jean-yves macron
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Article 28 suite, partie 2 : Le Nouvel Ordo de la Messe Paul VI est catholique. Démonstration.

Article 28 suite, partie 2 :

"Il faut n’avoir pas lu les textes, ou être aveuglé par la passion de l’immobilisme à tout prix, pour prétendre que le nouvel Ordo est hérétique, ou polyvalent, ou favorisant l’hérésie. Ou encore que la Messe selon le nouvel Ordo est invalide, ou risque de l’être parce qu’elle pourrait être célébrée par des prêtres modernistes n’ayant pas la foi ni l’intention de faire ce que fait l’Eglise.
Ce danger n’existe ni plus ni moins que pour l’Ordo de S. Pie V. N’importe quel prêtre moderniste peut célébrer l’Ordo de S. Pie V invalidement; il le pourra aussi pour le nouvel Ordo, comme il le pourrait pour n’importe quelle liturgie orientale ou occidentale ; à coup de restriction mentale et d’hypocrisie. Cela n’arrive pas tous les jours, Dieu merci.

2) L’Offertoire.

On a dit que le nouvel Ordo avait supprimé l’Offertoire, et que cette suppression rendait la Messe hérétique, voire invalide, en l’amputant d’un élément essentiel.

Pour répondre à cette question, il suffit de comparer le nouveau rite avec l’ancien :

- Offertoire de S. Pie V.
- Offertoire du nouvel Ordo.

a) Offrande du pain avec geste d’élévation et prière :"Suscipe, sancte Pater hanc immaculatam hostiam…"

a) Offrande du pain : geste d’élévation, prière « Benedictus es… quia … accepimus panem quem tibi offerimus… ex quo nobis fiet panis vitae ».

b) Mélange de l’eau et du vin avec l’oraison : "Deus qui humanae substantiae…"

b) Mélange de l’eau et du vin avec formule courte tirée de l’oraison « Deus qui humanae… »

c) Offrande du vin : Offerimus tibi, Domine, calicem salutaris…
c) Offrande du vin, avec la formule Benedictus es… calquée sur celle du pain.

d) Prière « In spiritu humilitatis » et bénédiction « Veni sanctificator… et benedic hoc sacrificium tuo sancto Nomini praeparatum ».
d) Prière « In spiritu humilitatis », intégralement conservée de l’Ordo de S. Pie V, avec la mention du sacrifice. — « Veni sanctificator » est supprimé.

e) Lavement des mains, avec le psaume 25 : Lavabo.
e) Lavement des mains, avec verset tiré du psaume 50.

f) Dernière prière d’offrande (qui fait doublet avec les précédentes) : Suscipe, sancta Trinitas…
f) La dernière oraison d’offrande est supprimée.

Commentaire :

a)
Un simple coup d’œil montre que l’offertoire est conservé dans sa substance par le nouvel Ordo, et qu’il suit le même schéma que l’ancien.

b) Il n’est pas question de critiquer l’offertoire de l’Ordo de S. Pie V, dont les prières sont très belles, mais il faut souligner les difficultés qu’il soulève :

Les formules employées s’appliquent à un sacrifice, elles parlent d’hostie immaculée, de calice du salut, de sacrifice, etc. Or, l’hostie immaculée, c’est Jésus, ce n’est pas le pain que nous présentons sur l’autel en vue du sacrifice. De même, le calice salutaire, c’est la coupe du Sang du Christ, ce n’est pas le vin que nous apportons.

Enfin, l’offertoire du pain et du vin n’est pas un sacrifice, car il n’y a pas d’autre sacrifice que celui du Christ, lequel est renouvelé, représenté sur l’autel à la consécration, et que le prêtre offre au Père au moment de l’anamnèse, au nom de toute l’Eglise.

Nous savons bien que l’Offertoire de S. Pie V n’enseignait rien de pareil, et que ses formules ne faisaient que désigner par avance ce qui s’accomplirait sur l’autel au moment de la consécration : il n’empêche qu’elles pouvaient prêter à confusion, et que de fait, des théories erronées se sont appuyées sur elles. Elles pouvaient favoriser une espèce de religion de l’homme qui se croit capable par lui-même d’offrir quelque chose à Dieu.

Lepin avait parlé à propos de l’Offertoire de « sacrifice de la Loi naturelle » qui précéderait à la Messe le sacrifice du Christ : mais cela est tout-à-fait inacceptable, tous les sacrifices ayant été abolis par l’unique sacrifice de Jésus.

c) Si donc une partie de la Messe pouvait être « réformée », c’est bien celle-là.

En définitive, qu’est l’Offertoire ?

C’est la préparation de la matière du sacrifice, sa mise à part des choses profanes, sa présentation à Dieu en vue du sacrifice. C’est l’esquisse d’une offrande inachevable par l’homme, et que seul le Christ pourra saisir pour en faire son offrande, l’offrande sacrificielle de Lui-même, de son Corps et de son Sang. Par conséquent, l’offertoire ne doit pas détourner l’attention des fidèles de la consécration où se situe le sacrifice unique et véritable, mais bien plutôt l’orienter vers elle…

Ce n’est pas à l’Offertoire qu’il faut parler de sacrifice et d’oblation (sinon pour annoncer l’un et l’autre) mais au cœur même de l’anaphore ou canon. C’est ce qu’ont toujours fait les liturgies traditionnelles, à commencer par le Canon romain. C’est ce que font les nouvelles anaphores, comme on le verra par la suite,

d) D’ailleurs, plutôt que de raisonner dans l’abstrait, le théologien doit interroger la Tradition. Car en liturgie plus encore que dans d’autres disciplines, c’est l’usage de l’Eglise qui est la règle de référence absolue.

Parmi les témoins de la Tradition, les Ordines Romani tiennent assurément une place privilégiée. L’Ordo romanus primus du VIII° siècle nous offre l’exemple d’une liturgie vivante, d’une magnificence non pareille, tout à l’opposé des « célébrations » dont rêvent nos petits vicaires progressistes. C’est la Messe solennelle du Pape à Rome.

Voyons l’Offertoire :

Le peuple remet ses offrandes aux diacres qui les portent sur l’Autel ; le Pape prend ses propres offrandes (pain et vin) et les dépose lui-même sur l’Autel. Point final. Pas de geste d’élévation. Pas de prière spéciale.

Dira-t-on que l’Offertoire n’existe-pas ?

Mais si, il existe ! Le geste de déposer les offrandes sur l’autel suffit, avec l’oraison sur les oblats, appelée autrefois « secrète ». Il a suffi à l’Eglise romaine pendant huit siècles et plus, et le nouvel Ordo aurait très bien pu revenir à cet usage d’une absolue simplicité sans que personne ait le droit de le taxer d’hérésie ; il ne l’a pas fait, parce qu’il a voulu tenir compte du développement liturgique ultérieur. En cela, il s’est montré « traditionnel », et c’est bien ainsi.

On dira que le VIII° siècle est loin, que la liturgie a progressé depuis, et qu’il n’est pas permis de revenir en arrière. Eh bien, prenons l’exemple des Chartreux. Les Chartreux ont une liturgie propre qu’ils gardent depuis saint Bruno avec la pleine approbation de l’Eglise romaine, cela va sans dire.

Voici ce qui a trait à l’Offertoire :

— En mélangeant l’eau au vin, le prêtre dit :

« Du côté de N.S.J.C. sortit du sang et de l’eau, en rémission des péchés. Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen ». Il se lave les mains en récitant deux ou trois versets du psaume Lavabo. Quand il offre le calice, en le tenant un peu élevé, il dit : « In spiritu humilitatis… » etc, puis il le dépose en faisant le signe de la croix et en disant : « au Nom du Père… » etc.

C’est tout.
Et c’est parfaitement catholique.

e) Voici la formule d’Offertoire du nouvel Ordo :

Benedictus es, Domine, Deus universi,
quia de tua largitate accepimus panem (ou : vinum)
quem tibi offerimus
fructum terrae (ou: vitis) et operis manuum hominum
ex quo nobis fiet parus vitae (ou: potus spiritualis).

Trois remarques à ce sujet :

L’emploi de la même formule pour le pain et pour le vin témoigne d’un manque certain d’imagination.

La formule s’inspire des « bénédictions » (Berakôt) juives dont est sortie directement la prière chrétienne eucharistique. Notre-Seigneur à la Cène a prononcé des prières du même genre pour la « bénédiction » du pain et celle du Calice. De soi, il serait préférable de réserver la forme de prière eucharistique à l’Eucharistie proprement dite, c’est-à-dire à la Préface et à l’anaphore.

« Deus universi » n’est pas biblique et rappelle fâcheusement la traduction française du Sanctus, où « Dieu de l’Univers » prétend remplacer Deus Sabaoth. Il fallait garder Sabaoth ou traduire par « Deus exercituum » ou « Deus virtutum » (cf. Ps 23, 10; 45, 8… etc.), ou bien encore choisir une formule biblique telle que « Deus Rex omnis terrae ».

En conclusion :

l’Offertoire du nouvel Ordo est parfaitement orthodoxe, mais la formule « Benedictus es » devrait être corrigée ou remplacée par une autre qui soit de meilleure inspiration, Nous le demanderons au Saint-Père.

3) La notion de sacrifice a-t-elle disparu du nouvel Ordo ?

Dans l’Offertoire de S. Pie V, le mot « sacrificium » se trouve 2 fois; 1 fois dans le nouvel Ordo. Les mots hostia, oblatio ont disparu du nouvel offertoire, à bon droit comme il a été dit plus haut.

En revanche, l’idée de sacrifice au sens strict, comme devant se réaliser (à la consécration) est affirmée avec force par l’Orate fratres : ut meum ac vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum Patrem omnipotentem », et la réponse du peuple: « Suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis… »

La formule traditionnelle est d’une telle clarté qu’elle n’a besoin d’aucune explication.

Aucun protestant qui en serait resté aux négations de la Réforme ne peut prononcer ces mots-là… Malheureusement, le texte français actuel ne ressemble que de très loin à l’original, et fait perdre à la formule tout son sens théologique.

Mais l’idée de sacrifice se trouve là où elle doit être, c’est-à-dire dans chacune des anaphores et singulièrement à l’anamnèse, c’est-à-dire à la prière qui fait suite au récit de l’Institution et aux paroles de la consécration, prière par laquelle nous « faisons mémoire » de la mort et de la résurrection du Sauveur et offrons au Père avec Lui son Corps et son Sang réellement présents sur l’Autel.

— Dans l’anaphore 2 (de St Hippolyte) : « Memores igitur mortis et resurrectionis ejus, tibi, Domine, panem vitae et calicem salutis offerimus, gratias agentes…

— Dans l’anaphore 3 : « Memores… offerimus tibi, gratias referentes, hoc sacrificium vivum et sanctum. Respice, quaesumus, in oblationem Ecclesiae tuae, et agnoscens Hostiam cujus voluisti immolatione placari, concede, ut qui Corpore et Sanguine Filii tui reficimus… Haec Hostia nostrae reconciliationis proficiat…

— Dans l’anaphore 4 : « Offerimus tibi ejus Corpus et Sanguinem, sacrificium tibi acceptabile, et toti mundo salutare — Respice, Domine, in Hostiam…
Par ailleurs, nous savons de source absolument sûre et directe, que les formules en question ont été choisies parmi les plus explicites dans les anciennes liturgies latines non romaines, notamment celle du Sacramentaire de Tolède et du Missale gothicum.

Il faut n’avoir pas lu les textes, ou être aveuglé par la passion de l’immobilisme à tout prix, pour prétendre que le nouvel Ordo est hérétique, ou polyvalent, ou favorisant l’hérésie. Ou encore que la Messe selon le nouvel Ordo est invalide, ou risque de l’être parce qu’elle pourrait être célébrée par des prêtres modernistes n’ayant pas la foi ni l’intention de faire ce que fait l’Eglise.

Ce danger n’existe ni plus ni moins que pour l’Ordo de S. Pie V. N’importe quel prêtre moderniste peut célébrer l’Ordo de S. Pie V invalidement; il le pourra aussi pour le nouvel Ordo, comme il le pourrait pour n’importe quelle liturgie orientale ou occidentale ; à coup de restriction mentale et d’hypocrisie. Cela n’arrive pas tous les jours, Dieu merci.
jean-yves macron
M. l'abbé Pivert, @juristecatholique , puisque vous avez mis en doute mon honnêteté et que vous avez une formation en droit, je vais vous dédier un prochain article sur le droit à la liberté religieuse que vous devriez être en mesure de comprendre, si vous avez le surplus d'honnêteté qu'il me manque, selon vous. Je vous invite auparavant à consulter les articles qui traitent de l'orthodoxie …Plus
M. l'abbé Pivert, @juristecatholique , puisque vous avez mis en doute mon honnêteté et que vous avez une formation en droit, je vais vous dédier un prochain article sur le droit à la liberté religieuse que vous devriez être en mesure de comprendre, si vous avez le surplus d'honnêteté qu'il me manque, selon vous. Je vous invite auparavant à consulter les articles qui traitent de l'orthodoxie de la déclaration DH promulgué à Vatican II. Voici les deux derniers :

Article 16 : Réponses aux questions de l'abbé…

Article 14 : Epilogue-Résumé des Articles 12) et 13)