afin que la prière de l'Église ne soit un motif de malaise spirituel pour personne.
Les retouches se sont limitées à ce qui était indispensable. Dans la première oraison, « pour la Sainte Église », on a supprimé la phrase subiciens ei principatus et potestates qui, sans exclure l'inspiration de saint Paul (Col. 2, 15) sur les « puissances angéliques », pourrait prêter à équivoque et faire penser à un rôle temporel de l'Église qui, s'il a été vrai en d'autres temps, est anachronique aujourd'hui.
La septième oraison porte désormais le titre : Pour l'unité des chrétiens (et non « de l'Église », car celle-ci a toujours été une). On n'y parle plus d' « hérétiques » et de « schismatiques », mais de « tous les fidèles qui croient dans le Christ ».
En voici le texte intégral : « Prions pour tous les frères qui croient dans le Christ : Seigneur notre Dieu, fais que, en suivant la vérité, ils soient réunis et fidèles dans ton unique Église. Ô Dieu tout-puissant et éternel, qui réunis et disperses, garde les brebis de ton troupeau, afin que soient unis par le lien de la charité et de l'intégrité dans la foi ceux qui sont consacrés par un seul baptême. »
La huitième oraison est désormais intitulée Pour les Juifs (titre ancien : « Pour la conversion des Juifs »). En voici le texte, qui est entièrement refait : « Prions pour les Juifs. Seigneur notre Dieu, daigne faire resplendir ton visage sur eux, afin qu'eux aussi reconnaissent le Rédempteur de tous, Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ô Dieu tout-puissant et éternel qui as fait tes promesses à Abraham et à sa descendance, écoute avec bonté la prière de ton Église, afin que celui qui fut autrefois ton peuple élu puisse parvenir à la plénitude de la rédemption. »
La neuvième oraison est désormais intitulée Pour ceux qui ne croient encore pas au Christ, (titre ancien : « Pour la conversion des infidèles »). En voici le texte : « Prions pour ceux qui ne croient encore pas au Christ, afin que, remplis de la lumière de l'Esprit-Saint, ils puissent entrer eux aussi dans la voie du salut. Ô Dieu tout-puissant et éternel, qui as donné toutes les nations à ton Fils bien-aimé, unis à ton Église les familles de tous les peuples, afin que, en cherchant la lumière de la vérité, ils puissent parvenir à toi, unique et vrai Dieu. »
Les spécialistes ont pensé à mettre en lumière les sources bibliques et liturgiques dont découlent ou s'inspirent les nouveaux textes, lesquels ont été ciselés par les groupes d'étude du Consilium. Disons aussi que bien souvent le travail s'est effectué « avec crainte et tremblement » lorsqu'il s'agissait de sacrifier des expressions et des concepts si chers et auxquels on était familiarisé depuis toujours. Comment par exemple ne pas regretter le ad sanctam matrem Ecclesiam catholicam atque apostolicam revocare dignetur de la septième oraison ? Là encore, en faisant ces sacrifices pénibles, l'Église a été guidée par l'amour des âmes et le désir de tout faire pour faciliter à nos frère séparés le chemin de l'union, en écartant toute pierre qui pourrait constituer ne serait-ce que l'ombre d'un risque d'achoppement ou de déplaisir ; dans la confiance que la prière commune hâtera le jour où toute « la famille de Dieu », réunie « dans l'intégrité de la foi et sous le signe de la charité » pourra chanter d'une seule voix (una voce) et d'un seul cœur l'Alleluia pascal de la résurrection et de la vie.
A. Bugnini.