Article 18 : l’infaillibilité des élections pontificales canoniquement accomplies. Est-on toujours catholique quand nous doutons de la légitimité pontificale des papes modernes ? Réfutation de la thèse « sedevacantiste ». Partie II
Résumé de l’article 17 :
Quand on s’est donné pour Credo : « puisque DH et le Concile Vatican II sont hérétiques, c’est bien que « l’Eglise Catholique, c’est nous ! », il va falloir à tout prix pour prétendre rester catholiques que DH et Vatican II soient et restent hérétiques, quoi qu’il en coûte. C’est dorénavant une question de survie, de fuite en avant de la contestation et la raison d’être même de la dissidence.
« Le sedevacantisme est une hérésie extrêmement grave et très préjudiciable à l’âme de tout vrai catholique, car il s'avère être en fait un ecclésiovacantisme : en refusant le choix que l'Église Universelle fait de la personne concrète du pape par l'organe des cardinaux canoniquement unanime, cette hérésie supprime l'Église dans l'âme du traditionaliste qui la professe.
Et ce pour la raison théologique dogmatique indubitable que à part les cardinaux, AUCUN autre membre de l'Église, qu'il appartienne aux « membres enseignants » ou aux « membres enseignés », n'a ce pouvoir de valider ou d'invalider la légitimité d'un pape. La récuser, ne pas s'y soumettre, c'est ipso-facto s'excommunier soi-même de l'Église, par le schisme formel.
A aucun niveau, ni d'aucune manière n'intervient un « libre-examen » protestant de la légitimité ou de la foi d’un pape. Ainsi donc, de par la Constitution divine de l'Église, il est théologiquement rigoureusement impossible de supposer que l'Église Universelle puisse créer, désigner et reconnaître publiquement un nouveau Vicaire du Christ à la face de l'Église qui magistériellement n'a pas la Foi.
Voilà, rappelé le droit théologique fondamental en matière de légitimité pontificale.
Malheureusement, le sedevacantiste, dans son appréciation des choses est généralement très-éloigné de cette attitude toute empreinte de sensus Ecclesiae véritable, humble, soumise à ce qu'a voulu Jésus-Christ pour constituer son Église et il va arguer toutes sortes d’échappatoires pour tenter de valider sa thèse. Ainsi donc commence-t-il par invoquer la « non canonicité de l’élection ». Or, nous avons vu qu’il est totalement exclu de supposer que les cardinaux, dans le conclave, puissent faire une élection théologiquement achevée, mais qui serait cependant… « non-canonique », pour quelque cause que ce soit (par exemple que le papabile n'ait pas la Foi, comme le sedevacantiste se l'imagine).
Après avoir exposé « le droit canon », voyons maintenaient ce qu’il est du « droit divin ».
Partie II
« TOUTE élection pontificale théologiquement achevée est couverte par la sainteté irréprochable dont le Christ-Dieu a doté son Église très-pure. Et il n'y en a pas une seule qui ne l'est pas.
Mais la traduction de « sainteté », en langue théologique, c'est : « infaillibilité ». Ce qui signifie que toute élection pontificale complète est absolument et formellement dotée de l'infaillibilité.
Et c'est pourquoi le Cardinal Journet qui ne fait qu'exposer la doctrine catholique, écrit avec tous les théologiens catholiques, que si l'on peut douter que le charisme d'infaillibilité couvre la 1ère partie de l'élection pontificale, celle conclavique, l’infaillibilité couvre avec une certitude ABSOLUE la seconde et dernière partie, à savoir l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle du Pontife romain, juridique et solennel, ayant lieu à la face de toute l'Église.
Au lieu de lire les malhonnêtes citations à contre-sens flagrant d’un abbé Ricossa, il vaut mieux lire « L'Église du Verbe incarné » pour en prendre conscience :
« … IV. Validité et certitude de l'élection pontificale (…) : L'ACCEPTATION PACIFIQUE DE L'ÉGLISE UNIVERSELLE (APU) S'UNISSANT ACTUELLEMENT À TEL ÉLU COMME AU CHEF AUQUEL ELLE SE SOUMET, EST UN ACTE OÙ L'ÉGLISE ENGAGE SA DESTINÉE. C'EST DONC UN ACTE DE SOI INFAILLIBLE, ET IL EST IMMÉDIATEMENT CONNAISSABLE COMME TEL (…).
L'acceptation pacifique universelle (APU) de l'Église s'opère soit négativement, lorsque l'élection n'est pas aussitôt combattue ; soit positivement, lorsque l'élection est d'abord acceptée par ceux qui sont présents et progressivement par les autres.
Que le sedevacantiste lise bien Journet, et surtout qu'il s'oblige à bien comprendre ce qu'il lit, qui est au rebours de son péché (ce qui est très compliqué pour lui) :
« L’acceptation pacifique de l'Église Universelle du nouveau pape, assure formellement la VALIDITÉ de l'élection ».
Les cardinaux, par cet acte premier et juridique qu'ils posent, sont les « membres enseignants » de la Légitimité pontificale pour toute l'orbe catholique, qui, subséquemment, à leur suite, va alors « accepter pacifiquement » le nouveau pape désigné par eux de droit divin.
Y compris d'ailleurs par rapport aux évêques qui, en matière de Légitimité pontificale, ne sont rien d'autre que des « membres enseignés », absolument au même titre que le plus simple des fidèles.
Si l'on résume la pensée de Journet dans son exposé dogmatique (lequel, il est bon de le souligner contre les tentatives d'esquive vicieuse de certains sedevacantistes, loin d'émettre une opinion personnelle privée, ne fait qu'exposer le plus simplement du monde la plus pure doctrine de l'Église en matière de Légitimité pontificale), elle est la suivante :
LES ÉLECTIONS PONTIFICALES SONT PARFAITEMENT ET TOUTES SAINTES en liaison directe et immédiate avec la deuxième note qui caractère formellement l'Église du Christ sur cette terre : « Une, Sainte, etc. ». ET C'EST POURQUOI ELLES SONT TOUTES DOTÉES DE L'INFAILLIBILITÉ.
Et l'anathème est formel sur celui qui oserait le nier, c'est-à-dire, encore une fois, sur…tout sedevacantiste qui s'entête orgueilleusement dans son hérésie de « libre-examen » luthérien de la Légitimité pontificale.
Le plus important à retenir de la question pour un catholique, c'est que l'infaillibilité couvre absolument et formellement toute élection pontificale théologiquement terminée, achevée, par le second palier.
Voilà la pensée complète de Journet, qu'il exprime fort bien dans sa Dogmatique.
Si, bien sûr, on fait l'effort de le lire… en entier, et non pas en tronquant malicieusement et perversement son texte pour n'en retenir qu'une toute petite partie comme le fait un abbé Ricossa.
La chose la plus importante pour l'Église, c'est de se donner un pape qui exprime la Foi dans le Magistère, ce qui appartient de soi au droit divin. Et c'est précisément la raison fondamentale pour laquelle l'acte d'élire une nouvelle tête visible à l'Épouse du Christ, est formellement doté de l'infaillibilité : justement pour qu'on soit bien sûr, en Église, que ladite nouvelle tête… ait magistériellement la Foi !
Voyez ici, pour le dire en passant, comme le sedevacantiste tourne le problème à l'envers, sataniquement à l'envers.
Pour que l'Épouse du Christ soit bien sûre d'avoir un pape nouvellement élu qui exprime magistériellement la Foi, le Christ, son Époux, a pensé l'en garantir bien avant l'orgueilleux sedevacantiste qui s'arroge et se targue de l'hétérodoxe « libre-examen » luthérien de la Foi du pape.
Et c'est pourquoi le Christ a pris toutes ses précautions pour que son Épouse soit SÛRE d'avoir un pape qui ait magistériellement la Foi, lesdites précautions consistant principalement dans le don du charisme d'infaillibilité, dont est dotée de soi toute élection pontificale complète, qui couvre la chose de droit divin qui y est attachée (à savoir la Foi du nouveau pape), avant même de couvrir celle simplement canonique.
Et c'est justement là, précisément là, que le sedevacantiste TUE l'Église dans son âme : il se donne sacrilègement un droit de regard sur la Foi du nouveau pape (autrement dit sur le droit divin de l'élection pontificale), « oubliant », c'est-à-dire apostasiant, que l'Église a commis théologiquement cet office de l'examen de la Foi du papabile, et du jugement aux SEULS cardinaux réunis dans leur majorité canonique, représentant ainsi l'Église Universelle. Il supplante donc l'Église Universelle, purement et simplement.
Le sedevacantiste veut en effet imbécilement croire que si les cardinaux sont choisis, c'est en fonction de leur « éminence de doctrine » (canon 232, § 1).
Et pourquoi donc croyez-vous que l'Église se donne des hommes « éminents en doctrine » tout autour du pape ?
Elle se les donne, car la fonction principale et première du cardinal, étymologiquement « gond, pivot sur lequel la porte du salut s'ouvre » est D'ABORD d'être l'inquisiteur ordinaire et naturel du nouveau pape quant à la Foi (et pas seulement pour l'élire sur le Siège de Pierre le jour de son élection, mais tout le temps que dure le pontificat du nouveau pape).
En fait, de la manière que le Christ a constitué son Église-Épouse, je n'ai JAMAIS le droit, moi simple fidèle catholique, simple « membre enseigné », de prononcer la déchéance de tel ou tel pape (que ce soit du reste complètement, à la Barbara, ou seulement materialiter, à la Guérardienne, cette dernière façon étant, soit dit en passant, une absurdité métaphysique complète avant même de l'être sur le plan théologique, ce qui rajoute encore son copieux lot de folie à l'hérésie sedevacantiste.
Ecoutons le cardinal Billot :
« Dieu peut permettre que le Siège apostolique demeure vacant assez longtemps ; il peut permettre même qu'un doute s'élève sur la légitimité de tel ou tel élu. Mais il ne peut pas permettre que l'Église toute entière reconnaisse comme pontife légitime celui qui, en réalité, ne le serait point.
Dès l'instant où le pape est accueilli comme tel, et apparaît uni à l'Église comme la tête l'est au corps, LA QUESTION NE SAURAIT PLUS ÊTRE AGITÉE D'UN VICE DANS L'ÉLECTION (= droit canon) OU DE L'ABSENCE D'UNE DES CONDITIONS REQUISES POUR SA LÉGITIMITÉ (= droit divin).
L'ADHÉSION DE L'ÉGLISE GUÉRIT POUR AINSI DIRE RADICALEMENT TOUT VICE POSSIBLE DE L'ÉLECTION (= droit canon). ET, D'UNE MANIÈRE INFAILLIBLE, ELLE DÉMONTRE L'EXISTENCE DE TOUTES LES CONDITIONS REQUISES (= droit divin ») (in De Ecclesio, t. XXIX, § 3, p. 621).
La raison de TOUTES les conditions requises à cette légitimité est tirée immédiatement de la promesse et de la providence infaillibles du Christ:
« Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle », et encore : « Voici que Je suis avec vous tous les jours ».
Ce serait en effet la même chose, pour l'Église, d'adhérer à un faux Pontife que d'adhérer à une fausse règle de foi, puisque le Pape est la règle vivante que l'Église doit suivre en croyant, et de fait, suit toujours.
Le sedevacantiste n'oublie donc qu'une chose, c'est qu’en droit, il est théologiquement impossible de supposer que quelqu'un qui n'a pas l'intention de manifester la Foi dans le Magistère pontifical puisse être élu et s'asseoir sur le Siège de Pierre, sans être immédiatement dénoncé et excommunié par l'Église Universelle, rejeté violemment d'elle, assistée pour ce faire en permanence par le Saint-Esprit.
Impossible de supposer que l'Église Universelle puisse laisser, ne serait-ce qu'une seule toute petite seconde, quelqu'un d'hérétique formel monter sur le Siège de Pierre aux fins de subvertir le Magistère, sans par-là même être obligé de conclure ipso-facto que l'Église Universelle n'est pas de constitution divine, ou que le Christ qui l'a fait naître n'est pas Dieu.
C'est pourquoi saint Alphonse de Liguori va jusqu'à soutenir que si une élection conclavique était mauvaise, défectueuse, dans toutes ses parties, soit canonique soit d'ordre divin, elle serait réparée sanatio in radice par l'acte postérieur et confirmatur de la reconnaissance ecclésiale universelle du nouveau Pontife romain si, et bien sûr seulement si, celui-ci intervenait sur ladite élection a posteriori :
« Peu importe que dans les siècles passés quelque pontife ait été élu de façon illégitime ou ait pris possession du pontificat par fraude, Il SUFFIT QU'IL AIT ÉTÉ ACCEPTÉ ENSUITE COMME PAPE PAR TOUTE L'ÉGLISE, CAR DE CE FAIT IL EST DEVENU LE VRAI PONTIFE ».
« Mais si, pendant un certain temps, il n'avait pas été accepté vraiment et universellement par l'Église, pendant ce temps alors le siège pontifical aurait été vacant, comme il est vacant à la mort du pape » (Saint Alphonse de Liguori, Verità della fede, in Opere, etc., vol. VIII, p. 720).
Or, ce que saint Alphonse suppose ici d'apparemment extrême, voire presque impossible, s'est trouvé vérifié.
Cas historiques :
On a en effet l'exemple stupéfiant d'un pape qui a eu une élection tout ce qu'il y a de plus défectueuse, tant sur le plan canonique que sur le plan divin, étant fomentée par une impératrice hérétique dont il était formel complice, de plus faite manu militari, c'est-à dire dans la non-liberté de l'Église romaine (le légitime pape, Silverius, avait été ignominieusement et scandaleusement dégradé, le plus invalidement du monde, pour pouvoir introniser le « nouveau » pape à la solde de l'hérétique impératrice !), élection par ailleurs aggravée de simonie, et qui, cependant, ayant postérieurement bénéficié de l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle, a bel et bien été admise par l'Église comme parfaitement valide !
Il s'agit du pape Vigile, au VIe siècle.
Ce pape fut en effet pape sans même vraiment avoir été élu - le clergé romain ayant été tout simplement mis devant le fait accompli de la déchéance de Silverius et de son remplacement par Vigile, par la puissance politique et militaire.
Et Vigile n'en fut pas moins vrai pape, parce que son intronisation, plus que douteuse et scandaleuse, fut suivie de la reconnaissance ecclésiale universelle unanime sur sa personne.
Il faut d'ailleurs noter soigneusement qu'une fois reconnu par l'Église Universelle comme pape, alors, ... ô miracle !, retourné dans son âme par le Saint-Esprit, de Saül il devint un vaillant saint Paul, d'hérétique il redevint soudainement… catholique, à la surprise générale et la sienne propre pour commencer. Il ne retomba plus jamais dans l'hérésie pendant tout le long temps de son pontificat jusqu'à sa mort, bien au contraire, on le voit condamner avec une force toute apostolique ses anciens complices, supportant pour cela de cruelles persécutions.
Ce qui signifie que la grâce de la Foi magistérielle est automatiquement donnée au pape par le Saint-Esprit par le canal tout divin de la reconnaissance ecclésiale universelle, dès lors qu'Il permet que l'acte en soit posé sur la personne du pape.
La même leçon nous est donnée avec l'immédiat prédécesseur du pape Vigile : Silvère
« Silvère succéda au Pape Agapet, l'an 536, à une époque fort difficile, où l'Église était troublée par les intrigues et les hérésies. À voir la manière dont s'était faite l'élection de Silvère, favorisée, imposée même par Théodat, roi des Goths, on eût pu craindre que le nouvel élu ne répondît pas à la sainteté de la mission, mais il en fut tout autrement. Dieu fit paraître en ce moment la puissance infinie de sa grâce et l'attention providentielle qu'il prête au choix des souverains pasteurs de son Église.
Car Silvère fit éclater tant de vertus, il montra une vigueur si grande pour les intérêts de la religion (une fois élevé au Siège de Pierre, et donc bénéficiant du charisme pontifical quant à la Foi, à lui donnée par la reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de pape), que ni l'exil, ni la perte des biens, ni les tourments les plus cruels, ni la mort même, ne furent capables d'abattre son courage et de lui arracher une décision contraire à son devoir ».
(in Vie des Saints pour tous les jours de l'année, abbé L. Jaud).
Conclusion :
Avec ces quelques citations de théologiens exposant la grande loi fondamentale de l'infaillibilité de toute élection pontificale canoniquement achevée, complète, que le sedevacantiste prenne bien note qu’il n’existe aucun théologien accrédité dans l'Église qui soutiendrait la faillibilité de l'élection pontificale (et pas seulement conclavique, celle pontificale complète, c'est-à-dire incluant l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle du nouveau Pontife romain).
Pour la bonne et simple raison que soutenir une telle thèse, c'est détruire ipso-facto l'Église dans sa Constitution divine même.
Quand le sedevacantiste dit : « Le pape est hérétique, donc il n'est pas pape », il oublie que s'il en était ainsi, s'il était vrai qu'il y ait un hérétique formel à vouloir envahir le SAINT-siège, alors, il est de Foi que l'Église Universelle, mue très immédiatement par le Saint-Esprit, empêcherait radicalement son élection pontificale, à tout le moins dans son achèvement théologique complet.
Or, cela n’est jamais arrivé.
Mais le sedevacantiste qui se respecte ne va pas se rendre tout-de suite à cette bonne doctrine catholique, il va tâcher d'ergoter, de fuir malignement la loi fondamentale de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée, et généralement il continue par cette pseudo-objection : « L'infaillibilité de l'élection pontificale n'est pas une vérité dogmatique, mais une simple opinion théologique ».
Qu’en est-il ?
A suivre...