Arthur De la Baure
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L' Église conciliaire précise l'infaillibilité et confirme les "sédévacantistes" en la matière

À propos de la réception des Documents du Magistère et du désaccord public

Article de Mgr Tarcisio Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (*)

(*) Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 20 décembre 1996. Traduction de la DC. Dans ce texte, toutes les références à la documentation catholique sont de notre rédaction.

Si l’on considère, parmi les Documents du Magistère récemment publiés, les Encycliques Veritatis splendor (DC 1993, n° 2081, p. 901-944) et Evangelium vitae (DC 1995, n° 2114, p. 351-405), la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (DC 1994, n° 2096, p. 551-552) et le Responsum ad dubium (DC 1995, n° 2128, p. 1079-1080) de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la doctrine d’Ordinatio sacerdotalis, ainsi que la Lettre de cette même Congrégation aux évêques de l’Église catholique sur la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés (DC 1995, n° 2103, p. 931-932), on se rend compte tout d’abord que ces Documents ont trouvé un très large écho qui fut même, par certains aspects, parfois retentissant dans de nombreux milieux ecclésiaux ou relevant de la société civile.

En ce qui concerne les milieux ecclésiaux et ecclésiastiques, on a pu constater des manifestations de total assentiment et de grande appréciation pour la publication de ces Documents, que ce soit de la part de nombreux cardinaux et Prélats, comme aussi de Conférences épiscopales, et même de nombreux prêtres et fidèles laïcs réagissant en leur nom personnel, qui se sont exprimés par écrit, adressant soit au Saint-Père soit à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, leur adhésion et leur consentement à la doctrine proposée par l’enseignement du Magistère dans ces Documents. Il faut souligner en outre que l’initiative de présenter au préalable les Documents pontificaux – dans le cas des deux Encycliques comme dans celui de la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis – aux présidents des Conférences épiscopales principalement intéressées, au cours d’une réunion auprès du Saint-Siège, a été appréciée et a donné de bons résultats en ce qui concerne l’approfondissement du lien de communion entre le Siège apostolique, les évêques pris individuellement et les Conférences épiscopales, dans le but également de parvenir à de meilleurs résultats quant à la diffusion et l’accueil des Documents magistériels.

Par ailleurs, des voix dissonnantes ou exprimant un désaccord se sont également fait entendre, venant de théologiens, d’associations et de groupes ecclésiastiques, qui ont mis en doute soit le contenu et le fondement théologique des enseignements de ces

Documents, soit leur valeur doctrinale et leur force contraignante, contestant que l’on puisse qualifier ces doctrines de définitives ou même comme proposées de manière infaillible par le Magistère. Il semble donc que l’on doive réfléchir sur les principales difficultés formulées en ce qui concerne la valeur et le degré d’autorité de ces interventions magistérielles.

I.

Sous l’angle doctrinal, et à la lumière de l’ensemble des réactions et des principales critiques faites à ces Documents magistériels susdits, il semble qu’il faille tout spécialement souligner certains aspects essentiels qui, dans le climat théologique et ecclésial d’aujourd’hui, sont source de confusion et d’ambiguïté, et sont la source en pratique de conséquences négatives dans l’enseignement de la théologie et le comportement de certains milieux ecclésiastiques.

1. En premier lieu, on doit signaler la tendance à tout mesurer selon le paramètre de la distinction entre " Magistère infaillible " et " Magistère faillible ". L’infaillibilité devient alors la mesure dominante de tous les problèmes d’autorité, au point de remplacer de fait le concept d’autorité par celui d’infaillibilité. De plus, on confond souvent la question de l’infaillibilité du Magistère et la question de la vérité de la doctrine, en supposant que l’infaillibilité est la préqualification de la vérité et du caractère irréformable d’une doctrine, et en faisant dépendre la vérité et le caractère définitif d’une doctrine de l’infaillibilité ou non de la déclaration magistérielle. En réalité, la vérité et le caractère irréformable d’une doctrine dépendent du depositum fidei, transmis par l’Écriture et la Tradition, alors que l’infaillibilité ne se réfère qu’au degré de certitude de l’acte d’enseignement magistériel. Dans les diverses attitudes critiques qui se sont manifestées à l’égard des récents Documents du Magistère, on oublie de plus que le caractère infaillible de l’enseignement, et le caractère définitif et irrévocable de l’assentiment qui lui est dû, ne sont pas une prérogative qui appartient seulement à ce qui a été " défini " solennellement par le Pontife romain ou le Concile œcuménique. Quand les évêques dispersés dans leurs diocèses respectifs, en communion avec le Successeur de Pierre, enseignent qu’une doctrine doit être tenue d’une manière définitive (cf. Lumen gentium, 25 § 2), ils jouissent de la même infaillibilité que celle du Magistère du Pape s’exprimant " ex cathedra " ou du Concile.

Il faut donc réaffirmer que, dans ses Encycliques Veritatis splendor, Evangelium vitae, et dans la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, le Pontife romain a voulu même si ce n’est pas sous une forme solennelle – confirmer et réaffirmer des doctrines qui appartiennent à l’enseignement du Magistère ordinaire et universel, et que l’on doit donc tenir d’une manière définitive et irrévocable.

De plus, on doit aussi se souvenir que si l’autorité des enseignements du Magistère connaît des degrés différents entre eux, cela ne signifie pas que l’autorité exercée à un degré mineur puisse être considérée comme une opinion théologique, ou bien que, en dehors du cadre de l’infaillibilité, seule l’argumentation compterait et qu’alors une certitude commune de l’Église en matière doctrinale s’avérerait impossible.

2. En second lieu, ces considérations apparaissent très importantes en ce qui concerne l’adhésion à l’enseignement de Veritatis splendor et d’Evangelium vitæ, d’Ordinatio sacerdotalis et aussi du Responsum et de la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la réception de la communion eucharistique par les fidèles divorcés remariés : s’agissant d’enseignements proposés ou confirmés par le Magistère sans recourir au " mode définitoire " (jugement solennel), l’idée s’est répandue que ces enseignements peuvent être révisés ou réformés par la suite, peut-être sous un autre pontificat. Cette idée est totalement privée de fondement et manifeste une compréhension erronée de la doctrine de l’Église catholique sur le Magistère.

En effet, considérant l’acte de l’enseignement, le Magistère peut enseigner une doctrine comme définitive soit par un acte définitoire soit par un acte non définitoire. Tout d’abord, le Magistère peut proclamer une doctrine comme définitive, et donc à croire de foi divine ou à tenir d’une manière définitive, par une déclaration solennelle du Pape " ex cathedra ", ou d’un Concile œcuménique. Mais le Magistère pontifical ordinaire peut enseigner comme définitive une doctrine en tant qu’elle est constamment conservée et tenue par la Tradition et transmise par le Magistère ordinaire et universel. En l’espèce, l’exercice du charisme de l’infaillibilité ne se présente pas comme un acte définitoire du Pape, mais concerne le Magistère ordinaire et universel, que le Pape reprend par sa déclaration formelle de confirmation et de réaffirmation (généralement dans une Encyclique ou une Lettre apostolique). Si l’on soutenait que le Pape doit intervenir nécessairement par une définition " ex cathedra " chaque fois qu’il entend déclarer comme définitive une doctrine en tant qu’elle appartient au dépôt de la foi, cela entraînerait implicitement une dévaluation du Magistère ordinaire et universel, et l’infaillibilité ne serait réservée qu’aux définitions solennelles du Pape ou d’un Concile, donc dans une perspective autre que celle donnée par l’enseignement de Vatican I et de Vatican II, qui attribuent un caractère infaillible également aux enseignements du Magistère ordinaire et universel.

En ce qui concerne la nature particulière d’un enseignement du Magistère pontifical qui entend simplement confirmer ou réaffirmer une certitude de foi déjà vécue de manière consciente par l’Église ou affirmée par l’enseignement universel de tout le Corps épiscopal, on peut la voir, non pas en soi dans l’enseignement de la doctrine elle-même, mais dans le fait que le Pontife romain déclare formellement qu’il s’agit d’une doctrine qui appartient déjà à la foi de l’Église et est enseignée infailliblement par le Magistère ordinaire et universel comme divinement révélée ou qui doit être tenue d’une manière définitive.

À la lumière de ces considérations, il semble que ce soit un faux problème que de se demander si tel acte pontifical de confirmation de l’enseignement du Magistère ordinaire et universel est infaillible ou non. En effet, tout en n’étant pas par elle-même une définition dogmatique (comme le dogme trinitaire de Nicée, ou le dogme christologique de Chalcédoine, ou les dogmes marials), la déclaration pontificale de confirmation jouit de la même infaillibilité dont jouit l’enseignement du Magistère ordinaire et universel, qui inclut le Pape non pas comme simple évêque mais comme Chef du Collège épiscopal. À cet égard, il est important de préciser que le Responsum ad dubium de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la doctrine enseignée dans la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, tout en mentionnant le caractère infaillible de cette doctrine déjà en possession de l’Église, a voulu simplement réaffirmer qu’elle n’est pas proposée de manière infaillible seulement à partir de ce Document pontifical, mais que celui-ci confirmait ce qui partout, toujours et par tous, a été tenu comme appartenant au dépôt de la foi. Il est donc essentiel de conserver le principe qu’un enseignement peut être proposé infailliblement par le Magistère ordinaire et universel, même par un acte qui n’a pas la forme solennelle d’une définition. 3. On a soulevé en outre, ici ou là, la question de la réception d’une doctrine enseignée comme révélée ou comme devant être tenue définitivement par le Magistère ordinaire et universel, et on a dit, par exemple, que, pour cette réception, il faut que soit explicitement manifestée la volonté unanime de tout le Corps épiscopal, non seulement de proposer une affirmation déterminée, mais aussi de déclarer son caractère absolu et définitivement contraignant. D’où le doute que l’on ne rencontrerait pas ces qualités requises en matière de doctrine concernant la non admission des femmes à l’ordination sacerdotale, ni non plus en ce qui concerne certaines normes universelles de la loi morale.

Les interrogations et les doutes soulevés semblent toutefois ne pas tenir compte de certains facteurs que l’on doit mentionner, ne serait-ce que brièvement :

a) Le Magistère ordinaire et universel consiste dans l’annonce unanime des évêques unis au Pape. Il s’exprime par ce dont tous les évêques (y compris l’Évêque de Rome, qui est le chef du Collège) témoignent communément. Il ne s’agit pas de manifestations extraordinaires, mais de la vie normale de l’Église, de ce qui, sans initiatives particulières, est prêché comme doctrine universelle dans la vie ecclésiale quotidienne. " Ce Magistère ordinaire est ainsi la forme normale de l’infaillibilité de l’Église " (1). Il s’ensuit qu’il n’est pas du tout nécessaire que tout ce qui fait partie de la foi doive devenir explicitement un dogme. Il est au contraire normal que la seule " communauté dans l’annonce " – qui comprend non seulement des mots mais aussi des faits – propose la vérité.

L’importance particulière et explicite de la définition dogmatique est précisément un cas extraordinaire, provoqué la plupart du temps par des motifs tout à fait particuliers et bien précis.

b) De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela veut dire que le consensus moralement unanime embrasse toutes les époques de l’Église, et c’est seulement si on écoute cette totalité que l’on demeure dans la fidélité aux Apôtres. " Si quelque part – observe le cardinal Ratzinger dans une étude –, on en venait à former une "majorité" contre la foi de l’Église d’autres temps, ce ne serait absolument pas une majorité " (2).

Il faut observer par ailleurs que la concorde de l’épiscopat universel en communion avec le Successeur de Pierre, quant au caractère doctrinal et contraignant d’une affirmation ou d’une pratique ecclésiale des temps passés, n’est pas annulée ou relativisée par certains désaccords qui pourraient apparaître à une époque postérieure.

c) Enfin, en ce qui concerne spécialement l’enseignement sur l’ordination sacerdotale qui doit être réservée uniquement aux hommes, il faut rappeler que la Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis a confirmé que cette doctrine est conservée par la Tradition constante et universelle de l’Église et a été enseignée avec fermeté par le Magistère dans des Documents plus récents (n. 4). Or, on sait que la Tradition est le lieu herméneutique où œuvre et s’exprime sous des formes diverses – parmi lesquelles la persuasion pacifique – la conscience de l’Église quant à la vérité. Dans ce cas spécifique, avec unanimité et stabilité, l’Église n’a jamais pensé que les femmes pourraient recevoir validement l’ordination sacerdotale, et cette même unanimité et stabilité révèlent non pas une décision propre de l’Église, mais son obéissance et sa dépendance à l’égard de la volonté du Christ et des Apôtres. Par conséquent, dans la Tradition universelle en la matière, avec ses traits de stabilité et d’unanimité, on rencontre un enseignement magistériel objectif, définitif et qui lie d’une manière inconditionnelle (3). Le même critère doit aussi être appliqué à d’autres doctrines concernant les normes morales universelles : le meurtre d’un être humain innocent est toujours gravement immoral ; l’adultère ou la calomnie sont toujours un mal… Ces doctrines, bien qu’elles n’aient pas été jusqu’ici déclarées par un jugement solennel appartiennent cependant à la foi de l’Église et sont proposées de manière infaillible par le Magistère ordinaire et universel.

En conclusion, pour que l’on puisse parler de Magistère ordinaire et universel infaillible, on doit exiger que le consensus parmi les évêques ait pour objet un enseignement proposé comme formellement révélé ou comme certainement vrai et incontestable, qui réclame donc de la part des fidèles un assentiment plénier, auquel on ne peut renoncer. On peut partager la requête de la théologie de faire des analyses soignées pour chercher à motiver l’existence de ce consentement ou de cet accord. Mais n’est pas fondée l’interprétation que le contrôle d’un enseignement infaillible du Magistère ordinaire et universel exigerait aussi une formalité particulière dans la déclaration de la doctrine en question. Autrement, on tomberait dans le cas d’espèce de la définition solennelle par le Pape ou le Concile œcuménique (4).

Les clarifications précédentes apparaissent aujourd’hui nécessaires, non pas pour répondre à des questions académiques subtiles et sophistiquées, mais pour repousser une interprétation réductrice et simplificatrice de l’infaillibilité du Magistère, en proposant dans le même temps des principes théologiques corrects pour l’interprétation de la valeur des enseignements magistériels et la qualité des doctrines.
steack
Bertone : "De plus, on confond souvent la question de l’infaillibilité du Magistère et la question de la vérité de la doctrine, en supposant que l’infaillibilité est la préqualification de la vérité et du caractère irréformable d’une doctrine, et en faisant dépendre la vérité et le caractère définitif d’une doctrine de l’infaillibilité ou non de la déclaration magistérielle"
Donc pour …Plus
Bertone : "De plus, on confond souvent la question de l’infaillibilité du Magistère et la question de la vérité de la doctrine, en supposant que l’infaillibilité est la préqualification de la vérité et du caractère irréformable d’une doctrine, et en faisant dépendre la vérité et le caractère définitif d’une doctrine de l’infaillibilité ou non de la déclaration magistérielle"

Donc pour Bertone, il existe des déclarations magistérielles non infaillibles. Ce que nient farouchement les sédévacantistes dans leurs croyances modernes...malgré l'enseignement constant de 19 siècles d'histoire de l'Eglise
steack
Bertone :
"Quand les évêques dispersés dans leurs diocèses respectifs, en communion avec le Successeur de Pierre, enseignent qu’une doctrine doit être tenue d’une manière définitive (cf. Lumen gentium, 25 § 2), ils jouissent de la même infaillibilité que celle du Magistère du Pape s’exprimant " ex cathedra " ou du Concile."
Or notre Arthur conteste l'infaillibilité du 3eme Concile de …Plus
Bertone :
"Quand les évêques dispersés dans leurs diocèses respectifs, en communion avec le Successeur de Pierre, enseignent qu’une doctrine doit être tenue d’une manière définitive (cf. Lumen gentium, 25 § 2), ils jouissent de la même infaillibilité que celle du Magistère du Pape s’exprimant " ex cathedra " ou du Concile."

Or notre Arthur conteste l'infaillibilité du 3eme Concile de Constantinople qui a condamné le pape Honorius.
JeanBaptiste
Non ça ne confirme pas la position des sédévacantistes, car les sédévacantistes nient l'existence des enseignements réformables, ils parlent comme si le magistère seulement authentique n'existait pas. Or ce n'est pas ce que dit Mgr Bertone ici...
steack
Exact !
Mais plus encore concernant le MOU :
Bertone : "De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela …Plus
Exact !
Mais plus encore concernant le MOU :
Bertone : "De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela veut dire que le consensus moralement unanime embrasse toutes les époques de l’Église,"

Donc le MOU doit être semper ubique ( canon de Lérins). Pas sûr que tous les sédévacantistes adhèrent à cette définition...

😊
steack
Quand Bellarmin nie la bulle Unam Sanctam : "Dès lors, nous déclarons, disons, définissons et prononçons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain" ( Unam Sanctam, Pape Boniface VIII)
Bellarmin : « L’homme n’est pas tenu d’obéir au pape quand ce que celui-ci commande est contraire à la loi de Dieu, et même dans quelques autres casPlus
Quand Bellarmin nie la bulle Unam Sanctam : "Dès lors, nous déclarons, disons, définissons et prononçons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain" ( Unam Sanctam, Pape Boniface VIII)

Bellarmin : « L’homme n’est pas tenu d’obéir au pape quand ce que celui-ci commande est contraire à la loi de Dieu, et même dans quelques autres cas. Lorsque le commandement d’un homme est manifestement contraire à la loi de Dieu, c’est un devoir de lui désobéir (… ) les docteurs indiquent les remèdes suivants : avoir recours à Dieu par l’oraison, admonester ledit pape avec tout respect et révérence, n’obéir point à ses commandements notoirement injustes, et enfin lui résister, et empêcher qu’il ne fasse le mal projeté. »
(Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, II, 29)

. « La papauté et Pierre sont comme « matière » et « forme » et seul Jésus-Christ a pouvoir sur leur union…et pour cette raison Lui seul peut mettre des limites et établir la puissance du Pape. Un Pape qui est devenu hérétique incorrigible n’est pas automatiquement destitué … l’Eglise n’a pas puissance sur la Papauté, (…) il faut dire que, quand Pierre, devenu hérétique incorrigible est déposé par l’Eglise, il est jugé et déposé par une puissance supérieure non à la Papauté mais à l’union entre la Papauté et Pierre.»
(Cajetan, De Comparatione Auctoritatis Papæ et Concilii, c. XX .1511).

« Si la foi est en danger, un sujet pourrait réprimander son prélat, même publiquement. »
(St Thomas, Som. Th., IIa IIae, Qu. 33, article 4, ad2).

Cette situation de souillure des membres du Corps mystique, fait qu’en dehors de son enseignement ex cathedra, et en dehors de son enseignement ordinaire, quand il cesse de répéter ce que la tradition unanime tient pour révélé, et donc quand il parle comme théologien privé, un pape peut tomber dans l’hérésie.

Cette possibilité – sans laquelle il serait comme Dieu – est depuis toujours connue et professée par l’Église. Un canon du Décret de Gratien en fait mention explicite. Or, si le Décret est une compilation de formules canoniques datée de 1119
, ce canon remonte à une beaucoup plus haute antiquité ; il sera sans cesse confirmé par un usage constant dans la suite des temps.
« Que nul mortel n’ait l’audace de faire remontrance au pape pour ses fautes ; car il ne peut être jugé par personne celui qui doit juger tous les hommes, EXCEPTÉ S’IL EST REPRIS POUR AVOIR DÉVIÉ DE LA FOI. » (…) Or l’affirmation claire que le Pape peut être repris par quiconque dans ce seul et unique cas, à savoir quand il est suspecté d’avoir « dévié de la foi », cette affirmation est corroborée par Innocent III, Innocent IV, Grégoire IX.
steack
Canon 598 pour les Eglises orientales
"On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition, c'est-à-dire dans l'unique dépôt de la foi confié à l'Eglise, et qui est en même temps proposé comme divinement révélé par le magistère solennel de l'Eglise ou par son magistère ordinaire et universel, à savoir ce qui est …Plus
Canon 598 pour les Eglises orientales

"On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition, c'est-à-dire dans l'unique dépôt de la foi confié à l'Eglise, et qui est en même temps proposé comme divinement révélé par le magistère solennel de l'Eglise ou par son magistère ordinaire et universel, à savoir ce qui est manifesté par la commune adhésion des fidèles chrétiens sous la conduite du magistère sacré ; tous les fidèles chrétiens sont donc tenus d'éviter toute doctrine contraire."

Canon 599 pour les Eglises orientales :

"Il faut accorder non pas un assentiment de foi, mais une soumission religieuse de l'intelligence et de la volonté à une doctrine que le Pontife Romain ou le Collège des Evêques énoncent en matière de foi ou de moeurs, lorsqu'ils exercent le magistère authentique, même s'ils n'ont pas l'intention de la proclamer par un acte décisif ; les fidèles chrétiens veilleront donc à éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine."

Code canons Eglises orientales: texte - IntraText CT
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steack
Quels sont les différents exercices du Magistère du Pape et des Evêques ?
On peut principalement en discerner 3 formes :
1 - le Magistère extraordinaire ou « solennel ». (Il est universel, ce qui signifie également définitif, et donc infaillible) : il contient les vérités divinement révélées (c'est-à-dire formellement révélées dans la Parole de Dieu), telles qu’on les trouve exprimées dans …Plus
Quels sont les différents exercices du Magistère du Pape et des Evêques ?

On peut principalement en discerner 3 formes :
1 - le Magistère extraordinaire ou « solennel ». (Il est universel, ce qui signifie également définitif, et donc infaillible) : il contient les vérités divinement révélées (c'est-à-dire formellement révélées dans la Parole de Dieu), telles qu’on les trouve exprimées dans les credo, dogmes christologiques ou mariaux et autres vérités essentielles de foi et de mœurs... Ce magistère est dit « solennel » car il s'exerce essentiellement dans les conciles généraux ou œcuméniques, accidentellement dans les promulgations dogmatiques (ex cathedra) dont le pape prend l'initiative après consultation des évêques. Ce magistère appelle de la part des fidèles la Fidei Obsequio, adhésion de foi théologale (c'est-à-dire une soumission et foi due à Dieu Lui-même).
2 - le Magistère universel ordinaire (Encycliques, exhortations, etc…). L’enseignement qu’il contient est lui aussi définitif et engage l’infaillibilité, mais il n’est pas solennel. Les vérités qu’il contient ont un lien organique direct avec les vérités de foi divinement révélées - Il appelle la Religiosum voluntatis et intellectus obsequium, une soumission de l’intelligence et de la volonté à l’enseignement du Saint Père.
3 - Le Magistère authentique (parfois non irreformable), qui s'exerce dans les actes quotidien du Saint-Siège (catéchèses, etc...) ou dans l'enseignement diocésain de l'épiscopat universel en communion avec le pape. Il appelle le Religioso animi obsequio, le plus souvent une obéissance filiale à son évêque, ou au pape.

Theologie Dogmatique : l'essentiel
steack
"De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela veut dire que le consensus moralement unanime embrasse …Plus
"De plus, lorsqu’on parle de la nécessité de vérifier le consensus effectif de tous les évêques dispersés dans le monde ou même de tout le peuple chrétien en matière de foi et de morale, on ne doit pas oublier que ce consensus ne peut être compris dans un sens purement synchronique, mais doit être compris dans un sens diachronique. Cela veut dire que le consensus moralement unanime embrasse toutes les époques de l’Église,"

Donc le MOU doit être semper ubique ( canon de Lérins). Pas sûr que tous les sédévacantistes adhèrent à cette définition...
Donc tout document pontifical qui ne relève ni du MOU ni du magistère extraordinaire n'est pas infaillible. Ex la bulle Unam sanctam qui étend l'obéissance due au pape de façon indue, au point qu'elle avait fait bondir justement Philippe le Bel qui a exigé que Boniface VIII soit poursuivi pour hérésie. Procès que Clément V a accepté d'instruire.
Nihil nous sub solis, mon cher Arthur.
Les hérésies contenues dans le compendium de Benoît XVI relèvent donc de son magistère authentique ou privé.