@SylvanusPermettez-moi cher Sylvain de vous exposer de façon la plus exhaustive possible mon opinion sur cette question.
Le plus grand des péchés est en effet le blasphème contre l’Esprit Saint. C’est le seul péché impardonnable d’après le Seigneur lui-même (Mc 3. 28-29), péché radical contre l’Amour de Dieu, péché qui consiste à laisser tuer en soi, délibérément et sous l’influence de Satan, toute capacité à accueillir l’Amour divin, l’infinie miséricorde de Dieu sur son péché, à s’isoler pour toujours en soi-même, dans l’enfer qu’est le rejet irrémédiable de l’Amour de Dieu.
La conclusion de l’article que vous avez cité est juste : «
Pierre montre qu’il croit dans la miséricorde infinie de Jésus. En revanche, Judas se pend parce qu’il ne croit pas que sa faute puisse être pardonnée.
»Lire à ce sujet les révélations du Père Eternel à sainte Catherine de Sienne :
« En dernière analyse, pourquoi Judas lscariote s’est-il damné ? »Force est de constater que Dieu n’a jamais permis que l’Église dogmatise le sentiment commun traditionnel quant à la perdition éternelle du pauvre Judas. Peut-être pour éviter d'inciter l'Eglise à désespérer du salut des grands pécheurs ?
Reste que certaines paroles du Concile de Trente, sous une forme plutôt discrète et non autoritaire, laissent clairement comprendre que Judas Iscariote finit par se damner par sa propre faute en désespérant de la possibilité d'un pardon de Dieu
***.
Le fait semble-t-il que l’Église n’ait jamais intercédé explicitement pour le salut de l’âme de Judas constitue non une preuve absolue mais un indice fort sur son sort éternel de malheur.
Comme vous l’avez suggéré, certains mots ( ex : « démon ») et certaines paroles fortes du Seigneur quant à Judas ne sont pas en soi, quoi qu’en pensent et en disent péremptoirement certains, des preuves définitives de sa damnation mais aussi des indices forts.
En particulier ces paroles du Seigneur dites en présence de Judas : “
Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né !” à propos desquelles le pape saint Jean-Paul II dit (dans le livre entretien « Entrez dans l’espérance ») :
« Même si le Christ dit, à propos de Judas qui vient de le trahir : “ Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né ! ” cette phrase ne doit pas être comprise comme la damnation pour l’éternité.
»Ce qui est sûr et certain c’est que ces paroles du Seigneur, qui choisit Judas librement comme l’un de ses Apôtres (Jean 6.70) et qui le qualifia d’ « ami » jusqu’au Jardin de Gethsémani (Mat. 26.50),
ne sont en aucun cas des paroles de colère et de dureté ( St Jean Chrysostome
le comprit très bien ), des paroles étant susceptibles d’enfermer par la suite Judas dans le désespoir à cause de son péché gravissime de trahison.
Pour ma part je ne crois donc pas qu’à travers ces mots très percutants Jésus voulut signifier à Judas en filigrane : « Si tu pousses ton crime de trahison jusqu’à me livrer par un baiser au jardin de Gethsémani, alors ton crime ne sera plus pardonnable et conséquemment mieux eût valu que tu ne fusses jamais né », mais plutôt : « Réalise le grand malheur éternel auquel tu es en train de t’exposer en t’endurcissant dans ton acte de trahison qui te sépare de mon Amour ! Satan est en train d’emporter ton âme pour toujours en enfer là où la non-existence est préférable à l'existence ! Le laisseras-tu faire ? ».
Bon et saint Triduum pascal.
*** Citations du Catéchisme du concile de Trente (1566) :
« D’autres sont conduits au Sacerdoce par la soif des honneurs et par l’ambition. Il en est enfin qui ne recherchent les Ordres que pour s’enrichir ; et la preuve c’est que, si vous ne leur offrez quelque bénéfice considérable, ils ne songent même pas à recevoir un seul des Ordres sacrés. Ce sont ceux-là que notre Sauveur appelle des mercenaires, et dont le Prophète Ezéchiel disait : « Ils se paissent eux-mêmes, et non leurs brebis. ». Leur bassesse et leur avidité a déshonoré l’Etat ecclésiastique aux yeux des Fidèles, qui le regardent maintenant presque comme la profession la plus vile et la plus méprisable.
Aussi ne tirent-ils point d’autre fruit de leur Sacerdoce, que celui que recueillit Judas de son apostolat, c’est-à-dire leur perte éternelle. »« Les Pasteurs ont donc à prévenir les Fidèles que celui qui veut s’approcher de Dieu pour Lui faire cette demande, est obligé d’abord de reconnaître ses propres fautes, puis de ressentir une véritable douleur de les avoir commises, et en même temps d’être bien persuadé que Dieu a la volonté de pardonner à tous les pécheurs qui sont dans les dispositions que nous venons de rappeler.
Autrement, 1 Isa., 27, 9. 2 Psal., 31, 1. (Page 420) le souvenir plein d’amertume et la vue effrayante de tous nos péchés pourraient nous jeter dans le désespoir de Caïn et de Judas, qui ne voulurent voir en Dieu qu’un Vengeur et un Justicier, et non point la Bonté même de la Miséricorde infinie. »