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Le magistère non infaillible et erroné de Jean XXII

Certains soutiennent ici que le pape serait toujours infaillible soit en raison de son magistère extraordinaire soit en raison du Magistère Ordinaire Universel (infaillible). Et ils sont incapables d'imaginer que le pape pourrait s'exprimer autrement, notamment dans le cadre d'un magistère faillible et parfois erroné comme celui de Jean XXII ou explicitement hérétique comme celui d'Honorius. Bref comme si le pape était une machine à produire du magistère infaillible quotidiennement, de son lever jusqu'à son coucher !

Cette erreur est pourtant contestée par Saint Pie X lui même :

L’Eglise catholique est donc infaillible ?
Oui, l’Eglise catholique est infaillible. Aussi, ceux qui rejettent ses définitions perdent la foi et deviennent hérétiques.

Quand est-ce que le Pape est infaillible ?
« Le Pape est infaillible seulement lorsque, en sa qualité de Pasteur et de Docteur de tous les chrétiens, en vertu de sa suprême autorité apostolique, il définit, pour être tenue par toute l’Église, une doctrine concernant la foi et les mœurs. »

Et par ailleurs, l'histoire de l'Eglise nous enseigne tout le contraire de ces balivernes papolâtres :

A la Toussaint 1331, à Notre-Dame-des-Doms d’Avignon, soutenant que les saints du ciel jouissent de la vision de l’humanité du Christ mais non pas de la vision béatifique qui consiste à voir la divinité face à face, Jean XXII s’exprimait en ces termes :

« Ainsi donc, avant le jour du jugement les saints sont sous l’autel, c’est-à-dire sous la protection et la consolation de l’humanité du Christ, mais après le jour du jugement, Jésus-Christ les fera monter sur l’autel, en les élevant à la vision de la divinité même. »
(Sermon de la Toussaint prononcé par le pape Jean XXII, 1331 après JC, dans un manuscrit du XIVème siècle conservé à la bibliothèque de l'université de Cambridge, ms. LI, III, 10, fol. 3 sq.)

Le troisième dimanche de l’Avent de la même année :

"notre entière récompense est vision", "la vision [béatifique] est tout notre salaire" aussi convient-il selon lui qu'elle ne soit accordée qu'à l'homme tout entier, âme et corps réunis, donc pas avant la résurrection des morts : "Je dis avec Augustin, que si je me trompe ici, que celui qui est plus sage me corrige." Il me semble qu'il n'y a pas d'autre moyen que de montrer la détermination contraire de l'Église ou des autorités des écritures sacrées qui diraient cela plus clairement que ce qu'elles disent ci-dessus. "
(loc. cit. folio 10)

Enfin le 5 janvier 1332, veille de l’Epiphanie :

« Dieu, ai-je dit, n’est pas plus prompt à damner qu’à rétribuer ou à récompenser ; il ne damnera pas les méchants tant qu’il n’aura pas récompensé les bons. Mais nous avons vu qu’avant le jour du jugement, les bienheureux n’iront pas à la vie éternelle ; de même donc, avant le jour du jugement, les méchants n’iront pas au supplice éternel, à l’enfer où il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

Alors les théologiens de France se sont dressés avec succès contre le magistère de Jean XXII et lui ont résisté en ces termes :

« Quant à cette question, où Votre Sainteté a montré tant de savoir et de subtilité, en rassemblant pour l’une des parties des autorités plus nombreuses et plus fortes qu’aucun docteur ne nous parait en avoir apporté jusqu’ici, le tout cependant, nous a-t-on dit, sous forme d’exposition, sans déterminer ni même affirmer ou soutenir fermement quoi que ce soit, nous supplions vivement Votre Béatitude, en toute humilité et respect, de daigner la trancher, en confirmant par une définition la vérité du sentiment dans lequel a toujours été entretenue la piété du peuple chrétien que vous gouvernez. »
(Dénifle, op. cit., p. 429 sq.)

Et enfin ...mais bien tard ! ...voici sa rétractation in articulo mortis la veille de sa mort sous la pression notamment de la Sorbonne et du roi de France qui s'étaient dressés contre lui et lui avaient résisté conformément aux enseignements de Saint Robert Bellarmin, de Saint Thomas et de Cajétan :

"Nous déclarons comme suit la pensée qui est et qui était la nôtre. […] Nous croyons que les âmes purifiées séparées des corps […] voient Dieu et l’essence divine face à face […]. Mais si de façon quelconque sur cette matière autre chose avait été dit par nous, […] nous affirmons l’avoir dit ainsi en citant, en rapportant, mais nullement en déterminant ni même en y adhérant. »

Pour quelque exagérée que soit cette dernière prétention de n’avoir pas même soutenu la théorie de la vision béatifique différée au jugement dernier, on comprend néanmoins que le pape n’avait jamais considéré ses propres propos de 1331 et 1332 comme relevant du Magistère infaillible bien que publics, et ayant fait scandale, mais bien comme la simple exposition d’une opinion théologique sujette à discussion c'est à dire relevant de son magistère dit privé ou seulement authentique.

Plus de développements sur les magistères faillibles et erronés de certains papes avec l'abbé Pages :
Le sédévacantisme est un péché mortel !

Pour mémoire :

Saint Robert Bellarmin : « L’homme n’est pas tenu d’obéir au pape quand ce que celui-ci commande est contraire à la loi de Dieu, et même dans quelques autres cas. Lorsque le commandement d’un homme est manifestement contraire à la loi de Dieu, c’est un devoir de lui désobéir (… ) les docteurs indiquent les remèdes suivants : avoir recours à Dieu par l’oraison, admonester ledit pape avec tout respect et révérence, n’obéir point à ses commandements notoirement injustes, et enfin lui résister, et empêcher qu’il ne fasse le mal projeté. »
(Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, II, 29)

Saint Thomas d'Aquin : "Si la Foi est en danger un sujet pourrait réprimander un prélat même publiquement"
( Som Th IIa IIae Q33 art 4 ad2)

Cajetan : « La papauté et Pierre sont comme « matière » et « forme » et seul Jésus-Christ a pouvoir sur leur union…et pour cette raison Lui seul peut mettre des limites et établir la puissance du Pape. Un Pape qui est devenu hérétique incorrigible n’est pas automatiquement destitué … l’Eglise n’a pas puissance sur la Papauté, (…) il faut dire que, quand Pierre, devenu hérétique incorrigible est déposé par l’Eglise, il est jugé et déposé par une puissance supérieure non à la Papauté mais à l’union entre la Papauté et Pierre.»
(Cajetan, Sur la comparaison de l'autorité du Pape et du Concile, c. 20.1511).
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😎
@Grosminet
C'est quand même étrange de constater O combien les sédévacantistes craignent la contradiction concernant leurs déclarations publiques.😎
Grosminet
Las des attaques ad hominem, cela devient récurrent. Merci de régler vos différends personnels via la messagerie privée.
steack
Selon Le sédévacantiste o 5480 qui ne supporte pas la contradiction lui non plus-et comme on le comprend quand on le lit ! - parce qu'il désactive d'entrée tout commentaire contre ses insanités, l'abbé Pages n'aurait pas le droit de porter un jugement sur le péché de schisme, voire d'hérésie, comme ce pauvre Arthur de la Baure contre le 3eme concile de Constantinople, commis par les …Plus
Selon Le sédévacantiste o 5480 qui ne supporte pas la contradiction lui non plus-et comme on le comprend quand on le lit ! - parce qu'il désactive d'entrée tout commentaire contre ses insanités, l'abbé Pages n'aurait pas le droit de porter un jugement sur le péché de schisme, voire d'hérésie, comme ce pauvre Arthur de la Baure contre le 3eme concile de Constantinople, commis par les sédévacantistes :

Quand (sic) à l'abbé Pagès, déclarer de sa propre autorité, que faire ceci ou cela est un péché mortel, c'est extrêmement grave.
On n'invente pas un péché mortel, surtout lorsque l'on est prêtre. Il serait préférable qu'il se rétracte, s'il ne veut pas avoir à en rendre compte lorsqu'il arrivera devant notre Juge.

Jean XXII

Peut-être serait il bien inspiré de nous dire ici en commentaire comment il prétend qualifier le magistère d'Eugene IV.

Eugene IV : « Le sixième est le sacrement de l'ordre dont la matière est ce par transmission de quoi est conféré l'ordre. Par exemple la prêtrise est transmise par l'acte de tendre le calice avec le vin et la patène avec le pain. Le diaconat par la dation du livre des évangiles et le sous-diaconat par la remise du calice vide avec la patène vide placée au-dessus. Et pareillement des autres par l'assignation des objets concernant leurs ministères.
La forme du sacerdoce est la suivante : " Reçois le pouvoir d'offrir le sacrifice dans l'Eglise pour les vivants et les morts, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. " Et ainsi des formes des autres ordres, comme elles sont contenues amplement dans le pontifical romain. Le ministre ordinaire de ce sacrement est l'évêque. Son effet est l'accroissement de la grâce, pour que quelqu'un soit ministre qualifié du Christ. »

(Bulle sur l'union avec les Arméniens, " Exsultate Deo ", 22 novembre 1439)