Article 23 : Deuxième partie : Réfutation du Lefebvrisme niant le Magistère actuel du présent
![](https://seedus4268.gloriatv.net/storage1/uf6con8hsuwb1a7kbpbx4gh5h4icu1maaxsfj5p.webp?scale=on&secure=Ki4VQ6DpgUKo9by89VCZ4w&expires=1720996689)
2/ Second faux prétexte invoqué par le lefébvriste pour récuser l'analogie établie par le P. Cavalcoli entre l'hérésie protestante et la doctrine de la Fsspx :
L'objet de l'analogie n'aurait pas même valeur au regard de la Foi. Le protestant, nous dit-il, brandit l'Écriture contre le Magistère actuel, tandis que le lefébvriste ne fait que brandir le Magistère du passé contre le Magistère actuel.
Or, croit pouvoir arguer le lefébvriste, il est beaucoup moins grave, si même cela peut être considéré comme hétérodoxe, de se servir du Magistère du passé pour l'opposer au Magistère du présent, que de s'y opposer par l'Écriture.
On peut trouver le lefébvriste théologiquement bien léger, extrêmement même, et surtout bien spécieux dans son raisonnement. Est-ce qu'il n'est pas en train de nous distraire du véritable enjeu du problème ? Le problème, en effet, ne porte pas tant sur l'objet de l'analogie, que sur sa conclusion semblablement hérétique.
L'important à considérer en effet, c'est que le lefébvriste, par son positionnement, gomme bel et bien hérétiquement l'existence du Magistère du présent, au même titre que le protestant le fait de son côté, quand bien même c'est par un tout autre moyen.
En effet, si, en présence d'une opposition entre le Magistère du passé et celui du présent, le lefébvriste déclare ne vouloir tenir compte que du Magistère du passé, alors, il supprime hérétiquement le Magistère du présent. Aussi hérétiquement, donc, que le protestant. La question à laquelle il doit alors répondre est la suivante :
Est-il théologiquement moins grave de supprimer hérétiquement le Magistère du présent par le moyen du Magistère du passé que par le moyen de l'Écriture ? La réponse est bien évidemment "non", puisque le résultat attentatoire, mortel, contre une loi de droit divin, est... le même.
C'est comme si le lefébvriste soutenait : « Le protestant tue un éléphant avec un bazooka, moi je ne tue l’éléphant qu'avec un fusil de chasse, c'est moins grave ».
Il est facile de voir que ce qui est à retenir, c'est que l'éléphant est bel et bien tué dans les deux cas, le péché est donc identique et revêt la même gravité. L'analogie du P. Cavalcoli sur ce point essentiel est donc là encore parfaitement fondée : les protestants et les lefébvristes suppriment tous les deux IDENTIQUEMENT le Magistère du présent. Qu'importe à la limite que le procédé par lequel ils le font est différent, ce qui est à retenir c'est que le résultat, hérétique est identique.
Mais les lefébvristes croient pouvoir s'y autoriser, par une raison fort inquiétante, à savoir :
« Entre Magistère actuel en tant que tel et Magistère passé en tant que tel, la différence serait chronologique, et non substantielle, elle est au maximum accidentelle ».
Ce qui revient à professer une sorte d'amalgame, voire carrément de confusion, entre les deux Magistères, celui du passé et celui du présent.
« Après tout, ose soutenir le lefébvriste, il n'y a qu'un Magistère devant Dieu, et donc, si l'on annihile l'un des deux, celui du présent, on reste toujours avec l'autre, celui du passé, qui est lui aussi le Magistère, donc plein de la grâce salvatrice »...
Le lefébvriste est-il bien sûr que, in via, c'est-à-dire dans l'ordre de l'Église militante, et non point sur le plan de l'Église éternelle, il n'y a pas DEUX substances différentes, dans le Magistère du passé et celui du présent ?
Et s'il en existe effectivement bien deux distinctes, n'est-ce pas attenter mortellement à la Constitution divine de l'Église militante que de supprimer l'un des deux ?
Même à titre d'exception (mais on vient de voir qu'il est hérétique de supposer dans le cadre du droit divin, une seule exception) ? Évidemment, dans l'ordre éternel, le Magistère ordinaire & universel d'enseignement embrasse tout uniment le passé, le présent et le futur :
il faut se représenter Jésus-Christ qui enseigne intemporellement par et dans son Église la Vérité éternelle tous les jours de la vie de l'Église, en ce compris, bien sûr, mais je ne crois pas que le lefébvriste en ait vraiment conscience, ce… jour d’aujourd'hui.
Mais dans l'ordre de l'Église militante, les temps sont différenciés, et il ne faut pas gommer les distinctions entre Magistère du passé et Magistère du présent (ni d'ailleurs non plus avec le Magistère du futur, comme les appelants jansénistes voulaient le faire, voulant en appeler des décisions des papes de leur temps qui les condamnaient, au Magistère des papes futurs qui, voulaient-ils croire, les invalideraient), comme on va hélas voir le lefébvriste s'y ingénier, mais vainement, en pure perte, dans la suite de sa réponse.
Pour conclure quant au second faux prétexte invoqué par le lefébvriste pour récuser l'analogie établie par le P. Cavalcoli entre protestantisme et lefébvrisme :
Lui aussi, tout comme le premier, est parfaitement infondé sur le point crucial du débat, à savoir que tous les deux professent et pratiquent la même hérétique mise à mort du Magistère infaillible du présent, l'un par le moyen de l'Écriture, l'autre par le moyen du Magistère du passé.
Après le sous-titre « Le Magistère passé et la règle immédiate de la Foi », le rédacteur lefébvriste a quelques phrases théologiquement monstrueuses.
Après avoir réaffirmé que ce n'est pas par principe, comme le protestant, qu'il récuse le Magistère actuel, mais seulement par exception, argument que nous venons de voir être de nulle valeur pour le dédouaner d'être hérétique, le rédacteur lefébvriste ose écrire :
« Étant posé que, par norme, l'enseignement actuel du Pape et des Évêques est règle immédiate pour la Foi, on se demande si ce principe est absolu, ou s'il souffre des exceptions... » (sic !)
Il est incroyable de lire une telle impiété sous une telle plume... tradi. Il serait bon que le lefébvriste à la Foi très-impure se dise que celui qui ose se « demander » (!!!) cela, fait faillite complète dans la Foi, est tout simplement hérétique, car la proposition inverse, à savoir que cedit principe est absolu, il est de Foi, de fide.
Et doit être professée sous peine d'anathème par tout fidèle, même quand il est lefébvriste.
Prenons bien conscience que sa réflexion est aussi scandaleuse quant à la Foi, que s'il disait :
« On sait bien que le Christ est Dieu, mais on se demande si ce principe est absolu, ou s'il souffre des exceptions... ».
Surtout qu'on est là en présence de précautions de langage superfétatoires, car en fait, le lefébvriste ne se pose pas du tout la question, la vérité est qu'en son for intérieur, il y a déjà répondu affirmativement, c'est-à-dire hérétiquement : ne l'a-t-on pas vu se laver les mains du reproche formulé par le P. Cavalcoli de n'être pas soumis au Magistère actuel de Vatican II, en invoquant en tête de sa réponse des raisons « très-graves » pour se justifier de s'y autoriser ?
Donc, pour lui, le principe n'est pas absolu, il a déjà coché des deux mains et des deux pieds la case 2, à savoir :
« L'enseignement actuel du Pape et des Évêques, règle immédiate pour la Foi... souffre des exceptions ».
Mais après avoir écrit cette énormité énorme, voici la phrase monstrueuse où il professe clairement et simplement l'hérésie qui lui est sous-jacente, laquelle, que le lefébvriste en prenne soigneusement conscience, l'aurait immédiatement envoyé sans procès sur le bûcher, au Moyen-Age :
« ... Si l'enseignement du Pape et des Évêques était toujours infaillible, le principe serait absolu. Mais ce n'est pas le cas [!!!]. Le Père Cavalcoli ne peut pas nier que les enseignements sortis de la bouche du Pape et des Évêques ne sont pas tous infaillibles. Donc, l'erreur dans l'enseignement actuel est possible ». Sic.
Or, comme le lefébvriste parle du Magistère ordinaire & universel d'enseignement doctrinal, on est obligé de conclure qu'il entend professer que le pape et les évêques, dans ledit Magistère... de soi doté de l'infaillibilité, et y doté... de droit divin, n'est pas tout le temps... infaillible.
La chute doctrinale de la Fsspx ne saurait hélas être plus clairement établie qu'ici, dans cette phrase. Franchement, on croit cauchemarder de lire pareille hérésie aussi clairement, simplement, sereinement et nettement formulée dans son opposition radicale en noir et blanc avec la doctrine catholique, sous la plume des... meilleurs défenseurs de la Foi actuellement, ou du moins qui se croient tels !
Ce n'est pas tout. Croyant enfoncer le clou, le lefébvriste rédacteur de ces lignes impies ne fait que montrer son ignorance crasse en matière d'histoire ecclésiastique, en invoquant (... mais de loin, évasivement de très loin) des cas historiques qui soi-disant prouveraient que le pape et les évêques unanimement un dans l'enseignement doctrinal, peuvent cependant... faillir :
« On ne peut pas nier, au moins dans une perspective historique, cette possibilité » (!).
Que le lefébvriste se dise bien que non seulement on peut factuellement le nier, pour peu qu'on connaisse de l'histoire ecclésiastique, mais la Foi même nous fait grave obligation, sous peine d'anathème, de le nier.
Car non seulement l'Histoire ecclésiastique révèle qu'il n'y a eu aucun cas de pape hérétique dans leur magistère ordinaire actuel, c'est-à-dire en tant que docteur universel des chrétiens, mais il n'y en a même pas eu seulement un seul en tant que docteur... privé !
Les Pères de Vatican 1er, à la grande honte des lefébvristes qui se mettent ici à la remorque des hérétiques protestants, jansénistes, et tutti quanti des ennemis de l'Église, l'ont formellement affirmé et en ont pris acte, lors des débats très-pointus qui ont précédé la définition de l'infaillibilité pontificale en 1870.
Ainsi donc, le lefébvriste nous oblige à faire le constat que non seulement il se montre clairement hérétique, il affirme avec une audace impudente peu croyable son hérésie, mais il ose couvrir son péché d'hérésie par le mensonge historique, voire sacrilège envers la fonction pontificale et le Siège de Pierre, pour prétendument le cautionner...
Ensuite de quoi, après avoir posé hérétiquement la possibilité sporadique d'erreurs doctrinales dans le cadre même du Magistère ordinaire & universel actuel... infaillible, le lefébvriste en vient à donner sa solution empoisonnée, à savoir : recourir au Magistère du passé contre le Magistère du présent, pour s'exorciser du Magistère du présent quand il est erroné. Et de s'en justifier par ces propos qui ne font que montrer à tous qu'il s'empale, qu'il s'enferre soigneusement, à son grand dam, dans les profondeurs de Satan de ses raisonnements hérétiques :
« Le Père Cavalcoli ne peut pas prétendre que le recours au Magistère strictement actuel est le seul moyen de connaître infailliblement la vraie doctrine ».
Et pour bien montrer que le Magistère du présent ne saurait rendre compte, avec sûreté, de la Foi, le rédacteur lefébvriste prend ici à tâche de nous embarquer dans une réflexion pseudo-philosophique sur le fait que... LE PRÉSENT N'EXISTE PAS VRAIMENT !
C'est hallucinant de voir jusqu'où peut aller une âme qui ne veut pas rejeter son péché intellectuel. Citation :
« Pris dans un sens très strict, presque « mathématique », ce principe [de recourir au Magistère strictement actuel] aboutirait à une absurdité : en effet, l'enseignement que le Pape a donné il y a deux jours n'est plus « actuel » au sens strict, et encore moins l'enseignement d'un Concile qui a eu lieu il y a cinquante ans. Pour être précis, la vérité est que pour un acte de foi actuel d'un membre de l'Église, la règle prochaine est toujours un enseignement passé (au moins de quelques instants) »...!!
On est là en pleine folie hérétique qui veut se rendre à elle-même raison qu'elle s'appelle sagesse.
Déjà plus haut, rappelons-nous, le lefébvriste nous avait inquiété en affirmant que le Magistère du présent n'était différent du Magistère du passé que chronologiquement, pas substantiellement… ...
Éh bien !!!, c'est dit. Allons jusqu'au bout du raisonnement, c'est-à dire pressons tout le pus de l'abcès lefébvriste : s'il en était ainsi du présent que le dit le lefébvriste, alors, il serait un pur fantôme, il n'existerait pas.
Quand par exemple je prononce une phrase et que vous êtes à deux pas de moi pour l'écouter, ô lefébvriste, cette phrase sera intellectuellement inaudible par vous puisque un mot en chassant un autre immédiatement la seconde suivante, alors, si je vous dis :
« Vous êtes fou », vous ne pourrez pas le comprendre ; en effet, quand ma langue, juste après avoir prononcé le mot « vous » sera rendue à prononcer le mot « êtes », vous n'aurez plus conscience du « vous » antécédent qui sera déjà évanoui dans les abîmes inconnaissables du passé, et donc vous ne pourrez plus savoir que c'est vous que je considère être quelque chose, et lorsque, troisième palier, ma langue prononcera le « fou », il viendra en suspension solitaire dans un univers incompréhensible :
- non seulement vous ne pourrez pas comprendre que c'est « vous » que je considère comme étant « fou », mais pire, le mot « êtes » étant déjà lui aussi évanoui, vous ne saurez pas si je veux donner une définition générale de la folie par exemple, ou bien en qualifier une personne !
À ce stade-là, où le présent n'existe plus du tout, il n'y a plus, justement, qu'à sortir les camisoles de force pour en garrotter tous les lefébvristes.
Le lefébvriste, là, pour justifier son hérésie, vient de nous faire un exposé de l'... inexistentialisme !
Le problème, c'est qu'au lieu d'être un amusant divertissement, un délassement de l'esprit sans suite, un peu comme Xavier de Maistre avait écrit son Voyage autour de ma chambre, on se rend compte, atterré, que le lefébvriste professe très sérieusement sa folie inexistentialiste quant à la Foi sur le point capital de l'infaillibilité de l'Église actuelle :
« L'Église magistérielle actuelle inexiste, donc je suis », nous dit-il.
Le lefébvriste est bel et bien théologiquement dans la folie d'inexister l'Église actuelle. Ses propos hélas ne nous font que par trop bien comprendre où il en est, à savoir de ne pas croire à l'Église du présent, celle que le Christ nous donne hic et nunc...
Le Magistère ecclésial actuel du PRÉSENT
Après ce dangereux vent de folie, il est bon de rappeler la vraie doctrine, catholique, concernant « le seul moyen de connaître infailliblement la vraie doctrine » comme dit le lefébvriste, ce SEUL moyen qui réside TOUT ENTIER dans le Magistère ecclésial actuel du... PRÉSENT.
Qu'est-ce que le Magistère ecclésial du présent ?
Le Magistère ecclésial du présent, c'est tout simplement le dernier en date, dont, sous peine d'anathème formel, je dois prendre acte et que je dois intégrer à ma croyance, parce que c'est lui qui la fait vivre.
Il y a évidemment plusieurs acceptions au mot « présent », mais l'acception la plus obvie, commune, est que ce que je dois considérer comme le Magistère du présent pour moi, c'est celui de « ma » génération ecclésiale, celui qui est le compagnon spirituel, l'ange gardien de ma courte vie terrestre au regard de la vie multiséculaire de l'Église militante, celui de « mon » pape, ou de son successeur s'il vient à mourir si moi je vis toujours.
Le Magistère du présent sera pour moi compris entre ces deux fourchettes de dates de ma naissance et de ma mort. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Or donc, aux extrêmes antipodes de ce que débite hérétiquement le lefébvriste dans sa réponse de très-mauvaise foi au P. Cavalcoli, C'EST CEDIT MAGISTÈRE DU PRÉSENT QUI, POUR MON ÂME, EST LE MOYEN LE PLUS SÛR, NON SEULEMENT POUR CONNAÎTRE DE LA 33 FOI MAIS PLUS ENCORE POUR L'Y FAIRE VIVRE.
Il est critériologiquement supérieur à celui du passé, parce qu'il l'intègre en y ajoutant un « supplément d'âme » doctrinal, comme le dit le P. Cavalcoli qui, quoique conciliaire, parle ici très-bien, parce qu'il manifeste « un état plus avancé, sur la base duquel se jugent les phases précédentes, et non pas le contraire ».
Et non pas le contraire.
Et en effet, le Père dominicain fait bien de le rappeler : ce n'est pas du tout le Magistère du passé qui norme celui du présent, c'est justement l'inverse qui est catholiquement vrai : c'est le Magistère du présent qui norme celui du passé.
Le théologien catholique véritable invoque en effet le Magistère infaillible du présent pour rendre compte du Magistère infaillible du passé ! C'est fort bien rappelé, et cette doctrine est, en la matière, la doctrine... traditionnelle.
Ce n'est donc pas, comme le lefébvriste se l'imagine dans une inversion radicale (dont il sera bon pour lui de méditer qu'elle est un des noms de Satan), le Magistère du passé qui ordonne le Magistère du présent, c'est, je le répète encore une fois, tout le contraire :
c'est le Magistère du présent qui révèle le Magistère du passé, qui, sans lui, N'EXISTERAIT PAS, NE POURRAIT PAS EXISTER NI VIVRE SALVIFIQUEMENT DANS L'ÂME DE TOUT FIDÈLE.
Pierre a parlé par LA BOUCHE de Léon !
Pour bien le comprendre, que le lefébvriste veuille bien méditer sur l'exclamation de nos Pères qui, dans le concile de Chalcédoine, après la proclamation de la Foi par le pape saint Léon le Grand, se sont tous exclamés magnifiquement :
« Pierre a parlé par LA BOUCHE de Léon ! ».
C'est donc très-simple : si la bouche du pape Léon n'avait pas existé, impossible pour Pierre ou la Tradition, de simplement... exister.
C'est cela le Magistère du présent.
Il est bon de noter d'ailleurs que c'est dès le Concile de Jérusalem, le premier de l'histoire de l'Église aux environs de l'an 51, que saint Pierre lui-même définira ainsi très-physiquement le Magistère du présent :
« Les Apôtres et les Anciens s'assemblèrent pour examiner cette affaire [du judéo-christianisme]. Une longue discussion s'étant engagée, Pierre se leva et leur dit :
« Mes frères, vous savez que Dieu, il y a longtemps déjà, m'a choisi parmi vous, afin que par ma bouche les Gentils entendent la parole de l'Évangile [Magistère actuel du présent], et qu'ils croient » (Act. XV, 6-7).
Et pendant toute l'histoire de l'Église, cette expression physique très forte, révélatrice, exorcisante de tout « libre-examen »... protestant-lefébvriste, sûrement inspirée du Saint-Esprit, sera sans cesse répétée.
Par exemple, lorsque Pie IX promulgua Quanta Cura en 1864,
ladite encyclique fut ratifiée a-posteriori six mois après par 500 Évêques venus du monde entier, réunis à Rome, lesquels signèrent une adresse de salutation qui fut solennellement remise au pape le 1er Juillet 1865. On y lisait :
« Dans la Foi que Pierre exprime par la bouche de Pie, nous disons, confirmons et déclarons aussi tout ce que tu as dit, confirmé et déclaré pour la sauvegarde du trésor de la Foi transmise, etc. ». Le pape Pie XI rappellera la même expression dans Casti Connubii :
« L'Église parle par Notre bouche ».
Cette expression quasi charnelle n'est pas retenue évidemment tout-à-fait par hasard par les théologiens et les papes, c'est au contraire le Saint-Esprit qui l'inspire. Elle est très-physique, verte, crûe et presque brutale, justement pour bien faire saisir l'importance primordiale dans la transmission de la Foi, du Magistère actuel du présent... »
Or, le rédacteur lefébvriste ose hérétiquement soutenir exactement le contraire, nous venons à peine de le lire :
"Le Père Cavalcoli ne peut pas nier que les enseignements sortis DE LA BOUCHE du Pape et des Évêques ne sont pas tous infaillibles »…!
C'est pourquoi, considérez avec attention, ô rétifs et retors lefébvristes à la Foi très-impure, que les vrais théologiens invoquent le Magistère du présent pour rendre compte de la Foi du passé.
Je n'en prendrai qu'un seul exemple démonstratif parmi tant d'autres en citant le R.P. Perrone, jésuite, qui prouve ainsi dans sa Théologie dogmatique le dogme de l'Immaculée Conception :
« … Il nous reste à démontrer que notre thèse [= l'Immaculée Conception] est fondée sur le sentiment perpétuel de l'Église. Mais ce sentiment se montre dans la manifestation PRÉSENTE de cette même Église. (...)
LA FOI ACTUELLE DE L'ÉGLISE EST UN CRITERIUM TRÈS-CERTAIN POUR PROUVER QUELLE A ÉTÉ LA FOI DE L'ÉGLISE À TOUS LES SIÈCLES ;
Car l'Église ne peut pas changer sa foi, qu'elle tient de la Révélation divine.
Il peut se faire, il est vrai, qu'à certains siècles cette foi ait été moins connue, moins nette pour les simples particuliers, mais elle a toujours été la même en soi, et elle n'a subi aucun changement, car, s'il en avait été ainsi, non seulement la promesse divine de l'infaillibilité perpétuelle péricliteorait, mais il en serait même fait pour toujours. [Et d'ajouter, en note :] De là Bossuet, dans son ouv. intit. Défense de la tradition et des saints Pères, pose-t-il légitimement ce principe avec saint Augustin :
« Pour juger des sentiments de l'antiquité, le quatrième et dernier principe de ce saint (Augustin) est que le sentiment unanime de toute l'Église PRÉSENTE en est la preuve ; en sorte que, connaissant ce qu'on croit dans le temps présent, on ne peut pas penser qu'on ait pu croire autrement dans les siècles passés ».
Ce qu'il développe longuement dans les chapitres qui suivent ; œuv. édit. de Versailles, 1815, tom. V, p. 42" (Perrone, t. II, pp. 423-424 & note 1 de la p. 424).
Ainsi donc, selon les règles de la plus traditionnelle et saine théologie, bafouées honteusement par le lefébvriste :
c'est bel et bien le Magistère du présent qui est « le seul moyen de connaître infailliblement la vraie doctrine », qui rend le plus sûrement compte de la Foi que doit professer le catholique pour être sauvé.
Voici la loi. Et il est très important que le lefébvriste comprenne que le fait ecclésial qui lui semble la contredire anormalement à Vatican II ne change pas la loi, ne peut, en tout état de cause, strictement rien changer à cette loi (parce qu'elle est de droit divin), sans faire immédiatement s'écrouler sur pied, d'un seul coup, tout l'édifice de l'Église, dans une catastrophe irréparable et définitive.
Cet amalgame contre-nature entre Magistère du passé et celui du présent, qui est tout le fond de commerce hérétique de l'exposé lefébvriste, nous rappelle que le moderniste soutient, quant à lui, la thèse de la « tradition vivante »
(Il entend par-là une génération ecclésiale donnée actuelle qui découvre la vérité pour elle sans forcément s'aider de la vérité enseignée par le Saint-Esprit aux générations ecclésiales antérieures (pourtant toutes unanimes entre elles dans l'expression de ladite vérité).
Et, pour lui, c'est cette « vérité du présent » qu'il faut privilégier, même si on se rend compte a posteriori qu'elle est en opposition avec la vérité du passé.
C'est bien sûr une hérésie.
Mais c'est une hérésie qui n'est qu'une outrance indue d'un bon principe. Car il ne faudrait pas, pour la dénoncer comme il se doit, faire comme le faisait Mgr Lefebvre lui-même ou ses clercs à sa suite, ou encore comme feu l'abbé de Nantes, à savoir soutenir l'hérésie opposée, tout aussi grave :
Il n'y aurait pas de « tradition vivante », c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas de communication divine de la Vérité à une génération ecclésiale donnée actuellement vivante, la génération du présent, cette communication ne se ferait qu'à toutes les générations ecclésiales du passé, prises ensemble.
Cette thèse est tout simplement le pendant, l'opposé dialectique, de la première hérésie, tout aussi hérétique qu'elle.
Et de soutenir qu'il peut y avoir, par exception, pour des raisons « très-graves » (qui, théologiquement, ne peuvent pas exister, puisqu'on est en présence du droit divin), des cas où la communication du Saint-Esprit ne se fait pas à une génération ecclésiale du présent, est tout aussi hérétique.
Parce que cette loi de la communication du Saint-Esprit à TOUTES ET CHACUNE des générations ecclésiales jusqu'à la Parousie est une loi de droit divin, qui donc ne saurait souffrir AUCUNE exception.
Cette seconde thèse hérétique de vouloir professer qu'il n'existe pas de tradition vivante en Église, sera par exemple le fond du raisonnement de l'abbé Marcille, Fsspx, lorsque, pour essayer de contrer Dom Gérard du Barroux qui rappelait très-opportunément à la Fsspx cette grande loi (= le Magistère ordinaire & universel infaillible est actualisé dans le présent par la hiérarchie actuelle), il en vient, acculé, à devoir donner sa définition de l'enseignement du Magistère ordinaire & universel quant à la Messe, il ose dire :
quant à la Messe, le magistère ordinaire & universel infaillible, c'est la Messe des Apôtres codifiée par saint Pie V.
Éh bien non, désolé, cette affirmation est hérétique : si l'on croit, comme le lefébvriste a raison sur cela de le faire, à la légitimité des papes de Vatican II, le magistère ordinaire & universel infaillible quant à la messe, c'est la nouvelle messe promulguée par Paul VI, parce que celui-ci a voulu expressément, sans la moindre équivoque.
(... contrairement à ce qu'on ose affirmer mensongèrement maintenant, que ce soit à Écône ou au Vatican…), que ce nouvel Ordo soit un acte du Magistère ordinaire & universel infaillible, revêtu de la même autorité qu'avait employée saint Pie V pour promulguer le sien :
« Le nouvel Ordo a été promulgué POUR ÊTRE SUBSTITUÉ À L'ANCIEN, après une mûre réflexion, et à la suite des instances du Concile Vatican II. CE N'EST PAS AUTREMENT QUE NOTRE SAINT PRÉDÉCESSEUR PIE V AVAIT RENDU OBLIGATOIRE LE MISSEL RÉFORMÉ SOUS SON AUTORITÉ, À LA SUITE DU CONCILE DE TRENTE » (Paul VI, dans le fameux Consistoire secret où il condamnait Mgr Lefebvre, cf. l'Osservatore Romano des 24-25 mai 1976).
C’est ici évidemment avant le Motu proprio du pape Benoît XVI libéralisant le rite extraordinaire.
Résumons la question :
Pas de tradition vivante qui ne révèle la tradition du passé ; pas plus de tradition du passé qui ne vive, actée, actualisée et vivifiée par le Saint-Esprit, dans la génération ecclésiale du présent.
Car, dans l'Église, le passé invoque, appelle, épouse le présent (comme d'ailleurs le futur), dans la Vérité éternelle et immuable, indissociable, qui n'est autre que Dieu Lui-même.
Conclusion générale sur ce point :
On ne saurait donc JAMAIS invoquer le Magistère du passé contre le Magistère du présent.
Il n'y a rien de plus antithéologique et attentatoire à la Constitution divine de l'Église, que cette proposition.
C'est pourquoi la phrase suivante du rédacteur lefébvriste est complètement hérétique :
« Un Magistère un peu antérieur au Magistère «actuel» (mais aussi un Magistère éloigné dans le passé) peut être une règle immédiate de Foi ».
Ceci est archi-hérétique, ce Magistère, même seulement un peu passé, ne peut, dans tous les cas de figure, être une « règle immédiate de la Foi », que s'il s'exprime, qu'il passe, au moins de quelque minime mais absolument indispensable manière, par le Magistère du présent.