"A ma soutane noire". Par Mons. Francesco Olgiati*
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"En raison des diverses demandes reçues au sujet de la soutane, une vaste enquête a été entamée sur la question de la forme du vêtement ecclésiastique, et les Ordinaires diocésains (c'est-à-dire les Évêques) ont reçu une certaine faculté de dispense, dans des cas particuliers, sans préjudice de la règle de l'utilisation de la soutane dans l'exercice du pouvoir d'ordre et de juridiction".
Ces quelques lignes ont donné lieu à mille discussions, même dans notre presse. Et les fantaisies ont été légion.
Certains ont fait appel à l'histoire, du 5ème siècle au 4ème Concile du Latran (1213) et au Concile de Vienne (1312), qui a imposé un habit différent aux ecclésiastiques, de Sixte V à Pie IX.
D'autres ont eu recours à la mode des pays allemands et anglo-saxons, qui accordent aux prêtres l'habit dit "clergyman", tout en imposant la "soutane", comme l'exige le Code de droit canonique, dans les fonctions sacerdotales.
D'autres ont évoqué l'époque de la Révolution française, où même dans les pays latins - comme aujourd'hui dans les pays communistes - le clergé, en raison des persécutions, ne pouvait absolument pas être distingué des laïcs par son habillement.
Enfin, d'autres ont observé que "la soutane, en plus d'être gênante en été et encombrante tout le temps, devient une entrave ridicule et même un véritable danger lorsque, précisément à cause de son ministère, le prêtre doit utiliser une bicyclette ou une petite moto", des moyens devenus indispensables pour ceux qui ont la charge des âmes.
Il ne faut pas non plus oublier, ajoutent-ils, "la tendance du clergé à ne pas s'isoler dans une tour d'ivoire, mais à se rapprocher le plus possible de la vie du peuple chrétien confié à ses soins, à partager ses souffrances et ses angoisses".
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Tu me pardonneras si je ne m'intéresse pas aux sujets évoqués. Je ne veux pas les discuter. Je veux juste te dire un mot. Je te porte depuis de nombreuses décennies. Quand j'étais petit et que je suis entré au séminaire avant mes onze ans, il était de coutume de te porter dès la première année de lycée et de te garder pendant les vacances.
Te souviens-tu, ma chère robe noire, du jour de mon habillage ? Ma sainte mère, pauvre et inexpérimentée, t'avait confectionné, aidée par une vieille couturière volontaire. Elle a assisté au rite et a pleuré lorsque le vieux prévôt m'a habillé et aspergé.
Avec la bénédiction du prêtre et les larmes maternelles, j'ai quitté l'église. Comme j'étais heureux, ma chère soutane noire ! Aurais-je pu concevoir un trésor plus grand et plus précieux que toi ? Tu l'es restée pendant mes douze années de séminaire, puis tout au long de ma vie.
Au Séminaire, on m'a d'abord appris à t'embrasser lorsque je me déshabillais le soir pour aller me reposer. Combien de baisers et tellement sincères !
O soutane noire de ma première messe et de tant de messes célébrées et de tant d'actions sacerdotales accomplies ! O soutane noire, qui près du lit des mourants avait un sens et un langage singulier qui t'étaient propres !
O soutane noire, qui ne m'a jamais forcé à m'isoler dans une tour d'ivoire, tout en me rappelant à chaque occasion mon sacerdoce, même dans la ferveur des disputes enflammées et dans les batailles pour la défense de la vérité, dans les congrès, dans les associations, dans les écoles !
Tu as parfois connu, surtout à certains moments, l'insulte grossière des rustres ; mais comme j'ai été fier de toi à ces moments-là et comme je t'ai aimé !
Je t'ai toujours considéré comme un drapeau, un drapeau noir, oui. Un symbole de mort, mais je ne pouvais pas avoir honte, car tu symbolisais le Crucifix, qui, précisément parce qu'il est un symbole, est résurrection et vie.
Maintenant que je suis au crépuscule de ma vie, en entendant parler de toi, j'ai compris de plus en plus et de mieux en mieux que je t'aime tant.
Je ne sais pas s'ils vont te modifier, s'ils vont te remplacer, s'ils vont te dénaturer. Ils auront leurs raisons. En fait, si une persécution éclatait, ils t'arracheraient à moi. Cela n'a pas d'importance. Même dans ce cas, tu seras dans mon cœur. Et tu y resteras pour toujours.
Quand je fermerai bientôt les yeux, je veux que tu m'accompagnes dans la tombe. Revêtu de toi, enveloppé dans tes plis, je dormirai du sommeil de la mort plus paisiblement. Je ne pourrai plus te donner le baiser de mon affection. Mon cœur ne battra plus. Mais si quelqu'un pouvait lire dans ses fibres les plus profondes, il trouverait gravé un mot d'amour et de fierté pour toi, ô chère et bien-aimée soutane noire.
* L'auteur (+1962) était un professeur d'université et un philosophe néo-scolastique. Il a écrit ce texte en mai 1959. Avec le Père Agostino Gemelli, il était l'un des fondateurs de l'Université catholique du Sacré-Cœur à Milan. C.S. Lewis a dédié sa Tactique du Diable à J.R.R. Tolkien et à Mgr Olgiati.