Article 9 : Le Concile Vatican II a-t-il été la version catholique d'une crise plus globale de civilisation ? Deuxième partie.
Tenues vestimentaires au XIX° siècle.
Le changement de civilisation que révèle Vatican II, en le précipitant, ce changement couvait depuis les débuts du 19 ° siècle. Voici un petit résumé en quelques images parlantes (des études complètes ont été faites sur le sujet) d’une bascule significative qui s’opère lentement sous la pression de la Révolution dite « française » initiée en 1789. Il s’agit de celui qui s’établit entre les mœurs catholiques et la foi catholique. Un indicateur des prémisses d’une corruption de la foi par des mœurs nouvelles rompant avec 19 siècles de catholicisme. Un changement sociétal que l’Église a très tôt combattu. Sans succès.
La révolution des mœurs catholiques n’a pas commencé avec la mini-jupe en 1968 comme on le croit. Et Vatican II n’y est pour rien.
Vatican II, à son corps défendant, a manifesté le véritable état de santé de la foi chrétienne occidentale soumise, désormais depuis un siècle (La Vierge Marie en 1917 nous prévient de cela à Fatima), aux tentations redoutables de la modernité, et non pas du « modernisme » qui n’aurait jamais pu faire son lit sur des mœurs toujours gardées par une vie et un état d’esprit évangéliques.
Jeunes femmes arméniennes en 1920.
En 1900, les dames et jeunes filles chrétiennes, citadines ou campagnardes, étaient en général habillées jusqu’aux chevilles, toujours au-dessous des mollets, et une rupture très nette au lendemain de la première guerre mondiale, avec Coco Chanel, Paul Poiret, Jeanne Lanvin ou Lucien Lelong et des ourlets qui remontent de 20 à 25 cm en quelques années (chez une partie des femmes, car toutes ne vont pas céder tout de suite. Il faudra attendre les années 40 pour que la mode se généralise).
Enfants dans les années 1910 (on constate déjà une nette différence d'avec les années 1860).
Pendant 30-40 ans les choses s’aggravent lentement, avec parfois de légers rallongements de la mode, en 1930 et 1950.
En 1920.
Puis arrivent les années 6O ou le vêtement remonte au genou. Coco Chanel elle-même s’élèvera contre ces genoux et ces cuisses dévoilés.
Depuis la deuxième moitié du XIX° siècle, les petites filles étaient habillées de plus en plus court, mais jusqu’à 12-13 ans. Puis elles étaient ensuite habillées long. Elles ont ainsi pris, depuis leur enfance, des habitudes qu’il n’a pas été difficile de faire voler en éclats en quelques années.
1922, Pie XI, dans son encyclique Ubi Arcano sur la paix du Christ dans le règne du Christ, se plaignant des différentes causes de la décadence de la société ( en 1922, soit 40 ans avant le Concile !), dénonce :
« Les limites imposées par la pudeur sont dépassées, surtout dans les modes et les danses, par suite de la légèreté des femmes et des jeunes filles ». Et tout au long des années 20 et 30, les Papes vont s’élever contre cela.
Mais leur voix sera étouffée et engloutie par le monde moderne que les catholiques se sont empressés de suivre.
Et nous avons une des causes profondes de la désaffection du catholicisme, dont certains accuseront le Concile Vatican II qui fera le choix d’accompagner dorénavant la tendance moderne plutôt que de la combattre, ce qu’Elle avait échoué à faire pendant un siècle.
Dans les années 20.
Par exemple, Pie XI en 1928, qui dans son encyclique « Miserentissimus Redemptor » se plaint encore que les bornes de la décence ont été dépassées, puis de nouveau en 1928, la Congrégation des Religieux : le 23 Août, elle dénonce les modes immodestes des jeunes filles y compris dans les écoles catholiques.
En 1928 toujours, le Cardinal Pompili, Vicaire de Rome, édicte des règles de base pour préserver un minimum de modestie chrétienne dans les écoles de filles de Rome.
La Sacrée Congrégation du Concile en 1930 publie une Instruction aux Ordinaires Diocésains qui fustige « les modes indécentes introduites partout aujourd’hui dans les habitudes vestimentaires féminines » et parle d’un « débordement de licence et d’impudence ».
La révolution du peuple chrétien est, bien entendu, multifactorielle, même si elle est plus visible par les modes vestimentaires.
Elle tient également - et dans des rapports d’influence plus puissants encore, à des facteurs comme l’arrivée dans les foyers chrétiens ruraux - jusque-là ordonnés par la prière et une vie laborieuse, de l’électricité, de la radio, de la voiture familiale, des congés payés, de la télévision en noir et blanc, puis du cinéma, du culte du corps, la démocratisation du sport…
Et intellectuellement, par des auteurs matérialistes ou subjectivistes très influents sur la pensée catholique comme Kant, Darwin, Hegel, Marx… Mais c’est un autre volet du même sujet.