« Titiavemaria » est doué pour
l’inversion accusatoire réflexe mais beaucoup moins pour la simple lecture objective. Non, les signes sur cette plaque de Notre-Dame n’appartiennent pas en propre à la franc-maçonnerie spéculative (qui d’ailleurs en partie n’a fait que singer et récupérer des symboles chrétiens et corporatistes préexistants) mais ils proviennent originellement du Compagnonnage des bâtisseurs de cathédrales.
Citation de sa propre source
hermetism.free.fr/Viollet-le-duc_architecte.htm :
« Ce compagnon charpentier du Devoir de Liberté, M. Georges, Angevin, l'Enfant du Génie vient de terminer l'érection de la flèche de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, en 1858, sous la conduite de l'architecte M. Boeswillwald (1815-1896). Il oeuvre également à l'érection de la flêche de la Sainte-Chapelle de Paris. Il existe peu de documents permettant de cerner cet homme de génie, descendant de la tradition d'excellence des bâtisseurs de cathédrales du moyen-âge. Cette tradition se perpétue de nos jours grâce au Compagnonnage, à ses centres de formation et à son Tour de France qui se termine à la grotte de la Sainte-Baume, près de Marseille, où, selon la légende, Marie-Madeleine, finit sa vie.
La flèche est portée par quatre piliers maîtres. Au centre d'un poinçon non porteur s'élèvent des poutres rayonnantes, comme des baleines de parapluie.
A l'achèvement des travaux une plaque [
compagnonnique ] commémorative en fer est vissée à la base du pilier central, comme à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, et porte l'inscription :
" Cette flèche a été faite en l'an 1859 M. Viollet-le-Duc étant architecte de la cathédrale, par Bellu, entrepre - (neur en) charpente, Georges étant gacheur des Compagnons Charpentiers du Devoir de Liberté ".
Au bas de la plaque se croisent l'équerre, le compas et la bisaiguë, instruments par lesquels les aristocrates du bois et de la charpente,
les oeuvriers compagnons - ou compas-gnons - bâtissent des ouvrages en rectitude.
(...)
Viollet-le-Duc est l'architecte, Monsieur Georges est le "gâcheur".
Que signifie ce terme ? Le gâcheur, en charpenterie, participe à l'élaboration des plans, au relevé des mesures, au choix des matériaux à mettre en oeuvre. C'est le second du chantier, après l'architecte. Raoul Vergez, compagnon charpentier du Devoir de Liberté, écrit dans le numéro 209 de la revue "Atlantis", fin 1961 : "
En 1859 Georges l'Angevin réalisa sa troisième flèche à (la cathédrale) Sainte-Croix d'Orléans ... le grand architecte (Viollet-le-Duc) le fit décorer de la légion d'honneur, ce qui était peu à mes yeux, en comparaison d'une récompense que les "Indiens" lui offrirent en témoignage d'admiration : Le compas d'argent."
M. Maurice Duvanel, expert en charpente et flèche de nos cathédrales et auteur de plusieurs ouvrages, apporte des précisions et corrige des erreurs. M Georges ne fut pas décoré de la légion d'honneur. Né en 1812 à Marcé, près d'Angers, il est reçu
compagnon à 18 ans sous le nom Angevin l'enfant du Génie, puis "compagnon fini" le 29 mars 1837. Il décède en 1887.
Que signifient les initiales I N D portées autour du compas ?
Grâce à un lecteur averti, Claude, menuisier, le mystère est levé pour une part.
Les lettres sont au nombre de quatre : INDG. Le G se trouve à l'intérieur du losange formé par l'intersection du compas et de l'équerre, au-dessus de la bisaiguë.
Ces quatre lettres forment le monogramme d'INDIEN, sobriquet des Compagnons charpentiers du devoir de liberté. Chacune des lettres est le début d'un mot. L'ensemble forme une devise secrète qui se lit à plusieurs niveaux.Pour M. Maurice Duvanel l'inscription INDG de la plaque doit se lire "
Les Indiens Nous Donnèrent le Génie". "Indien" ou "loup" est
le nom de compagnonnage de ces charpentiers. Il indique qu'après 1945 un accord avec une autre branche du compagnonnage, les "Soubise", ou "chien", transforme cette appellation en "chien-loup".
"
Génie" est à entendre au sens de génie civil, manière de mettre en oeuvre un projet, de le réaliser.
Dans leur travail les compagnons mettent en oeuvre la géométrie ou "l'Art du Trait". Cet art du traçage au sol s'appliquait au moyen-âge à "l'Art Royal", à la construction des cathédrales. Ces monuments conservent parfois en leur sein le souvenir du maître du Trait et son grand compas de traçage, comme à l'abbaye de la Trinité à Vendôme.
Le roi Philippe-le-Bel (1268-1314) interdit ces
corporations oeuvrières, après avoir fait condamner les Templiers par le concile de Vienne, en Isère. Malgré l'interdiction, ces corporations finissent par se reconstituer sur le sol de France.
Elles se réorganisent complètement au XIXème siècle, mettant ainsi fin à des guerres internes fratricides.
Mais revenons aux trois outils sur lesquels s'enroulent les quatre lettres INDG.
Deux des trois outils sont bien connus, l'équerre et le compas. Ces deux outils sont nécessaires pour toute construction de maçonnerie ou de charpente.
La maçonnerie de salon, ou franc-maçonnerie spéculative, s'est réappropriée ces outils tant leur symbolisme est puissant.
Le troisième outil, la bisaiguë, est trés peu connue. Elle n'est utilisée qu'en charpente. Comme son nom l'indique, elle est deux fois aiguë. D'un côté une pointe bédane sert de burin, de l'autre côté le ciseau permet de faire les assemblages par tenons et mortaises.
Mais où est donc la lettre G ? Grace à l'infographie de Claude, menuisier, la lettre se révêle, au milieu de la plaque.
En haut de la plaque commémorative un phylactère surmonte une étoile à cinq branches. Des majuscules inscrites à intervalles réguliers rendent hommage au Dieu moderne. Il ne trône plus sur un nuage lointain mais sur des engrenages et des machines : le Grand Architecte de l'Univers. Ces lettres partiellement effacées sont le début de mots dont l'assemblage signifie : "A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers".
Au centre de l'étoile s'inscrit un rond doré. Est-ce un G ? Nous aurions là l'Etoile flamboyante.
Cette lettre mythique représente la parole perdue des francs-maçons comme le "verbum dimissum" des alchimistes, au dire de Fulcanelli. La lettre G, en majuscule grecque, se représente par une équerre " G ". Y-a-t-il là un lien ? Pour l'alchimiste Fulcanelli la lettre G est l'initiale du nom vulgaire du Sujet des sages, figurée au milieu d'une étoile radiante. Ce serait la matière de départ du Grand Oeuvre, la Galène ou sulfure de plomb.
Pour nos "Indiens", Compagnons charpentiers du Devoir de Liberté, le G signifie "Génie".Ce Génie consiste en l'utilisation, entre autre, de la Géométrie. Celle-ci s'oppose à l'Arithmétique et à ses chiffres. Avec son cordeau de lin et son "Pendule à Salomon" le compagnon trace au sol, par la géométrie, ses plans, coupes, élévations des pièces de charpente. Il ne se sert pas de chiffres, mais d'un long compas, d'une règle à vingt quatre double pouces pour mesurer les angles, de la corde à treize noeud, d'un grand sol plat où il trace à la craie ses épures. Tels étaient les outils de notre gâcheur à l'époque des cathédrales. Parions qu'aujourd'hui l'apprentissage de la science du trait se fait à l'identique. »
Fin de citation.
En outre, cette page montre aussi la photo d’un bas-relief de la Maison du Compagnonnage d’Orléans figurant le « Pendule de Salomon » qui contient aussi une étoile à cinq branches.
« Titiavemaria » ne sait donc même pas lire objectivement ses propres sources.
Viollet-le-Duc n’a jamais été initié franc-maçon d’après les dires et les registres mêmes des francs-maçons. Citation de cette page
www.ledifice.net/7582-1.html :
" Aucune trace d’initiation d’Eugène Viollet-le-Duc ne permet d’affirmer son appartenance à telle ou telle obédience, même si le Baron Taylor tenta à plusieurs reprises de l’approcher. "