Acte 1er - Mgr Lefebvre, S.S. Pie XII : qui croire au sujet de Maria Valtorta ?
Que penser de Maria Valtorta ?
Cette conférence est en effet très instructive ; Mgr Lefebvre ne remet absolument pas en cause cette oeuvre mais déclare simplement que cette lecture n'est pas opportune pour tout le monde. Il laissait d'ailleurs le RP Barrielle (très estimé par lui et directeur spirituel de tous les séminaristes d'Ecône) prêcher les exercices de St Ignace avec ... Maria Valtorta. Et lui même assistait à ces exercices spirituels !
Un immense merci à @SE Monseigneur Lefebvre pour ce commentaire si à propos :)
Je vous propose de découvrir de quoi il s'agit exactement, et de nous poser cette question : quelle force et quelle autorité ont réellement aujourd'hui ces propos, spécialement dans le milieu traditionnel ? Pouvons-nous ou non émettre une réserve ?
1 ) L'autorité des protagonistes
a ) Mgr Lefebvre.
Rappeler tout ce que les chrétiens catholiques traditionnels doivent à Mgr Lefebvre n'est pas nécessaire : c'est une évidence, et je laisse cette tache à d'autres qui s'en aquitent bien mieux que moi-même.
Cependant, il est à noter une certaine dérive, qu'on pourrait qualifier d'excusable, mais qui ne l'est pas, en réalité. Elle consiste à considérer Mgr Lefebvre, non plus comme un évêque, mais comme un pape, et même comme LE pape de substitution par excellence depuis le concile Vatican II, voire même comme une sorte de Divinité ( "le Lion des Flandres" ! À quand : "le Lion de Judas" ? ) Cela ne devrait pas être, et n'a aucun fondement ecclésial.
La parole de Mgr Lefebvre est celle d'un évêque, infaillible certes lorsqu'il rappelle l'infaillibilité de l'Eglise et la pérennité de ses enseignements et de ses traditions, car malheureusement, il a été et il est plus que nécessaire de l'affirmer aujourd'hui haut et fort, à la face des plus hautes instances.
Mais pour le reste, ses avis ne sont pas dotés de l'infaillibilité pontificale, et ne font certainement pas office de dogmes. Ainsi, son avis sur les écrits de Maria Valtorta, d'ailleurs beaucoup plus nuancés que ce que les détracteurs acharnés voudraient laisser croire, ne reflètent en réalité que sa méfiance personnelle envers ce qu'il ne connaissait que très peu, parce qu'il ne l'avait manifestement pas étudié en détail.
Cela reflète bien plus la spécificité de son âme, qui aspirait à un enseignement thomiste scolastique pour lui et pour ses séminaristes, en se contentant strictement de ce que l'Eglise avait toujours approuvé et éprouvé comme bon pour la formation des esprits, et surtout des prêtres. Ne pas vouloir d'inovation sous quelque forme que ce soit implique en effet une très forte méfiance, parfois injustifiée, à l'égard de ce qui paraît ( à tort ) comme "nouveau". Or la nouveauté et les écrits de Maria Valtorta : ça fait deux.
b ) S.S. le pape Pie XII
Cela ne peut échapper à personne qu'il fut le pape de l'Église militante, et en particulier durant la vie de Maria Valtorta, considéré comme tel par l'ensemble de la chrétienté catholique, duement désigné par l'Esprit-Saint, et concerné donc au premier chef par cette révélation privée, plus que n'importe quel pape après lui.
Lui-aussi donna son avis sur les écrits de Maria Valtorta, et seuls de purs révisionnistes peuvent encore contester qu'il fut très franchement positif. Des documents fiables l'attestent, c'est donc absolument hors de doute, à moins de verser dans le ridicule.
c ) L'antagonisme de leurs avis sur Maria Valtorta
Or, on pourrait être tenter de se laisser aller à un certain relativisme, et décider par sois même, selon sa sympathie personnelle, de qui a raison entre ces personnages tous deux éminemment théologiens.
Mais c'est ici que Notre Seigneur Lui-même coupe court à cette très dangereuse hésitation :
- Pie XII était pape,
- Mgr Lefebvre ne l'était pas, point final.
C'est donc Pie XII qu'il faut écouter : nous pouvons lire Maria Valtorta , et avec profit. Tout autre avis, même s'il peut avoir une relative légitimité, est nul et non avenu du moment qu'il s'oppose à celui du pape Pie XII.
d ) Causes de cet antagonisme
- D'une part, nous allons voir dans ses propos que Mgr Lefebvre balbutie, ne dit rien de très ferme, en tout les cas : rien qui nous ferait penser avec certitude qu'il connaîssait bien les écrits valtortiens, objets de sa méfiance, plus que par ouï-dires.
- D'autre part, la certitude est là, patente : S.S. Pie XII, quant à lui, avait pris duement connaissance de l'oeuvre, car il s'apprêtait non pas à donner comme l'évêque en question son avis "sur les vies de Jésus en générale, plus ou moins inspirées, trop ceci, pas assez cela", mais son avis bien réfléchi et lucide sur l'oeuvre de Maria Valtorta, après l'avoir lue de bout en bout, comme l'avancée de son marque page en fit foi, ainsi que le témoignage écrit de son confident Mgr Carinci.
Enfin, l'avis du pape ne fut pas donné à la légère, ni à n'importe qui : il ne se contenta pas d'en recommander la lecture entre deux portes, à une quelconque personne de passage, ou bien pour répondre à un petit groupe de personnes intéressées par ce sujet. Non.
Il donna cet avis aux promoteurs eux-mêmes de l'oeuvre, à ceux qui seraient susceptibles de la faire ou non publier, c'est dire toute l'importance de sa déclaration. Finalement, en approuvant positivement ces écrits, il se rendit personnellement responsable de leur publication.
C'est dire son soutient sans égal et sans faille à cette oeuvre inspirée du Ciel, même s'il voulut laisser entièrement libre le lecteur de se forger sa propre opinion, et d'y ajouter foi ou non. Sa confiance dans le lecteur fut totale : "Ceux qui liront comprendront".
On est bien loin ici de la méfiance à l'égard des "ignorants qu'il faudrait enseigner", et d'un pape qui dirait des brebis du Seigneur à lui confiées : "Jamais ils ne sauront reconnaître la voix de leur Maître ! ", à l'encontre de ce qu'affirme notre Seigneur dans le Saint Évangile selon saint Jean.
Conclusion :
Beaucoup préféreront se réfugier sous la houlette assez rassurante de Mgr Lefebvre, et boire ses paroles et ses avis comme si c'était pour eux autant de dogmes, et considérer que "ce qu'il a lié ou délié sur la terre est lié ou délié au Ciel, selon ce qu'il en aura dit" , bref : faire de lui leur pape, l'alpha et l'oméga de leurs actions.
D'autres, plus éclairés, sauront avoir confiance que l'on ne peut juger avec certitude que ce que l'on a pris soin d'abord de connaître et d'interroger, sans apriori.
Et sans tomber dans la papaulatrie, ils se sentiront suffisamment rassurés par l'avis très éclairé de S.S.Pie XII, pour relativiser celui de Mgr Lefebvre, en sachant en discerner à la foi le certain bon sens mais aussi et surtout la faiblesse, due au personnage, et à sa méconnaissance personnelle évidente des faits, encore très peu mis en lumière à son époque.
Il n'est donc pas ici question de discréditer un bienfaiteur de la sainte Eglise, mais de savoir remettre ses propos dans leur contexte, et de privilégier l'écoute de la Parole de notre Divin Maître :
" Pourquoi ne jugez-vous pas par vous-même de ce qui est juste ? " ( Luc 12, 54... )
et encore celle de saint Paul : "Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toute chose, et gardez ce qui est bon." ( 1 Thessalonissiens 5, 20 )
Nous étudierons en détail dans une seconde partie les propos de Mgr Lefebvre au sujet des visions de Maria Valtorta,
et dans une troisième partie, nous nous pencherons un instant sur les calomnies crasses et non dissimulées des calomniateurs, coupables dans la suite de ladite vidéo de déformer sciemment le texte même de l'oeuvre, afin de mieux en pourrir l'estime chez leurs suiveurs illusionnés.