Le spécimen apvs, aspis vipera, est visiblement encore de mauvaise foi et il se fait à nouveau coco le perroquet polémiste et diffamateur (m’ayant plus bas étrangement et à tort attribué une certaine « profession de foi »).
Plusieurs remarques :
1) L’helléniste et latiniste catholique Yves Daoudal, que j’ai cité plus bas, rejoint sur l’essentiel mon point de vue et contredit sur l’essentiel le point de vue de apvs. Pour nier cela, il faudrait vraiment avoir la capacité extrême à nier le réel et « fumer la moquette ».
2) Je ne connais pas un seul exégète ou un seul théologien catholique post-conciliaire qui ait avancé l’idée selon quoi Dieu puisse faire entrer Lui-même en tentation le pécheur et encore moins qu'Il puisse être Lui-même un tentateur, durant les décennies au cours desquelles la traduction (problématique) était « Ne nous soumets pas à la tentation ».
3) La traduction française ancienne « Ne nous laisse pas succomber à la tentation » n’est pas problématique théologiquement mais elle est moins fidèle aux mots mêmes de Notre Seigneur, et elle est moins exacte théologiquement que la nouvelle traduction francophone officielle « Ne nous laisse pas entrer en tentation », laquelle est peut-être la meilleure traduction possible.
Une nouvelle traduction du « Notre Père » : « Ne nous laisse pas entrer en tentation »Durant l'après-concile Vatican II, certaines nations choisirent des traductions classiques, non littérales et théologiquement correctes, comme les pays hispanophones : « No nos dejes caer en la tentación » ( = Ne nous laisse pas tomber dans la tentation ).
4) Que cette traduction latine littérale du grec de la Vulgate, qui ponctuellement prête donc objectivement à erreur, ait été adoptée durant des siècles par l’Église jusqu’à nos jours, et le fait qu’elle ait été dite par des docteurs et quantité de saints, n’enlève rien au caractère équivoque et théologiquement problématique de cette traduction.
5) Il n’est vraiment pas convenable de traduire les paroles manuscrites originelles au gré de sa propre fantaisie, par exemple en décrétant tel apvs que « dūco » signifie « progresser » !
6) Étant donné la nature objectivement équivoque et théologiquement problématique de cette traduction ponctuelle de la Vulgate, rien dans la Foi catholique n’empêche l’Église de décider un jour de corriger cette phrase en latin du
Pater, ainsi que ponctuellement la Vulgate selon une édition revue et corrigée. Il existe d’ailleurs une néo-Vulgate approuvée en 1979 par l’Église, laquelle elle-même n’est pas au-dessus de toute critique. Traduire en effet c’est parfois être contraint de trahir le texte d'origine, ne serait-ce que légèrement.
7) Il n’est pas nécessaire d’être un docteur ou un saint de l’Église pour traduire spontanément dans son esprit le verset originel : « N’incline pas mon cœur vers les paroles mauvaises », par : « Ne laisse pas mon cœur s’incliner vers les paroles mauvaises », en le disant ou en le lisant. La traduction littérale du grec et du latin de ce verset du psaume 140 est pourtant une traduction trompeuse, théologiquement inexacte. La nouvelle traduction officielle francophone de l’Eglise a d’ailleurs opté à juste titre pour une traduction non littérale :
www.aelf.org/bible/Ps/140Ainsi en est-il aussi pour toute traduction littérale problématique quant à cette demande du
Pater Noster, et pour tous les cas analogues présents dans la Bible.
8) Une partie des Latins du Ier siècle comprenaient peut-être spontanément le sens des hébraïsmes dérivés du grec et présents dans leur langue latine sans qu’ils en aient conscience. Mais il n’empêche que les latinistes affirment à notre époque que « Ne nos inducas in tentationem » ne peut se traduire fidèlement à la lettre du texte autrement que sous une forme grammaticale trompeuse, à savoir
« Ne nous fais pas entrer en tentation » au lieu de
« Ne nous laisse pas entrer en tentation ».9) Les habitants chrétiens de l’Empire romain dont la langue maternelle était le latin et qui durant les premiers siècles de notre ère assistaient à la liturgie latine, comprenaient facilement le sens des paroles de la liturgie latine, sans filtre, de même que depuis la réforme liturgique post-conciliaire les catholiques comprennent dans leurs langues maternelles respectives, sans filtre, la liturgie latine. Du reste, de plus en plus de voix parmi le peuple catholique s’élevaient, suite à la disparation de l’Empire romain occidental et dès lors que le latin était devenu une langue étrangère dans beaucoup de contrées, pour que la liturgie et la Bible fussent traduites en langues vernaculaires. Les erreurs de traduction en langues vernaculaires du missel romain ainsi que le débat houleux autour du
Novus ordo étant des questions à part.
10) Comme je l’avais écrit initialement avant apvs en citant les paroles de St Jacques, l’important, par-dessus tout, quelles que soient les traductions plus ou moins heureuses de ces mots du
Pater, c’est que les catholiques soient correctement catéchisés de façon entre autres à ce qu’ils ne puissent surtout pas s’imaginer que Dieu soit un tentateur, au contraire du diable.