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12 ) Le combat contre l’amour possessif tiendrait-il une place suspecte dans l’EMV ? Réfutation de l'article de M. Guillaume Chevallier

communautesaintmartin.org/…MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

---> Dans ce volet, nous allons constater comment, pour parvenir à accuser l’EMV d’être non conforme aux quatre Évangiles, DGC procède au sabotage volontaire du sens de cinq magnifiques passages de l'œuvre, avec toute la mauvaise foi que nous lui connaissons désormais.

---> Le contre-sens de l'auteur va atteindre son climax, lorsqu'il va nous faire prendre l'entraide des femmes disciples pour amener l'une d'entre elles, patricienne romaine, à la foi en Jésus passant par le détachement de son paganisme, à une sorte de concours à celle qui serait le plus détachée possible humainement parlant, dans un climat d'hystérie propre à ceux qui subissent l'influence d'un gourou.

---> Et tout cela, grâce à des citations très astucieusement tronquées privant complètement le texte de son sens originel, comme nous allons le voir, puis le rectifier comme il se doit.

DGC :
La problématique de l’amour humain possessif occupe de nombreuses pages de l’œuvre. Elle est une préoccupation majeure de « Jésus », qui s’efforce de le corriger chez les disciples, hommes ou femmes, tout en entretenant, il faut bien l’avouer, de nombreuses ambiguïtés pratiques à ce sujet.

Fait significatif, l’usage de l’adjectif possessif est
constant fréquent, et certainement anachronique, avec le prénom : « mon Jésus,
ton Jésus, son Jésus ».


1 . Il faudrait donc nous étonner avec DGC de la place que tient cette fameuse problématique dans l’EMV. Mais c’est bien plutôt que l’auteur – pourtant professeur de séminaire - ne s’est même pas rendu compte de la place qu’elle tient dans les quatre Évangiles ! Il va donc falloir commencer par le lui enseigner, dans la « petite leçon pour les nuls » qui suit :

---> Quand l’amour possessif veut se servir des autres pour sa propre jouissance égoïste, qu’enseigne le Christ ?
Réponse : "Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux : voilà la Loi et les prophètes." ( Mat 7,12 )

---> Quand l’amour possessif n’aime l’autre que dans son propre intérêt, c’est-à-dire uniquement s’il se sait aimé en retour, qu’enseigne au contraire Jésus dans son Sermon sur la montagne ?
Réponse : "Si vous aimez ceux qui vous aiment, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Vous donc : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent. À qui te frappe sur une joue, tend encore l'autre. À qui te prend ta tunique, laisse aussi ton manteau. À qui te demande, donne. À qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos." ( Mat 5,46 )

---> Quand l’amour possessif ne songe qu’à ce qu’on lui donne, qu’enseigne Jésus ?
Réponse : " De la mesure dont vous mesurez pour les autres, on mesurera pour vous." ( Mat 7,3 ) et « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » ( Actes 20,35 )

---> Quand il produit des liens familiaux étouffants et communautaristes, quel est le témoignage du Christ ?
Réponse : « Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » ( Mat 12,50 )

---> Quand il voudrait dominer son objet et le détacher des peines de sa mission qui l’éloignerait de lui, que dit l’Évangile ?
Réponse : " Pierre le prit à part et se mit à le morigéner après qu'il eut annoncé sa Passion : "Non, Maître, cela ne t'arrivera pas ! " Jésus se retourna et lui dit : " Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle ! Car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celle des hommes ! " ( Mat 16,22 )

---> Quand il se cramponne avant tout aux liens du sang, qu’enseigne Jésus ?
Réponse : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » ( Luc 14,26 )

---> Quand il se cramponne à la vie terrestre, que dit Jésus ?
Réponse : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » ( Jean 12,25 )

---> Quand il n’y a pour lui de but que sur cette terre, qu’enseigne Jésus ?
Réponse : "Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur" ( Mat 6,21 )

--->Quand l’amour possessif des apôtres les empêchait d’envisager une séparation humaine avec le Christ, que leur enseignait-Il ?
Réponse : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » ( Luc 9,22 )

Conclusion :

---> Le Christ ne pouvait pas prêcher davantage à ses disciples le détachement de tout amour humain possessif dans les saints Évangiles, et cela pour que le coeur de l'homme soit libéré et puisse s'ouvrir à croire en Lui, comme nous le verrons tout à l'heure dans le cas de Plautina, la patricienne romaine : mais non ! DGC, professeur d’exégèse, semble complètement l’ignorer.

2 . Il ne se trouve dans l’œuvre aucune ambiguïté pratique au sujet de l’amour humain possessif dont le Christ cherche à purifier les âmes.

--->
S’Il réclame pour Lui-même un amour sans mesure de la part de ses disciples, c’est parce que Lui seul le mérite, étant Dieu et non un quelconque gourou humain possessif et manipulateur, comme DGC essaie vainement de nous Le dépeindre d’une manière psychologisante, employant pour cela force mensonges, duperies et autres artifices d’illusionniste, qui sont tous facilement démasqués.

---> Si cet amour peut parfois se manifester par des signes visibles de tendre affection, c'est simplement parce que le Christ n'a pas considéré le fait d'être Homme comme une simple "formalité" sans grande importance, comme DGC voudrait nous le faire penser par sa fameuse "théologie de la désincarnation".

3 . Il n’y a pas davantage de problème ou d’anachronisme à L’appeler « mon Jésus » qu’à s’écrier « mon Dieu », comme les hébreux le faisaient déjà couramment depuis des millénaires.

DGC semble penser :
- que l’usage grammatical du déterminant possessif « mon » impliquerait forcément chez le sujet un amour possessif purement humain, ce qui est complètement faux,
- ou encore : qu’il aurait fallu attendre presque 2000 ans avant que quelqu’un ose enfin appeler Jésus « mon Jésus », comme les petits bergers de Fatima, sœur Marie Marthe Chambon, ou encore la petite Thérèse de l’Enfant Jésus.
-
---> Or si les psaumes sont remplis de ces expressions « mon Dieu », « mon Seigneur », « tu es ma Force, mon Refuge, mon Protecteur, mon Rempart, mon Libérateur » (…), c’est pour exprimer toute la familiarité et la confiance du psalmiste envers son Dieu, dont il se sait aimé comme un Père aime son fils. En aucun cas, il ne s’agit ici d’un quelconque attachement possessif seulement humain.

---> Si déjà un mari peut très bien employer « mon épouse » pour désigner sa femme, sans pour autant tomber dans un amour possessif purement humain envers elle - puisque même saint Joseph désigna ainsi la très sainte Vierge Marie - , à combien plus forte raison les disciples du Christ purent-ils dire « mon Jésus » à l’Époux de leurs âmes, Lui manifestant ainsi un attachement spirituel, et non pas simplement humain.

DGC :
Une petite vieille jalouse de sa bru déclare à Jésus : « Elle m’a pris l’amour de mon fils. Avant, il était tout pour moi, maintenant, il l’aime plus que moi. » (VII, 164, 62)
« Jésus » ne se contente pas d’exhorter la malheureuse à renoncer à son amour possessif, mais révèle – on le notera avec un sourire, que le quatrième commandement du décalogue a été énoncé non pour forger une attitude de noble reconnaissance des enfants, mais pour servir de compensation aux parents – aux belles-mères – éplorés : « Le Très-Bon, pour réconforter les pères et les mères, mit ensuite dans la loi le quatrième commandement : “Honore ton père et ta mère”. »
(VII, 164, 64)


1 . Ici, Jésus exhorte avec beaucoup de douceur une pauvre maman qui aime son fils d’un amour possessif évident, jalouse de sa brue, et c’est cela seulement qui prête à sourire dans l'œuvre.

2 . DGC prétend donc que Dieu, après avoir créé l’homme et la femme, dût péniblement par la suite « forger en eux une attitude de noble reconnaissance envers leurs parents », en leur donnant le quatrième commandement : et vraiment, c’est donc l’auteur lui-même qui prête ici à sourire !

---> Car les créatures de Dieu étaient originellement parfaites dans l’Amour, et n’avaient donc pas besoin que l’on forge en elles des sentiments « plus parfaits ». Ainsi, la sentence prophétique d’Adam ( Gen 2,24) « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et les deux ne formeront qu’une seule chair » faisait office de Loi, mais sans risquer d’engendrer chez les hommes l’oubli de leurs parents, car l’ingratitude n’existait pas encore en eux.

---> C’est uniquement lorsqu’après la chute, cette dernière apparut dans leurs cœurs, que dans sa grande Sagesse, Dieu jugea utile de contrebalancer Genèse 2,24 par le quatrième commandement « Tu honoreras ton père et ta mère » ( Deut 5,16 ), pour rappeler le noble et naturel devoir de reconnaissance envers les parents, qu’autrement les enfants seraient fortement tentés de négliger, à partir de leur mariage.

---> C’est précisément ce qu’explique Jésus avec tant de pédagogie à la petite vieille jalouse, dans ce merveilleux épisode de l’EMV que voici :

( en rouge, entre les // : la citation qu’en fait DGC )

EMV 470.3 – Leçon sur le mariage à une belle-mère mécontente de sa belle-fille

(…)

Une autre fois, il écoute une femme âgée qui, ne sachant qui il est, lui raconte les peines de famille que lui cause sa belle-fille hargneuse et insolente. Jésus compatit, mais il exhorte aussi la malheureuse à se montrer patiente, pour l’amener à la bonté par la bonté :

« Tu dois être pour elle une mère, même si elle n’est pas une fille pour toi. Sois sincère : si au lieu d’être une bru, c’était ta fille, ses défauts te paraîtraient-ils aussi graves ? »

La plaignante réfléchit, puis elle avoue :

« Non… Mais une fille, c’est une fille…

– Et si l’une de tes filles te disait que, dans la maison de son époux, sa belle-mère la maltraite, que dirais-tu ?

– Que cette femme est méchante. Car elle devrait lui apprendre les usages de la maison — chaque maison a les siens — avec bonté, surtout si l’épouse est jeune. Je dirais qu’elle devrait se rappeler le temps où elle était nouvelle épouse, et comme elle était comblée par l’amour de sa belle-mère, si elle avait eu assez de chance pour la trouver bonne, ou combien elle avait souffert si elle avait eu une méchante belle-mère. Elle ne devrait pas faire souffrir ce qu’elle-même n’avait pas subi, ou ne pas faire souffrir parce qu’elle sait ce que c’est. Ah ! Je la défendrais, ma fille !

– Quel âge a ta bru ?

– Dix-huit ans, Rabbi. Elle a épousé Jacob il y a trois ans.

– Elle est très jeune. Est-elle fidèle à son mari ?

– Oh oui ! Elle est toujours à la maison et tout aimante pour lui, pour le petit Lévi, et pour la petite, la petite qui s’appelle Anne, comme moi. Elle est née à Pâque… Elle est si mignonne !

– Qui a voulu qu’elle s’appelle Anne ?

– Marie, bien sûr ! Lévi était le nom du beau-père et Jacob l’a donné à leur premier-né. Et, quand Marie a eu la petite, elle a dit : “ Celle-ci portera le nom de ta mère. ”

– Et cela ne te paraît pas être une preuve d’amour et de respect ? »

La mère de Jacob réfléchit… Jésus enchaîne :

« Elle est honnête, elle est tout à sa maison, c’est une épouse affectueuse et une mère aimante, elle est soucieuse de te faire plaisir… Elle pouvait donner à la fille le nom de sa propre mère. Elle lui a donné le tien. Elle honore ta maison par sa conduite…

– Ah, ça oui ! Elle n’est pas comme cette malheureuse de Jézabel.

– Alors, pourquoi ces lamentations et ces plaintes à son sujet ? Tu n’as pas l’impression d’avoir deux mesures en portant sur ta bru un jugement différent de celui que tu porterais sur une fille ?

– C’est que… c’est que… elle m’a pris l’amour de mon fils. Avant, il était tout pour moi, maintenant, il l’aime plus que moi… »

L’éternelle véritable raison des préjugés des belles-mères déborde finalement du cœur de la vieille femme, en même temps que les larmes de ses yeux.

« Ton fils te fait-il manquer de quelque chose ? Te néglige-t-il depuis qu’il est marié ?

– Non, je ne peux pas dire ça. Mais, en somme, maintenant il appartient à sa femme… »

Elle gémit et pleure encore plus fort.

Jésus a un paisible sourire de compassion pour la belle-maman jalouse. Mais, doux comme il l’est toujours, il ne lui fait aucun reproche. Il compatit à la souffrance de cette mère et cherche à l’apaiser. Il lui pose la main sur l’épaule, comme pour la guider, car les larmes l’aveuglent, peut-être pour lui faire sentir par ce contact tant d’amour qu’elle en soit consolée et guérie.

Il lui dit :

« Mère, n’est-ce pas bon qu’il en soit ainsi ? Ton mari l’a fait avec toi, et sa mère ne l’a pas perdu comme tu le dis et le penses : mais elle l’a eu moins à elle, parce que ton époux partageait son amour entre sa mère et toi. Et le père de ton mari, lui aussi, a cessé d’appartenir tout entier à sa mère pour aimer la mère de ses enfants. Ainsi en est-il de génération en génération… Et on peut remonter les siècles jusqu’à Eve, la première mère qui a vu ses enfants partager avec leurs épouses l’amour qu’ils éprouvaient d’abord exclusivement pour leurs parents. Mais la Genèse ne dit-elle pas : “ Voilà enfin l’os de mes os et la chair de ma chair… L’homme quittera pour elle son père et sa mère, il s’unira à sa femme, et les deux seront une seule chair ” ? Tu me diras : “ C’était une parole d’homme. ” Oui, mais de quel homme ? Il était en état d’innocence et de grâce. Il reflétait donc sans ombre la Sagesse qui l’avait créé, et il en connaissait la vérité. Par la grâce et l’innocence, il possédait aussi les autres dons de Dieu en pleine mesure. Ses sens étant soumis à la raison, il avait un esprit que n’offusquaient pas les vapeurs de la concupiscence. Grâce à la science proportionnée à son état, il disait des paroles de vérité. Il était donc prophète, car tu sais que le mot prophète désigne un homme qui parle au nom d’un autre. Et les vrais prophètes parlent toujours de choses qui se rapportent à l’âme et à l’avenir, même si en apparence elles se rapportent à la chair et au présent. En effet, c’est dans les péchés de la chair et les événements du temps présent que se trouvent les semences des punitions futures, ou bien les événements futurs s’enracinent dans un fait ancien. Par exemple, la venue du Sauveur tire son origine de la faute d’Adam, et les punitions d’Israël, prédites par les prophètes, s’ancrent dans la conduite d’Israël. Ainsi Celui qui meut les lèvres des prophètes pour tenir un langage spirituel ne peut être que l’Esprit éternel, qui voit tout dans un éternel présent. Et l’Esprit éternel parle dans les saints, puisqu’il ne peut habiter chez les pécheurs. Adam était saint, autrement dit la justice était parfaite en lui ; toutes les vertus étaient présentes en lui, car Dieu avait déposé dans sa créature la plénitude de ses dons. À présent, pour arriver à la justice et à la possession des vertus, l’homme doit beaucoup peiner, parce qu’il porte en lui les foyers du mal. Mais, en Adam, ces foyers n’existaient pas. Il avait au contraire la grâce pour le rendre de peu inférieur à son Créateur. C’étaient donc des paroles de grâce que disaient ses lèvres. C’est donc une parole de vérité que celle-ci : “ L’homme quittera son père et sa mère pour sa femme, il s’unira à elle, et ils formeront une seule chair. ” C’est tellement absolu et vrai, que // le Très-Bon, pour réconforter les pères et mères, inséra plus tard dans la Loi le quatrième commandement : “ Honore ton père et ta mère. ” // Ce commandement ne prend pas fin avec le mariage de l’homme, il dure après. Auparavant, instinctivement, les bons honoraient leurs parents, même après les avoir quittés pour fonder une nouvelle famille. Depuis Moïse, c’est une obligation de la Loi, pour tempérer la douleur des parents qui étaient trop souvent oubliés par leurs enfants après le mariage. Mais la Loi n’a pas effacé la parole prophétique d’Adam : “ L’homme quittera son père et sa mère pour sa femme. ” C’était une parole juste et vivante : elle reflétait la pensée de Dieu. Or la pensée de Dieu est immuable, parce que parfaite.

Toi, mère, tu dois donc accepter, sans égoïsme, l’amour de ton fils pour sa femme, et tu seras sainte toi aussi. Du reste, tout sacrifice a sa récompense dès cette terre. Ne t’est-il pas doux d’embrasser tes petits-enfants, les enfants de ton fils ? Et le soir de ta vie suivi de ton dernier sommeil ne te sera-t-il pas paisible avec, tout proche, le délicat amour d’une fille pour prendre la place de celles que tu n’as plus chez toi ?

– Comment sais-tu que mes filles, toutes plus âgées que le garçon, sont mariées et loin d’ici ? Es-tu aussi prophète ? Tu es un rabbi. Les nœuds de ton vêtement l’indiquent et, même s’ils n’étaient pas là, ta parole le montrerait, car tu t’exprimes comme un grand docteur. Serais-tu ami de Gamaliel ? Il était ici avant-hier. Maintenant, je ne sais pas… Et il y avait avec lui de nombreux rabbis et beaucoup de ses disciples préférés. Mais toi, tu es peut-être arrivé en retard.

– Je connais Gamaliel, mais je ne vais pas le trouver. Je n’entre même pas à Giscala…

– Mais qui es-tu ? Un rabbi, certainement. D’ailleurs, tu parles encore mieux que Gamaliel…

– Dans ce cas, fais ce que je t’ai dit, et tu auras la paix en toi. Adieu, mère. Moi, je continue. Toi, certainement, tu entres dans la ville.

– Oui… Mère !… Les autres rabbis ne sont pas si humbles devant une pauvre femme… Celle qui t’a porté est sûrement sainte plus que Judith, si elle t’a donné ce doux cœur pour toute créature.

– Elle est sainte, en vérité.

– Dis-moi son nom.

– Marie.

– Et le tien ?

– Jésus.

– Jésus !… »

La grand-mère est stupéfaite. La nouvelle la paralyse et la cloue sur place.

« Adieu, femme. Que la paix soit avec toi. »

Et Jésus s’éloigne rapidement, presque en courant, avant qu’elle sorte de sa réflexion.

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---> Le quatrième commandement – par ailleurs admirablement commenté en EMV 122 ( Les discours de la Belle Eau : "Honore ton père et ta mère." Guérison d’un simple d’esprit ) correspond en tout point à ce que Jésus en dit à la petite vieille.

---> La baudruche de DGC vient de se dégonfler toute seule. Passons sans tarder à la suivante.

DGC :
La mère de « Jésus » se pose en co-éducatrice des disciples en la matière. Ainsi autorise-t-elle à Marie-Madeleine, qui lutte pour triompher de sa nature possessive, toutes les confidences :

« Ce qu’il peut te coûter de dire à la plus douce des sœurs, à la plus aimante des nourrices, viens me le dire, à moi. Je te comprendrai toujours. Ce que tu n’oserais dire à mon Jésus, parce que trop pétri d’une humanité qu’il ne veut pas en toi, viens me le dire, à moi. Je serai toujours indulgente pour toi. Et si, ensuite, tu veux aussi me dire tes triomphes – mais ceux-ci, je préfère que tu les présentes à lui comme des fleurs parfumées, parce que c’est lui, ton sauveur, et pas moi – je me réjouirai avec toi. » (IV, 118, 200)


---> Et donc, selon l’auteur, Satan aurait lui seul le droit exclusif d’envoyer ses anges mauvais pour posséder les âmes en son nom ; mais Dieu, quant à Lui, ne serait même pas autorisé à envoyer telle un archange sa très pure Créature Immaculée qu’est Marie à une âme, afin de veiller saintement sur elle et d’en reprendre possession avec son consentement. Mais voyons, c’est vraiment épatant ! Et Benoîte Rencurel, qui fut éduquée par la sainte Vierge pendant 56 ans, pour ne prendre que cet exemple entre mille, c’est uniquement l’exception qui confirmerait la règle ?

---> La direction spirituelle serait-elle donc soudainement à mettre au rebus ? Par quel artifice DGC se cache-t-il à lui-même le sens de ce passage, où la très sainte Vierge Marie se comporte au Nom du Christ comme la véritable Mère spirituelle qu’elle est en vérité, prenant soin d’une âme blessée par le péché, s’érigeant en rempart entre celle-ci et ce qui risque encore de la tenter de nouveau ?

---> Dans certains des apophtegmes des Pères du désert, est très bien mise en lumière la tactique favorite de l’adversaire, surtout à l’égard des novices qui lui ont déjà souvent cédé par le passé : et qui est de les séparer du contact avec leur directeur spirituel, en les rendant méfiant et taiseux, alors que le salut se trouverait dans l’ouverture confiante du cœur, spécialement à l’heure où les tentations diaboliques se font plus fortes.

---> Dans cet épisode de l’EMV, en lisant le contexte que DGC a soigneusement gommé dans son article, on se rend très bien compte que c’était précisément la situation dans laquelle se trouvait Marie de Magdala, qui sortait de plusieurs années d’un terrible esclavage de la part des démons. La douce Vierge Marie, la très sainte et très pure Mère de Dieu, était la plus indiquée pour lui servir de guide, ce qu'elle fit avec l'amour généreux qu'on lui connaît.

Contexte du passage :
Pourquoi donc cette mauvaise humeur, chez certains des douze apôtres ? Nous allons voir que sa cause n’est pas étrangère à ce qui concerne « Marie de Théophile », qui n’est autre que Marie de Magdala, fille de Théophile et d’Euchérie, sœur de Marthe et de Lazare, et également que la jalousie de Judas pour les préventions de Jésus à l’égard de la nouvelle convertie n’y est certainement pas pour rien non plus.

EMV 255.1 - Mauvaise humeur ( de certains ) des apôtres

( en rouge, entre les // : la citation tronquée par DGC )

Ils sont de nouveau sur la route, en direction de l’est, vers la campagne.

Les apôtres et les deux disciples sont maintenant avec Marie, femme de Clopas, et Suzanne, à quelques mètres de Jésus qui marche avec sa Mère et les deux sœurs de Lazare. Jésus parle sans arrêt. Les apôtres, eux, se taisent. Ils semblent fatigués ou découragés. Ils ne sont même pas attirés par la beauté de la campagne qui est vraiment splendide : ses légères ondulations sont jetées sur la plaine comme autant de coussins verts sous les pieds d’un roi géant, ses collines s’élèvent de quelques mètres, çà et là, en guise de prélude aux chaînes du Carmel et de Samarie. Tant dans la plaine, qui domine en ces parages, que sur les petites collines et les ondulations, il y a toute une floraison de plantes et une odeur de fruits qui arrivent à maturité. Ce doit être un endroit bien irrigué malgré sa situation et la saison, car il y a trop de fleurs pour qu’il n’y ait pas beaucoup d’eau. Je comprends maintenant pourquoi la plaine de Saron est tant de fois nommée avec enthousiasme dans l’Ecriture sainte. Mais les apôtres ne partagent pas du tout cet enthousiasme. Ils marchent, un peu maussades, seuls à être de mauvaise humeur en cette journée sereine et dans cette contrée riante.

La route consulaire, en très bon état, coupe de son ruban blanc cette campagne très fertile. A cette heure encore matinale, on rencontre fréquemment des paysans avec des chargements de denrées, ou des voyageurs qui se dirigent vers Césarée. L’un d’eux, avec une file d’ânes chargés de sacs, rejoint les apôtres et les force à s’écarter pour laisser place à sa caravane. Il demande avec arrogance :

« Khishou, c’est ici ?

– Plus en arrière » répond sèchement Thomas ; et il bougonne entre ses dents : « Espèce de rustre !

– C’est un samaritain, c’est tout dire ! » répond Philippe.

Ils retombent dans le silence. Après quelques mètres, Pierre dit, comme s’il terminait un discours intérieur :

« Pour ce que cela a servi ! C’était bien la peine de faire tant de chemin !

– Mais oui ! Pourquoi sommes-nous allés ensuite à Césarée, puisqu’il n’y a pas dit le moindre mot ? Je croyais qu’il voulait faire quelque miracle étonnant pour convaincre les romains. Au contraire… dit Jacques, fils de Zébédée.

– Il nous a fait tourner en dérision et c’est tout », ajoute Thomas.

Et Judas renchérit :

« Il nous a fait souffrir. Les offenses lui plaisent, à lui, et il croit qu’elles nous plaisent, à nous aussi.

– En réalité, celle qui a souffert en cette circonstance, c’est Marie, fille de Théophile », intervient paisiblement Simon le Zélote.

Judas s’emporte :

« Marie ! Marie ! Est-elle devenue le centre de l’univers ? Il n’y a qu’elle qui souffre, il n’y a qu’elle d’héroïque, il n’y a qu’elle qu’il faut former ! C’est à désirer être voleur et homicide pour devenir ensuite l’objet de tant d’égards !

– A vrai dire, la dernière fois que nous sommes venus à Césarée, et qu’il a fait un miracle et évangélisé, nous l’avons affligé par notre mécontentement parce qu’il l’avait fait » confesse le cousin du Seigneur.

Jean intervient sérieusement :

« Nous ne savons pas ce que nous voulons… S’il agit d’une façon, nous bougonnons, s’il fait le contraire, nous bougonnons aussi. Nous sommes pleins de défauts.

– Ah ! Voilà l’autre sage qui parle ! Il est certain qu’on ne fait rien de bon depuis longtemps.

– Rien, Judas ? Mais cette grecque, et Hermastée, Abel, Marie, ou encore…

– Ce n’est pas avec ces nullités qu’il fondera le Royaume, réplique Judas, obsédé par l’idée d’un triomphe terrestre.

– Judas, je te prie de ne pas juger les œuvres de mon Frère. C’est une prétention ridicule : celle d’un enfant qui veut juger son maître, pour ne pas dire : une nullité qui veut tout dominer, dit Jude qui, s’il a le même nom, a pourtant une invincible antipathie pour son homonyme.

– Je te remercie de t’être borné à me traiter d’enfant. Vraiment, après avoir vécu si longtemps au Temple, je croyais qu’on m’accorderait au moins la majorité, répond Judas d’un ton sarcastique.

– Ah ! Que ces disputes sont désagréables ! Soupire André.

– En effet ! » observe Matthieu. « Au lieu de nous unir, plus nous vivons ensemble, plus nous nous séparons. Et dire qu’à Sycaminon il a déclaré qu’il nous faut être unis au troupeau ! Comment le serons-nous, si entre pasteurs nous ne le sommes pas ?

– Alors, on ne doit pas parler ? On ne doit jamais dire sa pensée ? Nous ne sommes pas des esclaves, je crois.

– Non, Judas » réplique calmement Simon le Zélote. « Nous ne sommes pas esclaves, mais nous sommes indignes de le suivre parce que nous ne le comprenons pas.

– Moi, je le comprends très bien.

– Non, tu ne le comprends pas. Et, comme toi, tous ceux qui le critiquent ne le comprennent pas, plus ou moins. Comprendre, c’est obéir sans discuter parce que l’on est persuadé de la sainteté de celui qui guide, ajoute Simon le Zélote.

– Ah ! Mais tu fais allusion à l’intelligence de sa sainteté ! Moi, je parlais de ses paroles. Sa sainteté est indiscutée et indiscutable, se hâte de dire Judas.

– peux-tu séparer l’une de l’autre ? Un saint possédera toujours la sagesse, et ses paroles seront sages.

– C’est vrai. Mais il fait des actes nuisibles. Certainement par excès de sainteté, je l’accorde. Mais le monde n’est pas saint, et Jésus se crée des ennuis. Par exemple ce philistin ( Hermastée ) et cette grecque, crois-tu qu’ils nous soient utiles ?

– Eh bien, si je dois nuire, je me retire. J’étais venu avec l’idée de l’honorer et de faire quelque chose de juste, dit Hermastée, blessé.

– Tu le peinerais de partir pour cette raison, lui répond Jacques, fils d’Alphée.

– Je lui laisserai croire que j’ai changé d’idée. Puis je le saluerai et… je m’en irai. »

Pierre s’emporte :

« Non, vraiment ! Toi, tu ne t’en vas pas ! Il n’est pas juste qu’à cause de la nervosité d’un autre, le Maître perde un bon disciple.

– Mais s’il veut s’en aller pour si peu, c’est le signe qu’il n’est pas sûr de sa volonté. Laisse-le donc partir » répond Judas.

Pierre perd patience :

« Quand il m’a donné Marziam, je lui ai promis de devenir paternel avec tout le monde, et ça me déplaît de manquer à ma promesse. Mais tu m’y obliges. Hermastée est ici, et il y restera. Tu sais ce que je dois te dire ? C’est toi qui troubles la volonté des autres et les rends indécis, tu es une cause de mésentente et de désordre. Voilà ce que tu es ! Et tu peux en avoir honte !

– Pour qui te prends-tu ? Pour le protecteur des…

– Parfaitement ! Tu as raison. Je sais ce que tu veux dire. Protecteur de la femme voilée, protecteur de Jean d’En-Dor, protecteur d’Hermastée, protecteur de cette esclave, protecteur de tous les autres que Jésus a trouvés et qui ne sont pas de magnifiques exemplaires des paons du Temple, ceux qui sont fabriqués avec le mortier sacré et les toiles d’araignées du Temple, les mèches malodorantes des lumières du Temple, ceux qui sont comme toi, en somme, pour rendre plus claire la parabole. Car si le Temple est beaucoup, le Maître – à moins que je ne sois devenu un imbécile – est plus grand que le Temple, et c’est à lui que tu manques… »

Il crie si fort que le Maître s’arrête, se retourne et s’apprête à quitter les femmes pour revenir en arrière.

« Il a entendu ! Il va avoir de la peine ! S’exclame l’apôtre Jean.

– Non, Maître. Ne viens pas. Nous discutions… pour tromper l’ennui de la route » se hâte de dire Thomas.

Mais Jésus reste arrêté de façon qu’ils le rejoignent.

« De quoi discutiez-vous donc ? Encore une fois dois-je vous dire que les femmes vous sont supérieures ? »

Ce doux reproche touche tous les cœurs. Ils baissent la tête et se taisent.

« Mes amis, mes amis ! Ne soyez pas un objet de scandale pour ceux qui naissent seulement maintenant à la lumière ! Ne savez-vous pas qu’une imperfection en vous nuit davantage à la rédemption d’un païen ou d’un pécheur que toutes les erreurs du paganisme ? »

Personne ne répond, car ils ne savent que dire pour se justifier ou pour ne pas accuser.

Le char des sœurs de Lazare est arrêté près d’un pont, sur un torrent à sec… sans doute depuis peu. Les deux chevaux paissent l’herbe drue des rives du torrent, couvertes encore d’un épais tapis vert. Le serviteur de Marthe et un autre, peut-être le conducteur, sont sur la grève alors que les femmes sont enfermées dans le char couvert d’une lourde capote faite de peaux tannées qui descendent comme d’épais rideaux jusqu’au plancher du char. Les femmes disciples se hâtent vers lui et le serviteur qui les voit le premier avertit la nourrice, pendant que le cocher se dépêche d’atteler les chevaux.

Entre-temps, le serviteur court vers ses maîtresses et s’incline jusqu’à terre. La vieille nourrice, une belle femme au teint olivâtre mais agréable, descend lestement et se dirige vers ses maîtresses. Mais Marie de Magdala lui dit quelque chose et elle s’avance tout de suite vers la Vierge en disant :

« Pardonne-moi… Mais la joie de la rencontrer est si grande que je ne vois qu’elle. Viens, femme bénie, le soleil est brûlant, et dans le char on est à l’ombre. »

Elles y montent toutes en attendant les hommes, restés très en arrière. Pendant qu’elles attendent et pendant que Syntica, revêtue de l’habit que Marie-Madeleine portait la veille, baise les pieds de ses maîtresses – comme elle s’obstine à les appeler, bien qu’à leur avis, disent-elles, elle ne soit ni servante ni esclave mais seulement une invitée reçue au nom de Jésus –, la Vierge montre le précieux paquet de pourpre, et demande comment on peut filer cette masse soyeuse qui refuse l’humidité et le tordage.

« Ce n’est pas ainsi qu’on l’emploie, Femme. Il faut la réduire en poudre, et on l’utilise comme n’importe quelle autre teinture. C’est la bave d’un coquillage, ce n’est pas un cheveu ni un poil. Vois-tu comme elle est friable maintenant qu’elle est sèche ? Tu la réduis en fine poudre, tu la tamises pour qu’il ne reste pas de longs filaments qui tacheraient le fil ou l’étoffe. Le fil se teint mieux en écheveau. Quand tu es sûre que tout est réduit en poudre, comme on fait avec la cochenille, le safran ou la poudre d’indigo, ou d’autres écorces, racines ou fruits, on peut s’en servir. On fixe la teinte avec du vinaigre fort au dernier rinçage.

– Merci, Noémi. Je ferai comme tu me l’indiques. J’ai déjà brodé avec des fils couleur de pourpre, mais on me les avait donnés déjà prêts à l’usage…

Voici Jésus qui arrive. C’est le moment de nous saluer, mes filles. Je vous bénis toutes au nom du Seigneur. Allez en paix, et apportez paix et joie à Lazare. Adieu, Marie. Souviens-toi que c’est sur ma poitrine que tu as versé tes premières larmes de bonheur. Je suis donc pour toi une mère, parce qu’un enfant verse ses premières larmes sur la poitrine de sa maman. Je suis pour toi une mère, et je le resterai toujours. // Ce qu’il peut te coûter de dire à la plus douce des sœurs, à la plus aimante des nourrices, viens me le dire, à moi. Je te comprendrai toujours. Ce que tu n’oserais dire à mon Jésus, sous prétexte que c’est trop pétri d’une humanité qu’il ne veut pas en toi, viens me le dire, à moi. Je serai toujours indulgente envers toi. Et si, ensuite, tu veux aussi me faire part de tes triomphes – mais ceux-ci, je préfère que tu les lui présentes à lui, comme des fleurs parfumées, parce que c’est lui, ton Sauveur, et pas moi –, je me réjouirai avec toi. //

Adieu, Marthe. Tu repars heureuse désormais, et tu resteras dans ce bonheur surnaturel. Tu n’as donc besoin que de progresser dans la justice au milieu de la paix que plus rien ne trouble en toi. Fais-le pour l’amour de Jésus qui t’a aimée au point d’aimer celle que tu aimes complètement.

Adieu, Noémi. Pars avec ton trésor retrouvé. Comme tu la nourrissais de ton lait, nourris-toi maintenant des paroles que Marthe et elle te diront, et arrive à voir en mon Fils beaucoup plus que l’exorciste qui délivre les cœurs du Mal.

Adieu, Syntica, fleur de la Grèce, qui as su voir par toi seule qu’il y a quelque chose de plus que la chair. Maintenant fleuris en Dieu, et sois la première des fleurs nouvelles de la Grèce du Christ.

Je suis très heureuse de vous laisser ainsi unies. Je vous bénis avec amour. »

Le bruit de pas est désormais tout proche. Elles lèvent la capote et voient que Jésus est à deux mètres à peine du char. Elles descendent sous le soleil brûlant qui embrase la route.

Marie de Magdala s’agenouille aux pieds de Jésus en disant :

« Je te remercie, de tout. Et aussi beaucoup de m’avoir fait faire ce voyage. Toi seule as la sagesse. Maintenant, je pars dépouillée des restes de la Marie d’autrefois. Bénis-moi, Seigneur, pour me fortifier toujours plus.

– Oui, je te bénis. Profite de la présence des frères et avec eux forme-toi toujours plus en moi. Adieu, Marie. Adieu, Marthe. Tu diras à Lazare que je le bénis. Je vous confie cette femme. Je ne vous la donne pas. Elle est ma disciple, mais je veux que vous lui donniez un minimum de possibilités de comprendre ma doctrine. Puis je viendrai. Noémi, je te bénis, et vous deux aussi. »

Marthe et Marie ont les larmes aux yeux. Simon le Zélote les salue en particulier, et leur remet un mot pour son serviteur. Les autres les saluent ensemble. Puis le char se met en mouvement.

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Si Jésus vient de faire voyager la troupe apostolique en passant par Césarée, ce n’était pas comme à l’accoutumée dans le but premier d’évangéliser de nouvelles âmes, mais dans celui d’une confrontation pédagogique, « médicinale », de sa toute nouvelle disciple Marie de Magdala avec les lieux de ses anciennes débauches, car Il savait que cette humiliation lui serait bonne et utile, à ce stade de sa conversion.

---> Cela provoque le mécontentement de certains, voyant toutes ces humiliations publiques qu’ils ont dû eux-aussi partager comme une peine inutile, et on comprend que Judas est le chef de cette « rébellion », heureusement tempérée par d’autres apôtres, qui eux comprennent ce que fait Jésus. Judas lui aussi comprend, mais seulement pour en concevoir de la jalousie à l’égard de Marie Magdeleine, qui lui vole la vedette : faudrait-il donc qu’il pèche comme elle pour devenir numéro un de l’intérêt du Christ ?

---> Dans ce contexte où toute l’action du groupe apostolique est utilisée uniquement pour renforcer et protéger celle dont la conversion est une telle victoire de Jésus sur les démons, il est facile de comprendre que la sainte Vierge apporte toute sa contribution au succès de cette noble entreprise, et soit comme envoyée par le Ciel à Marie Magdeleine pour être sa sainte confidente, vu qu’une femme est plus indiquée encore qu’un homme dans ce rôle, et que la nouvelle disciple en avait encore un tel besoin.

---> Marie montre bien par là, en acte et en vérité, qu’elle est déjà la Mère de tous les pauvres pécheurs rachetés par le Christ, qu’elle est leur refuge, l'espoir des désespérés, le salut des malades, la consolatrice des affligés, la terreur des démons, notre modèle dans toutes les vertus.

---> Entendez-vous la baudruche de se dégonfler ? Elle est à plat. Passons à la suivante, je ne vous cache pas qu'elle est gratinée : DGC va littéralement hacher menu le texte, sans aucun scrupule, pour en escamoter le sens.

DGC :
Cet amour « naturel » ou charnel, qui est l’« humanité » que « Jésus » rejette NON : que Jésus invite à transformer en un plus grand amour, est un sujet tel dans l’enseignement spirituel du « Jésus » de Valtorta qu’il est le critère d’évaluation du progrès des disciples femmes.

Ainsi la disciple Jeanne déclare à « Jésus » et à ses sœurs lors d’une réunion de femmes disciples :

« c’est si beau de se sentir sœurs dans une seule foi en toi… d’espérer que celles qui en sont encore à un amour naturel pour le Maître, montent plus haut, comme a fait Valeria //
DGC, pris ici en flagrant délit de coupure sauvage du texte : la cause de cette intervention de Jeanne - ayant pourtant un but bien précis dans ce passage, qui est de demander de l'aide pour Plautina - ne peut plus être déterminée, se confondant ainsi avec une quelconque généralité ; et l'intervention - elle aussi coupée - de Marie Magdeleine se trouve bizarrement mise en exergue, en la faisant faussement commencer par un "Moi, je", sonnant comme la revendication d'une performance :
« Moi, j’ai été un échec de nombreuses fois, mais finalement, tu as triomphé, Rabboni ! » dit Marie de Magdala avec sa voix d’orgue du fond de la salle. « Marie est contente chaque fois qu’elle peut s’humilier en rappelant le passé… » soupire Marthe qui le voudrait effacé du souvenir de tous les cœurs. (VIII, 44, 379) // La réponse qui suit de Marie Magdeleine à sa soeur Marthe est ici coupée par l'auteur, ce qui lui permet de faire quasiment passer ici M.M. pour une demie-folle, ou pour une personne sous l'emprise d'un gourou. Un véritable jeu de massacre, mais quelque part : c'était le but clairement recherché par DGC.

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Mais voilà : nous allons à présent sortir notre botte secrète, qui est de rétablir la version intégrale de ce passage, ce que l'auteur aurait tant aimé pouvoir éviter, et pour cause.

---> Mais avant cela, deux mots sur le contexte : Jésus est à Béthanie, dans le palais de Lazare. Il attendait la venue de ses femmes disciples, qui arrivent au nombre d'une quinzaine, afin de leur faire ses adieux. Juste avant, Il avait mit toutes ses forces héroïques de Sauveur pour parvenir ne serait-ce qu'à retenir au palais Judas, le grand déchu, le malheureux apôtre perdu, mais que l'Humanité sainte du Christ voudrait encore garder espoir de racheter... La scène est extrême, d'une violence à peine contenue de la part de Judas, terriblement douloureuse pour le Coeur si doux du Maître. Malgré cela, Il retrouve ensuite dans la prière tout le réconfort nécessaire pour se préparer à accueillir les saintes femmes disciples, alors que vaincu provisoirement, Judas est allé s'isoler dans la bibliothèque du palais.

nous sommes la veille du Sabbat qui précède l'entrée de Jésus à Jérusalem, dans la salle des banquets de la riche maison de Lazare, en présence d'une quinzaine de femmes, toutes disciples du Maître, et rassemblées en ce lieu sur son ordre. C'est l'heure des adieux, des derniers encouragements, et pour les femmes : l'occasion de se réjouir du chemin déjà parcouru, et de parler de ce qui reste à accomplir. Chacune s'exprime pour le bien du groupe. Jésus va saluer chacune d'une manière toute personnelle, comme Lui seul sait le faire, avec des attentions différentes en fonction de chaque cas.

---> Lisons maintenant une partie de ce long passage en version intégrale, c'est-à-dire non mutilée par DGC : plus tard, dans le volet 16 ( "Un dévoiement du langage mystique dans l'EMV ?" ) , nous aurons l'occasion d'en lire encore une autre partie.

EMV 583 - La veille du sabbat qui précède l’entrée à Jérusalem. L’adieu aux femmes disciples. Le malheureux petit‑fils de Nahum.
( En rouge, entre les // : les tronçonnages que DGC fait de ce passage, en le citant )

La belle salle - une de celles qui servent aux banquets, avec ses murs blancs et aussi son plafond, ses lourds rideaux blancs, et de même les tapisseries qui recouvrent les sièges, les plaques de mica ou d'albâtre qui remplacent les vitres aux fenêtres et laissent passer la lumière - elle est remplie par le babillage des femmes.

Une quinzaine de femmes qui parlent entre elles, ce n'est pas une petite affaire. Mais dès que Jésus paraît sur le seuil en déplaçant le lourd rideau, il se fait un silence absolu, alors que toutes se lèvent et s'inclinent avec le plus grand respect.

"La paix à vous toutes, dit Jésus avec un doux sourire... De la tempête de douleur qui vient juste de cesser, il n'y a aucune trace sur son visage, qui est serein, lumineux, paisible comme si rien de pénible n'était arrivé ou sur le point d'arriver, avec une pleine conscience de sa part.

"Paix à Toi, Maître. Nous sommes venues. Tu as envoyé dire : "avec autant de femmes qu'il y en a chez Jeanne" et je t'ai obéi. Élise était chez moi. Je la garde avec moi ces jours-ci. Et chez moi se trouvait celle qui dit te suivre. Elle était venue s'informer de Toi car on n'ignore pas que je suis ta fidèle disciple. Et Valéria aussi est avec moi, dans ma maison, depuis que je suis dans mon palais. Avec Valéria, il y avait Plautina, venue lui rendre visite. Avec elles était celle-ci. Valéria t'en parlera. Plus tard est venue Annalia, avertie de ton désir, et cette jeune fille, sa parente, je crois. Nous nous sommes arrangées pour venir, et nous n'avons pas oublié Nikê.
// "C'est si beau de se sentir sœurs dans une seule foi en Toi... d'espérer que celles qui en sont encore à un amour naturel pour le Maître, montent plus haut, comme a fait Valéria" // dit Jeanne en regardant par en dessous Plautina qui... en est restée à l'amour naturel...

Jésus :
"Les diamants se forment lentement, Jeanne. Il faut des siècles de feu caché... Il ne faut pas être pressé, jamais... Et ne jamais se décourager, Jeanne..."

"Et quand un diamant redevient... cendre ?"

"C'est signe que ce n'était pas encore un diamant parfait. Il faut encore de la patience et du feu. Recommencer encore, en espérant dans le Seigneur. Ce qui semble un échec la première fois, se change souvent en triomphe la seconde."

"Ou la troisième ou la quatrième, ou encore davantage. // Moi, j'ai été un échec de nombreuses fois, mais finalement, tu as triomphé, Rabboni !" dit Marie de Magdala avec sa voix d'orgue du fond de la salle.

"Marie est contente chaque fois qu'elle peut s'humilier en rappelant le passé..." soupire Marthe qui le voudrait effacé du souvenir de tous les cœurs. //


"C'est vrai, ma sœur, qu'il en est ainsi ! Je suis contente de rappeler le passé, mais non pas pour m'humilier, comme tu dis. Pour monter encore, poussée par le souvenir du mal que j'ai commis et par la reconnaissance pour Celui qui m'a sauvée.

Et aussi afin que celui qui hésite pour lui-même, ou pour un être qui lui est cher, puisse reprendre courage et arriver à cette foi dont mon Maître dit qu'elle serait capable de déplacer les montagnes."


"Et tu la possèdes, heureuse que tu es ! Tu ne connais pas la crainte..." dit en soupirant Jeanne.

Elle qui est, si douce et si timide, paraît l'être encore davantage si on la compare avec Marie-Madeleine.

"Je ne la connais pas. Elle n'a jamais été dans ma nature humaine. Maintenant, depuis que j'appartiens à mon Sauveur, je ne la connais même plus dans ma nature spirituelle. Tout a servi pour augmenter ma foi. Serait-il possible que quelqu'une qui est ressuscitée comme moi, et qui voit ressusciter son frère, puisse douter de rien ? Non. Rien ne me fera plus douter."

"Tant que Dieu est avec toi, c'est-à-dire que le Rabbi est avec toi... Mais Lui dit qu'il va nous quitter bientôt. Que sera alors notre foi ? Ou plutôt votre foi, car moi, je n'ai pas encore pénétré au-delà des frontières humaines..." dit Plautina.

"Sa présence matérielle ou son absence matérielle ne blessera pas ma foi. Je ne craindrai pas. Ce n'est pas de l'orgueil de ma part. C'est la connaissance de moi-même. Si les menaces du Sanhédrin devaient se réaliser... voilà : je ne craindrai pas..."

"Mais qu'est-ce que tu ne craindras pas ? Que le Juste soit juste ? Cette crainte, moi aussi je ne l'aurai pas. Nous le croyons de nombreux sages dont nous goûtons la sagesse, je dirais dont nous nous nourrissons avec la vie de leur pensée, après que depuis des siècles ils sont disparus. Mais si toi,.." insiste Plautina.

"Je ne craindrai même pas à cause de sa mort. La Vie ne peut mourir. Lazare est ressuscité, lui qui était un pauvre homme..."

"Mais ce n'est pas de lui-même qu'il est ressuscité, mais parce que le Maître a rappelé son esprit d'au-delà de la tombe. Œuvre que seul le Maître peut faire. Mais qui appellera l'esprit du Maître si le Maître est tué ?"

"Qui ? Lui. C'est-à-dire Dieu. Dieu s'est fait de Lui-même. Dieu peut se ressusciter par Lui-même."

"Dieu... oui... dans votre foi. Dieu s'est fait de Lui-même. C'est déjà difficile pour nous de l'admettre, pour nous qui savons que les dieux viennent l'un de l'autre, par suite d'amours entre dieux."

"Par suite d'amours obscènes, irréels, devrais-tu dire" l'interrompt impétueusement Marie de Magdala.

"Comme tu veux..." dit Plautina conciliante et elle va finir sa phrase, mais Marie de Magdala lui coupe la parole et dit :

"Mais l'Homme ne peut se ressusciter par lui-même, veux-tu dire. Mais Lui comme il s'est fait Homme par Lui-même, car rien n'est impossible au Saint des Saints, ainsi Lui, de Lui-même se donnera le commandement de ressusciter. Tu ne peux comprendre. Tu ne connais pas les figures de notre histoire d'Israël. Lui et ses prodiges s'y trouvent. Et tout s'accomplira comme il est dit.

Moi, je crois à l'avance, Seigneur. Je crois tout. Que tu es le Fils de Dieu et le Fils de la Vierge, que tu es l'Agneau du salut, que tu es le Messie très Saint, que tu es le Libérateur et le Roi universel, que ton Royaume n'aura pas de fin ni de limites, et enfin que la mort ne prévaudra pas sur Toi, car la vie et la mort, c'est Dieu qui les a créés et elles Lui sont soumises comme toutes choses. Je crois. Et si grande sera la douleur de te voir méconnu et méprisé, plus grande sera ma foi dans ton Être éternel. Je crois. Je crois à tout ce qui est dit de Toi. Je crois à tout ce que tu dis. J'ai su croire aussi pour Lazare. J'ai été la seule qui ait su obéir et croire, la seule qui ait su réagir contre les hommes et les choses qui voulaient me persuader de ne pas croire. Ce n'est qu'à la limite, près de la fin de l'épreuve, que j'ai eu une défaillance... Mais l'épreuve durait depuis si longtemps... et je ne pensais plus que même Toi, Maître béni, tu pourrais t'approcher du golal après tant de jours de la mort... Maintenant... je ne douterai plus même si, au lieu de jours, un tombeau devrait être ouvert pour rendre la proie que depuis des mois il a en son ventre. Oh ! mon Seigneur ! Je sais qui tu es ! La fange a reconnu l'Étoile !"

Marie s'est accroupie aux pieds de Jésus sur le dallage. Elle n'est plus véhémente, mais douce, et son visage tourné vers Jésus exprime l'adoration.

"Qui suis-je ?"

"Celui qui est. C'est cela que tu es. L'autre chose, la personne humaine, c'est le vêtement, le vêtement nécessaire mis sur ta splendeur et sur ta sainteté pour venir parmi nous et nous sauver. Mais tu es Dieu, mon Dieu."

Et elle se jette par terre pour baiser les pieds du Christ, et il semble qu'elle ne puisse détacher ses lèvres des doigts qui dépassent du long vêtement de lin.

"Lève-toi, Marie. Attache-toi toujours fortement à cette foi que tu possèdes. Et élève-la comme une étoile pendant les heures de la tempête pour que les cœurs s'y fixent, et sachent espérer, cela au moins..."

( ... )

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1 . Qui est Plautina, et pourquoi une telle remarque de Jeanne la concernant ?

---> Nous venons d'avoir la confirmation dans cet extrait que cette dame romaine n'a pas la foi ( pas encore du moins ), et que c'est seulement LA FOI EN JESUS - et non un quelconque détachement stoïque de tout attachement humain - qui est le véritable enjeu du progrès des femmes disciples.

---> C'est une patricienne (aristocrate) romaine, amie et probablement parente de Claudia Procula, dame du même rang qu'elle, avec laquelle nous ferons connaissance dans le volet 14 ( "Certains gestes sont-ils vraiment ambigus, dans l'EMV ?" ), lors de la guérison de Callixte, son esclave noir.

---> Grande, imposante, avec de splendides yeux noirs, un peu impérieux, sous un front uni et très blanc, le nez droit, parfait; la bouche aux lèvres un peu épaisses, mais bien faite; le menton rondelet, en saillie. Elle me rappelle certaines statues très belles d'impératrices romaines. Des bagues pesantes brillent à ses mains très belles et de larges bracelets d'or ornent ses bras, de vrais bras de statue, au poignet et au-delà du coude qui apparaît blanc rosé, lisse et parfait en dehors de la manche courte drapée (Tome 3, chapitre 27 /vo 167.1/15)

---> Dès le début de la Vie Publique, elle fait partie des romaines sympathisantes de Jésus. Leur foi évolue : on les retrouve sur la Via Dolorosa où elles compatissent aux souffrances du Christ (Cf. Luc 23, 27-30; Tome 9, chapitre 28 /vo 608.7/16).

---> Elles se convertissent ouvertement au matin de Pâque : elles parlent entre elles de Jésus quand une lumière apparaît et se transforme en visage souriant du Christ

Sans attendre, elles viennent au Cénacle saluer Marie, la "Mère du Sauveur".

---> Plautina, la plus respectée de toutes, prend la parole :

- "Si avant nous admirions la Sagesse, maintenant nous voulons être les filles du Christ. C’est à toi que nous le disons. Toi seule peux vaincre la défiance hébraïque envers nous. C’est à toi que nous viendrons pour être instruites jusqu’à ce qu’eux (et elles montrent les apôtres) nous permettent de nous dire disciples de Jésus" (Tome 10, chapitre 12 /vo 626.2/5).

---> Plautina se retire ensuite, avec Claudia, à Césarée Maritime (Tome 10, chapitre 16 /vo 630.13).

2 . Dans quel état se trouve-t-elle, lors de cette rencontre ?

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Plautina, de haut rang et de culture romaine, n'est pas encore vraiment convertie à Jésus lors de cette dernière rencontre avec Lui, précédent le début de la Passion.

---> Son état d'avancement intérieur détonne donc très nettement avec celui des autres femmes, toutes disciples hébraïques qui ont déjà beaucoup progressé sur le chemin de la sainteté, grâce à leur connaturalité avec le Christ et et leur foi en ses enseignements et en ses miracles.

---> A l'inverse : Plautina, avec son regard de païenne, est encore seulement attirée par un homme extraordinaire qu'elle croit voir en Jésus, car elle ne connaissait que la grandeur de certains philosophes, à qui elle Le compare, sans plus.

3 . Et donc, dans cet extrait, assistons-nous comme le suggère DGC à une sorte de concours à laquelle serait la plus avancée sur le chemin du détachement de l'amour possessif ?

--->
C'était précisément le but du petit montage de DGC de nous le faire croire ! Mais il n'en est strictement rien. Il s'agit bien au contraire :

---> de la pitié et de l'entraide des femmes disciples, qui s'unissent pour présenter à Jésus l'une d'entre elles - Plautina - qui semble malade, incapable d'avancer encore sur le vrai chemin de la sainteté, de se détacher de son ancienne mentalité de romaine païenne, centrée sur l'homme et la sagesse humaine ;

---> Et de Jésus qui redonne espoir à Jeanne doutant encore de voir progresser la riche romaine, en ces termes : "Les diamants se forment lentement, Jeanne. Il faut des siècles de feu caché... Il ne faut pas être pressé, jamais... Et ne jamais se décourager, Jeanne..." "Et quand un diamant redevient... cendre ?, lui demande Jeannes, ce à quoi Jésus lui répond : "C'est signe que ce n'était pas encore un diamant parfait. Il faut encore de la patience et du feu. Recommencer encore, en espérant dans le Seigneur. Ce qui semble un échec la première fois, se change souvent en triomphe la seconde."

--->
Et enfin, de Marie Magdeleine qui, loin de vouloir centrer l'attention sur elle-même et sur sa "petite réussite personnelle de détachement de l'amour possessif", ne fait qu'appuyer ici les Paroles de son Maître en évoquant les nombreuses tentatives infructueuses qu'a du d'abord accomplir Jésus avant de parvenir enfin à sa délivrance finale, et cela afin de donner encore plus d'espoir en ce qui concerne l'avancement de Plautina : "Ou la troisième ou la quatrième, ou encore davantage. Moi, j'ai été un échec de nombreuses fois, mais finalement, tu as triomphé, Rabboni !" dit Marie de Magdala avec sa voix d'orgue du fond de la salle. "Marie est contente chaque fois qu'elle peut s'humilier en rappelant le passé..." soupire Marthe qui le voudrait effacé du souvenir de tous les cœurs." "C'est vrai, ma sœur, qu'il en est ainsi ! Je suis contente de rappeler le passé, mais non pas pour m'humilier, comme tu dis. Pour monter encore, poussée par le souvenir du mal que j'ai commis et par la reconnaissance pour Celui qui m'a sauvée. Et aussi afin que celui qui hésite pour lui-même, ou pour un être qui lui est cher, puisse reprendre courage et arriver à cette foi dont mon Maître dit qu'elle serait capable de déplacer les montagnes."

--->
Très loin donc, d'être une demie folle sous emprise sectaire qui ferait de la publicité à son gourou ( comme nous la découvrions dans l'extrait trafiqué par DGC ), Marie Magdeleine, pleinement maîtresse d'elle-même, parle courageusement pour aider le Sauveur, sans même se soucier de l'humiliation que cela représente pour elle d'évoquer sa propre conversion si difficile, car elle a désormais dépassé le respect humain et la honte liée à son petit orgueil personnel.

---> Marie Magdeleine montre ici sa belle personnalité, prête pour Jésus son Sauveur à déplacer des montagnes par sa foi en Lui.

Conclusion : non, il ne s'agit pas ici pour les femmes disciples d'une évaluation de leur niveau respectif de détachement, mais de l'aide apportée à Plautina, femme romaine païenne encore inconvertie, afin que par la patience et la persévérance, elle aussi atteigne le but, qui est la foi pleine et entière en Jésus, le Fils de Dieu.

---> La critique purement artificielle de DGC n'a pas lieu d'être.

NB :

1 .
Rappelons à DGC :

---> que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ne chercha rien d’autre pour l’avancement spirituel d’une jeune novice, entrée avec elle au carmel, que le détachement de leur amitié trop seulement humaine qui aurait nuit à leur vie spirituelle authentique ( cf. manuscrit C, folio 20 v ) ;

---> qu’elle décrit comment elle souffrit du fait de côtoyer sa sœur Pauline, mais sans être aussi libre dans ses relations avec elle qu’aux Buissonnets ( cf. manuscrit A, folio 74 ) : cette situation entraîna pour elle une vraie purification de son attachement seulement humain envers sa sœur, en vue de sa progression intérieure vers Dieu.

---> et aussi, comment elle désira d’être envoyée dans un lointain carmel, afin de souffrir de la privation de l’affection de ses chères sœurs ( manuscrit C folio 10 v. ) : or c’est parce qu’elle aspirait à une plus grande perfection spirituelle qu’elle avait un tel désir, il n’existe pas d’autre motif que celui-là.

2 . Dans la Tradition chrétienne :

---> Sainte Marie Magdeleine n'est pas la seule à évoquer son passé de pécheresse et sa conversion difficile, afin d'encourager autrui : saint Paul le fait aussi dans ses épitres ( 1 Tim 1,15 «Je suis le premier de tous les pécheurs » ), ou encore les Pères du désert, comme le rapportent les apophtegmes.

---> Jusqu’à la fin de sa Mission terrestre, après sa Résurrection, Jésus continuera à purifier ses apôtres des attachements purement sensibles à sa Personne, afin de les mener jusqu'à la plénitude de la foi en Dieu :
- À Marie Magdeleine qui voudrait Lui saisir les pieds, Il dit en la repoussant des doigts : « Ne me touche pas, car Je ne suis pas encore monté vers mon Père » ( Jean 20,17 )
- À Thomas, qui ne croit en sa Résurrection que parce qu’il a pu finalement mettre sa main dans ses Plaies, Il dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. » ( Jean 20,29 )

DGC :
« Jésus » s’autorise même à comparer les disciples entre elles, comme dans ce dialogue sans nuances avec Marthe NON : AVEC LAZARE ! ---> Erreur grossière de DGC, peut-être involontaire, mais qui lui sert à décrier un « Jésus père fouettard », qui ne se trouve pourtant pas dans l’EMV.
« Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su changer sa nature pour devenir du Christ, comme le Christ le veut ? Une seule : ta sœur Marie. Elle est partie d’une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l’unique force de l’amour. » (IX, 6, 27)

1 . La méconnaissance que DGC entretient des Évangiles est proprement stupéfiante. Elle vient peut-être de son habitude de répéter machinalement sans réfléchir : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes », paroles de sainte Élisabeth où la très Sainte Vierge est clairement mise en comparaison avec toutes ses consoeurs humaines :

---> En Luc 10,41 , c’est-à-dire dans l’épisode connu sous le titre « Marthe et Marie », Jésus met pourtant bien en comparaison :
- Marthe, qui « s’agite et s’inquiète pour beaucoup de choses »
- avec Marie sa sœur, qui elle a tout compris, car « elle a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée ».

---> En Matthieu 11,11, saint Jean Baptiste est lui-aussi comparé par Jésus à tous les autres enfants des hommes, dont il est déclaré être « le plus grand ».

---> En Matthieu 21,31, les prostituées et les publicains convertis sont eux-aussi réputés « arriver avant vous dans le Royaume des Cieux », la comparaison opérée par le Christ est ici sans aucune ambiguïté.

---> En Luc 7,47, les actes de Simon le pharisien et de Marie Magdeleine sont publiquement mis par le Christ sur les deux plateaux de la balance de l’Amour, et cette balance penche très clairement en faveur de la disciple convertie, qui « montre beaucoup d’amour, parce qu’elle a été beaucoup pardonnée ».

2 . Voici encore une fois le fameux exercice de DGC – qu’on pourrait qualifier de « farce » - pour tenter de ridiculiser l’EMV : gommer soigneusement le contexte. Car avec lui, tout s’éclaire au contraire à merveille :

Contexte :

--->
Jésus prend Lazare à part, et lui dévoile le mystère douloureux de sa Mission de Rédempteur par la Croix, et lui révèle l’identité du traître, véritable incarnation de Satan qui livrera l’incarnation de Dieu à la mort.

---> Lazare, bouleversé, découvre toute la profondeur de la déréliction de son divin Maître, à l’approche de sa Passion. On découvre ici un Jésus extraordinairement Homme, capable de réellement souffrir humainement grâce à ses passions, comme s’en scandalisait DGC précédemment, car pour lui, il faudrait que Jésus ne soit que Dieu, et rien d’autre que Dieu, son Humanité ne se réduisant ainsi qu'à une pure formalité ( « théologie de la désincarnation » ) :

( en rouge entre les // : la citation de DGC )

EMV 587 – L’adieu à Lazare

(…)
"Oui. Ceux qui reviennent ne peuvent parler... Le mystère se dévoile graduellement pour celui qui y entre. Mais Moi, Lazare, je sais ce que je souffrirai. Je sais que je souffrirai en pleine conscience. Il n'y aura aucun adoucissement de boissons ou de langueur pour que mon agonie devienne moins atroce. Je me sentirai mourir. Déjà je le sens... Déjà je meurs, Lazare. Comme quelqu'un qui souffre d'une maladie incurable, j'ai continué de mourir pendant ces trente-trois ans. Et la mort s'est toujours plus accélérée à mesure que le temps me rapprochait de cette heure. Tout d'abord, la mort c'était de savoir que j'étais né pour être le Rédempteur. Puis, ce fut la mort de Celui qui se voit combattu, accusé, ridiculisé, persécuté, entravé... Quelle fatigue ! Puis... la mort d'avoir à mes côtés de plus en plus près, jusqu'à l'avoir enlacé à Moi comme une pieuvre au naufragé, celui qui devait être pour Moi le traître. Quelle nausée ! Maintenant je meurs déchiré de devoir dire "adieu" aux amis les plus chers, et à ma Mère..."

"Oh ! Maître ! Tu pleures ? ! Je sais que tu as pleuré aussi devant mon tombeau parce que tu m'aimais. Mais maintenant... Tu pleures de nouveau. Tu es tout glacé. Tu as les mains déjà froides comme un cadavre. Tu souffres... Tu souffres trop !..."

"Je suis l'Homme, Lazare. Je ne suis pas seulement le Dieu. De l'homme j'ai la sensibilité et les affections. Et mon âme éprouve de l'angoisse quand je pense à ma Mère... Et même, je te le dis, elle est devenue tellement monstrueuse ma torture de subir le voisinage du Traître, la haine satanique de tout un monde, la surdité de ceux qui, sans haïr, ne savent pas aimer activement, car aimer activement c'est d'arriver à être tel que l'aimé le veut et l'enseigne, et au contraire, ici !... Oui, beaucoup m'aiment. Mais ils sont restés "eux". Ils n'ont pas pris un autre "moi" par amour pour Moi. // Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su changer sa nature pour devenir du Christ, comme le Christ le veut ? Une seule : ta sœur Marie. Elle est partie d'une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l'unique force de l'amour." //

"Tu l'as rachetée."

"Je les ai tous rachetés par la parole. Mais elle seule s'est changée totalement par activité d'amour. Mais je disais : elle est tellement monstrueuse la souffrance qui me vient de toutes ces choses que je ne soupire qu'après le complet accomplissement. Mes forces plient... La croix sera moins lourde que cette torture de l'esprit et du sentiment..."

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---> On devine facilement qu’après avoir évoqué devant Lazare le caractère diabolique de Judas, c’est une très douce consolation pour Jésus et une source de fierté pour les deux interlocuteurs d’évoquer le cas de Marie Magdeleine, qui est l’antithèse absolue de l’apôtre déchu, s’étant pleinement métamorphosée en l’image du Christ, passant des ténèbres à la Lumière.

---> La petite farce à présent déjouée de DGC n’a vraiment rien de drôle, et il faut pourtant passer à la suivante, qui est d’un raffinement de tromperie... assez hors du commun.

DGC :
Ce ne sont pas les femmes qui sont seules concernées. Ainsi « Jésus » déclare-t-il aux disciples Manaën et Timon qu’il les estime enfin purifiés, toujours avec cette expression négativement connotée d’« humanité » : « vous êtes guéris de toute humanité dans votre amour pour moi ». Ceux-ci finissent par céder à l’invitation de « Jésus » à se jeter sur sa poitrine (cf. VII, 184, 193).

1 . L’auteur n’a strictement aucune excuse : comme tout lecteur, il disposait de l’œuvre, dans laquelle le déroulement de l’action est d’une clarté absolue. Il ne pouvait donc pas ignorer le contexte de cet échange entre Jésus et ses deux disciples, et la déformation qu’il fait de ce passage est donc purement volontaire.

2 . Mais alors, quel était le contexte permettant de tout comprendre ?

--->
Cet épisode fait suite à une tentative de piéger Jésus, fomentée par les perfides pharisiens, et dans laquelle quelques-uns de ses disciples, dont Manaën et Timon, se laissèrent entraîner par manque de discernement : il s’agissait de persuader les gens de la nécessité que Jésus accepte de se faire proclamer roi, afin qu’en secouant le joug romain, il libère Israël et le fasse arriver ainsi à la « glorieuse époque messianique », telle que beaucoup l’appelaient de leurs vœux les plus ardents.

---> Jésus avait bien entendu percé à jour l’hypocrisie de ceux qui souhaitaient ainsi le flatter, mais seulement pour pouvoir mieux ensuite l’accuser d’avoir renoncé à sa Douceur et à son Humilité, et surtout de provoquer la sédition du peuple contre Rome ; mais l’idée avait réussi cependant à séduire certains des disciples qui aimaient sincèrement leur Maître, mais désiraient sa gloire temporelle, car le but de sa Venue, son destin douloureux de Rédempteur leur était encore caché, et parce que leur attachement à Lui était encore trop humain. Manaën en particulier, un puissant de l’entourage de Hérode le Tétrarque, avait vu dans la force du pouvoir royal de Jésus un moyen de tout solutionner.

---> La déconvenue de ces pauvres disciples égarés fut considérable : lorsque Jésus refusa catégoriquement avec force cette proposition piège, démasquant ses auteurs, et s’enfuyant seul sur la montagne ( Jean 6,15 ; EMV 464 « Dans la maison de campagne de Kouza, la tentative d’élection de Jésus comme roi. Le témoignage du Bien-Aimé »), ils fuirent sa présence en raison de leur faute envers Lui qu’ils comprenaient enfin, et par une craintre exagérée de ses reproches.

---> Et cela nous amène à ce passage : Jésus vient d’énoncer une parabole dans laquelle un roi veut se faire connaître de ses sujets, dont beaucoup ne le comprennent pas et l’interprètent de travers, et à qui il ouvre pourtant largement ses bras, les enseignant et leur demandant de revenir à lui, car il n’a pour eux pas la moindre rancune pour leur égarement.

---> Cette parabole touche en plein cœur Manaën et Timon, perdus et tristes dans leur crainte d’avoir offensé le Maître, qui comprennent que Jésus est très loin de les réprouver, mais désire aussi fort qu’avant qu’ils soient ses plus chers amis : leur certitude d’être pardonnés rencontre la tendresse de Jésus qui les attend comme un Père, et c’est tout naturellement qu’ils se jettent à ses pieds, puis tendrement dans ses bras, tels des fils prodigues.

---> Ce n’est donc plus par un attachement à visée humaine, conduisant à la soif du pouvoir et de la domination par la force, qui motivent les deux disciples à se réconcilier avec leur Maître, mais seulement l’attirance que provoque son Pur Amour Divin pour eux.

---> Ils étaient devenus des politiciens tout humains, et ils redeviennent de petits enfants spirituels, à la plus grande joie du Christ, qui les sert tendrement sur son Cœur.

---> Pour en finir avec la baudruche désormais dégonflée de DGC, lisons ce merveilleux passage, témoignant de la plus douce et tendre réconciliation entre le cœur des hommes et Celui du Dieu Incarné qui les aime infiniment :

EMV 489 - Parabole du roi incompris de ses sujets

C’est un bourg groupé, assez bien tenu. Les habitants sont restés à l’intérieur des maisons, car il y a beaucoup de vent. Mais quand les disciples viennent prévenir que Jésus est là, voilà que toutes les femmes, les enfants et les vieillards que l’âge a retenus chez eux, se groupent autour de Jésus, qui s’est arrêté sur la petite place principale. Le village, étant sur une hauteur, a de l’air et de la lumière même quand le temps est couvert et, de là, l’œil découvre Jérusalem au sud, et Rama au nord (je dis Rama car ce nom est écrit sur une borne avec l’indication des milles).

Les gens sont tendus. Etre devenus ceux qui offrent l’hospitalité au Seigneur, est pour eux si nouveau, si émouvant… Un vieillard, un vrai patriarche, le dit au nom de tous, et les femmes acquiescent de la tête. Habitués à être écrasés sous l’orgueil des prêtres et des pharisiens, ils sont timides…

Mais Jésus les met tout de suite à l’aise en prenant dans ses bras une fillette qui fait ses premiers pas, en faisant une caresse au vieillard, et en disant :

« Vous ne m’aviez pas encore vu ?

– De loin… Passer sur la route… Certains hommes t’ont aperçu au Temple. Mais pour nous, qui sommes si proches de la ville, c’est encore plus difficile d’obtenir ce qu’ont les autres en venant de loin, dit le vieillard.

– C’est toujours comme ça, père. Ce qui semble faciliter les choses, les complique au contraire, parce que tous s’appuient sur la pensée que c’est tout simple. Mais nous allons maintenant faire connaissance. Rentre chez toi, père. L’automne fait souffler ses vents, et ils ne sont pas favorables aux patriarches.

– Je suis hélas resté seul. Le jour n’a plus aucune valeur pour moi…

– Sa fille s’est mariée loin d’ici, et sa femme est morte aux Encénies, explique une femme.

– Jean, tu ne dois pas parler ainsi, aujourd’hui que tu as le Rabbi avec toi. Tu l’as tant désiré ! lui dit une vieille femme.

– C’est vrai. Mais… tu es le Messie, n’est-ce pas ?

– Oui, père.

– Alors que puis-je désirer de plus, maintenant que je l’ai vu et que s’est accomplie la promesse faite à Abraham ? Un jour où j’étais au Temple — ma Lia se purifiait de son unique enfantement, et j’étais auprès d’elle, et avant nous, une femme avait accompli le rite, une femme qui était à peine plus âgée qu’une enfant — … un vieillard chanta en embrassant le Bébé de cette toute jeune Mère : “ Maintenant Seigneur, laisse ton serviteur s’en aller en paix puisque mes yeux ont vu le Sauveur. ” Ce Nouveau-né, c’était toi. Ah ! pour moi, quel bonheur ! Alors j’ai prié le Seigneur en disant : “ Fais que moi aussi, je puisse mourir après l’avoir connu. ” Maintenant, je te connais. Tu es ici. La main de mon Seigneur est posée sur ma tête. Sa voix m’a parlé. L’Eternel m’a exaucé. Et que dirai-je, sinon les paroles du vieux Siméon, qui était instruit et juste ? Je les répète : “ Seigneur, laisse ton serviteur s’en aller en paix, puisque mes yeux ont connu ton Christ ! ”

– Tu ne veux pas attendre de voir son Règne ? demande une femme.

– Non, Marie. Les fêtes ne sont pas pour les vieillards. Et moi, je ne crois pas ce que disent la plupart des gens. Je me rappelle les paroles de Siméon… Il a annoncé une épée dans le cœur de cette jeune Femme, car le Sauveur ne sera pas aimé de tout le monde… Il a dit que la ruine ou la résurrection viendraient pour beaucoup par lui… et il y a Isaïe… et il y a David… Non, je préfère mourir et attendre de là-bas sa grâce et son Règne…

– Père, tu y vois plus clair que les jeunes. Mon Royaume est celui des Cieux. Mais pour toi, ma venue n’est pas ruine, car tu sais croire en moi. Allons chez toi. Je reste avec toi. »

Conduit par le vieillard, il se rend alors à une maisonnette blanche dans une petite rue au milieu des jardins, qui se sont dépouillés de leurs feuilles arrachées par le vent, et il y entre avec Pierre, les deux fils d’Alphée, et Jean.

Les autres se répartissent dans les autres maisons… pour revenir un moment après s’entasser dans la maisonnette, le jardin, la terrasse sur le toit, jusqu’à monter sur le muret en pierres sèches qui sépare de la route un côté du jardin, sur un noyer puissant et sur un pommier robuste, sans se soucier du vent qui ne fait que forcir et soulève de la poussière.

Ils veulent écouter Jésus. Après un instant d’hésitation, celui-ci commence à parler en se tenant sur le seuil de la cuisine, de façon que sa voix se fasse entendre à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison.

« Un roi puissant, dont le royaume était très vaste, voulut aller un jour visiter ses sujets. Il habitait dans un palais majestueux d’où, par ses serviteurs et ses messagers, il envoyait ses ordres et faisait parvenir ses bienfaits à ses sujets, qui connaissaient donc son existence, l’amour qu’il avait pour eux, ses projets ; mais, ne l’ayant jamais vu personnellement, ils ignoraient sa voix et son langage. En un mot, ils savaient qu’il était leur seigneur, mais rien de plus. Et, comme cela se produit souvent, de ce fait beaucoup de ses lois et de ses instructions étaient déformées, soit par mauvaise volonté, soit par incapacité à les comprendre, de sorte que cela portait tort aux intérêts des sujets tout comme aux désirs du roi, qui voulait les rendre heureux. Il était obligé de les punir parfois et il en souffrait plus qu’eux ; du reste, ces punitions n’amenaient pas d’amélioration. Il se dit alors : “ J’irai moi-même auprès d’eux, je leur parlerai directement. Je me ferai connaître. Ils m’aimeront, me suivront mieux et deviendront heureux. ” Et il quitta sa somptueuse demeure pour venir parmi son peuple.

Sa venue occasionna un immense étonnement. Le peuple s’émut, s’agita, les uns avec joie, d’autres avec terreur, certains avec colère, d’autres encore avec défiance, ou même avec haine. Patient, sans jamais se lasser, le roi se mit à approcher aussi bien ceux qui l’aimaient, que ceux qui le craignaient ou le haïssaient. Il entreprit d’expliquer sa loi, d’écouter ses sujets, de leur procurer ses bienfaits, de les réconforter. Et plusieurs finirent par l’aimer, par ne plus le fuir parce qu’il était trop grand ; quelques-uns, peu nombreux, cessèrent même de s’en méfier et de le haïr. C’étaient les meilleurs. Mais beaucoup restèrent tels qu’ils étaient, sans faire preuve de bonne volonté. Le roi, qui était fort sage, supporta aussi cela, en se réfugiant dans l’amour des meilleurs pour être récompensé de ses fatigues.

Qu’arriva-t-il néanmoins ? Même parmi les meilleurs, beaucoup ne pensaient pas comme lui. Il venait de si loin ! Son langage était si nouveau ! Ses volontés étaient si différentes de celles de ses sujets ! Et il ne fut pas compris par tous… Bien pis, certains le firent souffrir, et avec la souffrance lui firent subir des dommages, ou du moins risquèrent de les lui faire subir, pour l’avoir mal compris. Et quand ils se rendirent compte qu’ils lui avaient causé peine et tort, ils furent désolés, fuirent sa présence et ne vinrent plus vers lui, par crainte de ses reproches.

Mais le roi avait lu dans leur cœur et chaque jour il les appelait par son amour. Il priait l’Eternel de lui accorder de les retrouver pour leur dire : “ Pourquoi me craignez-vous ? C’est vrai, votre incompréhension m’a peiné, mais j’ai vu qu’elle était sans malice, que c’était simplement le fruit de votre incapacité à comprendre mon langage si différent du vôtre. Ce qui m’afflige, c’est votre crainte. Elle me prouve que non seulement vous ne m’avez pas perçu comme roi, mais pas même comme ami. Pourquoi ne venez-vous pas ? Mais revenez donc ! Ce que la joie de m’aimer ne vous avait pas permis de comprendre, vous a été rendu clair par la douleur de m’avoir fait souffrir. Oh ! venez, venez, mes amis ! N’augmentez pas votre ignorance en restant loin de moi, vos doutes en vous cachant, vos amertumes en vous interdisant mon amour. Vous voyez ? Nous souffrons autant vous que moi d’être séparés. Moi, plus encore que vous. Venez donc, faites-moi cette joie. ”

C’est ce que voulait dire le roi. Ce furent ses paroles. De même, Dieu s’adresse aux pécheurs et c’est ainsi que le Sauveur relève ceux qui peuvent s’être trompés.

Voilà comment le Roi d’Israël parle à ses sujets, le vrai Roi d’Israël, celui qui veut conduire ses sujets du petit royaume de la terre au grand Royaume des Cieux. On ne peut y entrer si l’on ne suit pas le Roi, si l’on n’apprend pas à comprendre ses paroles et sa pensée. Mais comment comprendre si, à la première erreur, on fuit le Maître ?

Que personne ne se laisse abattre s’il a péché et s’est repenti, s’il s’est trompé et reconnaît son erreur. Qu’il vienne à la Source qui efface les erreurs et qui procure lumière et sagesse, qu’il se désaltère auprès d’elle, car elle brûle de se donner et elle est venue du Ciel pour se livrer aux hommes. »


Jésus se tait. Seul le vent fait entendre ses hurlements de plus en plus forts. En haut de la colline où se trouve Nobé, les rafales s’acharnent tellement que les arbres font entendre des craquements effrayants.

Les habitants sont obligés de rentrer chez eux. Mais quand ils se sont éloignés et que Jésus revient à la maison et ferme la porte, Mathias, suivi de Manaën et de Timon, sort de derrière le muret et entre dans le petit jardin pour frapper à la porte close.

Jésus en personne vient ouvrir.

« Maître, les voilà !…» dit Mathias en montrant les deux hommes qui, honteux, sont restés au bord du jardin et n’osent pas lever la tête pour regarder Jésus.

« Manahen ! Timon ! Mes amis ! » dit Jésus en sortant dans le jardin et en refermant la porte, pour indiquer à ceux de l’intérieur de ne pas sortir par curiosité.

Et il s’avance vers eux, les bras tendus, déjà ouverts pour les étreindre.

Touchés par l’amour qui tremble dans la voix du Maître, les deux hommes lèvent la tête, voient son visage et ses yeux tout pleins d’amour, et leur peur tombe, ils courent en avant et disent avec un cri rendu rauque par leurs larmes : “ Maître ! ”, puis ils se jettent à ses pieds pour étreindre ses chevilles, en baisant ses pieds nus qu’ils baignent de leurs larmes.

« Mes amis ! Pas là ! Ici, sur mon cœur ! Je vous ai tant attendus ! Et j’ai si bien compris ! Allons !… »

Et il cherche à les relever.

« Pardon ! Ah ! ne nous refuse pas ton pardon, Maître. Nous avons tant souffert !

– Je le sais. Mais si vous étiez venus plus tôt, c’est aussi plus tôt que je vous aurais dit : “ Je vous aime. ”

– Tu nous aimes Maître ? Comme avant ? s’étonne Timon, en levant un visage interrogateur.

– Plus qu’avant, car maintenant vous êtes guéris de toute humanité dans votre amour pour moi.

– C’est vrai ! Oh ! mon Maître ! »

Manaën bondit sur ses pieds et ne résiste plus. Il se jette sur la poitrine de Jésus, et Timon l’imite…

« Vous voyez comme on est bien ici ? N’y est-on pas mieux que dans un pauvre palais royal ? Où m’avoir davantage, et plus puissant, doux, riche de trésors sans fin, qu’en me possédant comme Sauveur, Rédempteur, Roi spirituel, Ami affectueux ?

– C’est vrai ! C’est vrai ! Oh ! ils nous avaient bien séduits ! Et il nous semblait qu’ils t’honoraient et que leurs idées étaient justes !

– N’y pensez plus. C’est fini, cela appartient au passé. Laissez le temps, qui s’écoule aussi rapidement que le tourbillon qui nous frappe, l’emmener au loin, le disperser pour toujours… Mais entrons dans la maison. Il n’est pas possible de rester ici… »

C’est en effet une vraie tornade qui arrive du nord sur le village. Des branches tombent, des tuiles volent, des murets de terrasse peu résistants s’écroulent avec fracas. Le noyer et le pommier se tordent comme s’ils voulaient s’arracher du sol.

Ils entrent dans la maison, et les quatre apôtres regardent avec étonnement le visage, encore baigné de larmes, des deux disciples, contrastant avec leur sourire. Mais ils ne font aucune remarque.

(…)

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---> Lorsque paraissent Manaën et Timon, il les appelle comme ses plus chers compagnons, et eux viennent se jeter à ses pieds en pleurant, les embrassant, conscients d’avoir fauté en ne comprenant pas la vraie nature de son Règne : ils craignent ne plus mériter d’être les amis du Seigneur.

---> Mais il se passe la même scène que le père accueillant sur son cœur le fils prodigue : Jésus les relève, leur déclare son amour indéfectible ignorant la rancune, et de joie émue, Manaën et Timon l’étreignent en se jetant sur son Cœur si aimant.

---> Il est très étonnant de constater cette fixation négative de DGC pour les gestes de l'amour, les trouvant sans doute "dégradants" ou "trop incarnés" pour le Christ, alors que nous voyons saint Jean appuyer tendrement la tête sur sa Poitrine dans l'Évangile, où il est appelé "le disciple que Jésus aimait" - c'est-à-dire celui qui était le plus capable d'accueillir l'Amour du Verbe incarné.

Conclusion :

--->
Le mensonge de DGC fait sourire : comment a-t-il cru qu’il ne serait pas découvert ? Mais nous sommes très loin d’être au bout de nos surprises, avec lui.

---> Si Jésus insiste tant sur la purification nécessaire de l'amour possessif, dans l'EMV, c'est uniquement pour que le coeur de l'homme soit ainsi rendu libre de croire en Lui, ce à quoi Plautina la patricienne romaine ne parvient pas encore, attachée comme elle l'est à sa culture mythologique païenne, et au culte de la sagesse humaine qu'elle admire dans les philosophes.

---> Après de si total contre-sens de sa part sur l’œuvre de Maria Valtorta, comment accorder encore le moindre crédit à son pamphlet accusatoire ?
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Dans ce volet, nous allons constater comment, pour parvenir à accuser l’EMV d’être non conforme aux quatre Évangiles, DGC procède au sabotage volontaire du sens de cinq magnifiques passages de l'œuvre, avec toute la mauvaise foi que nous lui connaissons désormais.