Décadence sexuelle aux JMJ 2023
«Sur la plage hier soir, ça a commencé à s’emballer» : les JMJ, grand-messe de la drague
Dans ce grand raout chrétien de la jeunesse, c’est un secret de polichinelle, des couples se font ou se défont. Comme cette année à Lisbonne.
Le 4 août aux JMJ de Lisbonne. (Armando Franca/AP)
par Bernadette Sauvaget, Envoyée spéciale à Lisbonne
publié le 5 août 2023 à 18h57
Les vieux briscards des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) sourient. Et se posent, pour certains, la question : y aura-t-il au mois de mai prochain des bébés à s’appeler Francesco ou Fatima ? Pour ceux qui ont empilé les participations à l’un des plus grands rassemblements mondiaux de jeunes - d’abord comme pèlerin puis comme journaliste, il ne fait aucun doute que l’on drague aux JMJ. «Bien sûr qu’ils pécho», reconnaît, sans fausse pudeur, Nicolas Guillou, aumônier de jeunes dans le diocèse de Rennes. Un secret de polichinelle, donc.
La drague aux JMJ a même sa chanson, Nathalie, mon amour des JMJ d’Oldelaf, écrite au deuxième degré pour se moquer des travers cathos, selon le chanteur et humoriste. Elle date de 2006. Mais a traversé les années. «Tu étais venue en car au cœur du mois d’août, pour venir chercher un peu d’espoir dans ce monde fou. Au détour d’une prière, dans un amour immense, nos deux mains se rencontrèrent, chantons en abondance. Nathalie, mon amour des JMJ, seras-tu cet été au pèlerinage de Chartres ?» chante-t-on encore dans les cars de Jmjistes.
Au fond, au milieu de ce grand raout chrétien, personne ne doute que des couples peuvent s’y faire vite et s’y défaire rapidement. Mais d’autres durent. Plusieurs prêtres racontent avoir marié des jeunes qui s’étaient rencontrés aux JMJ. Croisé au parc Eduardo VII à Lisbonne, Antonin, brillant étudiant dans une prestigieuse grande école, confirme : ses deux parents se sont bel et bien rencontrés aux JMJ de Paris en 1997. Beaucoup, un peu sous le manteau, racontent qu’à cette édition, il s’était passé pas mal de choses, la nuit, dans les bosquets de l’hippodrome de Longchamp.
Des amours internationales ? Pas tant que ça, apparemment. «Il y avait eu des drames aux JMJ de Rio en 2013, raconte une journaliste d’un service de communication d’un diocèse. Des Brésiliennes étaient amoureuses de Suédois qui repartaient, bien sûr, après la fin de la visite du pape. Mais le pire, c’était à Madrid [en 2011], le samedi après-midi avant la veillée avec le pape. Il faisait très chaud, les types s’étaient mis torse nu et les filles en haut de maillot de bain. Il s’est passé de drôles de choses dans les toilettes.»
Pour d’autres habitués, ces affaires de cœur laissent de bons souvenirs et de bonnes vibrations. «Pendant celles de Cologne en 2005, j’ai été subjugué pendant toute la semaine par une fille de mon groupe, raconte un vaticaniste quadragénaire. Même l’évêque s’en était aperçu. A la fin de la semaine, je me suis pris un râteau. Cela n’empêche ! J’en garde un très beau souvenir.»
«On n’est pas venus pour ça»
Si les anciens Jmjistes ou les accompagnateurs évoquent librement la chose, la gêne s’installe vite quand on pose la question aux pèlerins de 2023, à Lisbonne. «On n’est pas venus pour ça», se prend-on comme réponse. Un râteau, quoi ! «Je suis en couple. Sinon, c’est vrai que j’aurais essayé de pécho», reconnaît, plus franc, un jeune pèlerin de Paris. «C’est le mot drague qui nous embête, explique Paul, 25 ans, qui vient de terminer ses études de médecine. Mais faire une vraie rencontre, oui pourquoi pas !» Selon un prêtre, tout dépend de l’âge. Les plus jeunes sont plus fous, moins ancrés dans la vie et dans leur choix. «Pour les jeunes professionnels, ce n’est pas la même chose», explique ce religieux lazariste. Jeune scoute de 18 ans, Salomé confirme : «Sur la plage, hier soir, ça commençait à s’emballer.»
Pour parler clairement, les JMJ ne sont pas que bleuettes cathos !
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