EST-IL BLASPHÉMATOIRE DE DIRE QU‘À LA FIN DES TEMPS, C’EST DIEU QUI GAGNERA ?

Au moindre débat concernant la fin du monde et l’apocalypse, on entend systématiquement les uns et les autres affirmer qu’à la fin des temps, il y aura de toute façon la victoire du Tout-Puissant. Or, Dieu étant de toute éternité (qui est en fait son instant éternel), déjà gagnant, n’y a-t-il pas quelque chose de pervers de mettre la victoire de Dieu au futur ? En effet, sémantiquement, affirmer la future victoire de Dieu, c’est implicitement reconnaître l’existence d’une autre possibilité, autrement dit envisager, quand bien même en creux, sa défaite. Affirmer que Dieu gagne dans le futur, c’est sous-entendre qu’Il n’a pas encore gagné dans le présent. Et cela bien entendu est faux. Dieu est essentiellement infiniment gagnant et heureux en lui-même. Il est inaccessible à la pollution du mal (voir la première phrase du catéchisme de l’Église catholique). Au fond, il semble que le futur devrait être banni pour parler de la victoire de Dieu. En réalité, au lieu d’annoncer la victoire de Dieu, il vaudrait mieux parler de la victoire de notre relation à Dieu car nous, les créatures, nous pouvons en effet gagner mais nous pouvons aussi perdre. À la fin des temps, c’est la relation à Dieu des élus qui sera triomphante et non pas Dieu, car lui, dès le commencement, est déjà gagnant. Même si cela n’est pas mal intentionné, présenter les choses différemment, relève du blasphème.
AveMaria44
La miséricorde du Père s'exprime toute dans le don du Fils. Le Fils s'incarne car justement, comme Dieu, Il ne peut pas souffrir et encore moins mourir, or seul un sacrifice d'une valeur infinie était exigé pour réparer la faute originelle de l'homme qui en était incapable. Dieu infiniment bon, ne désire qu'une chose c'est sa gloire et sa gloire accidentelle c'est que nous soyons réconciliés …Plus
La miséricorde du Père s'exprime toute dans le don du Fils. Le Fils s'incarne car justement, comme Dieu, Il ne peut pas souffrir et encore moins mourir, or seul un sacrifice d'une valeur infinie était exigé pour réparer la faute originelle de l'homme qui en était incapable. Dieu infiniment bon, ne désire qu'une chose c'est sa gloire et sa gloire accidentelle c'est que nous soyons réconciliés avec Lui en son Fils, en nous adoptant Il nous fait participant de sa gloire, de sa béatitude. Il n'y a pas donc, de compassion au sens propre du Père avec le Fils, sinon en un sens très large sachant que toutes les œuvres ad extra sont toutes de la Trinité.
Suscipe
@jean pierre aussant : merci pour ces précisions. @AveMaria44 : je crois que la question d'une "kénose" du père peut être reposée autrement. La condamnation du patripassianisme est logique, parce qu'il s'agit d'un modalisme : dire que c'est le Père qui a souffert en croix, c'est d'une certaine manière nier la distinction des personnes entre le Père et le Fils. Pour autant, la question d'une …Plus
@jean pierre aussant : merci pour ces précisions. @AveMaria44 : je crois que la question d'une "kénose" du père peut être reposée autrement. La condamnation du patripassianisme est logique, parce qu'il s'agit d'un modalisme : dire que c'est le Père qui a souffert en croix, c'est d'une certaine manière nier la distinction des personnes entre le Père et le Fils. Pour autant, la question d'une souffrance du Père en compassion de celle du Fils - et de celle de toute l'humanité - peut rester posée. Le p. Varillon l'a abordée dans un petit ouvrage tout à fait suggestif, "La souffrance de Dieu".
AveMaria44
@jean pierre aussant Alors pardonnez-moi, mais c'est une mauvaise question, je vous cite en toute douceur : "Mais au fond peut-être que la kénose concerne aussi dans une certaine mesure le Père. Il faut accepter nos limites. L'homme ne peut pas comprendre le mystère ineffable de Dieu." à laquelle je réponds; Non, la kénose ne concerne en aucune mesure le Père.
Vous ne faites pas la distinction …Plus
@jean pierre aussant Alors pardonnez-moi, mais c'est une mauvaise question, je vous cite en toute douceur : "Mais au fond peut-être que la kénose concerne aussi dans une certaine mesure le Père. Il faut accepter nos limites. L'homme ne peut pas comprendre le mystère ineffable de Dieu." à laquelle je réponds; Non, la kénose ne concerne en aucune mesure le Père.
Vous ne faites pas la distinction nécessaire entre Dieu, la Sainte Trinité et Jésus-Christ, le Verbe incarné, qui est victorieux depuis le Calvaire. Seuls ceux qui seront unis à Lui par la Foi et la Charité seront victorieux et placé à sa droite.
jean pierre aussant
@AveMaria44 Je pense aussi que la kénose concerne seulement le Fils sur la Croix et non pas le Père. C'était une question. Au lieu de répondre réflexivement avec agressivité, relisez l'ensemble de ce que j'ai écrit.
AveMaria44
"....la kénose concerne aussi dans une certaine mesure le Père...." Non, cela c'est une hérésie condamnée qui était professée par les Patripassiens, parce qu'ils croyaient que le Père avait souffert sur la croix Noet, Praxéas, Épigone, Cléomène et Calliste; seul le Verbe, le Fils s'est incarné, seul le Verbe a assumé une nature humaine pour pouvoir souffrir et réparer. Si l'on achoppe sur un …Plus
"....la kénose concerne aussi dans une certaine mesure le Père...." Non, cela c'est une hérésie condamnée qui était professée par les Patripassiens, parce qu'ils croyaient que le Père avait souffert sur la croix Noet, Praxéas, Épigone, Cléomène et Calliste; seul le Verbe, le Fils s'est incarné, seul le Verbe a assumé une nature humaine pour pouvoir souffrir et réparer. Si l'on achoppe sur un seul point de la Foi, on sombre totalement, d'où l'importance de ne pas dire n'importe quoi, de parler de ce que l'on connait.
crocodile
@Suscipe "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné" Jésus a voulu racheter tous les hommes en allant jusqu'à ressentir dans son humanité l' angoisse la plus terrifiante pour que l' homme même le plus abominable puisse faire un acte de contrition en esprit. Sainte Thérèse a souffert la nuit spirituelle "l' abandon" elle est restée fidèle, a persévéré malgré la désolation de l'épreuve.…Plus
@Suscipe "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné" Jésus a voulu racheter tous les hommes en allant jusqu'à ressentir dans son humanité l' angoisse la plus terrifiante pour que l' homme même le plus abominable puisse faire un acte de contrition en esprit. Sainte Thérèse a souffert la nuit spirituelle "l' abandon" elle est restée fidèle, a persévéré malgré la désolation de l'épreuve. Le Curé d'Ars parlait d'âmes qui étaient sauvées au dernier souffle de vie. Nous avons le libre arbitre, certains refusent d' être sauvés en préférant rester dans les ténèbres. "il est venu dans son propre bien, et les siens ne l' ont pas reçu" ces paroles sont valables jusqu'à la fin des temps il est aussi dit dans l'Évangile que la lumière éclaire tout homme, venant en ce monde.
jean pierre aussant
Mais au fond peut-être que la kénose concerne aussi dans une certaine mesure le Père. Il faut accepter nos limites. L'homme ne peut pas comprendre le mystère ineffable de Dieu.
jean pierre aussant
@Suscipe Comme vous le savez, la Sainte Trinité est composée de trois personnes: Le Père, Le Fils et Le Saint-Esprit. Recevant la même gloire et étant de même nature mais différentes quand même. Le principe premier reste le Père. C'est le `Père qui engendre le Fils et non pas l'inverse. Le Fils crucifié et doutant (doutant non pas de l'existence de Dieu ou de sa victoire mais doutant de la …Plus
@Suscipe Comme vous le savez, la Sainte Trinité est composée de trois personnes: Le Père, Le Fils et Le Saint-Esprit. Recevant la même gloire et étant de même nature mais différentes quand même. Le principe premier reste le Père. C'est le `Père qui engendre le Fils et non pas l'inverse. Le Fils crucifié et doutant (doutant non pas de l'existence de Dieu ou de sa victoire mais doutant de la victoire de sa relation au Père ou de la relation du `Père envers lui) sur la Croix, c'était le Christ pleinement homme qui devait passer nécessairement par la kénose. La kénose concerne le Fils et non pas le Père. C'est aussi pour cela que le Christ a pû dire au jeune homme: "ne me nomme pas bon car seul Dieu est bon". Le Christ était pleinement homme et pleinement Dieu. Quand Il a dit "Père, pourquoi m'as tu abandonné", Il était pleinement homme. Encore une fois cela ne remet pas en question le seul temps grammatical que l'on peut employer en se référant à la victoire de Dieu et ce temps n'existe pas car il ne peut s'agir que d'un présent éternel. Quand l’Éternel a dit à Moise "Je suis celui qui est" s'Il avait parlé de victoire Il aurait sans doute dit "Je suis celui qui gagne dans mon instant éternel". Enfin, si vous relisez le titre, vous verrez que j'ai posé une question et que je ne prétends pas apporter de réponses définitives. Ma modeste conviction reste cependant que parler de la victoire de Dieu au futur, reste une aberration sémantique pour tous chrétiens. Je ressents cela, personnellement comme sinon un blasphème, au moins un faute.
Suscipe
@jean-pierre Aussant. Vous me prêtez une intention. C'est votre responsabilité. Vous me l'imputez à péché : je trouve que vous allez un peu vite. Sur le fond du débat, je ne crois pas être hors sujet. Je vais préciser ma question, dans le but de nous (vous+moi) faire réfléchir. Après avoir précisé que je crois qu'il y a une intention, et une intuition justes dans votre propos : quand nous …Plus
@jean-pierre Aussant. Vous me prêtez une intention. C'est votre responsabilité. Vous me l'imputez à péché : je trouve que vous allez un peu vite. Sur le fond du débat, je ne crois pas être hors sujet. Je vais préciser ma question, dans le but de nous (vous+moi) faire réfléchir. Après avoir précisé que je crois qu'il y a une intention, et une intuition justes dans votre propos : quand nous disons, avec une préface du missel, que Dieu est "maître du temps et de l'histoire", notre imagination et notre conceptualité sont débordées. Dire que Dieu gagnera, ou qu'il gagne de toute éternité, c'est de toute façon dire moins que le réel de Dieu. Cela dit, peut-on dire, dans les catégories que vous venez de préciser, que le Christ est de ceux qui n'ont pas conscience du piège sémantique que vous dénoncez ? Parce que, lorsqu'il dit "pourquoi m'as tu abandonné", ou bien je me trompe, ou bien il estime que la victoire définitive du Père n'est pas encore constatable - même si demeure la certitude d'une victoire ultérieure annoncée (le Fils de l'homme doit beaucoup souffrir, être tué, et ressusciter le troisième jour). Et si c'est du Christ que je vous parle, c'est qu'il me semble que, précisément, en affirmant ce que vous affirmez, vous dites qu'il nous est possible de sortir du temps pour nous mettre, conceptuellement, ou par l'imagination, dans l'éternité de Dieu ; et je dis que, à ce qu'il me semble, le Christ lui même ne l'a pas fait. Par ailleurs, vous savez comme moi que l'Eglise a condamné la doctrine de l'apocatastase. Si tous ne sont pas sauvés, la victoire de Dieu est-elle aussi totale ? Dès lors, peut-on dire, que, dans l'éternité, Dieu a déjà décidé de la damnation ou du salut, avant que, dans le temps, chacun vive sa vie terrestre ? Pour finir, me revient en mémoire 1Co 15,24 : Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance.
Chez saint Paul, il y a un "avant" et un "après" de la victoire définitive du Christ : en Dieu, tout est de tout éternité ; mais la victoire de Dieu n'est elle pas manifestée (et complétée) dans l'histoire - "en ces temps qui sont les derniers", comme dit la lettre aux Hébreux. Bien à vous.
jean pierre aussant
Dieu a déjà gagné en toute éternité. Dire qu'il gagnera implique qu’éventuellement il n'a pour le moment pas encore gagné. C'est cela qui pose problème. Pour autant, j'ai bien précisé que dire que "Dieu gagnera" n'est pas mal intentionné pour la plupart des personnes. Simplement c'est une affirmation qui est malheureuse car Dieu est celui qui gagne éternellement dans son présent éternel …Plus
Dieu a déjà gagné en toute éternité. Dire qu'il gagnera implique qu’éventuellement il n'a pour le moment pas encore gagné. C'est cela qui pose problème. Pour autant, j'ai bien précisé que dire que "Dieu gagnera" n'est pas mal intentionné pour la plupart des personnes. Simplement c'est une affirmation qui est malheureuse car Dieu est celui qui gagne éternellement dans son présent éternel. Dieu n'est pas à classer dans les catégories des gagnants ou des perdants. Cela est déjà dans une certaine mesure l'enfermer dans nos perceptions et catégories humaines. Au fond je crois que ceux qui n'ont pas conscience de ce piège sémantique ne blasphèment pas car ils sont sans doute bien intentionnés. En revanche, une fois que les implications d'une telle phrase sont comprises, il me semble qu'il vaut mieux parler de la victoire de notre relation à Dieu quand on emploie le temps futur. Il est'incohérent d'employer le futur pour parler de Celui qui est essentiellement gagnant dans son instant éternel.
jean pierre aussant
@Suscipe Le christ en tant que pleinement Dieu mais aussi pleinement homme devait passer lui aussi par cette kénose, ce sentiment d’incertitude profonde avant la mort. Ce cri du Christ n’implique en aucun cas que Dieu le Père ne serait pas vainqueur en toute éternité, dans son instant éternel. Le Christ pose une question à Dieu le Père mais Il ne doute jamais de la perfection de Dieu. Il me …Plus
@Suscipe Le christ en tant que pleinement Dieu mais aussi pleinement homme devait passer lui aussi par cette kénose, ce sentiment d’incertitude profonde avant la mort. Ce cri du Christ n’implique en aucun cas que Dieu le Père ne serait pas vainqueur en toute éternité, dans son instant éternel. Le Christ pose une question à Dieu le Père mais Il ne doute jamais de la perfection de Dieu. Il me semble vous êtes hors sujet. Il n’est pas bon de contredire juste pour le plaisir de contredire. Cela est un péché. Bonne soirée
Ne nous laissez pas sucomber
C'est très vrais et je vous en remercie infiniment.
Suscipe
Sed contra : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné". S'agit il d'un blasphème ?